Les Sociologues, en proie aujourd'hui á leurs propres difficultés, ne semblent pas s'inquiéter beaucoup des controverses qui divisent la sociologie allemande; ils ne paraissent pas ressentir un sentiment de tua res agitur, comme on pourrait leéitimement s'y attendre. Pourtant le bouleversement irréversible provoqué outre-Rhin par les evenements de 1968 nous paraît symptomatiqué et digne du plus grand intérét. Premiérement, le hegelo-marxisme allemand est dans une impasse; on a le sentiment que la dialectique a tourne contre elle ses propres armes, réduisant ses disciples au silence — ou, pis encore, les condamnant a un discours dépourvu de contenu. En second lieu, la sociologie allemande depend plus que jamais de ses fondements sociologiques, et il apparaít que les considerations theoriques ne Pemportent pas toujours sur les implications politiques. Nous nous retrouvons par conséquent relativement éloignés de la fameuse »objectivité des sciences sociales« que préconisait Max Weber au nom d'un impossible ascétisme intellectuel. En dernier lieu, les courants d'idées qui animent la jeunesse européenne — en matière de politique et de societe — provoquent des prises de position qui plongent les sociologues allemands dans un embarras si profond que nous sommes conduits á en rechercher les raisons. II va de soi que tous ces problemes existent également en France, en Amérique, et dans la plupart des pays europeens, et qu'à travers ces réflexions nous n'entendons pas »jeter la pierre«, loin de là. Reconnaissant la haute qualité philosophique et scientifique de leurs travaux, nous nous proposons, etant leur contemporain, de discuter la situation d'une maniére aussi »hermeneutique« que possible.