Hostname: page-component-586b7cd67f-g8jcs Total loading time: 0 Render date: 2024-11-22T06:54:38.311Z Has data issue: false hasContentIssue false

Macht, Power, Puissance: prose démocratique ou poésie démoniaque?

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

Get access

Extract

Les mots de power et de Macht, en anglais et en allemand, de pouvoir ou depuissance, en français, continuent d'être entourés d'une sorte de halo sacré ou, si l'on préfère, d'être chargés de résonances mystérieuses et un peu terrifiantes. Le caractère démoniaque de la puissance (die Dämonie der Macht) est le titre d'un livre, écrit après l'aventure hitlérienne et suggéré par elle. Les spécialistes des relations internationales emploient le terme de power politics, équivalent de la Machtpolitik, non sans quelque équivoque sur le sens de ce concept qui tantôt désigne l'essence des relations entre États et tantôt une doctrine (le plus souvent condamnée) de ces relations. De l'autre côté de la Manche et de l'Atlantique, on ne se lasse pas de citer Lord Acton: «Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument.» Et Montesquieu, avant lui, avait écrit: «C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser, il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites. Qui le dirait? La vertu même a besoin de limites.» Quand C. Wright Mills a voulu dénoncer la minorité dans l'ombre qui règne sur les États-Unis, il a forgé l'expression power elite, reprenant à la tradition machiavélienne un de ces deux termes, elite, et le combinant avec le terme honni par les marxistes et par les radicaux, power. Car le pouvoir (power) est mauvais en soi, il est doublement mauvais si l'on ajoute qu'il est possédé par une élite, car le petit nombre, dans le climat idéologique américain, par définition ne sera pas composé des meilleurs puisque le pouvoir corrompt ceux qui le possèdent.

Type
Organisation der Macht, Macht der Organisation
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1964

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

(1) Van Doorn, J. A. A., «Sociology and the problem of power», in Sociologia neer-landica, I (19621963), 347.Google Scholar

(2) «When the behavior of a certain group of men conforms to the wishes of one or several of them, the relation between them shall be called the power of L over A, B, C», Man and his government (New York 1963), p. 161.Google Scholar

(3) Van Doorn, J. A. A., loc. cit. p. 13.Google Scholar

(4) Si cette restriction est due à une action involontaire d'un autre, ce dernier n'a pas de pouvoir.

(5) Il n'est pas concevable, en français, de dire politique de pouvoir pour traduire Machtpolitik, ce qui suggère encore que le pouvoir n'est pas seulement l'acte par rapport au potentiel, mais le potentiel ou l'acte à demi légalisé par rapport au potentiel ou à l'acte pur et simple.

(6) Cette traduction est adoptée par un des meilleurs traducteurs de Max Weber, J. Freund, Les traducteurs italiens ont choisi potenza pour Macht et potere pour Herrschaft.

La distinction de potenza et de potere correspond à celle de puissance et de pouvoir, du participe et de l'infinitif. Je l'utiliserai partiellement en ce sens que le dominant sera dit avoir un pouvoir plutôt qu'une puissance dès lors qu'il exerce sa domination (acte par rapport à potentiel) et qu'il l'exerce conformément à une légalité ou légitimité.

(7) Ibid. p. 180 (note).

(8) Politics among Nations (New York 1949), p. 13.Google Scholar

(9) Souligné par moi.

(10) Ibid. p. 15.

(11) Ibid. p. 18.

(12) Ibid. p. 18.

(13) Ibid. pp. 391–98.

(14) Ibid. p. 17.

(15) Leviathan, I, 13.Google Scholar

(16) Il est vrai que certains États refusent cette dyarchie, mais le motif de ce refus me semble moins la peur que la volonté d'indépendance.