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Le concept de communauté comme catégorie de définition du judaïsme français

Published online by Cambridge University Press:  28 July 2009

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Le concept de «communauté» fait partie de ces notions constamment invoquées et tenues pour évidentes mais qui ne réfèrent à aucune signification en particulier tout autant qu'elles renvoient aux multiples sens que les individus et les groupes projettent sur elles. C'est là ce qui attend sans doute les notions qui désignent à la fois une réalité définie et une valeur, un idéal jamais accomplis. La notion de démocratie fait exemplairement partie, au XIXe siècle, de cette catégorie de notions affluentes.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Archives Européenes de Sociology 1994

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References

(1) A Babylone, de la fin de l'Antiquité à l'époque médiévale, deux autorités juives, reconnues par le pouvoir local et en situation de vassalité, exercent un pouvoir exécutif (l'Exilarque, descendant de la dynastie davidique) sur les Juifs du lieu et un pouvoir religieux et législatif (le Doyen de l'Académie Talmudique) qui s'étend aux Juifs du monde entier.

(2) Si nombreuses qu'elles furent compilées dans un véritable Traité des Constitutions, le Sefer Hashetarot (Le Livre des Contrats) recueil de lois-type et de modèles de constitutions communautaires, œuvre de Yehuda Habarceloni (XIe–XIIe).

(3) Cf. le texte biblique de Exode 6, 2–9 où l'on voit se dérouler un véritable processus de négociation, entre la Divinité et le peuple hébreu (une sorte de navette parlementaire). Sur l'Alliance comme concept politique se référer à Weber, Max, Le judaïsme antique (Plon, 1970)Google Scholar; Elazar, Daniel, Fondements de la politie juive in Trigano, S. (éd.), La société juive à travers l'histoire, Tome II (Fayard, 1992)Google Scholar; Trigano, Shmuel, Philosophic de la Loi. L'origine de la politique dans la Tora (Le Cerf, 1991).Google Scholar

(4) C'est le Président Mitterrand lui-même qui après la guerre du Golfe recourt au concept de «communauté» pour désigner les Juifs de France, en les mettant en parallèle avec la « communauté musulmane », pour les féliciter de leur calme durant la guerre…

(5) En septembre 1989, trois jeunes musulmanes de Creil sont exclues de leur école parce qu'elles refusent d'ôter leur foulard islamique en classe. Autour de ce fait, très limité mais sur l'arrière fond des problèmes de l'immigration musulmane en France, éclate une très violente controverse nationale opposant les partisans d'une laïcité pure et dure aux défenseurs d'une laïcité plus tolérante, mettant en jeu la définition de la vocation de l'École publique par rapport aux appartenances identitaires et la définition de la laïcité républicaine.

(6) Il est connu que le CORIF, Conseil de Réflexion de l'Islam en France, est une création et un souhait du gouvernement, désireux d'avoir un seul interlocuteur pour tous les Musulmans et de les organiser autour d'une seule et unique autorité, française. Il est étonnant de constater combien, terminologiquement, le CORIF a le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France qui, lors de sa fondation dans la Résistance, se lisait Conseil Représentatif des Israélites Français) pour modèle et combien le modèle consistorial guide les projets gouvernementaux pour intégrer l'islam français (cf. le discours de M. Pierre Joxe, ministre de l'Intérieur à Strasbourg, le 12 septembre 1990 dont le texte est reproduit dans La Documentation Catholique no 2015, 4 novembre 1990)…

(7) Nous renvoyons pour de plus amples développements à nos travaux : La République et les Juifs (1982) et The French Revolution and the Jews in Modem Judaism, 10 (1990).Google Scholar

(8) Cf. le « décret infâme » (1808) qui mit les Juifs hors du droit commun pendant une période transitoire de 10 ans et, jusqu'en 1846, l'obligation discriminatoire du serment « more judaico » qui obligeait les Juifs témoins et prévenus à prêter serment non dans le prétoire mais dans la synagogue.

(9) Cf. Manuel, A., Le consistoire de Paris, 1806–1905, Revue des Études Juives, LXXXII (1926), p. 521 sq.Google Scholar : « …le consistoire n'est (selon le décret du 17 mars 1808) qu'un corps de fonctionnaires chargés d'un certain droit de police et d'éducation sur les fidèles de leur culte ».

(10) Cf. Leçons des Pères du monde, IV, 13 (Ed. Verdier 1983), p. 50 ainsi que Elazar, D., Fondements de la politie juive in Trigano, S. (ed.), La Société juive à travers l'histoire, Tome II (Fayard 1992)Google Scholar et Trigano, S., Le modèle biblique, Judaïsme et modernité in Dieux en société. Le religieux et le politique (Autrement no 127, Février 1992).Google Scholar

(11) Cf. Marrus, R., Les Juifs de France à l'époque de l'Affaire Dreyfus (Calmann-Lévy, 1972).Google Scholar

(12) Cf. Tama, D., Actes du Grand Sanhédrin (Paris, 1807)Google Scholar et Smilévitch, E., Halakha et Code civil. Questions sur le Grand Sanhédrin, in ‘Paris-Jérusalem’, Pardès 3 (Éd. du Cerf, 1986).Google Scholar

(13) Salvador, Joseph, Histoire des Institutions de Moïse (Paris, 1828)Google Scholar, et Paris, Rome et Jérusalem (Paris, 1860).Google Scholar

(14) Mais aussi, et on l'oublie trop, les Juifs comme « peuple » et le judaïsme comme religion. Il faut lire à cet égard l'exposé qui précède l' « Appel à tous les Israélites » (Paris, 1860)Google Scholar où il est question du « drapeau du monothéisme israélite » (p. 10), des « forces vives du judaïsme » (p. 13) et de la nécessité d'une « solidarité établie de pays à pays, embrassant dans son vaste réseau tout ce quiest israélite » (p. 15), c'est-à-dire le peuple juif.

(15) Cf. Kriegel, Annie, Les Juifs et le monde moderne, Essai sur les logiques d'émancipation (Le Seuil, 1977).Google Scholar

(16) Cf. Kriegel, Annie, Pouvoir politique et expression communautaire : le CRIF, in Pardès 3 (1986).Google Scholar

(17) Cf. Trigano, S., From individual to collectivity : the rebirth of the « Jewish nation » in France, in The Jews in modern France (ed.) Malino, F. et Wasserstein, B. (Hanover, University Press of New England, 1985).Google Scholar

(18) Après la guerre s'était ouverte l'École des cadres d'Orsay, autour de Jacob Gordin puis de Léon Askénazi, où se cristallisa un nouveau type de pensée juive, en dialogue avec les textes de la Tradition et les pensées contemporaines.

(19) Selon le concept d'Annie Kriegel des « intermittences de la mémoire » in Pardès 9/10 (Ed. du Cerf, 1989).

(20) Cf. Trigano, S., L'État et le Messie : stratégies politiques et culturelles des Juifs de France, in Pardès 3 (1986).Google Scholar

(21) In Rapport édité par Vion, M., Conseiller référendaire en la chancellerie du Palais et membre du commissariat de district de Saint-Germain-l'Auxerrois, texte édité par les Éditions d'Histoire Sociale, La révolution française et l'émancipation des Juifs, Tome VI (Paris, 1968), p. 9.Google Scholar

(22) Cf. Lettre au comité de constitution par M. de Bourge, représentant de la commune de Paris E.D.H.I.S., op. cit., Tome VII, p. 33.

(23) Cf. l'analyse approfondie de Bernard Lacroix, Durkheim et le politique (Presses de la Fondation Nationale des Sciences politiques, 1981).

(24) Conforme à la halakha, la loi rabbinique.

(25) Les Loubavitchs représentent un des courants du hassidisme, mouvement mystique né en Pologne au XVIIIe siècle de l'annonce de son fondateur, le Baal Chem Tov, et qui plus tard s'opposa au judaïsme rabbinique. Du point de vue du judaïsme, une de ses caractéristiques les plus fortes consiste en la vénération du tsadik, le « juste », intercesseur entre les hommes et Dieu. La qualité de tsadik est héréditaire. Aujourd'hui le rabbi des Loubavitch, Menahem Mendel Schneersohn, vit à Brooklyn et ses fidèles lui vouent un véritable culte, au point de le tenir pour le messie. L'ultra-orthodoxie, mouvement fondé dès le début du XIXe siècle par le Rabbin Moshe Sofer, en réaction à l'assimilation des Juifs et au mouvement du judaïsme réformé, prohibe toute innovation, au contraire de l' « ortho-doxie » ou « néo-orthodoxie », fondée par Samson Raphael Hirsch dans l'Allemagne du XIXe siècle et cherchant une voie médiane entre le judaïsme traditionnel et la modernité.