La citoyenneté politique des femmes, Bérengère
Marques-Pereira, Paris : Armand Colin, 2003, 215 pages.
La littérature sur la citoyenneté politique des femmes s'enrichit d'une synthèse originale avec la publication
de cet ouvrage. S'inspirant du droit, de la philosophie et des sciences politiques, l'étude se veut également
comparative, et présente un regard croisé sur les parcours
vers la citoyenneté des femmes en France, en Belgique et en
Argentine. L'objectif que se donne l'auteure avec cet ouvrage
est d'offrir, autour de la problématique de la
citoyenneté, un outil de travail qui brosse un panorama sur
l'émergence et sur la situation présente de la
citoyenneté politique des femmes. (6) Mais c'est avant tout
à une réflexion théorique que nous convie
l'auteure, qui relate, dans la première partie du livre, les
fondements théoriques et les parcours historiques de la
citoyenneté politique des femmes. Un chapitre retrace les
principales étapes de l'exclusion politique des femmes, avec
certains événements charnières, comme la
révolution française, qui consacre l'exclusion
politique des femmes: la constitution de 1791 range les femmes dans la
catégorie des citoyens passifs, qui ne votent pas, mais qui ne sont
pas pour autant sans représentation dans la nation, puisque la
figure du pater familias les représente. (34)
L'auteure rappelle cependant les voix discordantes qui se sont
élevé: celles de Condorcet et d'Olympe de Gouges, qui
viennent baliser le terrain des luttes en faveur du suffrage des femmes
qui marqueront les deux siècles qui suivront. (41) Le chapitre qui
suit aborde les trajectoires dans les pays d'Europe occidentale et
des Amériques qui aboutissent à l'inclusion politique
des femmes. L'auteure s'attarde à montrer les
ressemblances et dissemblances de ces parcours, reprenant certaines
hypothèses quant aux liens entre culture, religion et
affranchissement politique des femmes. Ainsi, les trajectoires nordiques
et anglo-saxonnes se caractérisent par une citoyenneté
féminine précoce autour de la Première Guerre
mondiale ou dans l'entre-deux-guerres, tandis que les trajectoires
latines, sous l'influence du Code napoléon, mettent en
évidence une citoyenneté tardive autour de la Seconde Guerre
mondiale. La première partie de l'ouvrage se termine par un
retour sur les vieux clichés que la science politique a nourris
autour des comportements politiques des femmes et de leur
présumé conservatisme. Marques-Pereira oppose à cette
conception des études récentes qui confirment la tendance
d'un vote des femmes plus à gauche, venant démentir les
anciens schémas, et qui se confirme dans des pays tels la
Grande-Bretagne, l'Allemagne, les Pays-Bas ou la
Nouvelle-Zélande.