Chacun se souvient des malheureux événements qui, pendant la nuit du 11 décembre 1872, éclatèrent dans la capitale de l'Espagne, et qui amenèrent l'effusion du sang. M. le comte de Ripalda, président de la Croix rouge espagnole, nous communiquant ces douloureux événements, nous disait, qu'on avait constaté avec la plus grande satisfaction l'accueil sympathique fait au drapeau de la Convention de Genève par les autorités civiles et militaires, par le peuple et par les soldats. Cela nous est confirmé par le récit publié par la Charité en temps de guerre, organe du Comité espagnol.

On se souvient que le gouvernement espagnol était le seul qui n'eût pas encore adhéré aux articles additionnels à la Convention de Genève. Une correspondance d'Espagne, dans le n° 13 du Bulletin, laissait pressentir que cette adhésion ne tarderait pas à avoir lieu. Le Conseil fédéral suisse en a, en effet, reçu la notification, et, par lettre du 31 décembre 1872, a informé les puissances signataire de la Convention que le gouvernement de S. M. le roi d'Espagne avait adhéré aux articles additionnels, ainsi qu'aux modifications et interprétations proposées par les hauts gouvernements de l'Angleterre, de la France et de la Russie aux articles additionnels IX, X et XII. En conséquence, le gouvernement espagnol a l'intention d'adopter, quand l'occasion se présentera, toutes les mesures propres à l'accomplissement des dispositions des dits articles.

En rendant compte précédemment des travaux de la Société française, nous avons été amenés à parler de ceux du Comité de Marseille. Nous recevons aujourd'hui le rapport complet de ce Comité, et nous croyons devoir en dire quelques mots pour donner sur son œuvre une vue d'ensemble. Nous trouvons dans ce rapport un historique complet de la formation du Comité et des diverses phases qu'il a suivies, ainsi que des renseignements trèscirconstanciés sur les ambulances nombreuses, tant sédentaires que mobiles, auxquelles il avait voué ses soins.

Lorsque la Conférence de 1863 a posé les principes de l'adjonction de l'élément civil au service de santé militaire, elle n'a pas eu la prétention de résoudre toutes les difficultés pratiques que la réalisation de cette idée pourrait rencontrer. Elle ne se les est pas dissimulées, mais elle a jugé que c'était assez faire, pour commencer, que de déposer dans la conscience publique un germe fécond. Elle se flattait de l'espoir que les sociétés nationales, une fois constituées, feraient du sujet une étude approfondie et que, cherchant à deviner les obstacles qu'elles pourraient rencontrer dans l'accomplissement de leur charitable mission, elles profiteraient des temps de paix pour se tracer un programme bien défini, se prémunir contre des tâtonnements fâcheux, s'organiser et s'entendre avec les autorités militaires sur le rôle qu'elles auraient à remplir, le cas échéant.

Au commencement de la guerre, la Société de secours et la société de femmes, Alice-Verein, ont combiné leur activité pour travailler au même but. La somme totale des dons recueillis en 1870 et 1871 et appliqués à soulager les maux résultant de la guerre, s'est élevée à 107,158 thalers, y compris les objets en nature pour une valeur de 15,204 thalers. 148 infirmières ont été employées par la Société, soit en Allemagne, soit sur le théâtre de la guerre. En outre, la Société a employé son activité: 10 A organiser un grand magasin central pour la réception, la confection et l'expédition d'objets en nature; 20 à établir dans les gares de chemins de fer, par où passaient des soldats malades ou blessés, des stations où ils pouvaient être restaurés et pansés; 30 enfin à organiser des lazarets, dont l'un, l'Alice Hôpital à Darmstadt, a soigné du 19 octobre 1870 au 15 juin 1871, 926 soldats représentant 27,138 journées.

Nous avons sous les yeux deux volumes intitulés: Efforts et expériences d'un volontaire neutre, dus à la plume de M. John Furley, membre du Comité de la Société nationale britannique de secours aux militaires blessés, et l'un des infatigables délégués de ce Comité sur le théâtre de la guerre, pendant l'année 1870–1871. Pour traiter le sujet dont il s'occupe, M. Furley n'est point le premier venu, car ce fut lui qui, avec la collaboration de M. Burgess, fonda en 1869 la Société anglaise; dès lors, il n'a cessé de travailler à son développement, et le dévouement dont il a fait preuve pendant la longue guerre franco-allemande, visitant alternativement l'un et l'autre belligérant, prouve que la tâche qu'il avait entreprise il a voulu l'achever en s'y consacrant jusqu'au bout. Cen'est point comme infirmier ou directeur d'ambulance qu'il a agi, mais plutòt comme agent de la Société anglaise, allant de droite et de gauche s'enquérir des besoins, distribuant ici de l'argent ou du matériel, organisant là des ambulances, etc.

J'ai l'honneur de vous a dresser un bulletin rapide des actes qui ont signalé l'activité de la Société française pendant le premier trimestre de cette année. Je suis le plan que M. le comte de Flavigny a adopté dans son rapport général; je résume les travaux du Conseil en retraçant l'œuvre de ses commissions.

M. V. J. ex-chef comptable d'ambulance volontaire, a consacré, dans le journal Het Vaderland, de la Haye, une série d'articles à rendre compte de ce qu'ont fait les ambulances néerlandaises pendant la dernière guerre, afin de venir en aide aux belligérants. C'est un sujet que nous avons traité nous-mêmes assez longuement pour qu'il soit superflu d'y revenir. Nous relèverons seulement quelques idées contenues dans le dernier de ces articles, lequel est un extrait anticipé d'un livre que l'auteur se propose de publier, sous le titre de: Histoire de la Croix rouge pendant la guerre franco-allemande. Les ambulances des belligérants et dus neutres.

Nous recevons du Comité de Darmstadt la communication suivante:

Le Bulletin no 13, dans son article sur le Comité de Darmstadt renferme quelques chiffres inexacts qui amoindrissent beaucoup l'activité de la Société hessoise et de ses auxiliaires. Les recettes en argent de la Société de secours se sont élevées, jusqu'à la fin de mai 1871 seulement, en chiffres ronds à 483,347 thalers, dont 25,600 provenant du Comité central allemand; les dons en nature reçus par la Société des dames (Alice-Verein), à 91,071 thalers, ce qui porte les valeurs réunies en nature par ces deux sociétés à 331,526 thalers (37,854 thalers proviennent de dons de l'étranger, et 39,333 du dépôt du Comité central allemand).

On se souvient que, pendant le second siége de Paris, MM. le comte de Beaufort et le Dr Chenu étaient restés dans Paris à la tête de la Société de secours aux militaires blessés, et nous avons en son temps rendu compte de leurs travaux dans le Bulletin. Le reste du Comité avait transporté son centre d'activité à Versailles, et le Bulletin de la Société française, n° 16, que nous recevons aujourd'hui, rend compte des efforts fait par le Conseil d'administration et le Comité d'action, siégeant à Versailles, du 15 avril au 31 mai, pour arriver pendant une guerre civile aux résultats bienfaisants obtenus dans les guerres internationales

Sous le titre de : Conservation des membres blessés par les armes à feu, le Dr E. Lantier, ex-chirurgien de l'ambulance de l'Administration générale des postes, vient de publier une brochure de 22 pages, écrite en février 1871, et qui est le résumé des expériences qu'il a faites pendant la guerre. Le but qu'il s'est toujours proposé pendant qu'il dirigeait l'ambulance de l'Administration générale des postes, a été la conservation des membres blessés par les armes à feu perfectionnées. En effet, dit-il, le perfectionnement des armes à feu et des projectiles a rendu les fractures d'os, et même les blessures des parties molles, beaucoup plus dangereuses que précédemment, de sorte qu'elles entraînent une foule d'amputations. Le Dr Lantier estime que l'amputation n'est pas toujours indispensable, et il expose dans la brochure que nous signalons le résultat de ses expériences et les détails du traitement qu'il a fait suivre aux blessés qu'il a eu entre les mains. Nous recommandons cet opuscule aux personnes compétentes qui pourraient s'intéresser à la question

Ce Comité nous écrit:

«L'activité du Comité central prussien, maintenant encore, comme pendant la guerre, s'est complétement confondue avec celle du Comité central allemand. Les deux Comités sont presque complètement identiques; en tous cas, les mêmes personnes composent le Bureau des deux Comités.

En avril 1869 le Comité de Berlin avait proposé un prix pour le meilleur mémoire traitant les questions suivantes:

10 Dans quelles circonstances, sous quelle forme et avec quel succès la charité privée a-t-elle pris part aux efforts faits jusqu'à présent, en temps de guerres maritimes, pour sauver les naufragés et pour prendre soin des blessés et des malades des flottes belligérantes?

20 Dans quelle mesure et à quelles conditions les sociétés de secours pourront-elles entreprendre cette tâche avec probabilité de succès?

30 Quelles dispositions devront être prises, en temps de paix, pour obtenir un résultat qui réponde aux idées d'humanité sur la matière?

40 La réalisation de ces idées serait-elle hâtée ou assurée, si les comités permanents de secours, dont les devoirs consistent à aider eu temps de guerre le service de santé des armées, se mettaient en rapport avec les sociétés pour le sauvetage des naufragés, déjà existantes?

Depuis la dernière guerre, au milieu des soucis politiques et des débats agités de l'Assemblée nationale, des esprits sérieux, plus préoccupés du relèvement moral et matériel de la France que de la forme de son gouvernement, ont recherché les causes de ses désastres inouïs et les moyens d'y porter remède, ou d'en empêcher le retour. Leur première sollicitude, et il fallait s'y attendre, a été pour l'armée. Réformons l'enseignement primaire, a-t-on dit, et donnons à nos enfants l'occasion de s'instruire, c'est fort bien, mais occupons-nous aussi de l'armée, et en remplaçant la cantine par la salle de lecture, nous relèverons son niveau moral. C'est cette pensée qui a présidé à la création des Bibliotheques militaires.

La Société oldenbourgeoise de secours aux militaires blessés a tenu, le 21 juin 1872, son assemblée générale, dans laquelle elle a entendu le rapport qui bu a été présenté par son président, Dr Hoyer. Comme pour toutes les Sociétés de secours, la guerre de 1870 à 1871 a été pour la Société oldenbourgeoise une époque d'activité exceptionnelle; c'est aussi exclusivement de ce qu'elle a fait pendant la guerre que nous entretient le rapport que nous avons sous les yeux. Entrer dans des détails n'est point notre intention, car nous serions entraînés à répéter ce que nous avons dit souvent déjà à propos d'autres rapports dont nous avons rendu compte précédemment. Disons seulement que la Société n'a négligé aucun des moyens qui s'offraient à elle de se rendre utile aux militaires blessés ou malades: formation de lazarets, soin des blessés, envoi sur le théâtre de la guerre, ou dans les dépôts, d'approvisionnements de toute espèce, soit pour les hòpitaux et lazarets, soit pour venir en aide aux soldats valides; elle s'est occupée de tout.

On lit dans le no 9 du Kriegerheil de septembre 1872:

«Monsieur le Conseiller supérieur de Tribunal, Ernest de Holleben, jusqu'ici premier vice-président de la Société prussienne de secours aux militaires blessés et malades en temps de guerre, a été élu, le 14 septembre, président du Comité central, et a accepté cette haute fonction.»

La Société de Francfort vient de publier le rapport lu dans l'assemblée générale, tenue le 16 janvier dernier. La Société continue de prospérer, et sa principale occupation est, depuis qu'elle a repris son activité de paix, l'Institut des infirmières. La situation financière ne saurait être plus florissante, puisque les recettes, y compris le solde en caisse au 1er janvier 1872, se sont élevées à 34, 629 fl. 26 kr., et les dépenses seulement à 5, 167 fl. 28 kr. Au 1er janvier, il restait done un solde en caisse de 29,461 fl. 58 kr. Le nombre des membres qui, à la fin de 1871 était de 236, est maintenant de 286, et malgré un nombre déjà aussi respectable, le rapporteur se plaint que, pour une ville de l'importance de Francfort, il ne soit pas plus élevé, surtout pour une société d'un intérêt aussi général que celle de la Croix rouge.

Après avoir eu quelques mots retracé de quelle manière la Société s'organisa définitivement, en juillet 1870, au début de la guerre, le Président, auteur du rapport, laisse la parole aux rapporteurs des six sections dans lesquelles la société avait partagé sa tâche. Tous ces rapports n'offrent pas le même intérêt, quelques-unes des sections ayant été appelées à faire des préparatifs spéciaux pour le cas où un combat naval serait livré dans les eaux de Kiel, el cette éventualité ne s'étant pas présentée. Nous nous bornerons donc sur ce sujet à donner acte à la Société de Kiel de son rapport, et nous nous permettrons d'entrer dans quelques détails seulement sur les points qui nous paraissent avoir un intérêt plus général.

A Messieurs les présidents et les membres des Comités centraux de secours aux militaires blessés et malades.

Stockholm, le 10 novembre 1872.

Messieurs,

Le Comité central suédois de la Société de secours aux militaires blessés et malades a l'honneur de vous faire savoir que Sa Majesté ie Roi Oscar II qui, avant son avènement au trône, a donné à notre Société dont il était le président tant de preuves de son vif intérêt et de sa grande bienveillance, daigne aujourd'hui prendre notre œuvre sous son haut patronage.

La question du soin des blessés en temps de guerre, dont on s'occupe tant maintenant, et qui est devenue, pour ainsi dire, un élément important de la vie des peuples, n'est point nouvelle, et si maintenant nous lui voyons prendre un développement intense, nous pouvons en rechercher l'origine dans les époqueś les plus reculées.