Depuis notre dernier Bulletin (octobre 1915), nous avons encore reçu la réponse de la Croix-Rouge japonaise à notre circulaire no 164, ainsi conçue:

Tokio, le 25 septembre 1915.

Le brasier où se consument les forces vives et l'avenir de l'Europe s'est étendu encore depuis le mois de janvier 1916.

Les formidables offensives de Verdun et de la Somme ont, au cours de l'été, fait tomber entre les mains des armées anglaise et française un nombre assez considérable de prisonniers.

Comme le travail de notre Agence repose d'une part sur les demandes de renseignements qu'apporte le courrier, d'autre part sur les listes de prisonniers que nous fournissent les Etats belligérants en vue de l'information des familles, il est clair que le travail de notre Agence est assez directement influencé par la capture de prisonniers sur le front occidental, faisant l'objet de longues listes de noms et provoquant en même temps des demandes de la part des familles.

Le baron de Spiegelfeld, président de la Commission des prisonniers de la Croix-Rouge à Vienne, s'étant plaint de ce que la Tribune de Genève eût. publié un compte-rendu de la conférence de M. F. Thormeyer, donnant une trop élogieuse idée du régime auquel sont soumis les prisonniers austrohongrois en Russie, le Comité international déclare qu'il n'accepte la responsabilité que des rapports publiés par lui.

La série des Documents publiés par le Comité, international, à l'occasion de la guerre européenne s'est enrichie de deux numéros. Ce sont: le rapport de MM. G. Ador. Dr Ferrière et Dr de Scludthess-Schindler sur leurs visites, en septembre 1915, à quelques camps de prisonniers en Autriche-Hongrie, et celui de M. le Professeur D'Espine sur son voyage en Italie, en octobre 1915, en vue de l'inspection des dépôts de prisonniers dans ce pays. Ils constituent les 4e et 5e séries des Documents.

Le 26 mai 1916, le Comité central de la Croix Rouge argentine s'est réuni en assemblée générale. M. Adolphe Salas, président, a, conformément aux statuts, rendu compte des faits et gestes de cette Société pendant l'année 1915.

Après avoir déploré la perte de M. le Dr Paul Barrenechea, membre influent et dévoué de l'Association, décédé le 6 novembre 1915, le président fait remarquer que la Croix-Rouge argentine a dû limiter ses dépenses, en raison de la guerre européenne, qui a bouleversé le monde, et de la situation financière peu brillante du pays.

La Croix-Rouge autrichienne a organisé, comme on sait, l'importante Agence de renseignements pour les disparus et les prisonniers à Vienne, dont nous avons constamment parlé.

Les mois succèdent aux mois. La lutte fratricide des peuples, dits chrétiens, se poursuit avec acharnement. Et la tâche qui incombe à notre Agence continue aussi. Elle durera jusqu'à la fin de la guerre, et sans doute même encore au delà.

Nous devons à l'obligeance et à la compétence de M. le Dr Kimmle, secrétaire général de la Croix-Rouge allemande, l'intéressant exposé qu'on va lire sur l'activité de cette Société, depuis le début des hostilités.

Le Comité central de la Croix-Rouge argentine a été composé de:

MM. Valentin Virasoro, president;

Francisco B. Serp, vice-president;

Pedro P. Lalanne, vice-president;

Dr Silvio Tatti, directeur des secours;

Joaquin R. Amoedo, inspecteur general;

Manuel F. Sgiurano, comptable;

Dr Manuel Elzaurdia, trésorier;

Dr Alejandro Olivero, secrétaire-archiviste;

Santiago B. Cruz, secrétaire de la correspondance;

et de 8 autres membres.

Nous avons déjà mentionné, à l'occasion de la visite des délégués du Comité international en Autriche, en septembre 1915, l'école de mutilés, dirigée à Vienne, par le professeur Dr Hans Spitzy. Un rapport complet, bien que succinct, sur cette institution, a été publié récemment sous sa direction, avec la collaboration des chefs des différents départements qui constituent cette importante entreprise philanthropique. Nous devons nous borner à signaler ici cette publication qui, dans de courts chapitres, illustrés de photographies, décrit l'essentiel de chacun des nombreux services que comporte l'école, destinée à rendre à leurs familles et à la société, des hommes capables de nouveau d'y remplir un rôle utile, autant que possible dans le métier même qu'ils exerçaient dans la vie civile avant la guerre. Nous croyons que peu d'institutions de ce genre ont acquis un développement aussi considérable que l'hôpital orthopédique et de l'école d'invalides, organisés et dirigés de main de maître par le professeur Spitzy. Bien des milliers d'infirmés et de mutilés ont déjà pu reprendre un travail utile et lucratif et cela après un laps de temps remarquablement court, grâce à la diversité des moyens mis en usage et à leur emploi judicieux. Les spécialistes qui se sont voués à l'œuvre intéressante entre toutes de la rééducation des mutilés de la guerre trouveront dans ce volume bien des données utiles et bien des suggestions nouvelles et ingénieuses.

Au commencement de décembre 1915, MM. Moynier, trésorier, et Des Gouttes, secrétaire général du Comité international, ont accompagné le premier convoi de grands blessés de Genève à Lyon. Ils y ont été reçus avec la plus parfaite courtoisie par M. Tavernier, président du Comité de la Croix-Rouge de Lyon, et M. Rosset; délégué régional de la Croix-Rouge.

La Croix-Rouge espagnole a été réorganisée sur les bases suivantes:

1. Le gouvernement protège l'existence légale de la Croix-Rouge espagnole, déclarée d'utilité publique et de bienfaisance sur tout le territoire de la monarchie et la reconnaît comme étant la seule société autorisée, dans la sphère officielle, à assister les blessés en campagne.

2. La Croix-Rouge a pour but d'aider au service sanitaire de l'armée en temps de guerre, et à celui de la flotte, quand les forces de la marine opèrent sur les côtes; elle doit, dans la mesure de ses moyens, porter secours aux victimes des calamités et sinistres publics, en secondant les autorités civiles et selon les instructions de ces dernières.

Les événements dans les Balkans se sont précipités de telle sorte qu'il semble qu'il y a plus d'un trimestre que la Bulgarie s'est rangée aux côtés des empires centraux et de la Turquie, pour fondre avec eux sur leurs alliés de 1912, et que la Serbie, incapable, malgré son héroïsme, de résister; à des forces écrasantes de supériorité numérique, a été envahie. Ce n'est cependant que le 15 octobre 1915, que la guerre a été déclarée par la Bulgarie à la Serbie.

Nous avons signalé le grand mémoire publié par le ministères des Affaires étrangères de Berlin sur l'emploi de troupes de couleur par la France et l'Angleterre.

Au mois de mai 1916 la Croix-Rouge autrichienne a organisé une semaine de la Croix-Rouge. Cette semaine devait être consacrée à faire connaître la Croix-Rouge, son activité bienfaisante, à lui conquérir plus de ressources et à lui gagner de nouveaux adhérents. Organisée avec beaucoup de soin, avec l'agrément des autorités, et avec une large diffusion dans tout l'empire austro-hongrois, cette semaine de la Croix-Rouge réussit pleinement et amena à la Croix-Rouge: de nouvelles forces en argent et en personnel. Les deux tiers de la recette étaient pour elle et ses propres besoins; le troisième tiers était destiné à l'œuvre pour la jeunesse.

La loi de 1902, interdisant tout emploi abusif de l'emblème de la Croix-Rouge sur fond blanc, ne suffisait pas à éviter les abus, en raison d'une interprétation étroite que lui donnaient les tribunaux. Des signes analogues, de nature à induire le public en erreur, étaient tolérés.

En mars dernier un incendie a détruit, heureusement sans occasionner la perte de vies humaines, la grande voiture Pullmann mise gratuitement à la disposition de la Croix-Rouge par la Cie Pullmann, en vue de la bonne semence de Croix-Rouge à répandre partout. En fait plus de, 500,000 hommes et femmes ont été, dans les six dernières années, instruits, par des conférences et démonstrations, dans les premiers secours à donner en cas d'accidents. Cet enseignement itinérant donné par des personnes capables, a incontestablement sauvé la vie à beaucoup de victimes d'accidents, soignés à temps et de façon appropriée, et a été la source de considérables économies dans bien des industries américaines.

Sur la base d'un communiqué de l'agence Wolff et d'une lettre du comte de Mengersen, délégué général pour la Croix-Rouge belge, nous avons, dans notre fascicule d'avril 1916, mentionné l'assemblée générale de la Croix-Rouge belge, tenue à Bruxelles le 26 mars 1916.

Depuis lors nous avons reçu le compte rendu imprimé de cette assemblée. Nous allons en donner un résumé objectif, comme nous le faisons pour chaque pays, nous réservant d'y ajouter les réflexions que la situation de la Croix-Rouge belge, rapprochée de la dissolution de son Comité central de Bruxelles, nous suggère.

Le tournant de l'année, l'entrée dans le troisième chiffre annuel d'une guerre commencée en 1914, continuée en 1915 et qui ne paraît pas près encore de finir en 1916, a vu se poursuivre, après un repos mérité de quatre jours accordé au personnel, l'œuvre considérable et journalière entreprise 17 mois auparavant.