Les lois de la guerre! Cette expression eût sans doule fait sourire le lecteur, voici cinquante ans à peine. Mais la guerre ne connaît pas de lois, eût-il répondu, ou plutôt elle n'en accepte qu'une: faire à l'adversaire, et dans tous les domaines, tout le mal possible, afin d'assurer la victoire à nos armées. C'est que la tradition romaine, en vertu de laquelle tout étranger est un ennemi, s'était maintenue presque intacte jusqu'à notre siècle, au moins dans les conflits entre Etats. Les devoirs nationaux n'existant pas, la notion de la guerre, demeurée d'une simplicité tout antique, pouvait se résumer en ces termes: chacun des belligérants s'érige en justicier et, fort de son droit prétendu, croit pouvoir tout se permettre contre son adversaire; ainsi, toute violence devient licite; des Etats, la guerre s'étend aux individus, et de même que les relations diplomatiques sont rompues entre les premiers, de même les rapports juridiques qui liaient ou protégeaient leurs ressortissants cèdent le pas à la force brutale.