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La hiérarchie des degrés d'être chez Nicole Oresme
Published online by Cambridge University Press: 24 October 2008
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N. Oresme passe pour l'un des rares (sinon le seul) grand universitaire médiéval mathématicien. C'est ainsi que son grand traité De Configurationibus qualitatum et motuum est vu traditionnellement comme un traité de mathématiques et analysé comme tel. En fait, l'examen de ses Questiones super Physicam montre qu'Oresme est un philosophe de la nature original. Ses thèses sont souvent en opposition avec celles de Buridan et saméthode est différente: ses arguments empruntent fort peu à la logique et presque exclusivement à la philosophie naturelle.
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- Copyright © Cambridge University Press 1998
References
1 Clagett, M., Nicole Oresme and the Medieval Geometry of Qualities and Motions (Madison, 1968).Google Scholar
2 Oresme, N., Questiones super Physicam, Séville, Bibl. Colombine, MS 7. 6. 30.Google Scholar
3 Ainsi dans la question 1–6 (voir ci-dessous), à propos des difficultés relatives à la divisibilité intensive d'une qualité, Oresme écrit: “Gualtierus solvit eas et adhuc solveret facilius secundum istam viam.” De même dans la question V-9 il présente explicitement sa solution au problème de l'intensification comme une correction de celle de Burley.
4 Caroti, S., “Oresme on Motion,” Vivarium, XXXI, 1 (1993): 8–36CrossRefGoogle Scholar et Caroti, S., “La position de Nicole Oresme sur la nature du mouvement,” Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, 61 (1994): 303–85.Google Scholar
5 Nous montrerons dans un prochain article que le De Configurationibus n'est pas compréhensible sans une vue suffisamment complète de cette ontologie.
6 Caroti, “La position de N. Oresme,” qu. III-6: “utrum motus sit res successiva sive fluxus distinctus a rebus permanentibus, cuiusmodi sunt mobile et res acquisita, ad quam est motus” (pp. 372–6).Google Scholar
7 “Tertia distinctio est quod quedam forme sunt per se existentes, alie sunt forme accidentales inherentes ut ymagineretur consequenter de aliqua albedine; alie sunt que dicuntur conditiones vel modi rerum, vel taliter se habere, sicut quedam relationes et huiusmodi” (Caroti, “La position de Oresme, N.,” p. 373).Google Scholar
8 Burley, W., In physicam Aristotelis expositio et questiones (Venise, 1501Google Scholar; repr. Hildesheim, New-York, 1972), fol. 12vb.
9 Scott, F. J. Down, Walter Burley's Treatise De Formis (München, 1970), p. 15.Google Scholar
10 Oresme, Questiones super Physicam, qu. 1–14, fol. 11va.Google Scholar
11 Cela ne signifie pas qu'Oresme admet comme entia tous les complexe significabilia. Par exemple il n'admettrait pas le fameux chimeram non esse, comme il apparaîtra dans la classification des degrés d'être de I-15.
12 Oresme, Questiones super Physicam: qu. I–13 (fol. 10vb) et I-15 (fol. 12rb).Google Scholar
13 Scott, Down, Walter Burley's treatise De Formis, p. 17.Google Scholar
14 Cf. Questiones super De Anima, éd. Marshall, , Ph. D. (Cornell University, 1980): qu. II-3, p. 184.Google Scholar
15 Oresme, Questiones super Physicam, qu. I-16: fol. 12vb.Google Scholar
16 Cf. Grant, E., The De proportionibus proportionum and Ad pauca respicientes of N. Oresme (Madison, 1966).Google Scholar
17 L'expression de gradus entis n'apparaît pas avant la question I-16; mais l'échelle des degrés d'être elle-même apparaît très clairement dans la question 1–15 proprement consacrée à la privation.
18 Buridan, J., Questiones super octo libros Physicorum (Paris, 1509). Dans les autres notes ce titre sera abrégé en Questiones in Physicam.Google Scholar
19 Buridan, Questiones in Physicam, qu. 1–16, fol. 20ra–20rb.Google Scholar
20 Oresme, Questiones super Physicam, qu. 1–13, fol. 10rb–11ra.Google Scholar
21 Buridan, Questiones in Physicam: qu. I–23: “Utrum privatio est materia privata” (fol. 26vb–27va).Google Scholar
22 Oresme, Questiones super Physicam, qu. I–15: “Utrum privatio sit ens” (fol. 11vb–12va) et qu. 1–16: “Utrum privatio sit principium distinctum a materia” (fol. 12va–13rb).Google Scholar
23 L'exemple d'Aristote est celui d'une transmutation accidentelle mais tant Averroès que Burley soulignent à plusieurs reprises que tout ce que dit le Philosophe s'applique aussi à la transmutation substantielle.
24 Burley, Expositio: fol. 27va. Sous la première forme elle est déjà dans 1' Expositio sur la Physique de Thomas d'Aquin (livre I, lectio 15).Google Scholar
25 Averroès, , Aristotelis opera cum Averroïs commentariis, éd. Iunctas, (Venise, 1562; repr. Frankfurt, 1962), Vol. IV, In I Physicam, comm. 66: fol. 39rbGoogle Scholar et Burley, Expositio: fol. 29va.Google Scholar
26 Ceci du moins si on la considère dans son esse indépendamment de la génération. Si on la considère comme produit de la génération le troisième principe, la privation, réapparaît comme principe per accidens.
27 Oresme, Questiones super Physicam, qu. I-13, fol. 10vb.Google Scholar
28 Oresme, Questiones super Physicam, qu. I-15, fol. 11vb–12ra.Google Scholar
29 “Uno modo accipitur ens pro aliquo per se existente <id est> individuum demonstratum, et sic totum de genere substantie est ens sicut Sortes, et hoc quia habet operationem proprie. Secundo modo accipitur ens vel esse pro essentia aliqua, sicut pro parte substantie vel forma, et sic dicuntur esse materia, forma, manus et albedo secundum communem viam, et iste modus posset subdividi. Tertio capitur pro significabili complexe scilicet (MS sicut) pro conditione affirmativa, sicut est Sortem currere. Quarto pro conditione quasi hypothetica significabili affirmative et negative, verbi gratia Sortem posse moveri et non moveri et quedam conditio que dicitur quies, et omnis privatio continetur sub isto modo. Ulterius posset largius extendi ad conditionem mere negativam <sicut Sortem> non currere vel intelligentiam non movere” (fol. 12rb).
30 La deuxième classe pose des problèmes d'interprétation dont le principal – que nous n'essaierons pas de résoudre ici – est celui de la signification exacte de essentia chez Oresme.
31 Sa démonstration fait l'objet de la question 1–17: “Utrum generatio substantialis est forma substantialis vel materia vel compositum vel accidens eis additum” (Buridan, Questiones in Physicam, qu. 1–17, fol. 20rb–20vb).Google Scholar
32 Averroès, Opera, Vol. IV, In I Physic., comm. 69: fol. 40vb.Google Scholar
33 Averroès, Opera, Vol. IV, In I Physic., comm. 70: fol. 41rb.Google Scholar
34 Ibid.
35 Averroès, Opera, Vol. VIII, In XII Metaphysicorum, comm. 11: fol. 297rb.Google Scholar
36 Burley, Expositio, fol. 30va.Google Scholar
37 Aristote, Physique, 1–8, 191b 27–29.Google Scholar
38 Averroès, Opera, Vol. IV, In 1 Physic., comm. 78: fol. 44va.Google Scholar
39 Burley, Expositio, fol. 30va. Ceci est une citation du commentaire 70 d'Averroès: fol. 41rb.Google Scholar
40 “in questione primo videndum est de comparatione privationis ad potentiam materie, et secundo de quesito” (fol. 12va).
41 Cette terminologie est chez Thomas d'Aquin, In I Sententiarum, dist. 42, qu. 1, art. 1 et De Potentia, qu. 1, art. 1; mais chez Oresme elle est utilisée dans un contexte très différent.
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- Cited by