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Catholicisme intransigeant, catholicisme social, démocratie chrétienne

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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Observateurs, essayistes, historiens s'accordent volontiers pour discerner, dans le catholicisme contemporain, l'affrontement de deux écoles de pensée et de deux traditions : intransigeants et libéraux, conservateurs et progressistes, droite et gauche, les seconds soucieux d'une adaptation de l'Église au monde moderne, les premiers hostiles à toute transformation. Les journalistes qui, voici quelques années, décrivirent les débats conciliaires, firent leur ce schéma d'interprétation, pour lequel les répondants historiques ne leur manquaient pas. De fait, une telle représentation renferme une bonne part de vérité. Il suffit pour s'en convaincre de songer à l'intensité des conflits qui depuis plus d'un siècle ont pu opposer deux traditions spirituelles. Veuillot et Montalembert, l'Action Française et le Sillon, l'Aube et l'Écho de Paris, Témoignage chrétien et la France catholique, ces couples antagonistes symbolisent, jusqu'à notre temps, un affrontement qui, bien au-delà du politique et du social, renvoie à des mentalités et à des psychologies, à des spiritualités et à des théologies singulièrement différentes.

Type
Mentalités et Cultures
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1972

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References

1. R. Rémond a marqué avec force les dimensions de ce conflit dans son article : « Droite et L gauche dans le catholicisme français contemporain », Revue française de science politique, septembre et décembre 1958, pp. 529-544 et 803-820.

2. C'est pourquoi, malgré la qualité des analyses de départ, nous n'avons pu faire nôtre le « modèle » suggéré par M. Montuclard d'un catholicisme « hiérarcho-hiératique » et d'un catholicisme « démocratico-progressif » : cf. notre compte rendu de son livre « Conscience religieuse et démocratie. La deuxième démocratie chrétienne en France, 1891-1902 », Seuil, 1965, dans Archives de sociologie des religions, janvier-juin 1965.

3. R. P. Vicaire, « Histoire religieuse ou histoire politique », Annales E.S.C., juillet-septembre 1952. L'article est consacré à l'Histoire religieuse de la France contemporaine, d'Adrien Dansette.

4. Qui n'a eu recours à ses quatre volumes sur l'Église de France sous la Troisième République ? Mais les mérites d'une oeuvre irremplaçable ne doivent pas interdire à l'historien la lucidité critique. Lecanuet interprète les événements avec les lunettes du lecteur du Correspondant.

5. Dans sa trilogie : Le prêtre français et la société contemporaine.

6. Comme l'observe E. Poulat, Intégrisme et catholicisme intégral, Casterman, 1969.

7. J. Gadille, La pensée et l'action politique des évêques français au début de la III’ République, Hachette, 1967.

8. Cf. notre compte rendu dans la Revue d'Histoire ecclésiastique, 1968.

9. J. B. Duroselle, dans sa thèse, a mis en lumière de façon décisive les origines légitimistes du catholicisme social. Henri ROLLET, L'action sociale des catholiques en France (t. I, 1949, t. II, 1958), Robert Talmy, L'école de La Tour du Pin (Desclée, 1963), Charles Molette, dans sa thèse complémentaire sur la correspondance entre Robert de Roquefeuil et Albert de Mun (Beauchesne, 1970), ont montré qu'il en allait de même, un demi-siècle plus tard, pour la génération des années 1870.

10. Disons, une fois pour toutes, que l'on désigne sous ce nom les écoles de pensée et les mouvements qui ont voulu résoudre la « question sociale », c'est-à-dire l'ensemble des problèmes sociaux (et non pas seulement ouvriers) nés du libéralisme économique et de la Révolution industrielle, a la lumière des enseignements du catholicisme. Dans l'éventail fort nuancé des catholiques sociaux, les démocrates chrétiens représentent l'aile qui accepte la démocratie politique et sociale.

11. Sur le libéralisme catholique, le livre récent de M. PrÉlot et F. GallouÉDEC-GENUYS (Colin, 1969), au reste digne d'intérêt, ne périme pas l'étude pénétrante de G. Weill, Histoire du catholicisme libéral en France, Alcan, 1909. Il faut également revenir aux réflexions de R. Aubert dans son rapport au Congrès des Sciences historiques de Rome en 1955.

12. Faut-il rappeler la formule d'Augustin Cochtn, définissant la civilisation par : « Le régime parlementaire et les libertés de 1789 ? »

13. C'est le titre du pamphlet de Louis Veutllot, Lyon, 1866, 158 p.

14. Admirablement esquissée par le Père Congar, dans son essai, « L'ecclésiologie, de la Révolution française au concile du Vatican », sous le signe de l'affirmation de l'autorité, dans l'Ecclésiobgie au XIX’ siècle, Cerf, 1960.

15. Dont la meilleure présentation reste celle qu'esquissa Mgr Amann dans le Dictionnaire de théologie catholique. Le suggestif article de J. Gadille, « Autour de Louis Veuillot et de l'Univers », Cahiers d'Histoire, 3, 1969, devrait ranimer l'intérêt des historiens pour une des figures capitales du catholicisme du xrx* siècle.

16. Sur l'auteur de la Restauration française, le livre utile de G. Maton, Lyon, Vitte, 1961, 399 p.

17. Cf. J. Chak-RUY, Donoso Cortès, théologien de l'histoire et prophète, Beauchesne, 1956, 181 p.

18. Paris, 1922, 247 p.

19. Cf. P. Sorijn, La Croix et les Juifs, p. 18.

20. Cf. G. De Rosa, Storia dei movimento cattolico in Italia, t. I.

21. Restauration française, 2e édition, 1872, p. 345. La première édition est de 1851.

22. « Question sociale, État, Église dans la Civiltà cattolica à ses débuts », dans Chiesa e Stato nell'Ottocento, Padoue, 1962.

23. Théorie du pouvoir politique et religieux, p. 341.

24. Cité, significativement, par un démocrate chrétien, l'abbé Caltppe, L'attitude sociale des catholiques, 1911, t. I, p. 79. Le Mémorial écrit en septembre 1829 : « Amasser ! Voilà le code, la Bible, l'unique voeu d'un Anglais », cité par R. Deniel : Une image de la famille et de la société sous la Restauration (1815-1830). Éditions ouvrières, 1965.

25. Çà et là, t. II, 1859, p. 267.

26. P. 288, L'Encyclique du 8 décembre 1864 et les principes de 1789 ou l'Église, l'État et la liberté, Poussielgue, 1865, 442 p. On sait l'influence qu'eut sur A. de Mun et La Tour du Pin le livre de l'industriel haut-rhinois, adversaire du traité de commerce franco-anglais comme de la politique romaine de l'empereur.

27. On objectera que l'intransigeance religieuse peut aller de pair avec l'acceptation de l'ordre économique et social, la volonté de conservation l'emportant sur celle de réaction. Il n'est pas douteux que la peur du socialisme a pu favoriser un rapprochement avec le conservatisme libéral. Cependant, ces intransigeants, favorables à un libéralisme tempéré simplement par le patronage et la bienfaisance sociale, Mgr Freppel, l'économiste belge C. Périn, l'école d'Angers, les disciples de Le Play, ont en commun avec les catholiques « sociaux » le refus de l'individualisme et l'aspiration à des corps intermédiaires.

28. « Telle est notre utopie, tels sont nos rêves », écrit l'historien Léon Gautier, dans son Histoire des corporations ouvrières, Paris,Œuvres des cercles catholiques d'ouvriers, 1874, p. 20.

29. Veuillot, au lendemain de la bulle d'indiction du Concile, le 14 juillet 1868, entrevoyait « l'organisation chrétienne et catholique de la démocratie ». Il voyait renaître « une confédération universelle de l'Unité de la foi sous la présidence du pontife romain…, un peuple saint comme il y eut un saint empire », cité par E. Veuillot, Louis Veuillot, t. IV, 1913, p. 12. Il y aurait maintes études à faire sur l'idée d'Europe dans le catholicisme intransigeant. Faut-il rappeler que le Syllabus condamne les nationalismes issus de la Révolution ? C'est seulement à la fin du xrxe siècle que s'opère la conjonction entre le catholicisme intransigeant et le nationalisme, passé à droite de l'éventail politique.

30. Une histoire de l'idée corporatiste qui irait plus loin que l'esquisse de M. Elbow, French corporative theory, 1789-1948, New York, 1953, 222 p., serait souhaitable. Maurice Maignen, le directeur du Cercle du Montparnasse, qui eut un grand rôle aux origines du mouvement social catholique, était dès les années 1860 un ardent partisan du retour aux corporations; c'était un légitimiste. Dans sa lettre du 20 avril 1865 « sur les ouvriers », le comte de Chambord appelle à la renaissance des corporations : « Ne semble-t-il pas que, fidèles à toutes les traditions de son glorieux passé, la royauté vraiment chrétienne et vraiment française doive faire aujourd'hui pour l'émancipation et la prospérité morale et matérielle des classes ouvrières ce qu'elle a fait en d'autres temps pour l'affranchissement des communes ? » (p. 8). 31. Dont Jacques Droz a fortement esquissé les contours. Les contacts entre ce courant d'idées et le catholicisme français mériteraient une étude systématique, qui reprenne le travail du Père Burtin sur cet extraordinaire introducteur, le baron d'Eckstein. Cf. à cet égard la thèse de J. R. DerrÉ, Lamennais et ses amis, pp. 115-167. Les relations, un demi-siècle plus tard, entre les animateurs de l'OEuvre des Cercles catholiques d'ouvriers et les catholiques sociaux autrichiens n'ont jamais été étudiées. Attaché militaire à Vienne, La Tour du Pin y nouera de fidèles amitiés.

32. Un collaborateur de V Univers, l'abbé Jules Morel estime que « le libre échange est, en économie politique, le pendant du libre examen en matière de religion », La question économique. Du prêt à intérêt ou des causes théologiques du socialisme, Lecoffre, 1873, VII-464 p., p. 4.

33. Cf. l'article, aux larges horizons, de B. Plongeron, « L'Aufklârung catholique en Europe occidentale », Revue d'Histoire moderne et contemporaine, octobre-décembre 1969.

34. R. Aubert y insiste, tout particulièrement, dans le supplément à la réédition de son livre classique sur Pie IX.

35. Au Lamennais qui écrit De la Religion considérée dans ses rapports avec l'ordre politique et civil fait écho, en 1883, La Tour Du Pin qui déplore la diminution du nombre des catholiques convaincus « que la source de toutes les vérités fondamentales de l'ordre social est dans la doctrine de l'Église ». Depuis l'époque de la Ligue, ajoute-t-il de façon significative, « les erreurs du jansénisme, du gallicanisme et finalement du soi-disant catholicisme libéral s'infiltrèrent dans le clergé » ﹛Association catholique, repris dans Vers un ordre social chrétien, 1907, p. 434). Peu de thèmes furent davantage répandus.

36. Les références historiques, là comme ailleurs, méritent d'être mises en lumière. On trouvera quelques indications dans le livre de J. Freyssinet-Domtnjon, Les manuels d'histoire de l'école libre, Colin. 1969.

37. Cf. l'article « Coeur » du Dictionnaire de Spiritualité, 1953, col. 1023-1046.

38. Cf. l'article du Père RamiÈre, un des artisans de la dévotion au Sacré-Coeur, dans l'Association catholique, juin 1876 : « La question sociale et la dévotion au Sacré-Coeur ».

39. Cf. R. Jacquin, Taparelli, 1943, p. 244.

40. Comme l'a nettement montré R. Aubert dans son étude capitale sur les aspects divers du néo-thomisme sous Léon XIII, dans Aspetti délia cultura cattolica nel'étà di Leone XIII, Rome, 1961.

41. Non sans s'appuyer sur un ensemble de travaux historiques; songeons à l'oeuvre de J. Janssen sur l'Allemagne depuis la fin du Moyen Age, publiée chez Herder à partir de 1878 et traduite chez Pion à partir de 1887, aux articles, dans l'Association catholique, de H. Blanc, chef de bureau à la Direction des Cultes, légitimiste, sur les corporations de métier, à l'oeuvre de Léon Gautier, chartiste, historien de la chevalerie, l'un des fondateurs de l'OEuvre des Cercles.

42. Attaché au libéralisme économique, Joseph Rambaud, fondateur du journal conservateur le Nouvelliste et professeur à la Faculté catholique de droit de Lyon, ne cesse de pourfendre le jésuite romain dans ses Éléments d'économie politique (Paris, Larose, Lyon, Cote, 1895, 796 p.).

43. Prêtre lyonnais dont le rôle fut considérable.

44. Congrès ecclésiastique de Bourges, p. 354. Dans ses articles publiés dans l'Univers en hiver 1872, et repris dans le volume La question économique. Du prêt à intérêt ou des causes théologiques du socialisme, l'abbé Jules Morel s'appuyait sur la Somme de saint Thomas.

45. Même contestable dans telle de ses affirmations, l'esquisse de Joseph Hours va à l'essentiel : « La formation en France de la doctrine de la démocratie chrétienne », dans Libéralisme, traditionalisme et décentralisation, Colin, 1952. Renvoyons aussi à la note de G. Verucci, « L'eredita del tradizionalismo religioso e politico nella democrazia cristiana del secondo ottocento », dans Aspetti délia cultura cattolica neU'età di Leone XIII, Rome, 1961, pp. 697-705, et au rapport de F. Fonzi dont le titre est significatif, « Dall'intransigentismo alla democrazia cristiana », pp. 323-368, ibid.

46. Ainsi Jeanne Caron, Le « Sillon » et la démocratie chrétienne, Pion, 1966; et Charles Molette, L'Association catholique de la jeunesse française (1886-1967), Colin, 1968. Marcel Pré- Lot insista avec vigueur sur les origines contre-révolutionnaires de l'A.C.J.F.; cf. le compte rendu de soutenance, Revue Historique, octobre-décembre 1968.

47. Cf. R. Talmy, Une forme hybride du catholicisme social : l'Association catholique des patrons du nord, Lille, 1962; Le syndicalisme chrétien en France, Bloud et Gay, 1966: et P. Droulers, Politique sociale et christianisme. Le Père Desbuquois et l'Action populaire, Editions ouvrières, 1969.

48. Renvoyons à l'ouvrage décisif de E. Poulat, Intégrisme et catholicisme intégral, Casterman, 1969, et aux observations de E. Poulat à propos du livre précité du Père Droulers, « Le catholicisme devant l'ébranlement de son système d'emprise », dans Archives de sociologie des religions, juillet-octobre 1969.

49. Éminence grise du catholicisme social, l'un des fondateurs des Semaines sociales. 50. Le patron du Val des Bois près de Reims, « usine chrétienne » qui parut la réalisation exemplaire du catholicisme social.

51. Cf. notre thèse : Un prêtre démocrate : l'abbé Lemire (1853-1928), Casterman, 1968, 704 p.

52. « De Venise, écrit H. Lorin à G. Goyau en 1892, j'irai faire un pèlerinage du souvenir à Goritz : il y a neuf ans, j'ai laissé là le rêve de mon enfance et de ma première jeunesse. Quand le représentant de la tradition disparaît, c'est dans le peuple qu'il faut aller la chercher. » (Cité p. 76 par J. Ph. Heuzey : « Georges Goyau ».) La confiance dans le peuple est à elle seule typique de la démarche du traditionalisme. Dans le roman Le Navire sans capitaine, que consacre aux débuts du Parti démocrate populaire R. Cornuxeau, le père jésuite, ami de l'Action populaire, dit au héros : « La France a été la première nation chrétienne et elle le redeviendra, non plus avec un roi, mais avec le peuple. » (p. 93.)

53. Quelques exemples, pris dans des régions diverses : l'abbé Pastoret à Toulon, ancien animateur de l'OEuvre des Cercles, Mathieu Paquet, imprimeur lyonnais, collaborateur de Gonin, qui fut membre des comités légitimistes, tout comme Emmanuel Rivière, imprimeur à Blois, ou l'un des fondateurs de l'Ouest-Éclair, Emmanuel Desgrées du Loû : c'est bien l'état-major de la démocratie chrétienne. Venus du légitimisme, ils demeurèrent les adversaires de l'orléanisme libéral.

54. Le pape, les catholiques et la question sociale, p. 52. Militant démocrate chrétien et historien du présent, l'auteur de L'Allemagne religieuse reste, par ses articles, reproduits dans la série Autour du catholicisme social, un des meilleurs observateurs du mouvement. Son rôle et sa pensée mériteraient une étude.

55. C'est en 1912 que disparaît seulement des statuts la mention de l'attachement au Syllabus; il n'est plus question que de « coopérer au rétablissement de l'ordre social chrétien », cf. Molette, op. cit., pp. 709-713.

56. Comme l'observe avec raison M. Prélot dans son livre sur le Libéralisme catholique.

57. Autour du catholicisme social, 1” série, p. 12.

58. Institut de France, 1923, p. 45. Ribot rappelle l'inquiétude de Spuller, l'ami de Gambetta : « Si l'Église se met résolument à la tête du mouvement qui entraîne les masses ouvrières, ne retrouvera- t-elle pas la puissance qu'elle avait autrefois, et qu'adviendra-t-il des conquêtes de l'esprit moderne ? »

59. Pour nombre d'entre eux cette acceptation découle de l'obéissance au pape : elle est une marque d'ultramontanisme. Ils qualifient volontiers les réfractaires au ralliement d’ « orléanistes » ou de « libéraux ».

60. Sur la philosophie sociale de la démocratie chrétienne : Un prêtre démocrate : l'abbé Lemire, 2” partie.

61. Un exemple : en 1896 le congrès de Reims des royalistes « sociaux » et le premier congrès de la démocratie chrétienne à Lyon adoptent la même motion sur le problème social : son auteur est La Tour du Pin.

62. Ceux que fustige G. Bernanos dans le pamphlet si révélateur qu'il consacre à la mémoire de Drumont : La grande peur des bien pensants, 1931.

63. L'antisémitisme du catholicisme social reste un immense problème qu'aborde P. Pierrard dans son essai : Juifs et catholiques français, Fayard, 1970. Des indications aussi dans notre article : « Les congrès nationaux de la démocratie chrétienne à Lyon », Revue d'histoire moderne et contemporaine, juillet-septembre 1962, et dans P. Sorlin, La Croix et les Juifs, Grasset, 1967. On manque d'une étude solide sur le catholicisme social et l'antisémitisme en Europe centrale, malgré le livre intéressant de P. Pulzer, The Rise of Political Antisemitism in Germany and Austria, 1964, XIII-364 p. Il faudrait suivre l'influence en France de ce courant par le biais de l'Association catholique.

64. Justice sociale, 3 août 1907.

65. Rédacteur en chef pendant l'entre-deux-guerres du Petit démocrate. Dans son bureau, figurait le portrait de Barbey d'Aurevilly. Il admirait Drumont. Cf. Robert Cornilleau, souvenirs et témoignages, Rennes, 1959, 247 p.

66. Balzac, écrivain social. Pages choisies, Spes, 1925, XXXIII, 224 p.

67. 10 avril 1898, p. 226. L'étude se poursuit sur trois numéros. « Il faut renoncer sans regret ni arrière-pensée aux principes de la Révolution », poursuit Laurentie.

68. Le Bien du peuple, 23 juin 1894, cité par F. Fonzi, op. cit., p. 35. L'abbé Pottier fait allusion aux articles des 17 et 28 janvier 1872 qui affirment : « Nous sommes en présence de la démocratie révolutionnaire, et le catholicisme nous donnera la démocratie chrétienne » (reproduits dans les OEuvres complètes, t. XXXVII, pp. 114 et 128).

69. Maistre est « l'un des maîtres du catholicisme social » (t. I : Les premiers essais de synthèse, 1911, p. 61).

70. Père Droulers, op. cit.

71. L'ancien secrétaire de Veuillot.

72. C'est lui qui consacre le mot de « catholicisme social » : il publie en effet en 1896 une synthèse doctrinale : Le socialisme catholique ou christianisme intégral. Le tome II, en 1896, est intitulé Le catholicisme social : « le mot socialisme faisait peur, je l'ai laissé de côté ».

73. François Veuillot (le père du futur cardinal de Paris) l'écrit à l'abbé Lemire lors du combisme : « le ralliement et l'action démocratique ont toujours été à nos yeux et pour le journal moins un moyen de conciliation qu'une méthode de combat » (lettre du 11 août 1902, citée p. 293 dans Un prêtre démocrate : l'abbé Lemire).

74. C. Molette, op. cit., p. 156.

75. Le livre que lui consacre le R. P. A. Berthe n'a pas moins de cinq éditions, cf. Garcia Moreno, président de l'Equateur, Vengeur et martyr du droit chrétien (1827-1875), Paris, Retaux-Bray, 1887, 808 p.

76. Faut-il rappeler Henri Bazire affirmant que le catholicisme intégral et le catholicisme social ne sont qu'un ? (L'Association catholique, 17 mars 1900, p. 406). Sangnier ne dit pas autre chose.

77. Quand le héros du roman de Robert Corntlleau rend visite aux Jésuites d'Épinay, il voit revivre en eux « les plus pures traditions du catholicisme intégral », Le navire sans capitaine, 1932, p. 78). « Notre mouvement démocratique chrétien a cherché ses racines dans la théologie du Moyen Age », écrit G. Goyau. Ce trait le distingue du mouvement mennaisien, Autour du catholicisme social, t. II, p. 13, repris du Monde, 9 janvier 1896.

78. L'A.C.J.F. est remarquable par sa dévotion au Sacré-Coeur.

79. L'abbé Naudet déplore au Congrès sacerdotal de Bourges qu’ « imbue des préjugés orléanistes et césariens » la majorité du clergé se soit « confinée dans la vie culturelle », pp. 353-355. Nul propos n'est plus répandu.

80. On sait qu'aux alentours de 1890 la critique du scientisme et du positivisme, tout comme l'hostilité au socialisme, favorisent une renaissance spiritualiste dans le monde intellectuel. Ces « néo-chrétiens » ne sont pas sans rapports avec certains catholiques libéraux. Cf. le recueil consacré au souvenir de Paul Desjardins : Anne Heurgon-Desjardins, P. Desjardins et les décades de Pontigny, P.U.F., 1962.

81. Goyau, Autour du catholicisme social, 1” série, p. 12.

82. Ibid., p. 35.

83. Ibid., p. 310. L'article s'intitule : « Catholicisme intégral et catholicisme social. »

84. R. Aubert y insiste dans son rapport sur le libéralisme catholique, Congrès des sciences historiques, Rome, 1955, p. 345, et Le pontificat de Pie IX, supplément bibliographique, p. 554. Cf aussi : Vn quart de siècle de recherche historique en Belgique, Louvain-Paris, 1970, p. 460

85. Le beau livre d'A. Gambasin, Il movimento sociale nell'opera dei Congressi (1874-1904), Rome, 1958, XX, 741 p., marque bien les initiatives sociales des catholiques intransigeants.

86. Le prêtre journaliste de Milan, collaborateur de YOsservatore cattolico dès 1869, fut incarcéré lors des grèves de 1898. Il incarne alors pour le jeune clergé, face aux conservateurs qui se rapprochent des libéraux pour défendre l'ordre, un double idéal de justice et de liberté.

87. Élève de l'un des artisans du néo-thomisme, d'un des protecteurs de l'Action française, le cardinal Billot, il alla de l'intransigeantisme à la démocratie chrétienne et au radicalisme démocratique, au long d'un itinéraire qui évoque celui de Lamennais. Les études sur lui se multiplient : en 1968 seulement, trois ouvrages : J. Zoppi, R. Muni e la prima democrazia cristiana, Florence, XIV, 229 p.; C. Giovannini, Politica e religions nel pensiero délia Lega Democratica nazionale, Rome, XI, 414 p.; M. Guasco, R. Murri e il modernisme), Rome, XI, 419 p.

88. Le futur fondateur du P.P.I. fait ses premières armes de journaliste à la tête d'un organe au titre symbolique : La croce di Costantino. Il pourfend l'État athée, centralisé, laïc. « La démocratie chrétienne bénie par le pape, arbore en Italie la blanche bannière guelfe qui porte la devise : Église, Italie, peuple »; cf. L. Sturzo, La Croce di Costantino, primi scritti politici, a cura di G. de Rosa, Rome, 1958, XLII-378 p.

89. Comme la grande synthèse de G. De Rosa, Storia del movimento cattolico is Italia, Laterza, Bari, 1966, 662 et 588 p.

90. Selon la formule de G. Sacchetti, l'une des grandes figures de Fintransigeantismei talien. Cf. G. De Rosa, G. Sacchetti e l'opéra dei Congressi, Rome, 1957, 167 p.

91. Le radicalisme, dont on dira plus loin les points de rencontre avec le catholicisme social, chercha lui aussi cette voie intermédiaire, tout comme les intellectuels des années 30; mais n'avaientils pas redécouvert La Tour du Pin ?

92. Point de rencontre, encore mal étudié, d'un premier socialisme et du catholicisme social. Le rôle des anciens bucheziens paraît avoir été considérable, cf. F. A. Isambert, Politique, religion et science de l'homme chez Bûchez, Paris, Cujas, 1967, 339 p.

93. Une mise au point fort pénétrante, celle de P. Bureau, L'association de l'ouvrier aux profits du patron et la participation aux bénéfices, Paris, Rousseau. 1898, XVI, 322, p. 11, juge la formule acceptable seulement dans la petite industrie, approuve l'hostilité des syndicats, et préconise le contrat collectif de travail.

94. Sur l'idée de coopération, notamment dans le Sillon, cf. J. Caron, op. cit.

95. Exemple parmi d'autres de collusion des extrêmes : l'attitude d'une partie de la Droite dans la législature de 1893; cf. notre article, Revue d'Histoire moderne et contemporaine, 1966.

96. Catholiques sociaux et « corporatistes » à l'heure de la Révolution nationale, combien découvrirent ensuite le marxisme et furent séduits par le communisme. Certains itinéraires seraient fort révélateurs.

97. Us apparaissent, entre autres, au Congrès de Lyon de la démocratie chrétienne de 1896.

98. Rerum novarum, on le sait, est en retrait par rapport à la pensée de La Tour du Pin. Au sein de l'Association catholique, d'âpres discussions éclatent, notamment en 1886 : cf. R. Talmy, AUX sources du catholicisme social, l'école de La Tour du Pin, Desclée, 1963.

99. L'abbé Tartelin notamment qui connaît Marx, dont il reprend la théorie de la valeur. Cf. La Justice sociale, 13 février 1897. Une longue polémique l'oppose à Fonsegrive.

100. A. Diamant, cattolici austriaci e la prima Republicca, 1918-1934, Rome, 1964, Vm, 503 p.

101. Il publie en 1893 une vaste synthèse doctrinale : Liberalismus, Sozialismus, und christliche Gesellschaftsordnung, VIII, 772 p. Elle justifie la propriété privée et insiste sur la notice de solidarité.

102. Histoire des idées politiques, p. 613.

103. Cf. G. Goyau, Autour du catholicisme social, 1” série. Dans son hostilité à la Maison de Savoie, la Civiltà cattolica elle-même n'exclut pas une telle hypothèse.

104. Qui collaborent avec eux au sein de l'Association internationale pour la protection des travailleurs.

105. Cf. J. Caron, op. cit., et M. Sangnter, Discours, t. II, 1910, p. 73.

106. Léon Blum rompt très tôt avec l'anticléricalisme de la S.F.I.O., affirmant qu'un catholique peut être socialiste.

107. R. Cornhxeau envisage une entente avec les socialistes, au scandale de ses amis démocrates populaires, Pourquoi pas ? Une politique réaliste, Paris, Valois, 1929, 192 p.

108. M. Montuclard y insiste avec raison dans son livre Conscience chrétienne et démocratie, Seuil, 1965.

109. Cf. le débat ouvert dans la revue La Démocratie chrétienne en décembre 1897 et 1898. Faut-il rappeler Sangnier définissant la démocratie comme « l'organisation sociale qui tend à porter au maximum la conscience et la responsabilité civique de chacun » ?

110. Déjà l'oeuvre des cercles catholiques d'ouvriers, se distinguant des patronages, souhaitait la « participation des membres ouvriers du cercle à son gouvernement », principe lourd de portée ﹛Instruction sur Voeuvre, Paris, 1877, p. 56).

111. Longtemps récusé parce qu'il répondait à une conception individualiste de la société : lui est opposé la représentation de la famille et des corps intermédiaires.

112. M. Montuclard, (op. cit.), a montré avec force ce double processus de laïcisation et de sacralisation, qui modifie le système de valeurs.

113. Ouvert aux protestants, comme voulut l'être le Zentrum.

114. Comme le souhaitaient les abbés Gayraud, Lemire, Naudet, qui se coupèrent là de nombre de leurs amis.

115. Une controverse qui divisa les abbés démocrates prend ici valeur de symbole : l'image du Sacré-Coeur devait-elle ou non être apposée sur le drapeau national ?

116. Pour reprendre la brillante analyse d'Henri Desroche, Sociologies religieuses, P.U.F., 1969, pp. 27-28. Cf. aussi l'essai suggestif d'A. Manaranche, Ya-t-il une morale sociale chrétienne ?, Seuil, 1969.

117. Les mouvements d'Action catholique parurent un temps tenir ce rôle.

118. Cf. l'article « Église-État » du Père Congar, dans l'Encyclopédie : Catholicisme.

119. C'est l'accusation capitale portée contre les abbés démocrates, qui là comme ailleurs, anticipent, et que l'on accuse de vouloir un « nouveau clergé ».

120. L'abbé Lemire ou les Sillonnistes découvrent le Père Gratry et le Père Laberthonnière.

121. Cf. les observations de R. RÉMOND au Colloque Formation et aspects du vocabulaire politique français, pp. 87-93.

122. C'est le titre de la brochure de Gaspard Decurttns, catholique social suisse, un des pionniers de l'Union de Fribourg qui, en 1907, condamne l'évolution de ses amis. Il dénonce la volonté de « rompre avec la philosophie du Moyen Age » et l'idée qu’ « une réforme sociale conforme aux idées et aux besoins modernes ne pouvait jaillir que d'une conception moderne du monde et de la vie » (reproduit par La Croix, 19-23-24 juillet 1907).

123. On peut discerner un courant « libéral » issu de Murri, avec Donati et Gronchi et un courant qui avec Dossetti, La Pira, Fanfani, poursuit le rêve d'une chrétienté; cf. L. Bedeschi, cattolici disubbidienti, Rome, 1959, 277 p.

124. Malgré la volonté de rompre avec lui, fût-ce en lui trouvant le substitut du marxisme.

125. Joseph Hours y a bien souvent insisté.

126. Le Père Bouyer dans son pamphlet : La décomposition du catholicisme, Aubier, 1968.