La défiance éprouvée envers leurs serviteurs par les grands seigneurs du XVIe et du XVIIe siècles a suscité une série assez abondante de documents d'un grand intérêt pour l'histoire de la vie matérielle. Il s'agit des « Marchés de pourvoierie » passés devant notaire, par lesquels un « pourvoyeur », à la fois entrepreneur et officier domestique, s'engageait à fournir un approvisionnement régulier de certaines denrées à des prix convenus à l'avance. Ainsi étaient empêchées les escroqueries des domestiques majorant le prix de leurs achats.

Ce système connut une grande extension : pâtisserie, vin, pain et farine, avoine, chandelles, livrées, linge de table, etc., faisaient l'objet de tels marchés. Mais les plus intéressants sont les marchés de pourvoierie proprement dite, c'est-à-dire viande, rôtisserie et poisson : chacun d'eux donne une liste de plus de deux cents articles avec les prix correspondants.

L'aspiration vers un retour aux origines, aux croyances et aux sentiments des premiers siècles du christianisme, qui est si forte chez de nombreux catholiques du XVIIe siècle, se traduit par un désir de purification, dans le domaine de la théologie, comme dans ceux de la morale et de la pratique religieuse. Tous ceux qui ont une vie religieuse intense résistent aux tendances nouvelles de la théologie, qui mettent l'accent sur les possibilités de l'homme et estompent l'action de la grâce divine.

Le Punyavantajâtaka a attiré l'attention des folkloristes par le motif du « Jugement de Salomon » qu'il contient. Sa structure, d'autre part, a donné lieu à des rapprochements avec le système des castes . C'est ce dernier problème que nous nous proposons d'aborder ici. Il existe de ce Jâtaka quatre versions principales en quatre langues : une version indienne, dans le Mahâvastu, une version tibétaine, dans le Kandjour, une version chinoise, dans le Cheng King, une version tokharienne . En voici de brefs résumés

Notre projet est de donner un aperçu de l'œuvre de Claude Lévi-Strauss. Un résumé de cette œuvre risque, à notre avis, d'en fausser le sens. Pour le réaliser il faudrait connaître une méthode de simplification capable de nous donner un modèle réduit, semblable dans toutes ses parties au modèle initial. Ce projet est bien difficile à réaliser.

Nous préférons commencer par reprendre deux problèmes qui nous semblent essentiels et qui sont traités par Claude Lévi-Strauss dans les Structures élémentaires de la parenté. Il s'agit de problèmes techniques et non de questions philosophiques ; nous insistons sur ce point. Un ethnologue peut aujourd'hui s'attaquer à une difficulté technique, comme le fait le physicien ou le chimiste (on pense aussi aux problèmes résolus par Claude Bernard ou bien aux difficultés rencontrées par Freud à propos de l'hystérie).

Le livre de Claude Lévi-Strauss est comme l'un de ces puzzles chinois composés d'un grand nombre de morceaux aux formes apparemment accidentelles et bizarres, mais que l'on peut, avec de l'habileté et de la patience, assembler en un cube parfait. Si nous posons cet objet la tête en bas, il arrive que, la forme d'ensemble restant identique, la composition nous apparaisse tout à coup différente.

J'ai lu d'un bout à l'autre au moins trois fois la Pensée Sauvage: à chaque lecture mon impression a été très différente sur la façon dont le cube était assemblé. Au vrai, tout dépend de ce que l'on décide être le thème principal. J'apporte dans cette discussion les préjugés d'un anthropologue anglais, et admets la possibilité, du point de vue de l'auteur, de m'être entièrement trompé sur l'essentiel.

Scientifiquement, un colloque est l'occasion d'une mise au point et d'informations réciproques, et personnelles. Ce colloque lillois réalisait d'abord, et même surtout, une liaison universitaire et industrielle. Son sujet, par surcroît, était d'actualité, se plaçant entre les deux premières réunions d'une certaine « Table Ronde » consacrée à l'avenir des houillères nationalisées, et particulièrement de celles du Nord et du Pas-de- Calais.

Dès le XVIIIe siècle, les cérémonies longues et complexes, en partie sanglantes, auxquelles les Européens donnèrent le nom de « Coutumes » ou « Customs », frappèrent l'imagination des voyageurs qui osaient s'aventurer à l'intérieur du Dahomey. Aujourd'hui, malgré les descriptions relativement nombreuses qui sont entre nos mains l'étude des coutumes reste à faire ; elles offrent un champ fertile d'investigations à l'historien comme à l'ethnographe et au sociologue.

Le premier Empire britannique, celui des xviie et xviiie siècles, était un empire mercantihste ; il avait été conçu et édifié comme une unité économique, comme un système d'échanges aussi clos que possible, assujetti étroitement aux intérêts de la métropole. Bien que cette structure mercantihste ait été ébranlée par la perte des treize colonies et minée par les progrès de la Révolution industrielle en Angleterre, elle s'est survécue à elle-même jusqu'au milieu du xixe siècle. Mais de 1846 à 1860, elle fut entièrement démantelée, et l'Empire mercantihste fit place à l'Empire libre-échangiste, qui devait durer jusqu'en 1931. Cet Empire ne constitue pas à proprement parler une unité économique. L'Angleterre s'ouvre librement et sur un pied d'égalité aux produits du monde entier, étrangers comme impériaux ; d'autre part, elle ne cherche pas à imposer dans ses possessions un traitement de faveur pour ses propres marchandises.

« La Banque et le Crédit en Italie au XVIIe siècle », objet principal de mes recherches actuelles, m'a conduit à faire un sondage important sur l'économie italienne. Les premiers résultats auxquels je suis parvenu portent sur des investissements florentins en Toscane et à l'étranger, et par là même, sur les mouvements de la conjoncture et sur certains déplacements dans la structure de l'échange international.

Nous examinerons d'abord la suite des investissements dans les villes de Toscane et à l'étranger (créations de commandites en général, et plus particulièrement, de commandites destinées aux changes en Italie et hors d'Italie) ; ensuite nous évaluerons le capital moyen des firmes créées ; pour terminer, nous calculerons le capital actif moyen par firme (à la fois des firmes qui se créent, et de celles qui sont déjà en activité). Nous pourrons ainsi assister aux stratégies changeantes du capital, voir son investissement dans les différents secteurs de la vie économique et dans les diverses régions, depuis la Méditerranée jusqu'au Nord de l'Europe.

Le XVIIIe siècle a toujours bénéficié aux yeux des historiens de deux privilèges complémentaires : il a été couronné par la Révolution, et il a légué ses valeurs au monde contemporain. Libéraux et marxistes se réclament également du « grand siècle » de Michelet, et de sa finalité hédoniste. Ce sont les chemins du bonheur qui les séparent, non le but.

Voici du même coup fondée, depuis cent cinquante ans, la « modernité » du XVIIIe siècle. Mais voici aussi sa blessure : le milieu du XXe siècle a perdu ses paradis artificiels dans les deux dernières guerres mondiales, et derrière l'Europe bourgeoise de 14, l'Amérique du gaspillage et de la névrose, l'Union Soviétique de Staline, ce sont les ombres du monde des lumières qui sont venues au premier plan. Il est normal que les désenchantements ramènent aux sources de l'utopie et à l'examen critique de la philosophie des lumières.

La comptabilité économique est une science en constants progrès. L'ouvrage de Mme J. Capronnier-Spielhagen en témoigne avec éloquence. Et l'historien de l'économie, ici, ne se sent saisi d'aucune gêne devant les techniques de comptabilité nationale appliquées aux temps présents, alors qu'il redoute que ces mêmes techniques, lorsqu'elles sont transposées dans le passé, ne violentent quelque peu et les statistiques, et l'histoire. Et plus on admire la maîtrise de l'auteur — qui innove en la matière —, mieux on mesure les grandeurs changeantes des faits — la stagnation du charbon, l'irruption du gaz naturel, l'inexorable montée du pétrole… —, plus on est amené à se poser des questions « annexes » au sujet, des problèmes qui ne relèvent pas seulement de ces « dépendances techniques », dont J. M. Jeanneney rappelle l'importance dans sa préface à l'ouvrage, mais de ce qu'on pourrait appeler les « dépendances politiques ».

Dès que la paix de Kainardja eut rouvert la mer Noire au commerce européen, le souvenir des anciens établissements génois de Crimée retrouva une actualité : les auteurs de projets, pour donner des lettres de noblesse à la nouvelle route, ne manquaient pas de la représenter comme une voie d'accès vers la Perse, sinon vers l'Inde par l'intermédiaire du golfe Persique ; accès plus commode que les routes caravanières partant des Échelles du Levant, plus sûr que la mer Rouge et plus court que la route du Cap. Dès 1776, l'anglais Eton, l'un des directeurs de la Compagnie de commerce russe à Constantinople, proposait à des négociants londoniens de faire venir les soies de Perse par la voie d'Astrakhan, du Volga et du Don ; en 1779, il demandait à Catherine II d'accorder aux Anglais le libre transit par cette route.

Du point de vue de la finance internationale, un double phénomène caractérise la première moitié du xviie siècle. Entre 1600 et 1660, on assiste au magnifique apogée puis au déclin de ce qu'on peut appeler le grand cycle des banquiers génois ; et pendant cette même période on voit les hommes d'affaires portugais livrer bataille pour briser le monopole du marché de l'argent que les Génois avaient réussi à détenir durant plus de cinquante années. Dans un cas comme dans l'autre, les conditions économiques générales ont joué pour ou contre les Génois et permis l'accession des firmes portugaises au rang de banques internationales.

D'après un lieu commun assez répandu, l'histoire aurait été introduite en France par Paul Émile, que Louis XII chargea d'écrire ses De rebusgestis Francorum libri X. Le « Père du Peuple », soucieux de civiliser ses « fils » et de glorifier ses aïeux, recourant à la doctrine d'un humaniste italien, cela rappelle trop un sujet d'imagerie d'Épinal sur la Renaissance ! En effet, jamais si médiocre instituteur n'eut des disciples tellement nombreux et supérieurs à leur maître : s'il est vrai que l'historien véronais servit d'exemple à Le Feron, à Paradin et à bien d'autres qui, par l'imitation des modèles anciens, cherchèrent à revêtir leurs annales d'une certaine dignité stylistique, il faut remarquer, en outre, deux éléments qui jettent une lumière particulière sur toute la production historique française de la seconde moitié du XVIe siècle : a) la masse imposante d'ouvrages, tous relevant de l'histoire, publiés ou réédités entre 1550 et 1610 ; b) les caractères originaux d'une partie importante de ces ouvrages par rapport à l'historiographie humaniste traditionnelle.

Parmi les institutions de Châlons-sur-Marne à la fin du XVIIIe siècle l'Académie était une des plus importantes. Les travaux de Henri Menu ont éclairé les circonstances de sa fondation en 1775, le lent travail de préparation accompli, depuis 1750, par la société littéraire sur l'initiative du commissaire des guerres Dupré d'Aulnaye, un Parisien établi Champenois, de l'abbé Beschefer, chanoine de Notre-Dame de Châlons, du bailli de Vertu, Culotteau de Vélie. Grâce à cet important mémoire, les règlements, les principales séances, les grands concours, les difficultés et les appuis officiels de l'Académie sont connus. Ils ont été replacés dans le contexte de l'histoire de la province par M. Poinsignon, sur le plan de l'histoire idéologique nationale par Daniel Mornet et plus récemment encore par M. Pierre Barrière.

Il va y avoir trente ans, le Professeur Emil Bkunnek, de Zurich, écrivait une étude dont le titre était : L'Église, Problème et devoir d'aujourd'hui. En 1947, paraissait aux Presses Universitaires de France, un volume collectif intitulé : Le Problème de l'Église. Ces deux publications éveillent la même idée de réflexion nécessaire sur la notion d'Église, pour la pensée et pour la vie. On compterait par dizaine, d'ailleurs, les publications sur le sujet de l'Église, tant en France qu'à l'étranger.

De fait, le théologien allemand Dibelius a déclaré que le xxe siècle était celui de l'Église. Ne soyons pas trop portés à accepter cette formule sans examen et à la lettre : Alexandre Vinet avait déjà fait la même remarque pour son siècle; et le XVIe siècle, n'a-t-il pas été, aussi, celui de l'Église dans sa réformation ?

Le Congrès international sur l'histoire des découvertes, qui s'est tenu à Lisbonne en 1960, a donné lieu à plusieurs communications remarquables, réunies dans les trois volumes des Actas (Lisbonne, 1961).

Celle de L. A. Vigneras : « État présent des études sur Jean Cabot » (volume III, pp. 657-671) me fournira matière à quelques développements supplémentaires, non pas, comme le titre pourrait le faire penser, sur le personnage de Jean Cabot, mais sur celui de Christophe Colomb.

Car il s'agit, dans cette communication, du commentaire d'une lettre adressée par un marchand anglais, John Day, au « Grand Amiral », à propos du célèbre voyage de 1497 au cours duquel Cabot aborda aux rivages de l'Amérique du Nord.

En Italie, comme l'a récemment remarqué R. Paris, l'intérêt pour l'histoire du fascisme « déborde le cadre des seuls spécialistes, des seuls historiens, pour concerner l'ensemble des intellectuels et même davantage » .Cet intérêt prend ses racines dans le présent, exprime l'exigence pratiquede comprendre dans leur durée les processus politiques, économiques et sociaux qui conditionnent la lutte politique actuelle, encore étroitement liée à l'expérience fasciste et antifasciste.

L’ « industrie domaniale » ou, plus exactement, la division autarchique du travail dans les grandes propriétés foncières — phénomène économique bien connu de toute l'Europe médiévale — se présente dans les sources polonaises des XIIe-XIIIe siècles presque exclusivement sous la forme de ce qu'on a appelé 1’ « organisation ministériale », les ministérielles étant des paysans astreints à des services ou à des redevances spécialisés. Ces « ministériaux » tiraient leur subsistance de la culture de fermes héréditaires. Ils étaient libres de prestations agricoles, jouissaient d'un statut juridique plus élevé que les autres catégories de la population rurale et, chose significative, ils étaient des serfs ducaux : si on les rencontre parfois dans les domaines ecclésiastiques, c'est toujours à la suite d'une donation du souverain. On peut donc considérer la ministérialité en Pologne comme une organisation étatique, du moins dans la période initiale de son existence.

Certains cadres de l'histoire des civilisations paraissent à première vue aisés à délimiter, compte tenu du petit nombre de témoins connus ; le retard de l'enquête est alors d'autant plus irritant. On connaît relativement bien, par exemple, le système de fortification ou de protection de l'Afrique du Nord (Maroc, Algérie, Tunisie, Lybie) installé par les généraux et les officiers de Justinien au VIe siècle, et il serait facile de faire un relevé des bâtiments cultuels ou administratifs construits à cette époque. Les archéologues nous enseignent aussi que des capitales de l'Antiquité comme Leptis Magna et Carthage ont dû se garder par des murs d'enceinte, depuis le IVe siècle, contre les raids des nomades venus des steppes ; guidés par les chroniques grecques, ils ont observé que la superficie des villes africaines s'est beaucoup réduite à la même époque et en ont conclu à une dépopulation de l'Afrique « romaine » au ve siècle sous la domination vandale.