Nous ne disposions, jusqu'à présent, sur l'histoire bancaire de la France durant la seconde moitié du XIXe siècle, que d'ouvrages très généraux et fort « extérieurs » ; ils nous laissaient dans l'ignorance à peu près totale des vrais et grands problèmes. Cette regrettable lacune, imputable plus à l'hermétisme des archives financières et à l'exclusivisme de leurs détenteurs qu'au manque d'ardeur des historiens, vient d'être comblée en partie par l'admirable ouvrage que Jean Bouvier nous offre, sur les débuts d'une grande Banque, et quelle grande banque ! le Crédit Lyonnais, qui, grâce à l'intelligence et à la ténacité de ce puissant homme d'affaires que fut Henri Germain, passe du rang honorable, mais modeste, de banque régionale, au premier rang des banques françaises, en attendant de s'élever au premier rang des banques mondiales. En 1900, des documents récents nous l'ont prouvé, le Crédit Lyonnais est, par son chiffre d'affaires, le premier institut bancaire de la planète. En 1882, date à laquelle M. Jean Bouvier met un terme à son étude, la voie est déjà largement tracée vers la grandeur.