Même les travaux les plus récents sur le libertinisme sont loin d'avoir dégagé sa physionomie claire et surtout entière entre xvie et xviie siècles. Des attitudes habituelles amènent les historiens à le considérer soit comme un aspect du vaste mouvement que l'on appelle, tour à tour, rationalisme et libre pensée, et à le noyer ainsi dans une vaste perspective, alors qu'il faudrait le situer avec précision, soit à le saisir de près, cette fois, à travers plusieurs « conjonctures » libertines différentes, quitte à l'identifier abusivement avec tel ou tel courant de pensée, telle ou telle tendance morale. Bref, nous ne nous trouvons jamais en face, aujourd'hui, d'une définition globale du libertinisme, aux xvie et xviie siècles, qui soit valable à la fois pour toute cette longue période et qui, suffisamment documentée, embrasse tous ses aspects divers. Il faut, donc, dès le départ, prendre acte de ces carences et souligner, en même temps, que jusqu'alors la continuité de l'attitude libertine, entre xvie et xviie siècles, n'a cependant jamais été mise en doute et que, sans avoir été prouvée, elle constitue néanmoins la toile de fond de toutes les interprétations.