Depuis 1949, l'histoire de la Chine moderne et contemporaine a connu en Occident un essor rapide mais assez déséquilibré. Les chercheurs ont exploré le déclin du régime impérial de préférence aux complexités de la Chine républicaine. Ils ont privilégié l'histoire des relations internationales et celle des institutions et des idéologies, subordonnant à ces orientations majeures l'étude du développement économique. Quant à l'analyse de la société, a quelques exceptions près, elle a été délaissée.
L'arrivée d'une nouvelle génération de chercheurs a sensiblement infléchi les directions de cette historiographie et depuis quelques années l'étude de la société chinoise fait l'objet d'un intérêt grandissant. C'est un domaine neuf, où n'existent que de rares jalons : ceux que posèrent avant la Seconde Guerre mondiale les travaux de la jeune école sociologique chinoise elle-même, et après la guerre quelques études parues au Japon et en France. D'inspiration marxiste, la plupart de ces travaux abordaient l'histoire sociale à travers l'étude de telle ou telle classe considérée comme une entité abstraite, une résultante de l'évolution économique, un facteur du jeu politique.