Une sémiologie des espaces urbains est-elle possible? Dans une étude pionnière, parue en 1967, en pleine marée structuraliste, Françoise Choay répondait à cette question par l'affirmative. Malgré leur hétérogénéité, les villes, toutes les villes, seraient « saturées de significations » et travaillées d'images. Elles seraient fondées sur un système d'éléments signifiants apparentés au texte écrit et pourraient donc être appréhendées selon les mêmes méthodes que celles de la linguistique générale. Une telle sémiologie de la cité ne serait pas seulement possible mais souhaitable: les urbanistes y trouveront peut-être « le fil conducteur qui leur permettra de donner aux nouveaux ensembles urbains la richesse de significations dont ceux-ci sont aujourd'hui dépourvus » (p. 11). Quelques années plus tard, Roland Barthes explorait à son tour le champ sémantique du domaine bâti et réfléchissait à ses fondements linguistiques. Sans chercher à présenter ses résultats sous une forme véritablement positive, entendons scientifique, il déchiffrait à l'aide d'un tel prisme la ville de Tôkyô — ville du « signe fort », en dépit de ses signifiés fuyants sinon flottants.