Y aurait-il une propension spécifique des classes populaires à contracter des unions concubines ? Nous pourrions le penser à compulser la littérature et les enquêtes contemporaines, qui ne cessent de dénoncer l'effondrement de la famille dans les milieux les plus humbles, gangrenés par l' « immoralité » : c'est-à-dire, pêle-mêle, par la prostitution, le concubinage, le vice, le jeu, la boisson, le bal…
Frégier, dans son analyse minutieuse pour caractériser les classes dangereuses, décrit ainsi la catégorie des ouvriers des filatures et des fabriques : « Nulle part, les ouvriers et les ouvrières ne sont plus dissolus ; nulle part, il n'y a moins de mariages et d'aisance que dans cette classe » ; et il précise : « Dans cette classe d'ouvriers, on évalue seulement à un tiers le nombre de femmes unies par les liens du mariage aux hommes avec qui elles vivent. » C'est dire que les deux tiers vivent de manière concubinaire et que mariage et concubinage sont perçus comme deux formes contradictoires d'union. Les ouvriers d'ateliers et de boutiques ne sont pas mieux jugés.