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Une naissance difficile : la formation de la classe ouvrière lyonnaise

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Michelle Perrot*
Affiliation:
Paris-VII

Extract

L'ouvrage d'Yves Lequin, véritable somme sur un Lyonnais décidément inépuisable, se compose de deux volets distincts (dont on peut regretter qu'ils le soient un peu trop) : le premier montre, par les voies de la description économique et de l'analyse démographique, la constitution de la classe ouvrière régionale ; le second raconte, au travers des luttes et du développement syncopé des organisations, l'histoire plus classique d'un mouvement ouvrier vigoureusement autonome, écartelé entre le désir de rupture révolutionnaire et la force de l'intégration républicaine.

Je m'attacherai surtout au premier livre, à mon sens le plus original par le propos et la démarche. C'est une contribution fondamentale, non plus dans le cadre d'une profession comme l'avait fait Rolande Trempé, mais dans celui d'une région à la grande question de la formation du prolétariat d'industrie, que le primat d'une histoire moderne forcément accaparée par la terre et les paysans a trop longtemps refoulée.

Type
La Société Française
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1978

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References

Notes

1. Yves Lequin, Les ouvriers de la région lyonnaise (1848-1914). I : La formation de la classe ouvrière régionale -, II : Les intérêts de classe et la république, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1977, 2 vol., 573 et 500 p.

2. Les mineurs de Carmaux (1848-1914), Paris, Éditions ouvrières, 1971.

3. Voir par exemple Les ouvriers des deux mondes, 1.1, 1858, p. 100 : « Des ouvriers nomades rassemblés pour les grands travaux publics, et de leur influence sur les populations rurales. » Au vrai, paysans du coin, travailleurs étrangers, « trimardeurs » français se retrouvaient sur ces chantiers aux fonctions économiques et sociales multiples, dont il faudrait analyser la place dans l'industrialisation.

4. Cf. Hans Medick, « The proto-industrial family economy : the structural function of household and family during the transition from peasant society to industrial capitalism », Social History, n° 3, octobre 1976.

5. M. Perrot, « Les ouvriers et les machines en France dans la première moitié du XIXe siècle », Recherches, octobre 1978.

6. Garrier, G., Paysans du Beaujolais et du Lyonnais, 1800-1970, Grenoble, 1973 Google Scholar : « Opium du petit peuple, le textile garantit la paix sociale aux gros » : on sait que les industriels lyonnais luttaient contre les « exigences » des canuts par l'extension de la fabrique rurale.

7. Après Maurice Garden, Yves Lequin apporte beaucoup d'éléments dispersés pour une histoire de la condition féminine dans les industries lyonnaises. Pour une lecture plus directe de cette histoire, on verra aussi les travaux de D. Vanoli, « Les couvents soyeux », Révoltes logiques, 1976, n° 2 et Laura Strumingher, « Les Canutes de Lyon », Le Mouvement social, 1978, n° 4.

8. Laura Strumingher, « A bas les Prêtres ! A bas les Couvents ! — The Church and the workers in nineteenth century Lyon », communication au meeting annuel de la Western society for french historical studies, novembre 1977 (à paraître dans les Proceedings de la WSFHS) notamment sur les troubles de 1848.

9. Recherches en cours d'Olivier Faure sur l'hôpital lyonnais au XIXe siècle.

10. L. Reybaud, Études sur le régime des manufactures, 1859.

11. Voir les travaux d'Alain Corbin, Archaïsme et modernité en Limousin au XIXe siècle, Rivière, 1975 et de Raison-Jourde, Françoise, La colonie auvergnate à Paris au XIXe siècle, Paris, 1976 Google Scholar.

12. The glassworkers of Carmaux (1848-1914), Cambridge, 1974.

13. On peut signaler à cet égard les Tables Rondes organisées de 1975 à 1977 par le Groupe d'histoire sociale européenne de la Maison des sciences de l'homme qu'animait Georges Haupt, sur la formation de la classe ouvrière, les conflits sociaux, la conscience de classe et la rencontre prévue à Gôttingen sur Famille et culture ouvrière (juin 1978).