L'étude de l'eau et de ses modes de consommation, du Moyen Age à l'aube du monde industriel, révèle une variété considérable d'utilisations essentielles qui mettent en valeur une non moins grande variété d'enjeux et d'affrontements. Variété des modes de consommation (et des moyens) : l'eau est indispensable pour l'alimentation, la boisson, l'hygiène ; elle reste l'élément principal de quantité d'industries, alimentaires, textiles, papetières, elle constitue partout une source énergétique à peine concurrencée pour les transports et les transformations, en tout cas la plus facilement mobilisable et la plus rapidement efficace. Variété des enjeux : le caractère indispensable de la consommation des eaux fait qu'elles deviennent partout une richesse fondamentale et pour les cités un symbole. C'est que l'eau intervient au premier chef dans la constitution des villes et dans la construction de leur espace. Elle impose des équipements de toute une machinerie dont la complexité s'accroît et, avec elle, les dépenses urbaines. Elle est, très tôt, un enjeu à gagner pour les pouvoirs qui se partagent le contrôle des villes.