Il s'agit là d'une histoire sur les histoires, sur les témoignages divers et les fragments d'informations qui gravitent autour de la narration d'un récit historique. Elle commence par une plongée dans la culture villageoise de l'Angleterre élisabéthaine, emprunte les voies sinueuses de la gynécologie, des pratiques de sages-femmes, de la justice ecclésiastique, fait un détour par la littérature éphémère des pamphlets et s'achève dans les dossiers des membres du Conseil privé de la reine. En chemin, elle soulève de multiples interrogations sur la vérité et les preuves, la crédulité et la crédibilité, l'authenticité et la vérification, ainsi que sur le caractère insaisissable du récit historique. C'est une histoire qui rapproche les préoccupations des notables locaux et celles du pouvoir central, celles des magistrats laïcs et ecclésiastiques, celles des hommes et des femmes ; c'est également un défi pour l'historien qui doit faire preuve d'imagination et d'humilité quant à la possibilité de jamais donner un sens au passé. Quoi que ces matériaux puissent encore nous apprendre, ils nous obligent à réfléchir aux fondements de nos connaissances et aux critères de « crédibilité d'un récit ». L'un des acteurs de cette histoire déclara in fine: « il n'est rien de si secret qui ne sera percé à jour », mais même lui ne savait pas exactement ce qu'il fallait en penser.