Bien qu'étant une activité quasi quotidienne sous l'Ancien Régime, emprunter n'était pas ce que les rois de France faisaient le mieux. Le problème chronique et tenace était celui de la confiance du public. Connaissant la longue histoire de banqueroutes, partielles ou totales, de la monarchie, les prêteurs se montraient réticents à avancer de l'argent directement au roi, ce qui se comprend, et ils ne le faisaient que si leur risque était compensé par un rapport élevé. Pour l'État, ces taux d'intérêt onéreux avaient pour conséquence d'alourdir encore le fardeau de la dette, ce qui aggravait les déficits budgétaires et conduisait à de nouveaux emprunts. A partir du milieu du XVIe siècle, au moins, se sont succédé des périodes de soixante à soixante-dix ans durant lesquelles le poids total du service de la dette s'accroissait inexorablement, pour en arriver à absorber jusqu'à 65 à 70 % des revenus royaux, entraînant régulièrement à ce stade une nouvelle grande banqueroute. Rétrospectivement, les problèmes du crédit de l'État apparaissent structurels, circulaires et répétitifs.