Parler de parenté en sociologie historique est un lieu commun. On sait maintenant que l'on ne peut comprendre une société à moins de connaître son système de parenté, à la fois dimension de sa structure et élément essentiel à sa solidarité. Toute réduction de la quantité ou de l'efficacité des liens de parenté, ou des deux à la fois, affecte la solidarité sociale ou change son caractère. Dans les situations les plus souvent étudiées, ce résultat est difficile à envisager, mais dans des cas extrêmes comme en Chine, avec la politique de l'enfant unique, il devient beaucoup plus évident. Si les Chinois suivaient cette politique à la lettre, c'est-à-dire si, pendant un siècle par exemple, tous les couples n'avaient qu'un enfant, il n'y aurait plus de liens de parenté horizontaux dans la société : plus de frères ni de soeurs, plus d'oncles ni de tantes, plus de cousins. Bien entendu, il est très improbable que les Chinois, ou tout autre peuple, en arrivent à une telle situation. La fertilité serait alors si basse que la population serait bientôt en voie de disparition. Néanmoins, il n'est pas impossible que la Chine aille dans cette direction dans les vingt prochaines années. De nombreux pays industrialisés, notamment la France et la Grande-Bretagne, ne sont par ailleurs pas loin du niveau plancher de l'enfant unique.