J'ai commencé à correspondre avec l'abbé M. Berthet, curé de Châleau-Chalon, dans le Jura, en février 1945. Travailleur isolé, sans grande bibliothèque dans son voisinage, sans appui intellectuel, ni guide, ni conseil, il cherchait à assurer des connaissances qu'il entendait puiser aux meilleures sources. J'ai été tout de suite frappé par une qualilé de pensée, une acuité d'observation assez rares : celle d'un « homme qui, m'écrivait-il, ne savait pas bien si ce qui l'intéressait devait s'appeler histoire, économie, sociologie ou géographie humaine » (il s'intéresse d'ailleurs à bien des questions et, fort utilement, à de grands problèmes d'histoire religieuse) ; mais, précisément, son peu de souci des étiquettes, son grand souci des réalités faisaient de lui, par avance, un correspondant de choix pour les Annales. Il était voué à les rencontrer.