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A la lueur de l'expérience : l'École rurale, grave problème

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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La distance devient démesurée entre l'avant-garde humaine qui a réellement accès aux secrets de la nature et la masse à qui la science est refusée en tant qu'nstrument de culture intérieure, qui est réduite à n'en être touchée que par l'espoir de confort matériel ou la menace de destruction sauvage.

Léon Brunschvicg, Les âges de l'intelligence.

Après les brèves heures d'enthousiasme et d'euphorie qui suivirent la libération, le village a retrouvé son calme. Les réfugiés sont partis ; on voit moins de citadins en quête de ravitaillement. Les paysans semblent être redevenus ce qu'ils étaient avant la gvierre. On pourrait presque parler de leur indifférence à l'égard de la vie publique. En réalité, elle les passionne et les inquiète ; mais ils n'extériorisent pas leurs craintes. Cette crise économique, dont on ne voit pas la fin, les épouvante sourdement.

Type
Débats et Combats
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1946

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References

page 249 note 1. Plus tard, ces instituteurs remplaceront le Mouvement socialiste par la Vie ouvrière de Pierre Monalte, Robert Louzon et Alfred Rosmer. Ils collaboreront ensuite a la Révolution prolétarienne.

page 250 note 1. Lébranleinenl persista. Kn 1909, après le Congrès des Amicales, à Nancy, M. Devinai, qui y assislail, écrivit, dans L'École Nouvelle, que les discussions, cette fois, avaient beaucoup perdu en intérêt, du fait que, sous les noms de syndicalisme et d'aniicalisme, s'étaient simplement affrontés le républicanisme traditionnel et le républicanisme plus à gauche du socialisme parlementaire. Seul, constatait M. Devinât, un auditeur do l'Ain, M. TortiUet, avait protesté dans son coin contre cette façon d'envisager le syndicalisme des instituteurs ; seuil, il était resté fidèle à l'esprit des Trois lettres. Marins TortiUet, une des plus belks figures- du syndicalisme universitaire, fui surtout connu sous le pseudonyme de M. T. I.aurin. Collaborateur des Pages Libres, du Mouvement socialiste, de la Bévue de l'enseignement primaire, il a écrit des monographies très fouillées : Ceyzériot, village de. l'Ain ; Bourg-en-liresae ; Fareins ; La Dombe.

page 250 note 2. Au Mouvement Syndicaliste, M. T. Laurin écrit sans arrêt des pages tristes et saluhres, qui troublent les officiels dans leur optimisme Ae commande. Personnellement, à L''École Nouvelle de M. Devinai, j'ai signalé dès 1910 les dangers qui menaçaient l'école rurale — et un collaborateur des Cahiers de Péguy, le pasteur Raoul Allier, utilisa nus articles dans Le Siècle.

page 251 note 1. Avant 1914, l'inspecteur de la Haule-Marne, M. Blanguernon, me fera le service do son Bullelin, où il engage son ipersonnol à innover. D'aocord avec le professeur départemental ‘d'agriculture, il publiera des séries de problèmes aux données empruntées à la vie paysanne.

page 252 note 1. Ce personnel inexpérimenté ne s'est pas posé la question du roh> que l'institutrice et l'instituteur ont à jouer au village. Il a commis de grosses maladresses : que do jeunes éducatrices, en effet, n'ont pas craint de dire autour d'elles qu'à la campagne elles s'ennuyaient à périr ; que ses habitants étaient. peu intéressants ; quo les élèves étaient des dindes dont on ne pouvait rien tirer ! Ces sots compliments, volant de bouche en bouche, blessaient et déprimaient affreusement ceux qui se sentaient visés.

page 253 note 1. Au surplus, si on joue le jeu normalement, il y a tout de même dos effondrements lamentables. Dans un petit collège moderne de chef-lieu de canton, dix élèves sur douze échouent au brevet élémentaire. Les candidats se représenteront pourtant et deviendront instituteurs.

page 253 note 2. C'est de toute évidence parce qu'elles ont une très large base de recrutement, étendue à plusieurs départements, que les écoles nationales professionnelles et les écoles régionales d'agriculture ont de si bons élèves. Même quand les professeurs enseignent mal, Iles élèves se débrouillent, étant capables de s'instruire seuls.

page 254 note 1. Dépouillons ici tout orgueil et soyons fraternels. Comme le dit Eugène Dupréol : « La science part du sens commun et y garde, à. bon droit, des appuis… L'intuition sensible, les premières conventions liées à la communication des esprits, colles des langues vulgaires, sont pour la science tout autre ehose qu'une terre dont on émigré sans esprit de retour ; elles sont plutôt comme une plaine qu'on ne quitte que pour la voir mieux du haut de la montagne, et pour y revenir mieux renseigné sur ses ressources et ses beautés. Les connaissances supérieures ne sont jamais reconnues telles que par des confirmations- dont les plus décisives sont do ce même ordre de connaissances dont on est parti pour y monter ; la vérification finale est un retour soit à l'intention sensible, soit à l'accord des esprits, — qui, lui-même, ne se constate que par des faits, — soit a l'évidence d'une capacité de réussir dans leurs entreprises, qu'elles procurent à ceux qui les appliquent'.. La dignité d” la connaissance atteinte par le savant plonge ses racines dans le monde des réalilés et des représentations de la vie commune. » (Esquisse d'une philosophie des valeurs, p. 270.)

page 255 note 1. Dans une commune où j'ai exqrcé, je consacrais, chaque année, un are a la culture de la pomme de terre, culture qui tenait une place importante dans l'agriculture locale. J'obtenais des rendements cinq ou six fois supérieurs aux résultats moyens et ma terre était libre de très bonne heure. Je prenais grand1 soin de faire observer à mes élèves et aux voisins que le choix d'une variélé dile à grand ‘rendement ne suffisait pas à obtenir de bons résultats ; que la récolte dépendait d'un grand nombre de facteurs, à savoir : le sol, sa teneur en éléments fertilisants mobilisables, sa pente, son orientation, la profondeur du labour, les engrais, leur assimilabilité, la vigueur des tubercules, leur poids, la date de la plantation, la régularité de celle-ci, les divers écartements à envisager pour obtenir un peuplement optimum, le nombre des façons d'entretien, la résistance aux maladies, etc., etc.

page 255 note 2. Dans une grande éprouvette graduée je mettais du lait, et quand la crème était bien formée, nous cherchions ce qu'elle devenait dans le corps du veau. Elle se transformait’ en une graisse qui ne valait pas le beurre et, de plus, la transformation n'était que partielle, une portion considérable de la matière grasse disparaissant au titre de chaleur animale et de diverses chaleurs-décbcts. Et jo disais alors : « Garder un veau après qu'il a dépassé le quintal, c'est comme si ayant une motte de beurre, on en jetait la moitié au feu et changeait, l'autre contre de la margarine ou du saindoux. » A l'appui de mes assertions, je lisais ensuite une page d'un livre sur la vache laitière, où il était déclaré qu'en Hollande, pays à la pointe du progrès agricole, les veaux étaient sacrifiés de très bonne heure afin que l'on pût produire davantage de lait, de fromage et de beurre.

page 255 note 3. [Sur son remarquable Jivre, Les Mathématiques pour tous, trad. Payot, in-8°, 1932, voir le non moins remarquable article de M. Jacquet, au tome I. p. 298, des Annales d'Histoire Sociale, 1933.]

page 256 note 1. Ce voyage annuel existe pour les sectionnaires d'Alger-Bouzaréali. Le voyage eu Kabylie est extraordinairemrnt instructif.

page 257 note 1. J'ai eu le bonheur, à Alger, de suivre le cours d'Histoire d'Emile-Félix Gautier. Pas un auditeur ne pouvait se soustraire à l'ascendant do ce maître à la verve étourdissante. Après l'avoir entendu, on était obligé d'aimer l'histoire. Kh bien ! nous voulons des chefs qui donnent à leur personnel le goût et même, si possible, la passion du métier. Ils ne doivent pas ressembler à un inspecteur d'Académie de ma connaissance qui, un jour, en conférence pédagogique, nous entretint, avec des soupirs à fendre l'âme, des tracas quo lui avait causés… le « mouvement du personnel ». Il en transipirait encore. I.e pauvre homme !’ pensaisie dans mon coin, à. la manière d'Orgon.

page 260 note 1. Formée idéologiquement par deux livres profonds et hardis, résumant tout un courant d'idées juridiques nouvelles : La coutume ouvrière de Maxime Leroy, et La vie du droit et l'impuissance des lois de Jean Cruet, la génération syndicaliste d«j 1900 n'a pas eu de superstition légalitaire. Elle a certainement fait sienne cette formule de Cruel, .que « la loi n'est rien s'il n'y a personne derrière ».