Published online by Cambridge University Press: 11 September 2018
À travers l'histoire de ce que les colonisateurs français ont considéré comme un complot contre leur présence, cet article reconstitue la complexité des premiers temps de l'occupation coloniale dans la région de Zinder (Niger) au début du xxe siècle. Trois types de sources, correspondant à la fois à trois moments successifs et à trois regards sur l’événement, sont tour à tour déployés : les archives de l'enquête coloniale constituées par les militaires qui l'ont menée pour justifier leur action ; les journaux personnels et les notes privées de l'interprète du poste, Moïse Landeroin, qui ne croit pas à la culpabilité des accusés et s'oppose à ses supérieurs ; enfin, les lettres en arabe écrites par l'un des accusés, Malam Yaro, pour plaider son innocence. Cette dernière source permet de relire l’événement en révélant les enjeux sociaux à l’œuvre au sein de la société de Zinder de l’époque. La diversité des documents permet ainsi de reconstituer les différentes temporalités qui nourrissent ce moment et de révéler les points aveugles d'une lecture uniquement coloniale de l’événement.
Through the history of what French colonizers considered a conspiracy against them, this paper seeks to reconstruct the complexity of the first phase of colonial occupation in Zinder (Niger) in the early twentieth century. It draws on three types of source, corresponding to three successive moments and to three different perspectives on the event: the archives of the colonial investigation, carried out by the soldiers to justify their action; the personal journals and notes of the interpreter Moïse Landeroin, who did not believe the accusations and opposed his superiors; and finally the letters written in Arabic by one of the defendants, Malam Yaro, to plead his innocence. These letters enable a new reading of the event by highlighting the social intricacies of Zinder society. The variety of the documentation thus makes it possible to reconstruct the different timelines of the occupation and to reveal the blind spots of a purely colonial interpretation of the event.
*Les recherches pour cet article ont été menées au cours de quatre séjours au Niger, à Niamey en février et juillet 2015 et en avril 2016 et à Zinder en février 2017. Je remercie le sarki du Damagaram, Aboubakar Oumarou Sanda, d'avoir rendu possible mes recherches à Zinder, ainsi que le directeur des Archives nationales du Niger (ci-après ANN), Boukari Habou, et celui des Archives départementales de Zinder (ci-après ADZ), Mato Marafa. Je remercie également, pour leur aide précieuse et leur éclairage inestimable sur l'histoire du Niger, André Salifou, Mahaman Tidjani Alou, Djibo Hamani, Zakari Maikorema et Roufai Ali, ainsi que mon ami Malah Abdou qui m'a accompagnée dans mes enquêtes à Zinder en 2010 et en 2017, a obtenu des copies des documents concernant les événements de 1906 aux archives départementales de Zinder en décembre 2015 et a travaillé avec moi sur les enregistrements en haoussa. Néanmoins, les analyses présentées dans cet article n'engagent que leur auteure.
1 Sauf mention contraire, tous les mots en italique sont en haoussa et la traduction est de l'auteure.
2 Conseil militaire suprême, Charte nationale, Niamey, Journal officiel de la République du Niger, 1987, p. 8-9.
3 Bakabe Mahamane, Si les cavaliers…, Ortn, 1981.
4 Edward Berenson, Heroes of Empire: Five Charismatic Men and the Conquest of Africa, Berkeley, University of California Press, 2011, p. 6 ; Berny Sèbe, Heroic Imperialists in Africa: The Promotion of British and French Colonial Heroes, 1870-1939, Manchester, Manchester University Press, 2013, p. 27.
5 Elara Bertho, « Sarraounia, une reine africaine entre histoire et mythe littéraire (Niger, 1899-2010) », Genre et Histoire. La revue de l'association Mnémosyne, 8, 2011, http://genrehistoire.revues.org/1218.
6 « Le complot de Zinder », Le radical, 23 août 1906 ; « Le complot de Zinder », Le Temps, 23 août 1906 ; « L'affaire de Djanet et l'agitation musulmane », Bulletin du comité de l'Afrique française, août 1906, p. 233.
7 Conclusion par la voix off de B. Mahamane, Si les cavaliers…, op. cit., 89e min.
8 François-Xavier Fauvelle-Aymar et Claude-Hélène Perrot (dir.), Le retour des rois. Les autorités traditionnelles et l’État en Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2003, p. 9-10. Ce phénomène est renforcé par la décentralisation, voir Jean-Pierre Olivier de Sardan et Mahaman Tidjani Alou (dir.), Les pouvoirs locaux au Niger, t. 1, À la veille de la décentralisation, Dakar/Paris, Codesria/Karthala, 2009, p. 15-62.
9 Jon Abbink, Mirjam de Bruijn et Klaas van Walraven, Rethinking Resistance: Revolt and Violence in African History, Leyde, Brill, 2003, p. 1-8.
10 Terence Ranger, Revolt in Southern Rhodesia, 1896-1897: A Study in African Resistance, Evanston, Northwestern University Press, 1967.
11 À l'exception notable d'Yves Person pour le contexte francophone, la génération suivante d'historiens coopérants, notamment Jean-Pierre Chrétien ou Jean-Paul Rothiot, les a utilisées.
12 Ce dossier 11G5, constitué par les autorités fédérales de l'Afrique occidentale française (ci-après Aof), est conservé aux Archives nationales du Sénégal (ci-après ANS) à Dakar et sous forme de microfilm aux Archives nationales à Paris et aux Archives nationales d'outre-mer (ci-après ANOM) à Aix-en-Provence, 200 MI 856 et 857. Roberta Ann Dunbar, Damagaram (Zinder, Niger), 1812-1906: The History of a Central Sudanic Kingdom, Ph. D., University of California, 1970, p. 107-121. A. Salifou est à la fois l'auteur de la pièce de théâtre, du scénario du film et de deux articles scientifiques évoquant le complot : André Salifou, « Malan Yaroh, un grand négociant du Soudan central à la fin du xixe siècle », Journal de la Société des africanistes, 42-1, 1972, p. 7-27 ; Id., « La conjuration manquée du sultan de Zinder (Niger) 1906 », Afrika Zamani, 3, 1974, p. 69-103.
13 Abubakar Sokoto Mohammad, A Social Interpretation of the Satiru Revolt of c. 1894-1906, thèse de master, Ahmadu Bello University, 1983 ; Idrissa Kimba, « Les révoltes paysannes et anticoloniales dans l'Ouest du Niger, 1905-1906 », Paideuma. Mitteilungen zur Kulturkunde, 40, 1994, p. 173-213.
14 Le mahdisme est un mouvement messianique inspiré de la tradition musulmane du Mahdi, dont la venue à la fin des temps doit permettre de restaurer la pureté de la foi des temps premiers en plaçant toutes choses sous une direction divine. Rowland A. Adeleye, « Mahdist Triumph and British Revenge in Northern Nigeria: Satiru 1906 », Journal of the Historical Society of Nigeria, 6-2, 1972, p. 193-214 ; Jan S. Hogendorn et Paul E. Lovejoy, « Revolutionary Mahdism and Resistance to Colonial Rule in the Sokoto Caliphate, 1905-6 », Journal of African History, 31-2, 1990, p. 217-244.
15 Muhammad Sani Umar, Islam and Colonialism: Intellectual Responses of Muslims of Northern Nigeria to British Colonial Rule, Leyde, Brill, 2006, p. 92, a ainsi montré que la caractérisation de la révolte de Satiru en mouvement mahdiste reposait sur une littérature secondaire, alors que les discours produits à Satiru, notamment les chants haoussas, ne contenaient quasiment aucune référence au Mahdi ; Jean-Paul Rothiot, L'ascension d'un chef africain au début de la colonisation. Aouta le Conquérant. Dosso (Niger), Paris, L'Harmattan, 1988, p. 161-183, a, lui, analysé le lien entre la révolte de Karma et celle de Kobkitanda ; enfin, la tarīqa (confrérie) de la Sanûsiyya a été mise en accusation de manière répétée, sur la base de rumeurs et d'hypothèses « complotistes », déconstruites par Jean-Louis Triaud, La légende noire de la Sanûsiyya. Une confrérie musulmane saharienne sous le regard français (1840-1930), t. 1, Paris, Éd. de la Msh, 1995.
16 Comme l'a affirmé Frederick Cooper, « Conflict and Connection: Rethinking Colonial African History », The American Historical Review, 99-5, 1994, p. 1516-1545, ici p. 1533.
17 Cette question l'intrigue et donne lieu à une longue note de bas de page dans Stephen Baier, An Economic History of Central Niger, Oxford, Clarendon Press, 1980, p. 97 et 266, n. 3. L'ensemble des enregistrements de ses entretiens ayant été déposés aux Archives of Traditional Music (ci-après ATM), Indiana University, j'ai obtenu une copie numérique des quatre entretiens que j'ai utilisés pour cet article.
18 Dès 1960, cette position était défendue par Philip D. Curtin, « The Archives of Tropical Africa: A Reconnaissance », Journal of African History, 1-1, 1960, p. 129-147, ici p. 145.
19 En raison des conditions de sécurité au Sahara et au Sahel ces dernières années, il n'est pas toujours possible pour les chercheurs de se déplacer sur le terrain au-delà des capitales. J'ai ainsi dû attendre sept ans pour pouvoir me rendre de nouveau à Zinder. De plus, nous sommes, au mieux, à deux générations des événements et les pratiques d'oralité sont en net recul. Les débuts de la colonisation disparaissent peu à peu des mémoires. Pour ces différentes raisons, une piste de recherche prometteuse est l'utilisation des entretiens collectés sur bandes ou cassettes par d'autres chercheurs dans les années 1960, 1970 et 1980, qui donnent accès à une mémoire aujourd'hui disparue.
20 Romain Bertrand, Le long remords de la conquête. Manille-Mexico-Madrid. L'affaire Diego de Àvila, 1577-1580, Paris, Éd. du Seuil, 2015, p. 25-26.
21 À l'exception de Benedetta Rossi, « Entangled Histories of Colonial Occupation, 1899-1917 », From Slavery to Aid: Politics, Labour, and Ecology in the Nigerian Sahel, 1800-2000, New York, Cambridge University Press, 2015, p. 104-160, et de Emily L. Osborn, « Conquest », Our New Husbands are Here: Households, Gender, and Politics in a West African State from the Slave Trade to Colonial Rule, Athens, Ohio University Press, 2011, p. 115-140. Je fais le choix de ne pas utiliser le terme de « conquête » qui, sans que l'on y prenne garde, charrie des connotations positives et ne rend pas compte de la violence des débuts de la domination coloniale. De fait, les Français sont ici une armée étrangère qui, au nom de sa supériorité militaire, occupe un territoire auparavant souverain.
22 John Lonsdale, « The Politics of Conquest: The British in Western Kenya, 1894-1908 », The Historical Journal, 20-4, 1977, p. 841-870 ; Id., « The Conquest State of Kenya, 1895-1905 », in B. Berman et J. Lonsdale, Unhappy Valley: Conflict in Kenya and in Africa, vol. 1, State and Class, Londres, J. Currey, 1992, p. 13-74.
23 Référence de la citation du titre : ANN, 9B8.1.3, « Correspondance au départ de Zinder in extenso 1905-1906 », lettre du commandant de cercle Lefebvre au commandant de région, 10 mars 1906, p. 60-61.
24 Frédéric Monier, Le complot dans la République. Stratégies du secret, de Boulanger à la Cagoule, Paris, La Découverte, 1998, p. 10.
25 Gilles Malandain, L'introuvable complot. Attentat, enquête et rumeur dans la France de la Restauration, Paris, Éd. de l’Ehess, 2011, p. 12.
26 Christopher Harrison, France and Islam in West Africa, 1860-1960, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 19 ; David Robinson, Sociétés musulmanes et pouvoir colonial français au Sénégal et en Mauritanie, 1880-1920. Parcours d'accommodation, trad. par H. Tourneux, Paris, Karthala, [2000] 2004, p. 128 ; Charles-Robert Ageron, Les Algériens musulmans et la France (1871-1919), Paris, Puf, 1968, t. 1, p. 513.
27 Idrissa Kimba, Guerres et sociétés. Les populations du Niger occidental au xixe siècle et leurs réactions face à la colonisation, 1896-1906, Niamey, Institut de recherches en sciences humaines, 1981, p. 151-152.
28 J.-P. Rothiot, L'ascension d'un chef africain au début de la colonisation…, op. cit., p. 179-182 ; I. Kimba, Guerres et sociétés…, op. cit., p. 155-169 ; Mamoudou Djibo, Karma. Du Siciya au canton (1640-1960), Cotonou, Éd. du Flamboyant, 2015, p. 213-221.
29 C. Harrison, France and Islam in West Africa…, op. cit., p. 42.
30 André Salifou, Le Damagaram ou sultanat de Zinder au xixe siècle, Niamey, Centre nigérien de recherches en sciences humaines, 1971, p. 60 ; S. Baier, An Economic History of Central Niger, op. cit., p. 45 ; R. A. Dunbar, Damagaram (Zinder, Niger)…, op. cit., p. 44.
31 A. Salifou, Le Damagaram ou sultanat de Zinder…, op. cit., p. 102-114 ; R. A. Dunbar, Damagaram (Zinder, Niger)…, op. cit., p. 82-83. Cette histoire de violence qui lie la France et le Damagaram depuis plus d'un siècle explique certainement qu'aucun chercheur français n'ait travaillé sur Zinder, à l'exception de Pierre Mounier, « La dynamique des interrelations politiques. Le cas du sultanat de Zinder (Niger) », Cahiers d’études africaines, 39-154, 1999, p. 367-386.
32 Octave Meynier. La Mission Joalland-Meynier, Paris, Éd. de l'Empire français, 1947, p. 74.
33 Le 18 février, le commandant de cercle de Gouré évoque une rumeur à propos de l'attaque du résident allemand de Dikoa (Cameroun actuel) par son interprète, qui se révèle par la suite être, à l'inverse, un meurtre de l'interprète par le résident : ANN, 9B8.1.3, « Correspondance au départ de Zinder in extenso 1905-1906 », lettre 60 du commandant de cercle de Gouré au commandant de cercle de Zinder. Le 4 mars sont évoquées les craintes d'une contagion venue de Sokoto : ANN, 9B8.1.3, « Correspondance au départ de Zinder in extenso 1905-1906 », lettre 72 du commandant de cercle de Zinder Lefebvre depuis Djadjidouna, 4 mars 1906, p. 46.
34 Précisons que, malgré l'homonymie fortuite, l'auteure de ce texte n'a aucune relation d'aucune sorte avec le protagoniste de l'affaire, le capitaine Ernest Lefebvre.
35 F. Monier, Le complot dans la République…, op. cit., p. 14-15 ; G. Malandain, L'introuvable complot…, op. cit., p. 123.
36 ANS, 11G5, dossier X, « Rapport du capitaine Lefebvre, commandant de cercle, sur les agissements du sultan de Zinder et de ses complices », mars 1906, pièce 145, p. 10-12.
37 Sur la correspondance entre le capitaine Lefebvre et ses supérieurs, voir notamment ANS, 11G5, dossier A, « Copie des lettres dans lesquelles le commandant de cercle de Zinder rend compte des évènements survenus à Zinder », Théral à Lefebvre, 8 mars 1906, pièce 2, p. 1 ; Lefebvre au chef de bataillon, 10 mars 1906, pièce 1, p. 6 ; 11 mars 1906, pièce 3, p. 1 ; 18 mars 1906, pièce 4, p. 1 et 20 mars 1906, pièce 5, p. 2.
38 Stephen Baier et Paul E. Lovejoy, « The Desert-Side Economy of the Central Sudan », The International Journal of African Historical Studies, 8-4, 1975, p. 551-581, ici p. 567 ; Paul Marty, L'islam et les tribus dans la colonie du Niger, Paris, P. Geuthner, 1931, p. 399.
39 ANS, 11G5, dossier A, « Copie des lettres dans lesquelles le commandant de cercle de Zinder rend compte des événements survenus à Zinder », Lefebvre au chef de bataillon, 23 mars 1906, pièce 6, p. 1.
40 Vincennes, Service historique de la défense, GR 4 YE 1418, dossier personnel de Théral.
41 ANS, 11G5, dossier A, « Copie des lettres dans lesquelles le commandant de cercle de Zinder rend compte des événements survenus à Zinder », Lefebvre au chef de bataillon, 23 mars 1906, pièce 6, p. 2 et 26 mars 1906, pièce 9, p. 1.
42 ANS, 11G5, dossier A, « Copie des lettres dans lesquelles le commandant de cercle de Zinder rend compte des événements survenus à Zinder », Lefebvre au chef de bataillon, 23 mars 1906, pièce 11, p. 2 et 4.
43 ANS, 11G5, dossier X, « Rapport du capitaine Lefebvre, commandant de cercle, sur les agissements du sultan de Zinder et de ses complices », mars 1906, pièce 145, p. 19-20.
44 Mahamane Kane, né vers 1890, est le fils de dan Maleka, commerçant de Tessaoua venu à Zinder dans les années 1870 : S. Baier, An Economic History of Central Niger, op. cit., p. 94 et 177.
45 ATM, entretien avec Mahamane Kane réalisé par S. Baier en haoussa, 3 déc. 1972, cassette 2870, de 11 min 30 à 16 min 55. Sauf mention contraire, toutes les références et citations des entretiens sont issues de traduction de l'auteure et de M. Abdou à partir des enregistrements numérisés.
46 Sur Malam Yaro : A. Salifou, « Malan Yaroh… », art. cit., p. 14-22 ; S. Baier, An Economic History of Central Niger, op. cit., p. 68-69. Sur Malam Chétima : Zakari Maïkorema, « Une figure tijânî de l'est nigérien : Malam Abba Tchillum de Kolori-Kolo », in J.-L. Triaud et D. Robinson (dir.), La Tijâniyya. Une confrérie musulmane à la conquête de l'Afrique, Paris, Karthala, 2000, p. 237-248, ici p. 240. Père et fils portent le même nom. Le fils est parfois appelé Malam Mahamadou Chétima ; il est ici désigné ainsi pour les différencier.
47 « Vous considérez ces accidents comme locaux mais, mon cher ami, il n'y a pas un cerveau musulman qui ne songe à la révolte » : Paris, Bibliothèque de l'Académie des sciences d'outre-mer (ci-après BASOM), archives privées, fonds Moïse Landeroin (ci-après ML), 12-11, lettre privée de Lefebvre à Landeroin, 22 avr. 1906, p. 3.
48 ANS, 11G5, dossier Q, « Copie des feuilles de renseignements fournies au mois d'avril par le commandant de cercle au commandant de la région, du capitaine Lefebvre », avr. 1906, pièces 115 et 116.
49 ANS, 11G5, dossier X, « Rapport du capitaine Lefebvre, commandant de cercle, sur les agissements du sultan de Zinder et de ses complices », mars 1906, pièce 116, p. 1.
50 ANS, 11G5, dossier F, « Dépositions reçues par le commandant de région », non datées, pièce 44, p. 1.
51 ANS, 11G5, copie lettre Gadel à Lamolle, 5 avr. 1906, pièce non numérotée, p. 3.
52 ANS, 11G5, dossier Q, « Copie des feuilles de renseignements fournies au mois d'avril par le commandant de cercle au commandant de la région, du capitaine Lefebvre », avr. 1906, pièces 115 à 135.
53 ANS, 11G5, dossier F, « Dépositions reçues par le commandant de région », non datées, pièces 44 à 47.
54 S. Baier, An Economic History of Central Niger, op. cit., p. 70.
55 ANS, 11G5, dossier E, « Copie des lettres du chef de bataillon commandant la région résumant l'enquête conduite par cet officier supérieur », copie de la lettre de Gadel au commandant du territoire, 8 mai 1906, pièce 43, p. 10.
56 ANS, 11G5, dossier F, « Dépositions reçues par le commandant de région », non datées, pièce 55, p. 1-3.
57 L'accès au souverain est réglementé. Les audiences doivent être négociées auprès des eunuques du palais. Selon Henri Gaden, qui a été commandant de cercle de Zinder, le sarki est « presque complètement isolé du peuple par une étiquette compliquée que règle un protocole sévère ; il est environné d'intrigues au milieu desquelles il lui est difficile de débrouiller la vérité. […] Dans son palais, il est invisible et ne donne audience que derrière une tenture ; encore faut-il pour parvenir jusqu’à lui que les tallakas soient porteurs de cadeaux pour lui et pour les eunuques de la garde qui contrôlent sévèrement l'entrée du palais. » : Capitaine Gaden, Notice sur la résidence de Zinder, Paris, H. Charles-Lavauzelle, 1904, p. 74-75 ; A. Salifou, Le Damagaram ou sultanat de Zinder…, op. cit., p. 118-119 ; P. Mounier, « La dynamique des interrelations politiques… », art. cit., p. 377.
58 ANS, 11G5, dossier H, « Interrogatoire des inculpés d'après les dépositions par le commandant de région », pièce 63, p. 1.
59 Murray Last, The Sokoto Caliphate, Londres, Longman, 1967, p. 193.
60 ANS, 11G5, dossier H, « Interrogatoire des inculpés d'après les dépositions par le commandant de région », pièce 66, p. 1 ; A. Salifou, Le Damagaram ou sultanat de Zinder…, op. cit., p. 90, évoque une manipulation pour faire tomber le sarki Suleyman, frère du sarki dan Bassa, par le « barde de Kazaure », mais pas l'usage d'une lettre.
61 ANS, 11G5, dossier H, « Interrogatoire des inculpés d'après les dépositions par le commandant de région », pièce 69, p. 1.
62 Joseph Schacht, Introduction au droit musulman, trad. par P. Kempf et A. M. Turki, Paris, Maisonneuve et Larose, [1964] 1999, p. 159 ; Baber Johansen, « Signs as Evidence: The Doctrine of Ibn Taymiyya (1263-1328) and Ibn Qayyim al-Jawziyya (d. 1351) on Proof », Islamic Law and Society, 9-2, 2002, p. 168-193.
63 La supériorité de l'oralité comme preuve est prégnante dans les régions saharo-sahéliennes, voir Ghislaine Lydon, « A Paper Economy of Faith without Faith in Paper: A Reflection on Islamic Institutional History », Journal of Economic Behavior and Organization, 71-3, 2009, p. 647-659. Ismail Warscheid, « Traduire le social en normatif. La justice islamique dans le grand Touat (Sahara algérien) au xviiie siècle », thèse de doctorat, Ehess, 2014, p. 274-280, propose une version plus mesurée de ces rapports entre preuve écrite et orale.
64 Califat colonial, selon l'expression de Murray Last, « The Colonial Caliphate of Northern Nigeria », in J.-L. Triaud et D. Robinson (dir.), Le temps des marabouts. Itinéraires et stratégies islamiques en Afrique occidentale française (vers 1880-1960), Paris, Karthala, 1997, p. 67.
65 ANS, 11G5, dossier H, « Interrogatoire des inculpés d'après les dépositions par le commandant de région », pièce 66, p. 2.
66 ANS, 11G5, dossier H, « Interrogatoire des inculpés d'après les dépositions par le commandant de région », pièce 65, p. 2.
67 Dons et cadeaux font effectivement partie des rites de pouvoir dans la sarauta (gouvernement) haoussa et notamment à Zinder : Guy Nicolas, Don rituel et échange marchand dans une société sahélienne, Paris, Institut d'ethnologie, 1986, p. 97-104.
68 Vincent Robert, La petite-fille de la sorcière. Enquête sur la culture magique des campagnes au temps de George Sand, Paris, Les Belles lettres, 2015, p. 58 et 76.
69 Jean Cantournet, « Présentation du fonds Landeroin », Mondes et cultures, 52-1, 1992, p. 128-132.
70 BASOM, fonds ML, 12-1, p. 11.
71 Dans ses archives privées (BASOM, fonds ML), le dossier 12, consacré au complot, rassemble douze sous-dossiers ; plusieurs des carnets de terrains conservés dans le dossier 1 concernent la période du complot, notamment le 1-11.
72 La version la plus aboutie est conservée sous la cote 12-2 (BASOM, fonds ML) ; plusieurs versions antérieures et brouillons se trouvent dans le dossier 12-10 ; les cahiers contenant les notes de terrain sont conservés sous les cotes 13-11 et 1-11.
73 BASOM, fonds ML, 12-10, brouillon 1, p. 28.
74 BASOM, fonds ML, 12-10, brouillon 2 p. 1.
75 BASOM, fonds ML, 12-10, brouillon 2, p. 2.
76 Comme en témoignent les lettres qu'il a reçues, dans lesquelles Lefebvre l'appelle « mon cher ami » et les notes de son carnet racontant son départ de Zinder : BASOM, fonds ML, 36-3, Lefebvre à Landeroin, 12 avr. 1904, p. 1 et carnet 6.
77 ANS, 11G5, dossier X, « Rapport du capitaine Lefebvre, commandant de cercle, sur les agissements du sultan de Zinder et de ses complices », mars 1906, pièce 145, p. 35-36.
78 BASOM, fonds ML, 12-10, brouillon 2, p. 4.
79 ANS, 11G5, dossier Q, « Copie des feuilles de renseignements fournies au mois d'avril par le commandant de cercle au commandant de la région, du capitaine Lefebvre », juill. 1906, pièce 135 bis, p. 4.
80 ANS, 11G5, dossier X, « Rapport du capitaine Lefebvre, commandant de cercle, sur les agissements du sultan de Zinder et de ses complices », mars 1906, pièce 145, p. 38.
81 BASOM, fonds ML, 12-10, brouillon 2, p. 7-8, et fonds ML, 12-2, p. 1.
82 Landeroin, dans ses carnets remplis pendant la mission Marchand, notait déjà en arabe ses réflexions les plus intimes, notamment sexuelles, et ses commentaires sur ses camarades : Moïse Landeroin, Mission Congo-Nil (Mission Marchand). Carnets de route, Paris, L'Harmattan, 1996, p. 6.
83 Il ne sera pas question du témoignage de Maï Kara dans la mesure où celui-ci ne porte pas directement sur le supposé complot. Il s'agit d'un témoignage de moralité sur les pratiques magiques, notamment celles du sarki.
84 ANS, 11G5, dossier I, « Déposition du nommé Kalla contre cinq des inculpés qu'il accuse d'avoir reçu et lu ensemble une lettre du marabout Maï Kafo de Sokoto. Interrogatoire et confrontations à l'appui », pièce 77, p. 1-10 et pièce 78, p. 2. Les subversions possibles du serment sur le Coran apparaissent dans des contes appartenant à l'orature haoussa recueillis au début du xxe siècle par Frank Edgar (éd.), « Labarin sarki da alkali, da diyas sarki, da kufegere » et « Labarin ba-larabe, da mata tasa, da yaro », Litafi na tatsuniyoyi na Hausa¸, Belfast, W. Erskine Mayne, vol. 3, 1911-1913, p. 87-89 et 97-99 ; pour une version anglaise, Hausa Tales and Traditions: An English Translation of ‘Tatsuniyoyi na Hausa’, trad. par N. Skinner, Londres, Frank Cass, vol. 1, 1969, p. 425-429.
85 ANS, 11G5, dossier I, « Déposition du nommé Kalla contre cinq des inculpés qu'il accuse d'avoir reçu et lu ensemble une lettre du marabout Maï Kafo de Sokoto. Interrogatoire et confrontations à l'appui », pièce 78, p. 2-3 et pièce 81, p. 1-2.
86 ANS, 11G5, dossier X, « Rapport du capitaine Lefebvre, commandant de cercle, sur les agissements du sultan de Zinder et de ses complices », mars 1906, pièce 145, p. 42.
87 ANS, 11G5, dossier I, « Déposition du nommé Kalla contre cinq des inculpés qu'il accuse d'avoir reçu et lu ensemble une lettre du marabout Maï Kafo de Sokoto. Interrogatoire et confrontations à l'appui », pièce 82, p. 2. À propos de l'usage du terme « serviteur » pour désigner des captifs, dans l'une des feuilles de renseignements, lorsqu'un notable touareg fait dire que ses serviteurs refusent de travailler et demande ce qu'il doit faire, le rédacteur de la fiche indique : « Pour nous il faut bien entrevoir que ces serviteurs sont des captifs, s'ils viennent au poste faudra-t-il les libérer ? » ANS, 11G5, dossier Q, « Copie des feuilles de renseignements fournies au mois d'avril par le commandant de cercle au commandant de la région, du capitaine Lefebvre », 27 avr. 1906, pièce 135.
88 BASOM, fonds ML, 12-2, p. 14.
89 Guy Bechor, God in the Courtroom: The Transformation of Courtroom Oath and Perjury between Islamic and Franco-Egyptian Law, Leyde, Brill, 2012, p. 34-35. Sur le poids du serment dans les pratiques judiciaires à Kano : Allan Christelow, « Theft, Homicide, and Oath in Early Twentieth Century Kano », in K. Mann et R. Roberts (dir.), Law in colonial Africa, Portsmouth/Londres, Heinemann/James Currey, 1991, p. 205-221.
90 P. Mounier, « La dynamique des interrelations politiques… », art. cit., p. 373 ; Neil Skinner, An Anthology of Hausa Literature in Translation, Madison, University of Wisconsin, 1977, p. 103.
91 Archives personnelles, entretien avec Djibo Hamani, Niamey, 24 juill. 2015.
92 Gilbert Vieillard, Coutumiers juridiques de l'Afrique occidentale française, t. 3, Mauritanie, Niger, Côte d'Ivoire, Dahomey, Guinée française, Paris, Larose, 1939, p. 101 : en 1930, « Tous les habitants, citadins ou campagnards ne jurent que par le Coran de Malam Hassan ».
93 BASOM, fonds ML, 12-2, p. 10.
94 BASOM, fonds ML, 12-2, p. 10.
95 BASOM, fonds ML, 12-2, p. 7 et 15.
96 BASOM, fonds ML, 13-11, carnet, p. 12. J'ai travaillé sur la traduction avec Abdelaziz El Aloui. Le capitaine Gaden décrit des faits similaires attribués à des agents du sultan : Capitaine Gaden, Notice sur la résidence de Zinder, op. cit., p. 82.
97 BASOM, fonds ML, 13-11, carnet, p. 13 et 248.
98 BASOM, fonds ML, 12-2, p. 18-19.
99 ANS, 11G5, dossier X, « Rapport du capitaine Lefebvre, commandant de cercle, sur les agissements du sultan de Zinder et de ses complices », mars 1906, pièce 145, p. 12-13, 21, 36 et 92.
100 ANS, 11G5, pièce non numérotée, lettre du chef de bataillon Gadel, commandant de la région, au lieutenant-colonel, commandant le territoire militaire du Niger, Niamey, 31 janv. 1907. Le décret concerné, rédigé pour l'Annam-Tonkin, copié et appliqué en Aof, inclut des amendes collectives et la restriction de la durée de l'internement à dix ans pour des motifs déterminés, « insurrections », « troubles politiques graves », « manœuvres pouvant compromettre la sécurité publique » : Sylvie Thénault, Violence ordinaire dans l'Algérie coloniale. Camps, internements, assignations à résidence, Paris, Odile Jacob, 2011, p. 177.
101 ANS, 11G5, pièce non numérotée, lettre de Lamolle au gouverneur du Haut-Sénégal-Niger, 6 janv. 1907.
102 Basom, fonds ML, 12-2, p. 21.
103 « Affaire » au sens de Luc Boltanski, Élisabeth Claverie et Nicolas Offenstadt (dir.), Affaires, scandales et grandes causes. De Socrate à Pinochet, Paris, Stock, 2007, p. 12.
104 Ces deux lettres ont été reçues en septembre 1907 et sont conservées aux ANN, 23.8.6, « Enquête à propos d'une lettre de Malam Yaro ». Le dossier contient à la fois les versions arabes et les traductions. Dans les archives privées de Landeroin, un dossier rassemblant quelques notes est consacré à la lettre de Malam Yaro : BASOM, fonds ML, 12-8.
105 Camille Lefebvre, « Le temps des lettres. Échanges diplomatiques entre sultans, émirs et officiers français, Niger 1899-1903 », Monde(s), 5-1, 2014, p. 57-80.
106 Ghislaine Lydon, On Trans-Saharan Trails: Islamic Law, Trade Networks, and Cross-Cultural Exchange in Nineteenth-Century Western Africa, Cambridge, Cambridge University Press, 2009, p. 244 et 277 ; S. Baier, An Economic History of Central Niger, op. cit., p. 61.
107 Il écrit par exemple une lettre du 28 septembre 1904 à Gaden après son départ pour le Tchad, qui est conservée dans ses archives personnelles : ANOM, 15 APC-1, pièce 104.
108 Le titre est ici adapté de la formule de Mahaman Tidjani Alou « la revanche de la plèbe » à propos de l'histoire récente de Zinder.
109 Fernand Foureau, D'Alger au Congo par le Tchad. Mission saharienne Foureau-Lamy, Paris, Masson, 1902, p. 521.
110 A. Salifou, « Malan Yaroh… », art. cit., ici p. 8-12 ; S. Baier, An Economic History of Central Niger, op. cit., p. 68-69 et 260 ; archives personnelles, entretien avec le galadima Maman Djataou, fils du galadima Ousman Djataou, Niamey, 29 avr. 2016.
111 ATM, entretien avec son fils Malam Ali Yaro, 13 mai 1972, cassette 5295, f. A, 11e min.
112 Il avait déjà exercé ce rôle d'intermédiaire lors d'un conflit entre Kano et Zinder : ATM, entretien avec Mahamane Kane, 3 déc. 1972, cassette 2870, f. B, 39e min. Contrairement à ce que pensent les Français, il avait ainsi déjà eu un rôle politique avant leur arrivée.
113 « amma amana ban iya cinta », « Ba hanyata ba ce » « Mu abun da muka [yi] gado/gada sai fatauci sai karatu », ATM, entretien avec Malam Ali Yaro, 13 mai 1972, cassette 5295, f. A, de 27 min 50 à 28 min 48. Le général Reibell, dans ses mémoires, confirme l'affirmation du fils de Malam Yaro : Général Reibell, L’épopée saharienne. Carnet de route de la mission saharienne Foureau-Lamy (1898-1900), Paris, Plon, 1931, p. 215. Selon ses descendants, Malam Chétima aurait aussi été sollicité pour devenir sultan mais aurait refusé : Z. Maikorema, « Une figure tijânî de l'est nigérien. . . », art. cit., p. 240.
114 Général Joalland, Le drame de Dankori. Mission Voulet-Chanoine. Mission Joalland-Meynier, Paris, Nouvelles éditions Arago, 1930, p. 121. Dans le tarikh (récit historique) familial en haoussa des descendants d'Abba Ali, il n'est pas question de Malam Yaro ; ce sont dan Dalhu Kacella et sarki Fulani Kusku qui seraient venus chercher Abba Ali en raison du rôle que son grand-père, Abba Ari, avait joué dans l'intronisation du premier sarki de la dynastie et sa reconnaissance par le cheikh du Bornou. Le texte du tarikh est contenu dans A. Salifou, Le Damagaram ou sultanat de Zinder…, op. cit., p. 45-46 et 251.
115 Dans les journaux du poste de Zinder apparaissent régulièrement des reconnaissances de dette de militaires français à l’égard de Malam Yaro, par exemple ANN, 9 B 11. 1, « correspondance départ Zinder 1903, dettes de Dorian, de Leroy et du capitaine Joalland », télégramme A 34, 23 févr. 1903, ou « dettes du capitaine de cavalerie de Franco », lettre 32 G, 4 juin 1906 ; ANN, 9 B 11. 4, correspondance arrivée 1905-1911. F. Foureau, D'Alger au Congo par le Tchad…, op. cit., p. 444, 492, 504, 527 et 542-543, revient à de nombreuses reprises dans le récit de son séjour à Zinder sur les services rendus par Malam Yaro ; Général Reibell, L’épopée saharienne…, op. cit., p. 236 ; Capitaine Gaden, Notice sur la résidence de Zinder, op. cit., p. 103 ; ATM, entretien avec Malam Ali Yaro, 13 mai 1972, cass. 5295, f. A, 30e min.
116 « Shekara bakwai da nasaru su ka yi, Malam Yaro ke ikon dunya da su », ATM, entretien avec Mahamane Kane, 3 déc. 1972, cass. 2870, f. B, 44e min.
117 Rapport du sergent Bouthel, commandant le poste de Zinder (1899), reproduit dans « À la gloire des vieux sous-officiers de l'infanterie de marine », Tropiques. Revue des troupes coloniales, 377, oct. 1955, p. 22.
118 F. Foureau, D'Alger au Congo par le Tchad…, op. cit., p. 507-508.
119 O. Meynier. La mission Joalland-Meynier, op. cit., p. 85.
120 ATM, entretien avec Mahamane Kane, 3 déc. 1972, cassette 2870, f. B, 43e min.
121 Landeroin consacre un court dossier aux assassinats des sarki du Damagaram en général et notamment à ceux d'Amadou dan Bassa, intitulé « Mœurs des sultans de Zinder » : BASOM, ML 11-8, p. 4. La liste est aussi dans le Bulletin de renseignements du nommé Ahmadou dan Bassa ex-sultan de Zinder, ouverte le 8 novembre 1924 : ADZ, dossier sultanat. Mahamane Kane évoque ces assassinats sans nommer les victimes : ATM, 3 déc. 1972, cass. 2871, f. A, 9e min. De même pour galadima Maman Djataou : archives personnelles, entretien, Niamey, 29 avr. 2016. Seulement quatre assassinats sont mentionnés dans A. Salifou, « La conjuration… », art. cit., p. 69 ; tout comme dans la lettre en arabe de Barma Mustapha (Mattam) au capitaine commandant le Damagaram : ANS, 11G5, dossier partiel U, pièces 140-141. Son petit-fils rejette toute participation de son ancêtre à ces assassinats : entretien avec le sarki du Damagaram, Aboubakar, à son domicile à Niamey, 16 févr. 2017.
122 ANOM, Tchad, 1. 1, p. 105.
123 Henri Gouraud, Zinder, Tchad, souvenirs d'un Africain, Paris, Plon, 1944, p. 92. Le bellama n'est pas évoqué dans les récits antérieurs de Joalland, Meynier, Reibell ou Foureau.
124 Son récit de vie a été recueilli en 1952, alors qu'il avait quatre-vingt-quinze ans, par un administrateur colonial. La version originale est dans les archives à Niamey et a été publiée par Georges Fremineau, « Bellama, esclave, eunuque, sultan de Zinder, et puis mendiant », Islam et sociétés au sud du Sahara, 4, 1990, p. 185-190, ici p. 187.
125 La version sur l'affaire amoureuse apparaît dans M. Landeroin, « Notice historique », in J. Tilho, Documents scientifiques de la mission Tilho, vol. 2, Pays-bas du Tchad, Paris, Larose, 1910, p. 522 ; ADZ, dossier sultanat, fiche de renseignements concernant le nommé bellama, 1906 ; archives personnelles, entretien avec Malam Bawada, quatre-vingt-treize ans, Birni de Zinder, 14 févr. 2017. Tout ce qui concerne le bellama est absolument tabou à Zinder. C'est l’âge de mon interlocuteur, doyen des malamai de la ville, qui explique qu'il ait accepté d'en parler.
126 G. Fremineau, « Bellama, esclave, eunuque… », art. cit., p. 188. Les anciennes femmes du sarki sont taboues. Étant donné que personne à Zinder n'oserait les épouser, leur seule possibilité est de se marier à un étranger.
127 ATM, entretien avec Mahamane Kane, 3 déc. 1972, cassette 2871, f. A, 4 min 30 ; archives personnelles, entretien avec galadima Maman Djataou, Niamey, 29 avr. 2016.
128 Archives personnelles, entretien avec Malam Bawada, Birni de Zinder, 14 févr. 2017.
129 Ann O'Hear, « Elite Slaves in Ilorin in the Nineteenth and Twentieth Centuries », The International Journal of African Historical Studies, 39-2, 2006, p. 247-273 ; Sean Stilwell, Paradoxes of Power: the Kano « Mamluks » and Male Royal Slavery in the Sokoto Caliphate, 1804-1903, Portsmouth, Heinemann, 2004, p. 207-238.
130 Roberta Ann Dunbar, « Slavery and the Evolution of Nineteenth-Century Damagaram », in S. Miers et I. Kopytoff (dir.), Slavery in Africa: Historical and Anthropological Perspectives, Madison, University of Wisconsin Press, 1977, p. 172.
131 Ibid., p. 171.
132 C'est notamment le cas du père de Maman Djataou (archives personnelles, entretien avec galadima Maman Djataou, Niamey, 29 avr. 2016) ou de barma Mata ou barma Mustapha, un des neveux du sarki qui s'enfuie à Kano ; voir la lettre en arabe dans laquelle il demande aux Français de pouvoir rentrer à Zinder après l'arrestation du sultan dan Bassa : ANS, 11G5, dossier partiel U, « Lettre en arabe de Barma Mustapha (Mallam) au capitaine commandant le Damagaram », pièces 140-141.
133 Capitaine Gaden, Notice sur la résidence de Zinder, op. cit., p. 82 ; BASOM, fonds ML, 12-9.
134 Ibid., p. 76.
135 ADZ, dossier sultanat, « Rapport annuel sur le bellama », 1904.
136 Ils auraient alors chanté cette chanson « Mai Gishiri kiyayi mai goro, in kana so kidanka ya yi kirki » : « Celui qui a le sel méfie-toi de celui qui a les paniers de colas si tu veux que ta musique soit rentable ». ATM, entretien avec Mahamane Kane, 3 déc. 1972, cassette 2871, f. A, 8e min.
137 ANN, 9 B 1. 3, « Rapport sur la situation générale de la résidence de Zinder », 12 déc. 1903.
138 ATM, entretien avec Mahamane Kane, 3 déc. 1972, cassette 2871, f. A, 10e min. Sidi Fedil, le petit-fils de Cherif Fedil, né en 1939, raconte lui aussi que le bellama se serait exhibé devant les Français pour gagner leur confiance : archives personnelles, entretien chez lui, Birni de Zinder, 14 févr. 2017.
139 ANN, 9 B 1. 3, « Rapport sur la situation générale de la résidence de Zinder », 12 déc. 1903.
140 Ces doutes apparaissent dans les lettres à propos des sanctions à mettre en œuvre : ANS, 11G5, pièce non numérotée. De même, Gaden, dans ses lettres personnelles à Gouraud, ne croit pas à l'implication de Malam Yaro et pense que sa situation est due à l'hostilité de Lefebvre à son égard : Roy Dilley, Nearly Native, Barely Civilized: Henri Gaden's Journey through Colonial French West Africa, 1894-1939, Leyde, Brill, 2014, p. 276.
141 Leur lien de parenté apparaît dans les notes de Landeroin : BASOM, fonds ML, 12-2, p. 14.
142 ANN, 23. 8. 6, lettre de Malam Yaro à Landeroin, 10-11 sept. 1907. Les notes entre crochets en italique sont de Landeroin, le traducteur de la lettre.
143 Notamment Akini Garouama le 16 avril : ANS, 11G5, dossier Q, « Copie des feuilles de renseignements fournies au mois d'avril par le commandant de cercle au commandant de la région, du capitaine Lefebvre », pièce 126.
144 ANS, 11G5, dossier F, « Dépositions reçues par le commandant de région », non datées, pièce 60.
145 Sa fiche de renseignements mentionne simplement la brouille : ANS, 11G5, dossier V, « Fiches politiques », pièce 143. Les précisions ont été données à Landeroin par Chérif Dodo : BASOM, fonds ML, 12-2, renseignements recueillis à Dungass, 15 sept. 1907, p. 28.
146 ANS, 11G5, dossier V, « Fiches politiques », pièce 143. Ses descendants témoignent avec une grande gêne du fait qu'il aurait dénoncé le sarki auprès des colonisateurs : archives personnelles, entretien avec Ibra Adamou à son domicile, 14 févr. 2017.
147 Archives personnelles, entretien avec Malam Bawada, Birni de Zinder, 14 févr. 2017. La chronologie est difficile à démêler ; il n'est pas possible de déterminer de quand date ce mariage, ni s'il est antérieur à l'assassinat.
148 F. Foureau, D'Alger au Congo par le Tchad…, op. cit., p. 527 et 562 ; Général Reibell, L’épopée saharienne…, op. cit., p. 220.
149 M. Landeroin, « Notice historique », op. cit., p. 449 ; Niamey, Institut de recherche en sciences humaines, département des manuscrits arabes, 1143, manuscrit arabe de Bukari ben Tanodee, Diaou enniger fi tarikh Zinder, copie et traduction insérées dans le journal de Boubou Hama du 5 mars 1968 au 6 mai 1969, p. 356-357 ; R. A. Dunbar, Damagaram (Zinder, Niber)…, op. cit., p. 67 ; A. Salifou, Le Damagaram ou sultanat de Zinder…, op. cit., p. 90.
150 P. Marty, L'islam et les tribus dans la colonie du Niger, op. cit., p. 401, désigne père et fils comme Moqqadem Qadri, représentant de la Qādiriyya, mais F. Foureau indique que le cadi vient lui rendre visite et demande à voir les lettres que le chef de la Tijāniyya a écrites pour la mission : F. Foureau, D'Alger au Congo par le Tchad…, op. cit., p. 530. Sur la volonté de favoriser la Tijāniyya, outre Foureau et Lamy, Reibell a une position similaire : Général Reibell, L’épopée saharienne…, op. cit., p. 222.
151 ANN, 23. 8. 6, lettre de Malam Yaro au lieutenant Ethiévant. La première partie de la phrase n'est pas traduite selon la traduction conservée dans les archives, qui est très résumée ; j'ai utilisé la version arabe. Je remercie D. Hamani et Abdelaziz El Aloui pour leur aide.
152 Dans une autre version de l'histoire du complot écrite par le commerçant al-Hajj Mukhtar ben Sharif en 1937, le bellama est l'organisateur de toute l'affaire : ADZ, dossier sultanat, sous dossier bellama, 1921, lettre de Mouktar ben Cheriffe au commandant de cercle, 12 sept. 1937. Ce témoignage, très postérieur, est guidé par d'autres enjeux que ceux analysés ici, notamment un autre complot, lié cette fois à la destitution du bellama en 1921. Sur al-Hajj Mukhtar ben Sharif, voir S. Baier, An Economic History of Central Niger, op. cit., p. 192-206.
153 BASOM, fonds ML, 12-2, p. 37-38.
154 ANN, 23. 8. 6, « Enquête à propos d'une lettre de Malam Yaro », lettre du capitaine Delestre, commandant le cercle de Zinder, à Monsieur le chef de bataillon, commandant la région, Zinder, 13 nov. 1907.
155 BASOM, fonds ML, 12-2, p. 29.
156 Renseignement coloniaux, « Bulletin du Comité de l'Afrique Française » 7, juill. 1906 ; Fontainebleau, Archives nationales, 19800035/1288/48843 ; BASOM, fonds ML, 35-9.
157 « Karin magana » (cassure de parole) est la figure de style par excellence de la langue haoussa rassemblant des proverbes, des jeux de mots et des paraboles.
158 M. Landeroin, « Causerie de l’étudiant », in J. Tilho et M. Landeroin, Grammaire et contes haoussas, Paris, Imprimerie nationale, 1909, p. 255-259, traduction adaptée par l'auteure à partir de la version haoussa.
159 M. S. Umar, Islam and Colonialism…, op. cit., p. 135-139.
160 220 – « Kari ya cinye kura don nasara », 230 – « Da kusa sunka taru, suna bukinsu. Na aguncinsu zamanin nasara. Fa alwankinsu ce kanwa », 220 – « A kai Kuma mai gari naku, a kubki sabo da talaka », 245 (13) – « Da mai bawa, da bawa na sharia » : Stanislaw Pilaszewics, « ʻThe Arrival of the Christians’: A Hausa Poem on the Colonial Conquest of West Africa by Al-Haji Umaru », Africana Bulletin, 22, 1975, p. 55-129, ici p. 103, 105 et 107, traduction adaptée par l'auteure à partir de la version haoussa. L'orthographe de la transcription de S. Pilaszewics a été conservée.
161 Ce fut le cas aussi à Madagascar : Stephen Ellis, Un complot colonial à Madagascar. L'affaire Rainandriamampandry, Paris/Antananarivo, Karthala/Ambozontany, 1990.
162 « Su duka ko wané ya zam na qu'aîné » : S. Pilaszewics, « ʻThe Arrival of the Christians’… », art. cit., p. 65.
163 « ciki ba a yi shi don tuwo da fura [ba] » : archives personnelles, notes de terrain, Zinder, févr. 2017, notamment une discussion avec le Chamaky, 14 février 2017.