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Noblesse et hérésie Une famille cathare : les Maurand1

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

John Mundy*
Affiliation:
New York, Columbia University

Extract

De 1170 à 1180 la ville de Toulouse vécut une période de crise. Raymond V de Saint-Gilles, comte de Toulouse, qui jusqu'alors avait combattu, dans le Languedoc du Sud et de l'Est, contre le pouvoir grandissant de la Catalogne et de l'Aragon, était revenu à Toulouse pour y rétablir son autorité contre les consuls — ancienne cour comtale qui avait dirigé la ville et qui était devenue de plus en plus indépendante. Le succès du comte fut réel au commencement de sa contre-attaque, mais, en 1189, une poussée renouvelée des classes dirigeantes — mi-aristocratiques et mi-oligarchiques — de la société toulousaine créa un consulat presque indépendant. Comme je l'ai montré ailleurs, l'intervention du comte est devenue possible tout simplement parce qu'il y avait de grandes divisions sociales à Toulouse : des conflits au sein de l'aristocratie, entre éléments commerciaux et fonciers, et les entrepreneurs et les hommes des métiers qui n'étaient pas encore organisés à cette époque.

Type
Hérésie et champ religieux
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1974

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Footnotes

1.

Cet article est tiré du premier chapitre d'un livre en préparation intitulé Heresy, Usury, Charity : Notes on the Social History of Toulouse, qui étudie les relations entre l'attaque contre l'usure, celle contre l'hérésie, et le développement de la charité au commencement du XIIe siècle. Les documents utilisés, qui proviennent de Toulouse et de Paris, ont été transcrits entre 1946 et 1958. A partir de ces données un travail a été fait, en 1963, par une de mes étudiantes, H. R. Lemay, qui m'a permis de reprendre le sujet et de le compléter.

References

2. Pour ces événements et l'histoire générale de Toulouse, voir mon livre, Liberty and Political Power in Toulouse (New York, 1954), pp. 43-90.

3. Gervais De Cantorbery, Rolls Séries, t. 78, i (1879), pp. 270-271.

4. Ces événements et leurs conséquences ont été racontés par Henri Maisonneuve, Études sur les origines de l'Inquisition (Paris, i960), pp. 129 ss.

5. La lettre se trouve dans les Gesta régis Henrici secundi Benedicti abbatis, Rolls Séries, t. 49 (1867), I, pp. 203-206, et aussi P.L., t. 199, 1119 ss.

6. Rolls Séries, t. 49, i, pp. 217-220.

7. Gesta, p. 217 : « (…) ille in multitudine divitiarum suarum et parentum numerositate confidens, primae citationis edictum fatuosae dilationis colludio declinavit. Altéra ergo die praedictus cornes blanditiis magis quam terroribus enitens, eundem Petrum per amicos et notos leniter advocavit (…) ».

8. Gesta, p. 219 : « (…) usuras omnes quas acceperat reddere; damna pauperum quos afrlixerat resarcire (…) ».

9. Consultez l'abjuration publiée ci-dessous.

10. Célestin Douais, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Sernin de Toulouse (Paris-Toulouse, 1887), p. 459, n° 688 : « Haec est carta finis et concordie quam fecit dominus Poncius, abbas (…) cum Petro Maurando et cum suis filiis dictis, scilicet cum Bono Mancipio et cum Petro, qui hoc fecerunt pro se et pro suis fratribus. In qua concordia Petrus Maurandi et eius filii predicti (…) recognoverunt quod in omnibus illis honoribus quos habent et possident in (…) Leonaco et in (…) Castilione et ad Vallem Securam habet ecclesia Sancti Saturnini decimam. » Ce document a été daté d'après la conscriptio et non Vactio, ce qui était normal à Toulouse à cette époque et nous permet de croire que Vactio avait eu lieu immédiatement après l'abjuration de Pierre aux mois d'août ou septembre 1178.

11. Gesta, pp. 215-216 : « Hic erat in urbe illa pereuntium caput et princeps haereticorum. Qui licet, tanquam laicus et idiota, nihil saperet, inter eos tamen velut quidam diabolicae sapientiae fons, perditionis et mortis felleos latices emanabat. Conveniebant ad eum noctibus noctuae tenebrosae, et ille indumento quodam ad instar tunicae dalmaticaeque vestitus, cum sederet inter eos, tanquam rex, circumstante exercitu, erat et inerat disipientium praedicator. »

12. L'abjuration publiée ci-dessous.

13. Corpus mysticum (Paris, 1944), pp. 165, 169 ss.

14. Registre de Grégoire VII 6, 17a ; éd. Ph. Jaffré, Bibliotheca rerum germanicarum : Monumenta Gregoriana, II, p. 353, évite de parler de dents qui mastiquent. Quoique Pierre Lombard (Libri IV sententiarum, 4, 12, dans P.L., t. 192, 865) nous offre une version de l'abjuration de 1059, il préfère une formulation plus modérée. En dernier lieu, quand le serment de Bérenger fut finalement inséré dans le Pontificale Guillelmi Durandi 3, 9, 10, à la fin du xine siècle (Michel Andrieu, « Le pontifical romain au Moyen Age », Studi e testi, t. 88 (1940), p. 619), toute allusion à la question eucharistique en avait été enlevée, et le serment était devenu un « loyalty oath » bien anodin.

15. Arch. Dép. de Hte-Garonne, Sér. H, Fonds Saint-Sernin, liasse 99, titres 1-23, contenant 45 actes concernant la bovaria de Valségur.

16. Le document cité ci-dessus, note 10 ; Arch. Nat. Paris, J 330, 26, II, daté de janvier 1248, qui nous donne une liste de tous les fils des trois frères, Pierre, Raymond, et Maurand vêtus, fils du Pierre Maurand de 1178 ; l'amnistie royale de 1279 citée ci-dessous, note 20. Il y a aussi quelques rares documents à Toulouse concernant les Maurand dans les fonds Grandselve, Malte, et Saint-Bernard, dans la série E, et aussi aux Archives de la Ville.

17. La recherche de 1963 a échoué parce qu'on n'avait pas encore compris qu'une simple liste des noms des membres de la famille (même quand ils sont généralement accompagnés du nom d'un père, frère, etc.) ne suffit pas pour établir les lignées des Maurand. Ce qu'on doit ajouter, c'est que : (1) les notaires de cette époque ont essayé d'établir des distinctions entre les personnes portant les mêmes noms de baptême par l'emploi de surnoms, de sobriquets, et de noms de lieux ; (2) habituellement, les chartes enregistrent les frères en ordre de priorité d'âge ; (3) habituellement aussi, les frères ont divisé l'héritage peu après le décès de leur père ou son retrait de la vie active ; et (4), d'après la coutume de Toulouse, seulement ceux qui sont arrivés à la majorité (15 ans) ou à l'émancipation (25 ans) — et de préférence ces derniers — ont été capables d'agir légalement sans le consentement exprès de leurs parents ou tuteurs.

18. Chronicon, éd. Charles Molinier (Aniche, 1880).

19. On peut trouver les documents les plus importants dans Bibl. Nat. de Paris, Collection Doat, xxi ss. 143 r°-185 r°, et Célestin Douais, Documents pour servir à l'histoire de l'Inquisition (Paris, 1900), t. II, pp. 1-114. Ces preuves seront détaillées dans mon livre en préparation annoncé note 1, et ces documents, aussi bien que la chronique de Pelisson, constituent les preuves des propositions avancées ci-dessus.

20. Deux vidimus trouvés aux Archives de la Ville de Toulouse : layette 63, daté ca. 1294, e t AA34 : 3, daté février 1313. L'amnistie originale était datée d'avant le 28 août 1279. Ce document sera publié dans mon livre.

21. Avant que les corporations des métiers se soient organisées au cours du xiiie siècle, la teneur de la législation consulaire était nettement en faveur des entrepreneurs. Voir mon livre, Toulouse, pp. 82 ss. et p. n i , et les statuts sur les métiers publiées par Raymond Limouzin-Lamothe, La commune de Toulouse (Toulouse-Paris, 1932), pp. 432 ss. (Archives de la Ville, AAi : 90, daté de 1221) et Sr Mary Ambrose [Mulholland], « Statutes on Clothmaking : Toulouse, 1227 », Essays in Médiéval Life and Thought in Honor of A. P. Evans (New York, 1955, réimpr. en 1965), pp. 168-171 et 172 ss. (ibid., layette 63).

22. Voir mon Toulouse, pp. 82-85, et Bibl. Mun. de Toulouse, ms 490, 166 r°-v°, une version de l'histoire de l'ordre des Prêcheurs par Bernard Guy.

23. Voir mon article « Charity and Social Work in Toulouse, 1100-1250 », Traditio, XXII (1966), pp. 203-287.

24. Ces événements de Toulouse sont éclairés par la chronique de Pelisson, et toute cette histoire est décrite par Yves Dossat dans son ouvrage Les crises de l'Inquisition toulousaine au XIIIe siècle (Bordeaux, 1959), pp. 131 ss.

25. Consultez les notes 19 et 20 ci-dessus où sont données les références d'archives.

26. Voir note 15 ci-dessus.

27. Les « estimes » toulousaines des XIVe et XVe siècles (Paris, 1956), pp. 74-76, 130 et 258.

28. Arch. Nat. de Paris, KK 1228, et Arch. de la Ville de Toulouse, AA3 : 120.

29. Arch. de la Ville, layette 61 : « Item petunt [les consuls] quod heretici et illis creditores et adhérentes postquam illos taies esse constiterit quod omni occasione postposita et absque immuracione vel crucis importacione ipso facto comburantur ubique invenientur in comitatu Tholose. »

30. Douais, Documents, I, clxn-vn : dépositions et confessions datées de 1273-1274, d'un marchand, d'un artisan, d'un autre personnage non identifié et de trois femmes.