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L'or, L'argent, la guerre dans la France médiévale

Published online by Cambridge University Press:  26 July 2017

Harry A. Miskimin*
Affiliation:
Université de Yale

Extract

Dans son Testament politique, le cardinal de Richelieu consacre huit parties à la « puissance du prince », dont une plus particulièrement à l'or et l'argent comme l'un des instruments de pouvoir les plus nécessaires à l'État. Il constate que l'or et l'argent sont les tyrans du monde, et que leur empire, bien qu'injuste, est parfois si raisonnable qu'il faut en accepter la domination . De toute évidence, la tyrannie des métaux précieux n'a pas commencé avec le XVIIe siècle ; la France en a subi le joug dès le Bas Moyen Age et les métaux précieux ont joué un rôle prépondérant dans le budget de guerre de l'époque. Comme on le sait, les Archives nationales (séries Z'b) et les archives départementales de Dijon et Grenoble conservent un volume considérable de documents sur la frappe monétaire. Ces documents décrivent avec précision l'aloi et la quantité des métaux employés, ainsi que le nombre et la valeur nominale des pièces frappées. Nous les avons utilisés pour construire une série statistique assez complète de la frappe de l'or et de l'argent aux XIVe et XVe siècles. Les graphiques (fig. 1) et les tableaux (tab. I et H) mesurent le monnayage annuel en kilogrammes d'or et d'argent purs pendant cette période.

Summary

Summary

Graph I presents the recorded levels of mint output in France for the two centuries from 1295 to 1495 as derived from published and unpublished mint records. Patterns of coinage output do not support gold/silver arbitrage as a causative factor in the movements of bullion. There is a very close relationship between military campaigns and mint output levels from 1337 to 1495. Estimates of coinage levels for the period 1290- 1337 are derived from records detailing treasury profits from the mints. These also show a close relationship with military endeavor. Mint output levels are highest at the end of the thirteenth century and decline progressively through the fourteenth and fifteenth centuries. War appears to have mobilized bullion reserves, to have exposed them to export loss through several paths, and to have contributed to the emerging bullion famine of the later middie ages. Royal efforts to remedy the problem, widely supported, increased the power of the crown and reduced the liberties of the French people for several centuries.

Type
Au Moyen Age
Copyright
Copyright © École des hautes études en sciences sociales Paris 1985

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References

Notes

1. de Richelieu, Cardinal, Testament politique, II, La Haye, Jean van Duren, 1740, p. 148.Google Scholar

2. La plupart de ces documents se trouvent dans Saulcy, F. J. C. de, Recueil de documents relatifs à l'histoire des monnaies frappées par les rois de France, 4 vols, Paris, Imprimerie nationale, 1879-1892.Google Scholar Ces travaux se sont révélés exacts lorsque nous les avons comparés aux originaux pour les villes de Lyon, Bourges et Dijon, mais ce n'est pas le cas des documents des Archives de l'Isère portant sur Crémieu, Romans, Montélimar, Embrun, Briançon, Grenoble et Mirabel. les chiffres que nous donnons proviennent à la fois de sources publiées et de sources originales. Pour une analyse des problèmes de documentation, voir Harry Miskimin, A., Money and Power in Fifteenth Century France, New Haven, Yale University Press, 1984,Google Scholar et du même auteur, « Money and Money Movements in France and England at the End of the Middle Ages », dans Richards, J.-F. éd., Precious Metals in the Later Médiéval and Early Modem Worlds, Durham, Carolina Académie Press, 1983, pp. 7996.Google Scholar

3. Voir par exemple, A. M. Watson, « Back to Gold and Silver », The Economie History Review, 2ndser., XX (1967), pp. 1-34 et E. Ashtor, A Social and Economie History of the Near East in the Middle Ages, Berkeley, University of California Press, 1976, pp. 304-306.

4. Edouard Perroy, The Hundred Years War, with an introd. to the English éd. by David C. Douglas, New York, Capricorn Books, 1965 (spécialement pp. 102-103), traduction de La guerre de Cent Ans, Paris, Gallimard, 1946-1948.

5. H. A. Miskimin, « Money and Money Movements », tableau 2.

6. É. Perroy, op. cit., pp. 129-131.

7. Pour les guerres de Bretagne et de Navarre, voir É. Perroy, op. cit., pp. 151-152.

8. Miskimin, H. A., Money, Priées and Foreign Exchange in Fourteenth Century France, New Haven, Yale University Press, 1963, p. 6.Google Scholar

9. É. Perroy, op. cit., p. 164.

10. H. A. Miskimin, Money, Priées..., p. 6.

11. Palmer, J. J. N., England, France and Christendom, 1377-1399, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1972, pp. 7275.Google Scholar

12. Ibid., p. 80.

13. Ibid., pp. 142-143.

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17. H. A. Miskimin, Money and Power..., chap. 3.

18. Ibid., chap. 2.

19. É. Perroy, op. cit., p. 272.

20. Ibid.

21. Ibid., pp. 274-275.

22. Voir Fawtoer, R. éd., Comptes du Trésor, 1296-1316,1384, 1477, Paris, Imprimerie nationale, 1930, p. LIX,Google Scholar et Henneman, John B., Royal Taxation in Fourteenth Century France, Princeton, Princeton University Press, 1971, p. 238.Google Scholar

23. Ibid.

24. H. A. Miskimin, « Money and Money Movements », tableau 2.

25. Strayer, J. R., « The Costs and Profits of War : the Anglo-French Conflict of 1294- 1303 », dans Miskimin, H. A., Herlihy, D. et Udovitch, A. éds, The Médiéval City, New Haven, Yale University Press, 1977, pp. 269291, note 11.Google Scholar

26. Ibid.

27. É. Perroy, op. cit., p. 64.

28. Strayer, J. R., The Reign of Philip the Fair, Princeton, Princeton University Press, 1980, pp. 325332.Google Scholar

29. Ibid., pp. 340, 363.

30. Ibid., pp. 343-346.

31. Pour l'année 1322, nous disposons de chiffres à la fois sur les profits de la frappe et sur la frappe elle-même, enregistrés par les maîtres frappeurs. Nous pouvons comparer le dernier chiffre, 192,5 kilogrammes d'argent, à notre estimation de 125 kilogrammes, d'après le profit des comptes du Trésor.

32. Pour une analyse des revenus de la frappe dans le contexte des revenus globaux de la couronne à cette époque, voir J. B. Henneman, Royal Taxation, pp. 40-83 et appendices.

33. J. B. Henneman, op. cit., p. 40.

34. Ibid., pp. 41-42.

35. J. R. Strayer, Philip IV, p. 346, J. B. Henneman, op. cit., pp. 55-56.

36. J. B. Henneman, op. cit., pp. 57-58.

37. Ibid.

38. Ibid., p. 64.

39. Ibid., p. 70.

40. J. R. Strayer, « Costs and Profits of War », p. 269.

41. J. R. Strayer, Philip IV, pp. 284-295.

42. R. Fawtier, L'Europe occidentale de 1270 à 1380, lre partie, 1270-1328, Paris, P.U.F., 1940-1941, pp. 53-57.

43. H. A. Miskimin, Money, Priées..., pp. 5-7.

44. Sur la balance des paiements, voir Miskimin, H. A., The Economy of Early Renaissance Europe, 1300-1460, Cambridge, Cambridge University Press, 1975.CrossRefGoogle Scholar

45. Pour une analyse plus développée, voir à ce sujet, H. A. Miskimin, Money and Power..., passim.