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Le Parrainage, « L'Hospitalité » et L'Expansion du Christianisme
Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
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La curiosité nous porte à vouloir démêler les moyens qui ont assuré les succès étonnants du christianisme sur les religions établies alors dans l'univers : il est facile de la satisfaire par une réponse naturelle et décisive. Sans doute cette victoire est due à l'évidence convaincante de la doctrine elle-même et à la providence invariable de son grand auteur. Mais ne sait-on pas que la raison et la vérité trouvent rarement un accueil aussi favorable parmi les hommes ? Et puisque la sagesse de la Providence daigne souvent employer nos passions et les circonstances générales où se trouve le genre humain comme des instruments propres à l'exécution de ses vues, il peut aussi nous être permis de demander, avec toute la soumission convenable non pas quelle fut la cause première des progrès rapides de l'Église chrétienne, mais quelles en ont été les causes secondes.
Edward Gibbon, Histoire du déclin et de la chute de l'Empire romain, vol. 1, chap. xv.Summary
Scholars have recently corne to recognize that in pre-industrial societies godparenthood was an extremely adaptable and versatile bond of considerable importance.They cannot, however, agree upon how this institution came to be, the predominant view being that it was a straightforward creation of the early Christians. This article is an attempt to show that the societies of pre-Christian antiquity already had an institution, called xenia by the Greeks and hospitium by the Romans, which displayed a long list of features similar to those associated with godparenthood. The resemblance is so striking as to warrant the conclusion that the early Christians, rather than creating ex nihilo so complex a social bond as godparenthood, invested the pre-existing pagan institution with Christian imagery and symbolism and appropriated it to the service of the new religion. If this suggestion is correct, we may hèzre hâve hit upon one secondary reason, hitherto overlooked, for Christianity's spectacular spread.
- Type
- Parrainage, Alliance et Parenté
- Information
- Copyright
- Copyright © Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1997
References
* Cet article a été écrit en 1994 quand j'ai passé un semestre à l'Institute for Advanced Study à Princeton. Je désire, à cette occasion, remercier Glen Bowersock, Christian Habicht et Homer Thompson pour leur aide et leur chaleureuse hospitalité. Les versions tardives de cet article ont bénéficié des commentaires et des critiques de Moshe Amit, Elisabeth Brown, Esther Cohen, Pierre Vidal-Naquet, B.-Z. Kedar et Claudia Rapp auxquels j'adresse ma profonde reconnaissance. C'est à l'égard de Brent Shaw que ma dette est la plus grande pour ses encouragements pendant des années à poursuivre mes recherches sur les relations humaines en me prodiguant sans compter son aide et ses conseils.
1. Nous utiliserons dans la présente étude le terme « parrainage » pour désigner l'institution sociale que d'autres appellent encore « parenté spirituelle », « sponsorship de baptême » ou « filiation par le baptême » et que recouvrent dans les langues européennes des mots tels que godparenthood, Patenschaft et compadrazgo. Nous utiliserons le terme « pseudo-parenté », plutôt que parenté putative, artificielle ou fictive, pour désigner des formes d'association différentes de celles de la parenté par le sang ou le mariage et qui ont pour modèle la « véritable parenté ». Sur le thème des difficultés sémantiques et des problèmes de définition, de même que sur la justification de notre usage, voir les études indiquées ci-après, notes 2, 5 et 13. Sur le thème de la fraternité artificielle (ou rituelle), voir trois études à paraître dans Traditio, 52 (1997): E. A. R. Brown, « Ritual Brotherhood in Medieval Europe »; C. RAPP, « Ritual Brotherhood in Byzantium »; B. D. Shaw, « Dangerous Liaisons: Ritual Brotherhood in Roman and Post-Roman Societies ».
2. J. Pitt-rivers, « Pseudo-kinship », dans D. L. Sills (sous la direction de), International Encyclopaedia ofthe Social Sciences, 1968, pp. 408-413 (p. 410). S. E. Aschenbrenner affirme également que « [s]ponsorship as a social relationship in Greece originates with the two sacraments, baptism and marriage, ofthe Orthodox Church »: « Folk Model vs. Actual Practice; The Distribution of Spiritual Kin in a Greek Village », Anthropological Quarterly 48, 1975, pp. 65-86 (p. 68). J. Davis écarte les hypothèses selon lesquelles le parrainage ne serait qu'incidemment chrétien et constituerait une reprise modifiée de certaines formes d'associations pré-chrétiennes: « Thèse random bits and pièces do not justify the claim that godparenthood is pre-Christian », People of the Mediterranean, Londres, 1977, p. 238. Page 237, J. Davis se demande: « If godparenthood is pre-Christian what sort of institution was it ? ».
3. Lynch, J. H., Godparents and Kinship in Early Medieval Europe, Princeton, 1986, p. 333 Google Scholar; cf. id., « Spiritale Vinculum: The Vocabulary of Spiritual Kinship in Early Medieval Europe », dans Noble, T. F. X. et Contreni, J. J. (sous la direction de.), Religion, Culture and Society in the Early Middle Ages, Kalamazoo, 1988 Google Scholar.
4. Bennett, M., « Spiritual Kinship and the Baptismal Name in Traditional European Society », dans Frappel, L. O. (sous la direction de), Principalities, Powers and Estates: Studies in Medieval and Early Modem Government and Society, Adelaide, 1977, pp. 1–13 (p. 4)Google Scholar.
5. Mintz, S. W. et Wolf, E. R., « The analysis of ritual co-parenthood (compadrazgo) », Southwestern Journal of Anthropology 6 Google Scholar, repr. dans Schmidt, S. W. et al. (sous la direction de), Friends, Followers and Factions, Berkeley, 1977, pp. 1–15 Google Scholar.
6. Patlagean, E., « Christianisation et parentés rituelles: le domaine de Byzance », Annales ESC, 1978, n° 3, pp. 625–635 Google Scholar.
7. Goody, J., The Development of the Family and Marriage in Europe, Cambridge, 1983, p. 195 CrossRefGoogle Scholar: « Just as Christian baptism was held to replace the Jewish circumcision (“ the circumcision made without hands ”, Colossians 2: 11), so too the later institution of godparenthood replaced the Roman practice of adoption which had been rejected in many Christian circles. It was a form of quasi-kinship that substituted spiritual for material considérations […] ».
8. Chadwick, H., The Early Church, Harmondsworth, 1967 Google Scholar.
9. Sur l'adoption romaine, cf. J. A. C. Thomas, A Textbook of Roman Law; W. W. Buckland, A Textbook of Roman Law, 3e édition, revue par P. Stein, 1963. Sur l'adoption à Athènes, cf. Rubinstein, L., Adoption in IV. Century Athens, Copenhague, 1993 Google Scholar.
10. Sur le concept grec de xenia (parfois orthographié ou ), cf. notre ouvrage Ritualised Friendship and the Greek City, Cambridge, 1987. Sur le concept à'hospitium, cf. les études indiquées ci-après, note 11.
11. Ces interprétations correspondent exactement aux entrées des dictionnaires, ce qui nous amène à penser qu'elles en sont dérivées. Un ,selon Liddell et Scott, A Greek English Lcxicon, Oxford, 10e édition, 1968 Google Scholar, est, entre autres, un «ami-hôte», terme «appliqué aux personnes unies par un traité ou un lien d'hospitalité ». Xeniva, le nom abstrait dérivé de , signifie « hospitalité à l'égard d'un invité, art de recevoir ». Un hospes, selon l'Oxford Lutin Dictionary (A. Souter, J. M. Wyllie et al éds, Oxford, 1968), est, entre autres, « une personne unie à une autre personne — venant d'une ville, d'un comté, etc., différent — par des liens d'hospitalité personnels ou hérités ». Le nom abstrait dérivé de ce terme, hospitium, signifie « la relation permanente qui existe entre un hôte et son invité, les liens d'hospitalité », G. Stàhlin, , χεηινα …', dans Friedrich, G. (sous la direction de), Theologisches Wörterbuch zum Neuen Testament, Stuttgart, 1954, pp. 1–36 Google Scholar, Hiltbrunner, O. et al, « Gastfreundschaft », dans Klausner, T. (Sous la direction de), Reallexikon für Antike und Christentum 8, Stuttgart, 1972, pp. 1061–1123 Google Scholar, et Gauthier, P., « Notes sur l'étranger et l'hospitalité en Grèce et à Rome », Ancient Society 4, 1973, pp. 1–21 Google Scholar, sont parmi les spécialistes qui acceptent dans son ensemble cette interprétation de xenia et hospitium. Récemment, un auteur est allé jusqu'à ignorer la notion même d'« amitié-hospitalité », regroupant sous le terme « amitié », une longue liste d'exemples extraits de la littérature classique dans lesquels xenia et hospitium étaient soit mentionnés soit sous-entendus; White, C., Christian Friendship in the Fourth Century, Cambridge, 1992 Google Scholar.
12. Madvig a suggéré de remplacer par , espérant qu'une telle correction puisse redonner à cette série une certaine cohérence logique. Sa proposition est loin d'être convaincante si l'on s'en tient aux premiers manuscrits dont nous disposons, et sur lesquels on relève, sans erreur possible, .
13. Pitt-Rivers, J., «The Kith and the Kin », dans Goody, J. (Sous la direction de), The Character of Kinship, Cambridge, 1973, p. 96 Google Scholar.
14. Cf. G. Herman, Ritualised Friendship, op. cit., note 10, p. 29 ss.
15. Par exemple, Xen. Hell. 4.1.39: Le fils de Pharnabazus dit à Agesilas: « Je te fais mon xenos, Agesilas. Et moi j'accepte, répond l'autre. Agesilas reçoit alors un javelot, et offre à son tour un carapaçon »; cf. Plut. Ages. 13. Tite-Live. 23.9.3-4: Pacuvius Caluvius, ayant conclu un pacte d'hospitium avec Hannibal, découvre avec horreur que son fils complote d'assassiner ce dernier. Tite-Live fait dire à Pacuvius s'adressant à son fils: « Je te supplie et t'implore de ne commettre ni d'accepter ce qui est intolérable aux yeux de ton père. Il ne s'est écoulé que quelques heures depuis que, par le serment de tous les dieux existants (iurantes per quidquid deorum est) et joignant nos mains aux siennes (dextrae dextras iungentes), nous avons prêté foi (fidem obstrinximus). Était-ce dans l'intention, dès que nous quittâmes le conseil, d'armer contre lui les mains encore sanctifiées du serment (ut sacratas fide manus digressi a amloquio extemplo in eum armaremus) ? De la table hospitalière (hospitalis mensa) où Hannibal vous avait invité […] vous levez-vous dans l'intention de souiller cette même table du sang de vos hospes ? » Hom. Od. 21.31-41: Iphitos et Odysseus échangent leurs armes pour marquer le début de la « xeinosyne: intime ». Hom. Il. 6.224-36: Alors qu'ils s'apprêtaient à engager un combat, Diomède et Glaucus découvrent que leurs grands-pères étaient liés par xeineie. Évoquant le souvenir des « précieux cadeaux » que leurs ancêtres s'étaient échangés « en témoignage de xenie », ils renouent la relation ancestrale en se serrant la main et en échangeant des promesses de xenie. Curt. 6.5.1-5: Artabazus refuse de prendre lui-même la main droite qu'Alexandre lui tend pour avoir été un jour le hospes de Philippe, père d'Alexandre, mais il oblige neuf de ses enfants à le faire à sa place. Alexandre ordonne alors qu'on remette des chevaux à Artabazus. S'agissant de la relation d'hospitium, Cic.Deiot. 8 fait état de poignées de mains, de promesses et de la protection des dieux de la maison. Aeschin. Contre Ctesiph. 224 mentionne des festins et poignées de mains dans le contexte de la relation de xenia.
16. Boswell, J., Les unions du même sexe dans l'Europe antique et médiévale, Demange, O. (trad.), Paris, Arthème Fayard, 1996 Google Scholar, à rapprocher de la critique qu'en a fait Shaw, B. D., « The Medieval Church and Gay Marriage », The New Republic 18–25 juillet, 1994, pp. 33–41 Google Scholar.
17. Les «couples sentimentalement idéalisés” que J. Boswell met en avant comme des modèles d'unions du même sexe (Achille et Patrocle, Oreste et Pylade, Pierre et Paul, Serge et Bacchus, Toxaris et Mnesippus) correspondent en fait à la fois à la définition de pseudoparenté que nous avons suggérée plus haut et à certaines de ses caractéristiques que nous étudierons ci-après. Cependant, ayant limité notre corpus à des textes où les mots xenia ou hospitium (ou les termes apparentés) figurent explicitement, nous n'étudierons pas ces cas ici, hormis celui d'Oreste et Pylade, dans lequel apparaît le mot xenia.
18. Par exemple, en grec, amicus, carus, necessarius, familiaris en latin.
19. Polybe 31.24.9-12. Le mot xenia ne figure pas dans le texte de Polybe (peut-être y figurait-il dans une version aujourd'hui perdue), mais l'idée de pseudo-parenté, expliquée clairement par la suite, écarte toute possibilité d'homoérotisme.
20. , Polyb. 31.25.1.
21. Cf. Corradi, G., Studi ellenistici, Turin, 1929 Google Scholar; Herman, G., « The Court Society of the Hellenistic Age », dans Cartledge, P., Garnsey, P. et Gruen, E. (sous la direction de), Hellenistic Constructs: Culture, History and Historiography, Berkeley, 1997.Google Scholar
22. Voir, par exemple, G. Herman, Ritualised Friendship, op. cit., note 10, pp. 24 et 25.
23. Il.9.485-95. En fait, le mot xenia n'apparaît pas dans le texte homérique, mais les générations suivantes ne doutaient pas qu'il s'agissait là de la relation de xenia; cf. Plut. Philop. 1, Polyb. 10.22, et Paus. 8.49.2.
24. Aucune preuve n'atteste la relation de xenia entre Hérode et Auguste, mais il est certain qu'une telle relation existait entre Hérode et Marcus Vipsanius Agrippa, grand ami et partisan d'Auguste, cf. Flavius Josèphe. A.J. 16.1.6.
25. Herman, G., « Nicias, Epimenides and the Question of Omissions in Thucydides », Classical Quarterly 39, 1989, pp. 83–93 Google Scholar: « Patterns of Name-Diffusion within the Greek World and Beyond », Classical Quarterly 40, 1990, p. 349-363; « Treaties and Alliances in the World of Thucydides », Proceedings of the Cambridge Philological Society 86, 1990, pp. 83-102. Le schéma d'attribution des noms dans la relation d'hospitium est largement compliqué par l'usage qui consistait à donner un nom romain aux étrangers dès lors qu'ils devenaient citoyens romains (cf. Badian, E., Foreign Clientelae, Appendix B, Oxford, 1958 Google Scholar). Le fait que les noms attribués étaient ceux d'importants gentes romains, avec qui les bénéficiaires entretenaient des liens d'hospitium, laisse à penser qu'une coutume, originellement identique à sa version grecque, a pu être ici adaptée et étendue au domaine public.
26. Par exemple: la plaque d'ivoire originaire de Sicile représentant une poignée de mains, trace d'un pacte de xenia d'Imylch avec Lyson « et ses descendants », G. Herman, Ritualised Friendship, p. 64; cf. CIL I2 3465 à propos d'une trace similiaire, d'origine romaine. Les inscriptions publiques romaines attestent souvent de traités d'hospitium conclus entre une communauté et un particulier, et de même, entre ses descendants et la dite communauté, ce qui témoigne de la projection d'un usage privé dans le domaine public (voir ILS 6094 ss).
27. Les spécialistes (par exemple: Bolchazi, L. J., Hospitality in Early Rome, Chicago, 1977, p. 63 Google Scholar) admettent que la relation d'hospitium peut être héritée, mais ne reconnaissent pas ce trait comme un équivalent de la parenté.
28. Pfohl, G., Greek Poems on Stone, vol. 1, Leyde, 1969, n° 10 Google Scholar.
29. Bien sûr, de telles inscriptions sont rarement attestées par les sources archéologiques: les hospites ne sont pas légion parmi les commémorateurs cités sur les monuments funéraires (cf. R. P. Saller et Shaw, B. D., « Tombstones and Roman Family Relations in the Principate: Civilians, Soldiers and Slaves », JRS 74, 1984, pp. 124–156 Google Scholar. Toutefois, cette situation est certainement plus le résultat d'une convention sociale que de la réalité: les parrains ne fréquentent pas plus souvent les tombes chrétiennes, même si leur rôle de commémorateurs a été établi en toute certitude par des sources autres que les pierres tombales. Une exception toutefois: une inscription en provenance de Smyrne; cf. Petzl, G. (Sous la direction de), Die Inschriften von Smyrna, vol. 1, n° 563, Bonn, 1982 Google Scholar.
30. J. H. Lynch, « Spiritale Vinculum», op. cit., note 3, p. 182.
31. MacRides, R. J., « The Byzantine Godfather », Byzantine and Modem Greek Studies 11, 1987, pp. 139–162, cf. p. 142CrossRefGoogle Scholar.
32. Jussen, B., « Le parrainage à la fin du Moyen Age: savoir public, attentes théologiques et usages sociaux », Annales ESC, 1992, n° 2, pp. 467–502 Google Scholar, cf. p. 485, et les documents d'époque qu'il cite.
33. Filipovič, M. S., « Forms and Functions of Ritual Kinship among the South Slavs », [ Compte rendu du] VIe Congrès international des sciences anthropologiques et ethnologiques, vol. 2, Paris, 1963, pp. 77–80, cf. p. 77Google Scholar.
34. R. J. Macrides, « The Byzantine Godfather », art. cité, note 31, pp. 144, 147 et 148.
35. J. Pitt-Rivers, « Pseudo-kinship », art. cité, note 2, p. 412.
36. M. S. Filipovič, « Forms and Functions », art. cité, note 33, p. 78.
37. R. J. Macrides, « The Byzantine Godfather », art. cité, note 31, p. 147.
38. S. E. Aschenbrenner, « Folk Modei », art. cité, note 2, p. 68.
39. Foster, G. M., « Cofradia and compadrazgo in Spain and Spanish America », Southwestern Journal of Anthropology 9, 1953, pp. 1–28 (p. 9)CrossRefGoogle Scholar.
40. R. J. Macrides, « The Byzantine Godfather », art. cité, note 31, p. 150.
41. Lynch, J. H., « Hugh I of Cluny's Sponsorship of Henry IV: Its Context and Conséquences », Spéculum 60, 1985, pp. 800–826 (p. 808)CrossRefGoogle Scholar.
42. Ibid. p. 802.
43. Voir par exemple, au sujet des Sarakatsani, Campbell, J. K., Honour, Family and Patronage, Oxford, 1964, p. 220 Google Scholar.
44. M. Bennett, « Spiritual Kinship… », art. cité note 4, p. 8.
45. J. H. Lynch, « Hugh I of Cluny », art. cité, note 41, p. 811.
46. R. J. Macrides, « The Byzantine Godfather », art. cité, note 31, p. 144.
47. M. S. Filipovic, « Forms and Functions », art. cité, note 33, p. 78.
48. Hammel, E. A., Alternative Social Structures and Ritual Relations in the Balkans, Englewood Cliffs, New Jersey, 1968, p. 1 Google Scholar.
49. Fel, E. et Hofer, T., Proper Peasants: Traditional Life in a Hungarian Village, Chicago, 1969, p. 59 Google Scholar.
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52. E. Fel et T. Hofer, Proper Peasants…, op. cit., note 49, p. 166; des obligations similaires ont été attestées par G. Anderson dans l'Italie du Nord [« Il Comparaggio: The Italian Godparenthood Complex », Southwestern Journal of ‘ Anthropology 13, 1957, pp. 32-53 (p. 41)], et par G. M. Foster en Espagne et en Amérique latine, op. cit., note 39.
53. J. K. Campbell, Honour…, op. cit., note 43, p. 222.
54. E. A. Hammel, Alternative Social Structures, op. cit., note 48, pp. 41 et 44; Aschenbrenner, S. E., A Study of Ritual Sponsorship in a Greek Village, thèse de doctorat, Minneapolis, Université du Minnesota, 1971 Google Scholar.
55. Munn-Rankin, J. M., « Diplomacy in Western Asia in the Early Second Millennium BC », Iraq 18, 1956, pp. 68–110 (p. 76)CrossRefGoogle Scholar.
56. J. H. lynch, « Hugh I », art. cité, note 41, pp. 801 et 802.
57. Ci-après, une liste de cas attestant des similitudes évidentes entre l'usage du concept de xenia/hospitium et celui du parrainage, en tant que moyens diplomatiques. Xenia/hospitium: Polycrate, tyran de Samos, conclut un pacte de xenia avec Amasis, roi d'Egypte (Hdt. 3.39); le roi persan Cambyse envoie une ambassade auprès du roi des Éthiopiens, proposant de devenir son xenos (Hdt. 3.21); le roi des Indes envoie des messagers à la cour de Cyrus pour déclarer son souhait de devenir le xenos de ce dernier (Xen., Cyrop. 6.2.1); Thrasybule, tyran de Milet, est xenos de Périandre, tyran de Corinthe (Hdt. 1.20, Diog. Laert. 1.95); Périandre est xenos d'Amasis d'Egypte (Plut. Mor. 152 F); la noblesse de Rome entretient des relations approfondies d'hospitium avec d'autres nobles, à la fois dans le reste de l'Italie et à l'étranger (cf. Wiseman, T. P., New Men in the Roman Senate, Oxford, 1971, p. 36 Google Scholar). Le parrainage (compaternitas, spiritualis paternitas, : Justinien utilise le « sponsorship » de baptême pour créer des alliances avec les Turcs (J. H. Lynch, « Hugh I », p. 809) et devient le parrain de Grepes, roi des Hérules et de Onogur, roi des Huns (Malalas, p. 431, cf. C. Rapp, « A Différent Kind of Parenthood: Baptismal Sponsorship in Late Antiquity », mémoire de maîtrise non publié); des princes carolingiens contractent des liens de parrainage et de coparenté avec des prétendants au royaume danois, des chefs bretons et vikings, des papes et des évêques (J. H. Lynch, « Hugh I », p. 809); le loi Alfred est parrain du roi viking Guthrum « afin d'établir des liens personnels favorables à la paix entre eux » (J. H. Lynch, « Spiritual Kinship », p. 286); des nommes saints tels que Saint Colomban noue des liens de parenté spirituelle avec l'aristocratie franque et Hugues I, Abbé de Cluny, « sponsorise » le fils d'Henry IV (J. H. Lynch, « Hugh I », p. 801 et 802); un livre byzantin du 10e siècle, traitant de l'étiquette de la cour, préconise le dialogue à suivre lors d'une rencontre entre l'empereur byzantin et le chef bulgare Simeon, durant laquelle les deux hommes se présentent comme père et fils spirituels (pneumatikos pappos et pneumatikos Imios) ( Dölger, F., « Der Bulgarenherrscher als geistlicher Sohn des byzant. Kaisers », dans Byzanz und die europ. Staatenwelt, Ettal, 1953, pp. 183–196 Google Scholar); Pierre de Croatie fait la paix avec Simeon, prince de Bulgarie, « en faisant de lui son synteknos » (Const. Porph., De Administr. Imp. 32. pp. 80 et 81). Pour de nombreux autres exemples, voir Angenendt, A., Kaiserherrschaft und Königstaufe, Berlin-New York, 1984 Google Scholar.
58. Sur la « terminologie de l'alliance » gréco-romaine et sa continuité avec l'ancien Proche-Orient, voir Weinfeld, M., « Covenant Terminology in the Ancient Near East and Its Influence on the West », Journal of the American Oriental Society 93, 1973, pp. 190–199 Google Scholar; voir aussi Weinfeld, M., « Initiation of Political Friendship in Ebla and its Later Developments », dans Hauptmann, H. et Waetzoldt, H. (sous la direction de), Wirtschaft und Gesellschaft von Ebla, Heidelberg, 1988, pp. 345 à 348Google Scholar.
59. Bloch, M., La société féodale, Paris, Albin Michel, 1949, p. 225 Google Scholar.
60. J. Boswell, dans Les unions du même sexe, op. cit., note 16, pp. 273 et 274, t'ait un terrible contresens sur desponsatio qu'il traduit par « mariage » ou « fiançailles », et considère l'ensemble du passage comme une « forme originale de mariage [homosexuel] ».
61. Gerald est, de l'avis général, un historien peu fiable, mais dans ce cas présent, il semble avoir raison de mettre en avant les rituels de sang païens; cf. Hdt. 4.70; Tacite, Annales 12.47; Valerius Maximus 9.11, extr. 3; Lucien, Toxaris 37.
62. Sur les rituels étranges associés au compari difiori, comari difiume et compari difogo, voir G. Anderson, op. cit., note 52.
63. Cf. M. S. Filipovič, « Forms and Functions », art. cité, note 33, pp. 78 et 79: « Among Bulgarians, Macedonians and a considérable part of Serbs it is a common custom that the baptism godfather cuts the hair of the godchild in his first, third and fifth year […]. The ritual hair cutting in fact represents one élément from the complex of initiation, an élément which later entered the Christian rites of baptism. » Durham, E. a observé le même rituel chez les Albanais: Some Tribal Origins, Laws and Customs of the Balkans, Londres, 1928, p. 305 Google Scholar.
64. D'ors, A., Epigrafia Juridica de la España Romana, Madrid, 1953, n° 374 Google Scholar.
65. Le Ruodlied, frd. II, cité par J. H. Lynch, « Hugh I », art. cité, note 41, p. 810.
66. M. Bennett, « Spiritual Kinship… », art. cité, note 4, p. 4.
67. R. J. Macrides, « The Byzantine Godfather », art. cité, note 31, p. 160.
68. M. S. Filipovic, « Forms and Functions… », art. cité, note 33, p. 79.
69. E. A. Hammel, Alternative Social Structures…, op. cit., note 48, p. 88. Un grand nombre d'informations nous a été fourni par des spécialistes travaillant sur des communautés spécifiques. Selon J. K. Campbell « [c]onsiderably more than half the spiritual kinship relations of the Sarakatsani are with persons outside the community » (Honour, Family and Patronage, op. cit., note 43, p. 223). Aschenbrenner note que « [b]etween 1914-1945, 50 percent of the godparents were from outside Karpofora but during 1947-70 57 percent » (” Folk Model », op. cit., note 2, p. 70). Sur la minuscule île de Nisos, « [k]oumbaros relationships are the major context for patron-client ties within and outside Nisos as a physically bounded community and as a community of résidents and migrants. Nisiots […] use koumbaros links to create personal ties with individuals in officiai positions, so that they can use thèse individuals and their networks of relationships » (M. E. Kenna, «The Idiom of the Family », art. cité, note 51, p. 352). Selon E. Friedl « […] since the people of the village [Vasilika] apparently prefer to sélect kumbari from non-kin (they must do so with affines), they succeed in augmenting their network of associations with what, from the standpoint of kin connections, is a random collection of elementary families and their bilatéral kindred. Non-kin are more likely to be in other villages, and people of greater prestige in the towns and cities. Hère again kumbari associations tend to lead out of the village, and there is frequently a disparity in the économie and social positions between villagers and their kumbari. On the one hand, some prosperous village farmers serve as godparents for shepherd families, and on the other, the aspiring farming families choose an urban merchant, or a professional man, as koumbaros » ( Friedl, E., Vasilika: A Village in Modem Greece, New York, 1962, p. 72 Google Scholar).
70. Cf. J. K. Campbell, Honour…, op. cit., note 43, p. 222; Stewart, C., Démons and the Devil, Princeton, 1991, p. 198 CrossRefGoogle Scholar; C. Rapp, « A Différent Kind of Parenthood: Baptismal Sponsorship in Late Antiquity », art. cité, note 57.
71. Cf. J. H. Lynch, « Spiritale Vinculum », art. cité, note 3; Godparents and Kinship, op. cit., note 3; Cramer, P., Baptism and Change in the Early Middle Ages, Cambridge, 1993, pp. 9–129 Google Scholar.
72. Par exemple, S. Gudeman, « The Compadrazgo as a Refiection of the Natural and Spiritual Person », Proceedings of the Royal Anthropological Institute, 1971, pp. 45-71; K. Weiburst, « Ritual Coparenthood in Peasant Societies », Ethnologia Scandinavica, 1972, pp. 101-114; E. A. Hammel, Alternative Social Structures, op. cit., note 48, p. 85 ss.
73. Cf. G. Herman, Ritualised Friendship, op. cit., note 10, p. 36, note 86, et « Patterns of Name Diffusion », op. cit., note 39, pp. 357-358.
74. J. H. Lynch, « Spiritual Kinship », op. cit., note 3; voir aussi Jussen, B., Patenschaft und Adoption im frtihen Mittelalter, Göttingen, 1991, pp. 26–38 Google Scholar. Sur ce point, Jussen adopte la position de Lynch.
75. Cité in extenso par J. H. Lynch, Godparents and Kinship…, op. cit., note 3, p. 230.
76. S. M. Mintz et E. R. Wolf, « An analysis of ritual co-parenthood », art. cité, note 5, p. 1.
77. Euripide, Hécube, v. 689 à 714.
78. Karadjitch, Narodene Pesne, vol. VI; cf. Durham, E., Some Tribal Origins, Laws and Customs of the Balkans, Londres, 1928, pp. 215 et 216Google Scholar.
79. Cf. J. H. Lynch, « Spiritale Vinculum… », art. cité, note 3; R. J. Macrides, «The Byzantine Godfather », art. cité, note 31.
80. Voir G. Herman, Ritualised Friendship, op. cit., note 10, pp. 10-13, pour le concept de xenia; Hellegouarc'h, J., Le vocabulaire latin des relations et des partis politiques sous la république, Paris, 1963 Google Scholar, pour celui d'hospitium.
81. Ces deux termes sont créés à partir de formes translittérées du latin cum et des terminaisons de noms abstraits spécifiques aux deux langues. Nous ne nous expliquons pas pourquoi le grec moderne , issu du vénitien, a été adopté quand le terme byzantin était si proche.
82. E. A. Hammel, Alternative Social Structures…, op. cit., note 48, p. 4.
83. Comme le souligne notre introduction, les spécialistes contemporains sont nettement impressionnés par le pouvoir que génèrent ces institutions. Ainsi, en Italie, le parrainage auraitil pénétré toutes les couches de la société, de même que chaque région du pays, les chefs de la Mafia assumant le rôle de parrain à l'égard des enfants de leurs partisans. ( Blok, A., The Mafia ofa Sicilian Village, Oxford, 1974 Google Scholar; P. Arlacchi, Mafia Business, 1994). On soupçonne le parrainage d'avoir été mêlé aux activités subversives de la Grèce du 18e siècle et, de même, dans la Grèce d'aujourd'hui, un politicien est-il supposé augmenter ses chances d'être élu au parlement s'il baptise un grand nombre d'enfants (P. Sant Cassia et C. Bada, op. cit., note 50). Au Mexique, l'impact du concept de compadrazgo est tel que, comme l'affirment deux sociologues, « il est nécessaire de les compter parmi les éléments ayant une influence sur le cours de la justice du pays » (S. W. Mintz et E. R. Wolf, op. cit., note 5, p. 2).
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