Published online by Cambridge University Press: 26 July 2017
Considérable, appelant la réflexion, invitant à ouvrir de plus larges perspectives, la robuste étude d'André Plaisse est digne de l'attention des Annales. Par son esprit, elle est fille de Marc Bloch. Par l'illustration fournie des possibilités concrètes d'une décentralisation de la recherche, plus souvent prônée que réellement promue.
Le Neubourg d'André Plaisse repose sur deux options fondamentales. Il est construit sur une source originale dont il a épuisé les possibilités : le magnifique Chartrier des Beuvron et des Harcourt. Conservé au château du Champ-de-Bataille, versé aux archives de l'Eure en 1877, rapidement décrit par Marcel Baudot, il était resté sans être inventorié jusqu'à ces dernières années.
1. Plaisse, André, LaBaronnie du Neubourg. Essai d'histoire agraire, économique et sociale, Paris, 1961, gr. in-8°, Presses Universitaires de France, LIX, 759 pages.Google Scholar
2. L'auteur a revendiqué pour son œuvre cette filiation indirecte. Il est en droit de le faire. Son travail n'en est pas indigne. Il plaide en faveur du rayonnement d'un enseignement et d'une œuvre bien au delà de la mort. André Plaisse a commencé ses recherches en 1952, douze ans après l'interruption de l'enseignement de Marc Bloch, huit ans après l'assassinat lâchement perpétré. C'est à travers l'enseignement de ses maîtres, de Michel de Botiard d'abord, à qui revient une bonne partie du mérite de ce beau travail, bien conduit à son terme, qu'André Plaisse a suivi Marc Bloch. Il a voulu acquitter, dès la première page de son livre, un tribut de reconnaissance à l'expression de laquelle on n'est pas insensible. « L'histoire, science du changement » aimait à dire Marc Bloch. « L'histoire, science des changements » rectifiait Lucien Febvre. Cette étude des changements…, c'est en disciple de Marc Bloch que nous l'avons entreprise… », op. cité, p. 10. On mesure, par là, le rayonnement d'une École.
3. La Baronnie du Neubourg. Essai d'histoire agraire, économique et sociale, est une thèse principale de doctorat ès-lettres soutenue publiquement à Caen, le 4 mars 1961. Elle est doublée d'une thèse complémentaire de géographie agraire régressive consacrée au même coin de terre normande, minutieusement fouillé, levé et cartographie par l'auteur, Contribution à l'étude de. l'évolution de la structure agraire dans la Campagne du Neubourg, Ëvreux, 1958, in-4°, 148 f. dactyl., 31 figures, 22 cartes (au 20 000e, levées par l'auteur) et 22 diapositives en couleurs. Trois paroisses, Épigard, Vitot, Vitotel, trois mille parcelles dont le dessin est suivi du bas Moyen Age jusqu'au remembrement de 1955. La leçon de ces cartes est extraordinaire. Mieux qu'un long discours, elle situe la vraie solution de continuité, très proche de nous. Immobilité du paysage agraire jusqu'à la charnière des xviiie et xixe siècle. Cheminements depuis 1880-1890 ; révolution sans précédent des dernières années, telle qu'en révélerait le chalcolithique s'il était en notre pouvoir d'y porter nos mesures. Il importe que cet extraordinaire effort cartographique voie rapidement le jour. André Plaisse est intendant à l'École Normale d'instituteurs d'Ëvreux. C'est dire assez son mérite.
1. État sommaire des documents conservés aux archives de l'Bure.
2. Le travail d'inventaire par M. Michel Le Pesant et l'utilisation par M. André Plaisse ont été menés de front.
3. On retrouve là, une fois de plus, ce grand désert du xviie siècle fiançais que les minutes notariales et les archives fiscales (Pierre Goubert, surtout, et René Baehrel ont montré ce qu'on en pouvait attendre) comblent, heureusement, en partie.
4. Pour le xviiie siècle, la source judiciaire des Plaids de Verderie fait place à une source économique, les comptes de la forêt.
5. Les collections du Centre de Recherches Historiques de la VIe section de l'École Pratique des Hautes Études ont fait paraître, dans la série « Les Hommes et la Terre », où ont été publiés les livres de Pierre Massé, L. Merle, Th. Sclafert et Isabelle Guérin, l'étude en 2 vol. (324 et 474 p . , Paris, 1961) de Michel Devèze, La vie de la forêt française au XVIe siècle, qu'avait précédé un article des Annales, « Superficie et propriété des forêts du Nord et de l'Est de la France vers la fin du règne de François I e r (1540- 1547) », AnnalesE.S.C, n°3, mai-juin 1960, pp. 485-492, carte de J . Bertin. Sans compter la masse moins originale des terriers et inventaires du xviiie siècle, mis à profit, toutefois, pour cette géographie régressive dont la Contribution à l'étude de l'évolution de la structure agraire dans la Campagne du Neubourg ('op. cité,) constitue un bon modèle.
6. Il n'est plus besoin de dire ce que l'histoire peut attendre d'une comptabilité, a fortiori semi-publique ou privée. Nous avons dit, déjà, comment les premières années de l'histoire coloniale des Philippines pouvaient être reprises à la lueur des bribes de comptes conservés mais négligés par l'historiographie, pour la toute première administration de 1565 à 1585.
7. Si on veut bien admettre qu'une Seigneurie est, sous un certain angle, aussi un peu une entreprise. C'est, évidemment, cet aspect que l'on saisit d'abord dans les comptes. Il est plus accusé au xviiie siècle qu'au xive siècle, de part et d'autre de la grande cassure (de la fin du xve et du début du xvie siècle) bien vue par Marc Bloch et qui sépare l'ancienne Seigneurie de la Seigneurie reconstituée des temps modernes.
1. Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730. Contribution à l'histoire sociale de la France au XVIIe siècle, Paris, 1960, gr. in-8°, 1 vol. LXXII, 653 p., planches hors texte, 1 Atlas de 119 pages où éclate une fois de plus, le talent de Jacques Bertin et de ses collaborateurs. — Centre de Recherches historiques (VIe Section de l'E.P.H.E.), Collection «Démographie et Sociétés », n° 3.
2. Une croissance : la basse Provence rurale (fin XVIe siècle, 1789), collection « Démographie et Sociétés » du Centre de Recherches Historiques de la VIe Section de l'E.P.H.E., Paris, 1961, 1 vol. 850 p., 1 atlas de 40 p.
3. Chaunu, Pierre, « En marge du Beauvaisis exemplaire. Problèmes de fait et de méthode ». Annales de Normandie , t. X, n° 4, décembre 1960, pp. 337–365 CrossRefGoogle Scholar…, p . 343. « Un siècle et demi constitue bien le minimum de temps que toute histoire en profondeur de la Modernité se doit d'embrasser. On ira de la fin du XVe au milieu du xviie siècle, on partira de la fin du xvie pour aller jusqu'au milieu du xviiie siècle ; l'unité est donnée, ici, par la phase, une phase qu'on ne saisit bien qu'à condition de largement l'envelopper, donc de la déborder aux deux bouts. »
4. Dans le cadre, bien sûr, de l'histoire régionale. On peut concevoir une toute autre démarche où l'axe de recherche est l'espace, à condition de dépasser largement le cadre national. Le modèle de cette option est, évidemment, fourni par La Méditerranée de Fernand Braudel.
5. Partant quadritendancielle.
6. C'est évident dans le cas du Neubourg d'André Plaisse. La problématique de la conjoncture est absente d'une œuvre dont toutes les explications sont structurelles.
7. Pierre Goubert, op. cité, p. 23 et Atlas, pp. 36-37.
8. Nous développons plus longuement ce point important de méthode dans l'introduction des « Mélanges d'histoire sociale normande » de Caillahd, Duval, Guillot et Gricourt, à paraître dans les Cahiers des Annales de Normandie.
1. Civitates gauloises diverses, bailliages, élections, les arrondissements de la géographie administrative consulaire recouvrent, peu ou prou, la géographie immuable et plastique du Vieux-Pays.
2. Parce qu'on est capable de couvrir, quand besoin est, douze à quinze lieues, pieds nus, sur l'herbe le long du chemin, ou la terre molle des réages.
3. Au xviiie siècle, les transactions sur les céréales portent sur 600 quintaux par semaine, au Neubourg (André Plaisse, op. cit., p. 447), 1 300 quintaux à Beauvais. (Pierre Goubert, op. cit., p. 336.) Mais le Neubourg surclasse, très largement, Beauvais pour les bestiaux : 4 000 porcs, 90 000 moutons, 40 000 boeufs (en route vers Paris) passent au Neubourg au début du xviiie siècle où ils subissent les droits de coutume, terrage et messerie (grâce auxquels on les compte). A. Plaisse, op. cit., p. 481 et 442.) Or le Neubourg compte 1 900 habitants, quand Beauvais en a 12 000. Il s'agit, il est vrai, d'un autre type de marché, un marché de transit.
4. Les anciennes paroisses sont, en moyenne, un peu plus petites. Robert Mandrou rappelle avec raison (Introduction à la France Moderne (1500-1640.) Essai de psychologie historique, Paris, 1961, in-8°, Vévolution de l'Humanité, XXV, 400 pages, cartes, p. 124) « le tissu serré des communes actuelles représente en réalité, au moins pour certaines régions, un regroupement qui n'a pas toujours respecté les limites du terroir paroissial tel qu'il avait été établi au Moyen Age ; Vauban à la fin du xvir8 dénombrait approximativement, sur un territoire plus petit, 36 000 paroisses, soit un cinquième de plus que de nos jours ».
5. Les 102 communes de ce Vieux-Pays (mille kilomètres carrés d'une haute plaine calcaire très faiblement ondulée, à peu près entièrement recouverte d'un limon fertile, sauf à l'Ouest où l'érosion combinée de la Risle et du Bec découvre par larges plaques, l'argile à silex du Bosc forestier) ne sont pas loin de valoir les 153 paroisses du Beauvaisis strict. A l'échelle de l'homme à pied, un Vieux-Pays en vaut un autre. La plaine du Neubourg est à peine plus petite que le Beauvaisis.
6. La Baronnie (Marquisat depuis 1619) est, sur le flanc Ouest, un peu plus forestière que l'ensemble du Neubourg. La nuance est trop mince pour que cette partie d'un quart ne représente pas très largement son tout.
1. Pont-Audemer a pu, en 1635, par artifice fiscal, se faire considérer port de mer (Ed. Bsmonin. La taille en Normandie, p. 89). Voysin dans son fameux Mémoire sur la Généralité de Rouen rapporte l'épisode du « … vaisseau que l'on fit venir par la rivière la Risle à force de cordages et de chevaux ». Mais en 1640, la supercherie est découverte et le privilège aboli. Même jusqu'à Pont-Audemer, la Risle ne porte que des chalands.
2. Michel Mollat, Le commerce maritime normand à la fin du Moyen Age, Paris, Pion, 1952, in-8°, XXXV, 617 p., cartes, p. 603.
3. André Plaisse, op. cit., p. 431-442.
4. Ibid., p. 447. 600 quintaux par semaine.
5. Ibid., p. 454-455.
6. André Plaisse, op. cit., p. 459 « … l'importance de ce centre en tant que relais entre l'Ouest de la Normandie et la région parisienne se trouva amoindrie semble-t-il, à partir de cette époque. Aux vieux chemins défoncés et rendus impraticables par le passage annuel de 100 000 à 150 000 bestiaux, de nombreux marchands préfèrent la nouvelle route »
1. Michel Mollat, op. cit., p. 603.
2. François Dobnic, L'industrie textile dans le Maine et ses débouchés internationaux (1650-1815), Préface de Marcel Reinhard, Le Mans, 1955, in-8°, XXVI, 318 p.
3. Ed. Esmonin, La taille en Normandie, op. cit., p. 27.
1. A cet égard, il importe de bien préciser. La France réformée du xvie siècle est à 90 % dans cette moitié Sud-Ouest de la France à la gauche d'une ligne Abbeville- Marseille (Bretagne exceptée) qui est aussi la partie riche. Fernand Braudel et Frank C. Spooner ont vigoureusement souligné ce contraste d'une France riche atlantique et d'une France pauvre continentale. Ceci bien vu, le contresens est tentant d'une équation Réforme /Richesse ou Réforme/activités commerçantes et industrielles, dans la ligne abusive de la pensée de Max Weber. L'évolution naturelle, le lent mûrissement des tendances et des pensées auraient placé à Paris et à Meaux l'épicentre logique de la Réforme française et, sans doute, européenne. La géographie de la Réforme française ne procède pas d'un mûrissement continu, mais de l'accident politique qui en a fait une religion de choix individuel suivant l'expression d'Emile G. Léonard (au stade de l'individu ou du microgroupe), d'une contrainte extérieure d'autant plus forte que le pouvoir royal est plus proche. L'équation Richesse /Réforme française n'est pas commandée par la Réforme mais par la nécessité du choix individuel ; l'exclusion partielle de Paris et de la région parisienne est due à la pression sélective du pouvoir royal, d'abord, de la Ligue, ensuite. Paris du début du xviie siècle comptera un moment près de 10 % de réformés. Mais c'est une Église reconstituée, après la solution de continuité de la Saint-Barthélémy et de la Ligue.
2. D'après F. Geisendoef, cf. la carte de Robert Mandrou, Introduction à la France moderne, op. cit., p. 108-109.
3. Cf. Robert Mandrou, ibid., p. 177, d'après Samuel Moues.
4. Cf. La carte des places de sûreté protestantes d'après L. Anqukz, Histoire des Assemblées politiques des Protestants de France, reproduite dans Emile Léonard, G.. Le Protestant français, Paris, P.U.F., 1953, in-8°, 315 p.Google Scholar, hors texte p. 16-17.
5. Son effort, du moins, s'apparente, dans ce domaine, à celui combien méritoire de René Baehrel, Une croissance : la Basse Provence, op. cit., dont on a apprécié l'apport. Grâce à Plaisse et grâce à Baehrel, l'histoire des rendements, si délicate à établir solidement, est en train de réaliser un progrès substantiel.
1. A. Plaisse, op. cit., p. 169-170.
2. lbid. p. 569-570, André Plaisse écrit, p. 570 « En fait, comme le montre le tableau n° 79 (ibid. p. 569), les rendements étaient fort variables (pour les années 1778-1779). On peut dire que d'une année à l'autre, d'un réage à l'autre, ils oscillent pour le froment et le seigle, entre 3/1 et 6/1, la moyenne s'établissant à 4 / l . On se souvient que l'étude des comptes du xive siècle nous a permis de conclure que les rendements à cette époque ne dépassaient pas en moyenne 2,5/1.
3. On pense évidemment, à l'autre extrémité de Vopenfield français, aux exemples alsaciens d'Etienne Juillard. « L'assolement biennal dans l'agriculture septentrionale. Le cas particulier de la Basse-Alsace », Annales de Géographie, 1952, pp. 34-45, et surtout La vie rurale dans la plaine de Basse-Alsace. Essai de géographie sociale, Strasbourg, 1953.
4. A. Plaisse, op. cit., p. 570 et p. 632 sq. On pense à la Touraine de Roger Dion, plus précoce encore. Pour tous ces problèmes, quelques éléments utiles dans Augé-Labibé, Michel, La Révolution agricole, Paris, 1955, xix–435 p.Google Scholar
1. Cette comparaison n'est pas seulement un jeu d'École, elle est imposée par le recours nécessaire au témoignage classique, inévitable et dangereux, d'Arthur Young.
2. A. Plaisse, op. cit., p. 576-577 : « Quoi qu'elle ne soit pas inviolée, la jachère continuait d'être regardée comme une phase nécessaire dans la succession des travaux culturaux ». Elle était utile à plus d'un titre d'ailleurs. Ne serait-ce que parce que les bras manquaient dans cette région « depuis que beaucoup de journaliers avaient quitté le fléau ou la charrue pour le rouet ou la navette ». Le phénomène est signalé par l'intendant d'Alençon dès 1722 (ibid. note 94, p . 577). 1722, la date doit être retenue. Dans sa magnifique étude — on ne dira jamais assez combien elle est neuve et révolutionnaire —, René Baehrel a noté, en Basse- Provence, que le creux de la vague démographique, point bas de la population et vieillissement maximal, dans le Sud de la France passe entre le premier et le deuxième quart du xviiie siècle. Bien que l'interprétation de Pierre Goubert soit autre, les séries pour le Beauvaisis proche du Neubourg (op. cit., Atlas, p. 50-51) ne contredisent pas ce point de vue. Dans toute la partie Nord-Ouest de Vopenfield français, la chute de la natalité est catastrophique, précoce, durable et profonde. Un livre à paraître le montrera clairement (M. Caillard, M. Duval, Ph. Guiixot et M.-C. Gricourt, Mélanges d'histoire sociale normandes, dans les Cahiers des Annales de Normandie).
3. Gautier, Etienne et Henry, Louis, La population de Crulai, paroisse normande. Étude historique, Travaux et Documents de l'I.N.E.D., n° 33, Paris, P.U.F., 1958, in-8°, 269 p.Google Scholar
4. De la fin du xviiie à la décennie des années 50 et 60 du xxe siècle, on note, dans ce coin de l'Eure, un quintuplement minimal des rendements à l'hectare, compte non tenu de la réduction de la main-d'oeuvre dans une proportion variable du tiers au quart du niveau initial, soit vingtuplement, en gros, du rendement par tête.
1. Si on admet l'hypothèse que nous avons, plusieurs fois, essayé de justifier, pour la Nouvelle-Espagne et Saint-Domingue, d'un cycle endogène pluriséculaire des populations indiennes, dans le cadre structurel technique d'une culture itinérante sur brûlis du maïs d'un cycle arrivé au point haut du renversement naturel au moment de la conquête. Le point de départ nous en a été fourni par les travaux concordants des historiens de l'École de Berkeley, au premier chef, l'étude de S. F. Cook sur le Teotlalpan. Cet aspect de l'oeuvre de l'École de Berkeley a suscité des réserves non justifiées. Réserves dictées, non par des motifs scientifiques, mais simplement par une certaine difficulté à admettre un rythme pluriséculaire des populations, par ceux-là même, au vrai, qui ont tendance à exagérer le rythme démographique, à l'intérieur du cycle, en gros, décennal. La partielle démonstration fournie par René Baehrel (Une croissance : ta Basse-Provence, op. cit.) d'un rythme pluriséculaire de la population du Midi de la France lève l'hypothèque de la difficulté théorique à concevoir un rythme pluriséculaire des populations indiennes. L'École de Berkeley et René Baehrel s'étayent, ainsi, paradoxalement, chacun poursuivant, avec des moyens différents, un bel et fructueux effort d'explication globale.
1. Pierre Goubert, op. cit., pp. 377-379 et Atlas, pp. 74-75.
2. Ibid. p. 379 : « Ainsi, le mouvement saisonnier n'offre pas une bien grande originalité. Ou bien, il n'est qu'un épisode du mouvement cyclique, ou bien il traduit une vision, puis une estimation de la moisson à venir ».
3. Ibid., Atlas, p. 75.
4. Pierre Goubert, op. cit., p. 75.
1. De bons textes dans Robert Mandrou, Introduction à la France Moderne, p. 163. Robert Mandrou écrit à propos des pauvres des grandes villes : « Cette foule se grossit en période de famine, de tous les errants, et même des paysans, qui se ruent sur les villes, où ils espèrent trouver bon accueil… » et d'invoquer en note l'excellent texte d'Haton, de 1573 : « ils remplirent la ville de Provins de poux si perfidement que les habitants n'eussent osé s'asseoir sur les sièges des étaux et aultres qui étaient dans les rues… La grange du prieuré de S. Agnoul dans laquelle se retirait de nuict grand nombre desd pauvres à cause du foin qui y était, était si remplie de poux et de pulces que ung personnage qui y eust arresté autant que dure à dire Y Ave Maria en eust été tout couvert par les jambes et en ses habillemens… »
2. Sans parler de bons chapitres d'histoire plus politique. Au premier plan, l'excellente contribution procurée aux limites de l'occupation anglaise dans la seconde phase de la guerre de Cent Ans, une occupation qui n'a jamais su contrôler plus que des villes, des châteaux, des routes et des chemins, laissant en dehors de ses prises théoriques, la forêt et la meilleure part du plat pays.
3. A. Plaisse, op. cit., p. 152, et non pas d'une araire à roues comme il peut en exister, exceptionnellement, ailleurs.
4. A, Plaisse, op. cit., p. 461. Les premiers cidres étaient des boissons médiocres et amères, faites avec des pommes sauvages, récoltées avant maturité, à cause du pannage.
5. Pierre Goubert, op. cit., p. 223 sq. et p. 365 sq.
1. A. Plaisse, op. cit., p. 202-204.
2. Pierre Goubert, op. cit., p. 98, « … à l'époque Louis XIII, semble-t-il, l'orge avait été réduite à un rôle très subalterne : les Beauvaisins, qui n'en consommaient presque jamais dans le pain, avaient cessé de la transformer en bière.
3. Pierre Goubert, op. cit., p. 98 « … La plupart s'étaient mis au vin (… après la défaite des boissons dérivées de l'orge germé) ou à la « piquette », puis de plus en plus au cidre. Pamelle et escourgeon restèrent cantonnés dans la véritable Picardie, celle d'Amiens, beaucoup plus fidèle à la boisson d'orge, surtout dans les classes populaires.
4. Du travail de Plaisse deux nuances se dégagent. Le pommier à cidre est, sans doute, moins biscayno cantabrique qu'on ne l'a supposé. Au Neubourg il a peut-être bénéficié des greffes, mais dérive essentiellement de la lente amélioration des pommiers sauvages du Bosc. Sa victoire est plus récente qu'on ne le croyait avant-hier, plus ancienne, toutefois, qu'on ne l'imaginait hier.
5. Une seconde nuance sur cette frontière : le poirier et le poiré. On le voit, à peine au Neubourg. Il se dresse hardiment, dans la campagne beauvaisine de Pierre Goubert (op. cit., p. 98) : « Le pommier à cidre normand, maître du pays de Bray depuis longtemps (… le Bray s'aligne sur le Neubourg…), paraît dans les plaines du Nord vers 1680, mais reste longtemps cantonné dans les jardins. Il faut attendre le plein xviiie siècle pour voir les pommiers s'aligner le long des routes, et s'installer même dans les labours, remplaçant souvent d'anciens et énormes poiriers à cidre… »
1. Les nombreuses données chiffrées contenues dans ce livre, dans l'ordre des prix, notamment — la moisson en est belle pour la fin du xive et le début du xv« siècle — mériteraient d'être regroupées et graphiquées. Il importe, de toute manière, d'en signaler l'existence.
2. A. Plaisse, op. cit., p. 219 : « … à partir de 1448, les receveurs prennent l'habitude d'inscrire en tête des comptes les cours des denrées. Point n'est besoin, dès lors, de parcourir tous les feuillets pour connaître les prix des grains, des bestiaux, des gelines, des gants et des éperons : dès le premier feuillet, on trouve les taux de conversion de toutes les rentes en nature… » Cette virtuelle pré-mercuriale neubourgeoise mériterait un effort rationnel d'utilisation scientifique.
3. Micheline Baulant et Jean Meuvret, Prix des céréales extraits de la Mercuriale de Paris (1520-1698), tome I, 1520-1620, Paris, S.E.V.P.E.N., 1960, 251 pages, cartes et graphiques, p. 2 et 3.
4. Les témoignages recueillis vont dans le sens des résultats d'Yvonne Bézard, Robert Boutruche, Guy Fourquin, Isabelle Guérin, L. Merle. Ils vont dans le sens d'une universelle phase B qui n'emprunte rien de décisif à la guerre de Cent Ans, comme l'attestent, tout récemment encore, les nouvelles concordances anversoises d'E. Schollieks. De Levensstandaard in de XVe en XVIe eeuw te Antwerpen, Anvers, in-8°, 1960.
5. Pour le point de départ de la récession, le chartrier Beuvron/Harcourt qui commence en 1893 n'apporte rien évidemment de décisif. A l'insu de l'auteur, toutefois (A. Plaisse, op. cit., p. 221 sq.), le dossier peut être plaidé. Une comparaison attentive entre l'économie du Neubourg autour de 1400, d'après les comptes du chartrier, et la région du bailliage de Rouen en 1260, d'après J. R. Strayer, montre le retard général de l'économie monétaire de la plaine du Neubourg au début du xve siècle par rapport à la région rouennaise au milieu du xiiie siècle. Bien sûr, Rouen n'est pas le Neubourg, l'administration royale, l'administration seigneuriale, comme Plaisse le rappelle, mais au-delà la conjoncture de 1400 n'est pas celle de 1280. Une explication conjoncturelle se superpose, donc, à l'explication structurelle.
1. A. Plaisse, op. cit., pp. 389-391.
2. Ibid., p. 396.
3. Ibid., p. 545.
4. Cf. ci-dessus, p. 1156.
1. A. Plaisse, op. cit., p. 622 : « C'est un fait que le duc de Beuvron, ce grand seigneur qui jouissait humainement de privilèges honnis et savait s'intéresser au sort de ses « bourgeois », fut protégé par ceux qui l'avaient dépouillé de ses pouvoirs politiques et qui, peut-être, aussi, craignaient un peu pour eux-mêmes. Si le Neubourg, en dépit de l'effervescence populaire, connut alors des heures relativement calmes, il le dut donc, semble-t-il, autant à l'attachante personnalité de son seigneur qu'à la sagesse politique de ses nouveaux édiles ».