Hostname: page-component-cd9895bd7-gvvz8 Total loading time: 0 Render date: 2024-12-23T10:29:41.987Z Has data issue: false hasContentIssue false

L'Afrique arabe au VIIIe siècle (86-184 H./705-800)

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Extract

On sait que l'école orientaliste française s'est, jusqu'à une époque récente, consacrée essentiellement au domaine maghrébin. On connaît les travaux de G. Marçais, de Robert Brunschvig, de Roger Le Tourneau, travaux qui ont été prolongés par les recherches de toute une nouvelle génération d'arabisants, français ou tunisiens de formation française. Le résultat en est que l'âge islamique araboberbère de l'histoire ifrîqiyenne est aujourd'hui presque entièrement « couvert » par la recherche. Mais si la conquête arabe elle-même a été étudiée par les Égyptiens, cette période de mutation et d'organisation qu'est Vaprès-conquête est restée dans l'ombre. Nous avons voulu, ici, combler cette lacune en renvoyant pour plus de détails à des analyses publiées ailleurs.

Ce qui frappe dans la conquête arabe du Maghreb est qu'elle a été longue, pénible, difficile. Ici, à la différence de l' Orient, l'effondrement de la domination byzantine, obtenu dès le premier choc, n'entraîna pas la sujétion immédiate du pays. Les forces autochtones, plus ou moins bien organisées, résistèrent en effet longuement et avec acharnement. Mais les Berbères adoptèrent presque tous la nouvelle foi et c'est à l'intérieur de ce cadre idéologique qu'il leur arriva de combattre la domination arabe. L'on peut dire ainsi que la tragédie de la conquête et l'installation de l' Islam par la violence avaient fait naître le monde berbère au sens de sa destinée historique.

Le véritable artisan de la conquête de l' Ifrîqiya fut Hassan ibn No'mân (76-84 H.), mais il fallut encore deux ans environ à son successeur Mûsâ ibn Nusayr pour parachever son œuvre. A la date de 86 H., l' Ifrîqiya sort de l'ère confuse et héroïque de la conquête et entre dans une phase d'organisation, dans ce qu'on a convenu d'appeler le « siècle des wulât ». Or précisément, cette mutation de fait coïncida avec un changement de statut juridique. Jusqu'ici l' Ifrîqiya — qu'elle ait été un simple territoire livré au Djihâd et à la guerre sainte ou, à partir de 55 H., dotée du statut de province avec son walî et sa ville-camp — était de toutes les façons une dépendance de la wilâya d' Egypte.

Type
Le Monde Sauf L'Europe
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973

Access options

Get access to the full version of this content by using one of the access options below. (Log in options will check for institutional or personal access. Content may require purchase if you do not have access.)

References

1. Voir notre étude dans Studia Islamica, XXVII, pp. 77-121 et notamment pp. 78-81.

2. Ibn ‘Abd-al-Hakam, Futûh, p. 274; Kindî, Wulât Misr, p. 74; Ibn ‘Asakir, Târikh IV, pp. 146-147.

3. Kindî, Wulât, pp. 81-82.

4. Bayân, I, pp. 21, 22, 47, 51.

5. Yazîd b. Abî Muslim avait dirigé, du temps de Hajjâj, le département de la correspondance : Jahshiyârî, Wuzarâ', p. 42; ‘Amr b. Hafs avait administré en Orient des gouvernements importants : Balâdhurî, Futûh, p. 234. Enfin Harthama était un des grands dignitaires de la cour de Bagdad et un grand capitaine : Wuzarâ', p. 207.

6. Hakam, p. 271; Bayân, p. 38; Ibn al-Raqîq, p. 64; Ma'âlim al-Imân, I, p. 61.

7. Ibn al-Athîr, Kâmil, V, p. 33.

8. Futûh, p. 288; Raqîq, Târîkh, fol. 23 et p. 119 de l'édition de Tunis. Bayân, p. 58; Riyâdh, p. 122.

9. Raqîq, p. 119.

10. Exemple de Sulaymân b. Ziyâd, ‘âmil de Tabarka : Bayân, p. 68.

11. Incursions périodiques traduisant des visées permanentes. Notons celles de Bishr b. Safwân entre 103 et 107 H. et de Habîb b. Abî ‘Ubayda en 123 H. : Bayân, pp. 49 et 53.

12. Ibid., pp. 75 et 87-88.

13. Futûh, p. 300; Bayân, p. 60; Nuwayrî, in de Slane, Berbères, I, p. 364. Pour les séditions écloses à Tunis, Bayân, pp. 74, 86, 89; Raqîq, pp. 186-188, 205; Ibn al-Abbâr, Huila, I, pp. 76-77.

14. Futûh, p. 271. Voir aussi notre article dans Studia Islamica, XXVIII, pp. 79-107.

15. Par exemple sous le gouvernement d'Ibn al-tlabhâb, Kâmil, IV, p. 223; Bayân, I, pp. 51-52.

16. Nous avons la mention de Khâlid b. Rabî'a : Balâdhurî, Futûh, p. 233; H. H. Abdelwahab, Waraqât, I, pp. 151-156.

17. Lavoix, Catalogue, pp. xv-xxxviii; Lane-Pool, Catalogue of Oriental coins, IX, pp. 17-23; Walker, Catalogue of the Arab-Byzantine and post-reform umaiyad coins, Londres, 1956, n08 143, 144, 145, 159, 164, etc.

18. Pour Walker, c'est en 102 H. qu'apparut, pour la. première fois, un dinar ifriqiyen frappé en arabe : Catalogue, p. 99 .

19. Bayân, pp. 52, 68, 89; Ibn Khaldûn, Berbères, I, p. 237, etc.

20. La mention du terme Kûra se trouve dans Bayân, p. 132.

21. Shacht, Introduction to Islamic Law, pp. 23-27 et 49-56; Hopkins, Médiéval Muslim government in Barbary, Londres, 1950, pp. 112-127.

22. Mâlikî, Riyâdh, pp. 72 et 111; Abû-l-'Arab, Tabaqât, pp. 34-35.

23. Mâlikî, pp. 107-110.

24. Ch. Diehl, Afrique Byzantine. Mais la décadence n'aurait touché que la Byzacene où commençait à apparaître une population indigène pastorale. Ch. Diehl, dans un tableau nuancé, emploie le terme de « crise ».

25. Le même Ch. Diehl nous dit que c'est « à la fin du VIIe siècle que l'olivette de la Byzacene commença à disparaître ». Pour Georges Marçais, La Berbérie musulmane et l'Orient an Moyen Age, p. 76, « la décadence datait de loin, de la seconde moitié du 111e siècle ». L'âge d'or serait l'époque des Antonins et des Sévères, p. 77.

26. « Ainsi cette verte région qui, de Tripoli à Tanger, avait offert l'aspect d'un immense bocage, à l'ombre duquel s'élevait une foule de villages touchant les uns aux autres, ne montra plus que des ruines. » Berbères I, p. 212. Mais il est bien évident que les dévastations de la Kahéna n'ont pas dû dépasser la Byzacene et la Numidie du Sud et que, limitées dans le temps, elles n'auraient pu être la cause d'un effondrement d'une telle ampleur, qui est exagéré et renvoie à une vision mythique du passé.

27. H. H. Abdelwahab, « Les steppes tunisiennes pendant le Moyen Age », Cahiers de Tunisie, II, 1954, pp. 5-16.

28. Futûh, p. 185.

29. Mudawwana, 11,pp. 175et 200.

30. Kitâb al-Amwâl wa-l-Makâsib, Annales de la Faculté des Lettres de Tunis (en arabe), IV, 1967, pp. 84-100.

31. Nous renvoyons à notre étude parue dans Studia Islamica, XXVII, pp. 79-107.

32. La Berbérie musulmane et l'Orient au Moyen Age, p. 79.

33. G. Marçais et Lévi-Provençal, « Note sur un poids de verre du vme siècle », Annales de l'Institut d'Études Orientales d'Alger, 1937.

34. Raqîq, Târikh, p. 66.

35. G. Wiet, L'exposition persane de 1931, p. 5.

36. Bakrî, Description de l'Afrique septentrionale.

37. Bayân Mughrîb, I, p. 78.

38. Riyâdh an-Nufûs.

39. C'est ce qu'on peut inférer de l'appartenance tribale des personnages cités dans les chroniques; par exemple Raqîq, pp. 99 à 139. L'analyse d'un ouvrage bio-hagiographique tel que les Ma'âlim donne pour la classe des Compagnons, soit pour 41 personnages cités : 18 qurayshites, 4 Ansarites, 17 membres d'autres tribus, dont Muzayna et Djuhayna, et 2 mawlâs. Pour la 2e classe, ou celle des Successeurs, soit 26 noms : 3 Ansarites, 2 Ma'âfirites (Yéménites) et une distribution à peu près égale entre les autres tribus. Pour la 3 e classe, celle des post-successeurs, la prépondérance des éléments sud-arabiques est nettement marquée (Ma'âfir, Lakhm, Hamdân, Tudjayb, etc.).

40. Djamharat Ansâb al-'Arab, pp. 177-178.

41. ‘Abderrahmân b. Habib.

42. Bayân, p. 54.

43. Sur la diffusion des idéaux arabes, voir H. H. Abdelwahâb, Waraqât, I, pp. 131- 163.

44. Georges Marçais, « La Berbérie au ixe siècle d'après El-Ya'qûbî », Revue Africaine, 1941, p. 48.

45. Histoire des Berbères, traduction de Slane, I, p. 261.

46. Ibid., p. 226; Djamhara, p. 495. Les principales tribus Botr seraient : les Nefûsa, les Nafzâwa, les Luwâta. Les Brânis seraient les Hawwâra, les Kutâma, Sinhâdja, Masmûda et Awraba.

47. Berbères, I, p. 229. Le massacre eut lieu à Sicca-Veneria.

48. Bayân, I, p. 48.

49. William Marçais, « Comment l'Afrique du Nord a été arabisée », Annales de l'Institut d'Études Orientales d'Alger, 1938.

50. H. H. Abdelwahab, « Villes arabes disparues », Mélanges William Marçais, pp. 1-13.

51. Id., «Du nom arabe de la Byzacène», Revue Tunisienne, 1939, p. 201.

52. La notion et l'expression de Sâhil apparaît dans Raqîq, Târîkh, p. 125 et dans les documents khâridjites : Lewicki, « Un document ibâdite inédit sur l'émigration des Nafûsa du Djabal dans le Sâhil tunisien au viiie - 1er siècle », Folia Orientalia, I, 2, 1959, pp. 175-191.

53. Bayân, I, p. 72.

54. Abû-l-'Arab, Tabaqât, p. 49.

55. Indications éparses dans les ouvrages de Tabaqât et dans Bakrî, Description…

56. Abû-l-'Arab, p. 49.

57. Ya'qûbî, Buldân, p. 209; Bakrî, p. 57.

58. Solignac, « Installations hydrauliques de Kairouan et des steppes tunisiennes du vne au XIe siècle », Annales de l'Institut d'Études Orientales d'Alger, X-XI/1952-1953.

59. Buldân, p. 211.

60. Riyâdh; seule la biographie de Khâlid b. Abî ‘Umrân est donnée par Ibn Sa'd, Tabaqât, VIII, p. 521.

61. Abdelwahab, Waraqât, I, pp. 131-164.