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Esthétique de l'art musulman. La peinture*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

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Existe-t-il une peinture musulmane ? Question simple, anodine en apparence, à laquelle l'homme cultivé mais non spécialisé, se rappelant vaguement avoir entendu parler de l'interdiction des images par l' Islam mais ayant vu des reproductions de miniatures arabes, persanes, mogoles ou turques, ne saurait que répondre. Ce qui est plus grave, c'est que les auteurs spécialisés dans le sujet depuis le début du siècle, ne paraissent guère s'être posé sérieusement la question et demeurent au fond devant ce problème dans la même attitude que l'honnête homme de notre temps: on constate d'une part l'interdiction des images représentant des êtres vivants, et de l'autre l'existence de fait d'une peinture ne figurant que des êtres vivants — et singulièrement l'homme luimême —, qui s'est magnifiquement développée, surtout comme illustration de manuscrits, du début du XIIIe à la fin du XVIIe siècle dans tous les pays islamiques de haute civilisation.

Type
Le Monde Sauf L'Europe
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973

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Footnotes

*

L'auteur donne ici les éléments essentiels d'une thèse: Esthétique de l' Art musulman.La Peinture (Préface d' E. Souriau), soutenue à la Sorbonne en 1971, éditée en 1972 par le Service de reproduction des thèses de l' Université de Lille, 6 vol. de 1959 pages, 881 planches, 270 diagrammes, 287 cartes, courbes ou dessins. L'ouvrage a été couronné par l' Institut de France (Prix Dagnan-Bouveret 1972 de l' Académie des Sciences Morales et Politiques).

References

1. P. M. Grand, « Difficile et délicieuse : l'exposition Arts de l'Islam », Le Monde, 30 juin 1971.

2. On appelle ainsi les traditions religieuses faisant autorité.

3. Voir le numéro spécial de la Revue du Caire, « Peintres et sculpteurs d'Egypte », Le Caire, 1952.

4. T. W. Arnold, Painting in Islam, Oxford, 1928, p. 17, 18.

5. Ibid., p. 32.

6. Introduzione allô studio dell'archeologia islamica, Venise-Rome, 1966.

7. Ibid., p. 274.

8. C'est notamment l'attitude de Blochet, Kuhnel, G. Wiet, Dimand, Gray, Stchoukine, Ettinghausen, etc.

9. Manuscrit de Bagdad 1399,Oxford, BodleianLibrary, Or. 133.

10. Manuscrit de Bihbahan, dans le Fars, daté de 1398, Musée turc et islamique, Istanbul, n° 1561. Elles ont été publiées par Aga Oglu dans Ars Islamica, 1936, vol. III, part. 1, pp. 76-98.

11. Londres, British Muséum, Add. 7293. Le manuscrit est de 1323. Voir les figures 364 à 380 de notre Esthétique de l'Art musulman. La Peinture.

12. Les séances (Maqâmât) de l'écrivain Hariri décrivent les tribulations d'un mendiant aventurier, lettré au demeurant, à travers les villes principales du monde musulman de l'époque, dans les milieux bourgeois, dans les bibliothèques, les tavernes et les mosquées. Ce fut le best-seller de tout le Moyen Age arabe.

13. Les Fables de l'auteur indien Bidpay, traduites en arabe par Ibn al Moqaff au vme siècle, connurent également un immense succès, sous le titre de Kalîla et Dtmna.

14. « Les méthodes de réalisation artistique », dans Syria, 1921.

15. Ce hadîth fut lui aussi interprété littéralement par des iconoclastes, qui ont « tranché le cou » à tous les personnages des miniatures de certains manuscrits, par un simple trait d'encre : c'est le cas du magnifique Hariri de Leningrad, de 1235 environ.

16. Painting in Islam, pp. 9-10 et 14. Nous soulignons.

17. Cité par T. W. Arnold, Painting in Islam, p. 37. Nous soulignons.

18. Il faut avouer qu'Akbar allait contre toute la tradition musulmane, et son intervention amènera au cours du XVIIe siècle la fin de l'esthétique musulmane de la peinture.

19. Nawawi, théologien du x n e siècle, s'élève d'ailleurs contre cette tradition mais en affirmant qu'elle est soutenue par des autorités.

20. Cité par J. Leroy, Manuscrits syriaques à peintures, Paris, 1964, I, p. 72.

21. Les artistes ont parfaitement senti que le tableau exigeait une unité de traitement des objets et des êtres vivants : c'est là une nécessité esthétique mais qui vient renforcer aussi l'irréalité que l'on vise à démontrer.

22. Nous ne voulons nommer personne dans ce bref article, mais il s'agit de citations qui sont, avec de nombreuses autres, étudiées en détail dans notre thèse.

23. B.N., Arabe 6094 et Arabe 3465.

24. Londres, British Muséum, Or. 6810.

25. Londres, British Muséum, Add. 27261.

26. Nous disons « à la manière persane » ici, parce que la peinture musulmane de Constantinople s'était mise à l'école de la Perse.

27. Cités par Meredith-Owens, Turkish Miniature, p. n .

28. D'après Meredith-Owens, Turkish Miniature, pp. 9-10.

29. Nous mettons à part les souverains mogols au XVIIe siècle. Mais on a vu que le portrait avait été légitimé alors par Akbar.

30. D'après Meredith-Owens, Turkish Miniature, p. 12.

31. Journal des Savants, 1906, p. 408, n° 1. Ce point de vue est partagé aussi par Monneret de Villard et par G. Wiet, notamment.

32. B.N., Arabe 6094, fol. 64 v°. Dans notre thèse cette miniature porte le n° 191.

33. Voir dans notre thèse les diagrammes des fig. 190 et 195.

34. Voir dans notre thèse le diagramme de la fig. 268.

35. Voir par exemple dans notre thèse les diagrammes des fig. 742, 753 et ici même les fig. 3 et 6.

36. Fig. 2, Oxford, Bodleian Library, Ouseley 381, fol. 61. Fig. 474 dans notre thèse.

37. Fig. 4, British Muséum, Add. 25900, fol. 114 v°. Dans notre thèse, fig. 704.

38. British Muséum, Or. 6810, fol. 39 v°. Fig. 714 dans notre thèse.

39. Fig. 6, British Muséum, n° 1920 - 9 - 17 - 0260. (Fig. 720 dans notre thèse).

40. Fig. 7-8. B.N., Sup. pers. 985, fol. 1 v°-2. (Fig. 746 et 747 dans notre thèse).

41. Henri Corbin fait de ce couple, le zâhir et le bâtin, la clef de voûte de la pensée religieuse et philosophique musulmane en Iran surtout mais aussi dans le mysticisme arabe. Cf. Histoire de la philosophie islamique, Paris, 1964, passim.

42. W. G. Robinson, Persian drawings from the XIVth through the XIXth cennury, New York, 1965, pp. 12-13.

43. Cité dans BiNyon, Wilkinson et Gray, Persian Painting, p. 190. Nous soulignons.

44. Il existe d'autres preuves historiques que nous ne saurions discuter ici.

45. Voir, sur tout le problème de l'ésotérisme chiite, le remarquable ouvrage de H. Corbin, Histoire de la philosophie islamique, cité.

46. Voir sur ce sujet G. C. Anawati, « Le nom suprême de Dieu », dans Atti del IIIo Congresso di Studi Arabi e Islamici, Ravello, 1966, où l'on trouvera une abondante bibliographie sur la question.

47. C'est le point auquel s'attache L. Massignon pour tous les arts dans son Cours du Collège de France (dans Syria, 1921).

48. « L'art de la peinture musulmane, sans atmosphère, sans perspective, sans ombre et sans modelé, dans la splendeur métallique de sa polychromie, qui lui est propre, témoigne du fait que ses créateurs entreprenaient une sorte de sublimation alchimique des particules de lumière divine emprisonnées dans la ‘ matière ‘ de l'image. Les métaux précieux, or et argent, montent à la surface des doigts et des corbeaux, des offrandes et des coupes, pour échapper de la matière des couleurs » (Survey of Persian Art, pp. 1935-1936).

49. C. G. Jung a réuni une admirable documentation sur ce sujet dans son remarquable ouvrage : Psychology and Alchemy, tr. angl., 2e éd., New York, 1966.

50. On se référera pour ces derniers aspects aussi bien à l'ouvrage de H. Corbin, Histoire de la philosophie islamique, pour le chiisme, qu'à tous les auteurs ayant traité du soufisme.

51. Étendard, face de la Paix, Ur, première moitié du I I I e millénaire, Londres, British Muséum.

52. R. A. Nicholson, Studies in Islande Mysticism, Londres, 1923, p. 84. Sur la notion d'Homme Parfait voir L. Massignon, « L'Homme Parfait en Islam et son originalité eschatologique », dans Eranos Jahrbuch, 1947.

53. G. C. Arnawiti et L. Gardet, Mystique musulmane, Paris, 1961, p. 58; voir aussi de longs développements sur cette question chez H. Corbin, op. cit., notamment pp. 53-132.

54. Voir Jung, Psychology and Alchemy, le chapitre « The lapis Christ parallel ».

55. R. A. Nicholson, Studies, p. 229; A. J. Arberry, Le Soufisme, tr. fr., Paris, 1952, p. 112.

56. H. Corbin, op. cit., p. 106.

57. D'où aussi la place de choix faite aux calligraphes.

58. Voir H. Corbin, op. cit., chap. vu, notamment pp. 96 à 100.

59. Turc 190.

60. Celle notamment de l'Anthologie d'Iskandar de 1410 et du manuscrit illustré en 1494-95, qui en est la copie, dont nous avons parlé plus haut.

61. Histoire de la philosophie islamique, p. 263. Voir aussi G. C. Anawati et L. Gardet, Mystique musulmane, pp. 78, 110-111 et 269.