Published online by Cambridge University Press: 20 January 2017
Les sasaradu sud de la province de Shinano (actuel département de Nagano) étaient une population d’artistes itinérants donnant des spectacles dans plusieurs régions du pays, surtout à l’occasion des fêtes du Nouvel An. Ils étaient obligés d’accomplir dans leurs communautés villageoises de résidence des tâches considérées comme avilissantes par le reste des habitants et y subissaient des discriminations plus ou moins importantes. Pourtant, ces sasara avaient une forte conscience de leur statut et cherchaient à tout prix à se distinguer d’autres groupes qu’ils considéraient comme plus dégradés qu’eux, tels les hinin. C’est pourquoi ils se firent patronner par une institution religieuse, le temple du Mii-dera, et cherchèrent à tirer parti de son prestige pour sécuriser leur position sociale et leurs intérêts. Les sasara n’en restaient pas moins un groupe social à la personnalité ambiguë, à la limite du monde des gueux, de celui des artistes et de celui des religieux mendiants.
In the south of the Shinano province (in present-day Nagano Prefecture), the sasara were a group of itinerant artists giving shows in several parts of the country, especially during the New Year festivities. Wherever they resided, they were compelled to perform tasks considered as demeaning by the population, and were the butt of small or big acts of discrimination. Yet the sasara had a strong sense of their status and kept distinguishing themselves from other groups they deemed inferior, such as the hinin. That is why they obtained the patronage of a religious institution, the Mii-dera temple, and used it to try and secure their social position and interests. Yet they remained an ambiguous social group, at the edges of the worlds of beggars, artists, and mendicant orders.
1- Les nanushiétaient à Edo des officiers bourgeois, héréditaires, à qui était confiée la responsabilité d’une ou plusieurs communautés d’habitants (chô)dans les quartiers bourgeois (NDT).
2- Gesshin, Saitô, Tôto-saijiki(Éphéméride de la capitale de l’Est), Tôkyô, Tôyô bunko Heibonsha, 1838.Google Scholar
3- Le manzaiest devenu dans le Japon contemporain le nom d’un spectacle très populaire, en particulier avec l’essor de la radio et de la télévision. Il s’agit à présent de dialogues comiques entre deux partenaires (NDT).
4- Tokugawa Ieyasu (1543-1616) fut le fondateur de la dynastie shogunale des Tokugawa (NDT).
5- Le shamisenest un instrument de musique à trois cordes, pincées à l’aide d’un plectre (NDT).
6- À Kyôto, dans le palais du Tennô et dans les résidences des nobles de la cour impériale (kuge), les pratiquants du manzaide la province de Yamato (actuel département de Nara) donnaient des spectacles semblables ; on connaît aussi le manzaid’Owari (actuel département d’Aichi) dans la ville seigneuriale de Nagoya. Sur ces différents types de manzai, voir le catalogue de l’exposition Manzai, Ôsaka, Ôsaka jinken hakubutsukan (Musée des droits de l’homme d’Ôsaka), 2007.
7- Les eta(un mot couramment écrit à l’aide de deux caractères chinois signifiant «souillures nombreuses») à l’époque d’Edo étaient les successeurs de ceux qu’on appelait les hinin(les «non-humains») au Moyen Âge, des parias dont les activités étaient considérées comme impures, en particulier le traitement des cadavres, l’équarrissage des animaux et par conséquent les travaux de tannerie et maroquinerie ; cette souillure était considérée comme transmissible et héréditaire, ce qui amena la formation de groupes endogames. Le terme de hininà l’époque d’Edo devint un mot désignant certaines populations de mendiants, regroupées comme les etadans des villages ou quartiers séparés du reste de la population (NDT).
8- Yoshihiko, Amino, «Les Japonais et la mer», Annales HSS, 50-2, 1995, p. 235–258.Google Scholar
9- Voir entre autres Yoshihiko, Amino, Nihon no rekishi wo yominaosu(Relire l’histoire du Japon), Tôkyô, Chikuma shobô, 1991;Google Scholar Id., Chûsei no hinin to yûjo(Hininet yûjoau Moyen Âge), Tôkyô, Akashi Shoten, 1994 ; Id., Nihon chûsei no hyakushô to shokunômin(Vilains et gens de métiers au Moyen Âge), Tôkyô, Heibonsha, 1998.
10- Amino voit dans les «gens de métier» (shokunômin)l’une des particularités de la société médiévale. Un autre médiéviste, Kuroda Toshio, considère les hinincomme un condensé des spécificités sociales du Moyen Âge. Kuroda a examiné le système statutaire de cette époque autour des notions de communauté, de division sociale du travail, de relations de classes et de pouvoir étatique ; il en a conclu que les hininconstituaient un «statut hors-statut». Ce système statutaire comprenait alors cinq conditions : la «noblesse» (kishu)qui formait le socle du pouvoir politique, les tsukasa(administrateurs civils) et les samouraïs, qui s’attachaient au pouvoir politique, les «vilains» (hyakushô)qui constituaient la majeure partie des populations dominées, les valets (genin)qui relevaient du pouvoir patriarcal, et enfin les hinin. Ceux-ci étaient exclus des communautés rurales et mis à l’écart des relations clientélistes de service envers l’autorité (les «tâches publiques» ou kuji), et ils existaient donc en dehors du système statutaire et politique, basé sur des conceptions claniques hiérarchisées autour des liens entre seigneur, vassal et sujets, avec le souverain à son sommet. Or cette structure sociale comprenant des hininécartés du système statutaire est, selon Kuroda, une des clefs pour comprendre la société médiévale. Voir par exemple KURODA Toshio, «Chûsei no mibunsei to hisen gannen» (Le système statutaire médiéval et la notion de paria), Kuroda Toshio chosakushû dai rokkan: chûsei kyôdôtairon, mibunseiron(Recueil des oeuvres de Kuroda Toshio, vol. 6, Réflexions sur les communautés et le système statutaire du Moyen Âge), Kyôto, Hôzôkan, 1995.
11- Shômonji(ou shômoji) est un terme dérivé de la traduction en caractères chinois du mot sanskrit srâvaka, «ceux qui écoutent les enseignements», et qui s’appliquait à l’origine aux moines bouddhistes. Les shômonjidésignaient durant le Moyen Âge japonais les personnages quêtant des aumônes sous un prétexte plus ou moins religieux, en s’accompagnant éventuellement de performances artistiques (NDT).
12- Daikoku, ou Daikokuten, est une divinité indienne à l’origine (sanskrit : Mahâkâla) devenue l’un des sept dieux du bonheur (NDT).
13- Certains évoquent des abris pour les shômonjiappelés sansho, qu’ils distinguent des shuku: Naotomo, Yamamoto, «Chûsei-matsu kinsei shotô no rakunan ni okeru senmin shûraku no chiriteki kenkyû» (Étude géographique des hameaux discriminés du sud de Kyôto à la fin du Moyen Âge et au début de la période prémoderne), Sekai jinken sentâ kenkyû kiyô, 2, 1997, p. 1-27 et 3, 1998, p. 131–194,Google Scholar mais les différences de fond entre les deux ne sont pas claires et, dans ce texte, je considère que les shômonjieux aussi relèvent des shukuau sens large.
14- Pour l’étude des shukuet de leurs hininà l’époque prémoderne, ainsi que celle de shômonjiet des sansho, on se référera aux travaux de Toshio, Murakami, «Tokiwa sansho shôkô» (Quelques réflexions sur les sanshode Tokiwa), Geinôshi kenkyû, 140, 1998;Google Scholar Id., «Kinsei ‘tsurumeso’ kô» (Réflexions sur le tsurumeprémoderne), Ôsaka jinken hakubutsukan kiyô, 3, 1999, p. 267-275. Il souligne en particulier que des sanshoexistaient dans des villages du Yamashiro à l’époque prémoderne.
15- Kenkyû Sentâ, Sekai Jinken Mondai (dir.), Sansho, shômonji, maimai no kenkyû(Recherches sur les sansho, les shômonjiet les maimai), Kyôto, Shimonkaku shuppan, 2004.Google Scholar Pour la province de Yamato, voir Yoshida Eijirô, «Chûsei Yamato no hisenshimin no rekishiteki shosô» (Divers aspects historiques des populations discriminées dans le Yamato médiéval), Tenri daigaku jinken mondai kenkyûshitsu kiyô, 6, 2003, p. 13-26.
16- Le sasaraest à l’origine un instrument de musique, confectionné avec du bambou découpé en lamelles réunies pour se frotter et s’entrechoquer. Le nom de sasaraviendrait d’une onomatopée évoquant le son fait par l’instrument. Les personnages qui s’en servaient pour accompagner leurs déclamations des enseignements bouddhiques furent appelés eux-mêmes sasara.
17- Yuriko, Yoshida, «Manzaito haru-tauchi; kinsei Shimo-Ina no mibunteki shûen» (Le manzaiet le haru-tauchi; les marges statutaires de Shimo-Ina à la période prémoderne), Iida-shi rekishi kenkyûjo nenpô, 1, 2003, p. 50–80;Google Scholar Id., «Chiiki-shakai to mibunteki shûen» (Société locale et marges statutaires), Buraku mondai kenkyû, 174, 2005, p. 2-32 ; Id., «Mura to mibunteki shûen» (Villages et marges statutaires), inSUGIMORI Tetsuya (dir.), Nihon no kinsei(Le Japon prémoderne), Tôkyô, Hôsô daigaku kyôiku shinkôkai, 2007, p. 159-173.
18- Les kôtai-yoriaiétaient une catégorie particulière de vassaux directs du shogunat. En raison d’origines anciennes ou prestigieuses, ces maisons guerrières recevaient dans certaines circonstances un traitement protocolaire équivalent à celui des daimyô, en dépit de dotations territoriales bien inférieures. Ils étaient aussi soumis à la résidence périodique (sankin-kôtai)à Edo (NDT).
19- Les postes de commandement étaient des demeures seigneuriales établies à la campagne, mais sans fortifications. Ils servaient de résidence aux guerriers de rang moyen dont le statut ne leur permettait pas de construire un château. Les postes de commandement pouvaient aussi être les sièges du pouvoir des intendants (daikan), des officiers en charge de l’administration de territoires pour le compte d’un pouvoir seigneurial (NDT).
20- Nagateru-kô kyôhô kyû kinoe tatsu o-kiroku(Registre-journal de la 9e année du dragon de bois de Kyôhô, au temps de Monseigneur Nagateru), in Yasumasa, Kubota (éd.), Izuki Ogasawara-ke no goyô nikki(Journal de service de la maison Ogasawara d’Izuki), Iida, Minami shinshû shinbunsha shuppankyoku, 2007.Google Scholar
21- Témoignage oral de Saitô Yoshihiro.
22- «Divinité lumineuse» est une appellation pour une divinité shintô. Le grand sanctuaire de Suwa est situé dans le département de Nagano, l’ancienne province de Shinano, où se trouvait également la région de Shimo-Ina (NDT).
23- «Kôga Saburô», Minzokugaku daijiten(Grand dictionnaire des études folkloriques), Tôkyô, Yoshikawa Kôbunkan, 1999.
24- «Risshaku» est une lecture sinisante des deux caractères qui forment le nom «Tateishi» lorsqu’ils sont lus à la japonaise. Les caractères chinois peuvent en effet être lus avec des mots autochtones (sans rapport avec la prononciation en chinois) ou avec des sons dérivant des lectures chinoises (NDT).
25- Ajariest une transcription phonétique du sanskrit âcârya, le «maître». Il s’agissait d’un grade élevé dans la hiérarchie de certaines sectes bouddhistes (NDT).
26- Fonds Maezawa Hideie, «Komeyama rokunin no monodomo kuchioboe no koto» (Mémorandum des déclarations de 6 personnes de Komeyama), daté du 2e jour de la 4e lune de la 12e année de Hôryaku (1762), reproduction photographique au Centre de recherches sur l’histoire de la ville d’Iida (Iida-shi rekishi kenkyûjo), microfilm no 1607. Sur les listes funéraires du temple Shôgenji de Komatsubara, dont la plupart des pratiques des sasarade Komeyama étaient des fidèles, le nom de «village de Komeyama» est distingué de celui du «village de Tateishi».
27- Les registres confessionnels (shûmon aratamechô)consignaient les appartenances religieuses des Japonais à l’époque d’Edo, dans le cadre d’une politique de proscription du christianisme et des mouvements religieux dissidents (NDT).
28- La «maison» (ie)devint le modèle dominant des représentations familiales au cours de la période d’Edo. Ce type d’organisation patriarcale visait avant tout à la preservation du patrimoine, en privilégiant un des successeurs, sur le modèle de la famille-souche (NDT).
29- Fonds Maezawa Hideie, «Sadamemôsu kasaku-mai no koto» (Décisions sur le riz des métairies), 3e lune de la 11e année de l’ère Bunka (1814), reproduction photographique au Centre de recherches sur l’histoire de la ville d’Iida (Iida-shi rekishi kenkyûjo), microfilm no 1608.
30- Fonds Maezawa Hideie, «Shakuchi ai-sadamemôsu issatsu no koto» (Décisions sur les terrains en louage), novembre 1871, microfilm no 1608.
31- Le maître de manzaide la province d’Ise Murata Kiyomitsu, toujours en activité, raconte que tout en voyageant sur des longues distances pour exercer son art, «il prenait des commandes de petits poissons (jago), puis les vendait lorsqu’il repassait, achetait alors des quantités de charbon qu’il revendait ailleurs» : Toshio, Murakami, «Manzai kara mieru mono» (Ce que nous donne à voir le manzai), Buraku kaihô, 587, 2007, p. 82–87 Google Scholar.
32- Les accessoires de parfums (kôgu)étaient les outils et ingrédients nécessaires pour pratiquer l’art des parfums (kôdô)(NDT).
33- Fonds Saitô Yoshio, conservé par la maison Saitô, 2-1.
34- Mikawa Manzai(Le manzaide Mikawa), catalogue d’exposition, Anjô, Anjô-shi rekishi hakubutsukan, 1998.
35- Fonds Sekijima Shôji, «Yorozu nikki obeochô» (Journal mémorandum), 6e année de l’ère Ansei (1859), reproduction photographique au Centre de recherches sur l’histoire de la ville d’Iida.
36- Le masuest une unité de volume, d’environ 1, 8 litre (NDT).
37- Le mochiest une sorte de gâteau confectionné avec du riz glutineux (NDT).
38- Tosoest l’abréviation de tososan, un mélange traditionnel d’ingrédients réputé bénéfique pour la santé et que l’on buvait pour la nouvelle année ; ce pouvait être aussi le nom d’un alcool auquel avait été mélangé ce produit (NDT).
39- Les hatamoto(les «hommes de la bannière») étaient des vassaux directs du shogun (NDT).
40- Le gôest une unité de volume d’environ 0, 18 litre. Kega shigakkai kankô iinkai, Shimada-ki fukkakuhan(Fac-similé de la Chronique de Shimada), vol. 6, Nagano, Tenryû insatsu, 1985.
41- Il s’agissait d’une coutume consistant à manger des anguilles, réputées bonnes pour la santé, les jours du boeuf (selon le calendrier des douze signes zodiacaux chinois), lors des dix-huit derniers jours de l’été (NDT).
42- La fête du bon(abréviation d’urabon, sanskrit : ullambana) était une fête des morts qui avait lieu du 13e au 15e jour de la 7e lune (NDT).
43- Le toest une mesure de volume de 18, 039 litres (NDT).
44- Morisada, Kitagawa, Kinsei nihon fûzoku-shi(Les coutumes du Japon de notre temps), Tôkyô, Iwanami shoten, 2001, vol. 4.Google Scholar
45- Yoshida Eijirô, «Kinsei Shuku-mura no hisenshi kaijo no senryaku wo megutte» (Quelques stratégies pour se débarrasser des préventions à l’égard des shuku), Nara kenrisu dôwa mondai kankei shiryô sentâ kenkyû kiyô, 13, 2007, p. 52-74 ; Id., «Yamato no kuni no hisabetsumin ni tsuite (1) : shuku no baai» (À propos des populations discriminées de la province de Yamato (1) : le cas des shuku), Nara jinken buraku kaihô kenkyûjo kiyô, 26, 2007, p. 77-98.
46- Ce toponyme n’est pas à confondre avec la ville d’Ôsaka. En dépit de l’homophonie, les deux noms s’écrivent de manière différente (NDT).
47- Avant l’ère Meiji, il arrivait que des temples bouddhiques et des sanctuaires shintô relèvent d’une même institution religieuse, une situation qu’autorisaient diverses doctrines syncrétistes. Les monastères comme le Mii-dera, liés à un sanctuaire shintô, étaient appelés bettô-ji(NDT).
48- L’époque de Heian (IXe-XIIe siècle) est la dernière de l’époque ancienne (kodai)japonaise, avant le Moyen Âge (NDT).
49- Yatarô, Muroki et Hiroyuki, Sakaguchi (dir.), Seki-Semimaru jinja monjo(Archives du sanctuaire de Seki-Semimaru), Ôsaka, Izumi shoin, 1997.Google Scholar
50- Cette légende a fourni le sujet d’une célèbre pièce de nôintitulé Semimaru. La princesse «aux cheveux redressés» (signe de folie démoniaque) y tient le rôle traditionnel de l’esprit tourmenté (NDT).
51- Il s’agit de Fujiwara no Mototsune, un important homme d’État du IXe siècle (NDT).
52- Parmi les archives du fonds Saitô Yoshio du village de Tateishi, on trouve un de ces rouleaux, copié d’un exemplaire donné à la 2e lune de 1720 par le Kinshô-ji, sur lesquels figurent les sceaux originaux apposés à chaque changement de responsable du sanctuaire en 1801, 1806, 1814. En revanche, les sceaux du rouleau de Saitô Yoshihiro (1720, 1801, 1806, 1814) sont tous des copies.
53- Fonds Saitô Yoshio, 2-2.
54- Yatarô, Muroki et Hiroyuki, Sakaguchi (dir.), Seki-Semimaru jinja monjo, op. cit. Google Scholar
55- Le titre de tayû(qui devient parfois dayûaccolé à un autre mot) dérive à l’origine de la titulature de la cour impériale ; il devint au fil du temps un titre décerné aux maîtres dans un art (NDT).
56- Takashi, Tsukada, Kinsei mibun-sei to shûen shakai(Le système des statuts pré- modernes et la société des marges), Tôkyô, Tôkyô daigaku shuppan, 1997.Google Scholar
57- Sur les prêcheurs d’Ise, voir Wada Tsutomu, «Ise no kuni no geinô no tami sasara» (Des gens du spectacle de la province d’Ise : les sasara), Hansabetsu jinken kenkyû mie, 4, 2005, p. 1-61.
58- Fonds Saitô Yoshio, 3-14.
59- Les routes japonaises sous les Tokugawa étaient coupées par des points de contrôle (les «barrières», seki) où les voyageurs faisaient l’objet d’inspections. Tout déplacement devait en effet être justifié et autorisé par une autorité publique ou privée (NDT).
60- Fonds Saitô Yoshio, 3-14.
61- Ibid.
62- Shimada-ki(Chronique des Shimada), op. cit., livre 6.
63- Ibid.
64- La «prise en charge villageoise» (mura-uke-sei)était une procédure administrative généralisée lors de la mise en place du cadastre de Hideyoshi : la communauté rurale était imposée collectivement par le fisc seigneurial, d’après les montants estimés de sa production et de ses richesses, et ses membres devaient ensuite s’accorder sur les modalités de règlement entre eux. Ce système impliquait donc la reconnaissance de l’auto- nomie de l’organisation des villages par les gouvernants (NDT).
65- On peut ainsi citer l’exemple du «village de sasara» de la communauté villageoise de Shimada, dans le district de Shimo-Ina. On y trouvait à l’époque d’Edo une quinzaine de foyers de ces shunden-uchiqui, paraît-il, donnaient leurs spectacles en présence des seigneurs Ogasawara du château de Matsuo. Sur cette question, voir YOSHIDA Yuriko, «Manzai to shunden-uchi. Kinsei Shimo-Ina gun no mibunteki shûen» (Manzaiet Shunden-uchi: les marges statutaires dans le district de Shimo-Ina), Iida-shi rekishi kenkyûjo nenpô, 1, 2003, p. 50-80.
66- Mikawa manzai, op. cit., p. 42, fig. 66 et
67- On connaît deux types de permis : ceux autorisant «une pratique du manzai», en plus d’une autre activité, et ceux des «maîtres de manzai» proprement dits : SUZUKI Minoru, «Tsuchimikado-ke to Mikawa manzai» (La maison Tsuchimikado et le manzaide Mikawa), Anjô rekishi kenkyû, 16, 1990, p. 88- 97, et 17, 1991, p. 44-63. Les premiers concernaient des maîtres du Yin et du Yang qui avaient la permission de donner des spectacles de manzaide Chiaki : on spécifiait qu’en contrepartie du paiement «des frais d’éclairage» au bureau d’Edo de la maison Tsuchimikado, ils étaient autorisés à se livrer «à tous les métiers des spécialistes du Yin et du Yang», dans tout le pays. Les seconds, quant à eux, pouvaient pratiquer le manzaidans tous les endroits du Kantô, suivant les décisions de la préfecture shogunale des temples et sanctuaires concernant «le manzaidu Nouvel An». On ajoutait qu’il s’agissait «des membres affiliés à la maison» Tsuchimikado «des provinces de Mikawa, Owari et Tômi» : la maison Tsuchimikado ne contrôlait donc pas les maîtres de manzaide toutes les provinces, mais seulement ceux des actuels départements d’Aichi et de Shizuoka.
67- Cet article reprend le résultat de travaux réalisés grâce au soutien de la fondation Mitsubishi et de la Japanese Society for the Promotion of Science.