Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
L'industrie française du Bâtiment est devenue une des plus importantes branches de notre économie. Ses progrès ont commencé à partir du XVIIIe siècle. Mais c'est aux XIXe et XXe siècles que cette industrie du bâtiment, malgré quelques périodes de crises et de ralentissement, prend une ampleur considérable ; son développement est parallèle à ceux des villes et de l'équipement économique moderne : son importance est mise en relief par la masse de capitaux investis, par les tonnages énormes de matériaux utilisés, par les effectifs de la main-d'oeuvre employée. Pourtant, les études sont rares dans ce domaine, qui reste à défricher.
page 573 note 1. E. Labrousse a insisté dernièrement sur l'importance grandissante de l'industrie du bâtiment en France. Cf. R. Mousnier, E. Labrousse et M. Bouloiseau, Le XVIIIe siècle (Histoire générale des civilisations, dirigée par M. Crouzet), p. 347. Pour le milieu du xixe siècle, Girard, Louis, La Politique des Travaux Publics du Second Empire (Paris, A. Colin, 1952, 415 p.)Google Scholar s'intéresse aux aspects financiers du bâtiment, mais néglige les autres problèmes. E. Labrousse (p. XIII des Etudes de la Soc. d'Histoire de la Rév. de 1848 : « Aspects de la crise et de la dépression de l'économie française au milieu du x i x e siècle », 1955, 356 p.) regrette la carence actuelle des historiens.
page 574 note 1. Voir L'industrie du bâtiment, par la Fédération nationale du Bâtiment et des Activités annexes ; Conseil national du Patronat français et I.N.S.E.E. ; monographie de la production française, Paris, 1954, 218 p. ; et aussi Michel Langlois, « L'industrie des Travaux publics » (Economie et Politique, n° 14, juil. 1955, p . 55-69) et le numéro spécial d'Economie et Politique : La France et les Trusts (1954) ; — Voir aussi, Benigno Cacérès, Regards sur les métiers du bâtiment, Paris, 1955,192 p. — En 1851, l'industrie du bâtiment occupait 940 000 personnes, soit 20 % de la main-d'oeuvre industrielle ; elle venait au second rang, après le vêtement (40 %). Cf. Joanne, Dictionnaire des Communes de France (2 vol., 1864), vol. I, tableau p. LXXXII.
page 574 note 2. Cf. notre « Essai sur la classification des industries » (Rev. de Géogr. de Lyon, 1955, p. 161-164).
page 575 note 1. Sur l'origine rurale de la main-d'oeuvre du bâtiment, voir particulièrement : Martin Nadaud, Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon, Bourganeuf, 1895, 508 p. ; — G. et Boubgin, H., Le régime de l'industrie en France, de 1814 à 1830, Paris, 1941, 3 vol.Google Scholar de documents ; — Chambre de Commerce de Paris : Statistique de l'industrie à Paris : enquête de 1847-1848 (Paris, 1851, 1 008 p.) ; Enquête de 1860 (Paris, 1864, 1 086 p.) ; — Fernand Borie, L'ouvrier maçon (Paris, 1924, 379 p.) ; — Abel Châtelain, « La main-d'oeuvre dans l'industrie française du bâtiment aux xix e et xx° siècles » (Revue de l'Enseignement technique : Technique, Art, Science, oct. 1956, p. 35-42).
page 576 note 1. Sur cette ascension professionnelle et sociale : Francis Btjssière, « L'émigration des maçons creusois » (La Gerbe creusoise, Guéret, 1934, p. 137-172) ; — G. Mauco, Les étrangers en France (Paris, 1932, 600 p., particulièrement p. 228) ; — A. Châtelain, « La formation de la population lyonnaise : l'apport italien » (Rev. de Géogr. de Lyon, 1952, p. 317-325) ; — Girard, A. et Stoetzel, J., Les Italiens dans l'agglomération parisienne (dans Français et Immigrés, vol. I, p. 185–316, Paris, I.N.E.D., 1953).Google Scholar — Dès 1926, 7 000 Italiens d'origine étaient devenus chefs d'entreprise dans le bâtiment en France. Avec parfois des échecs (cf. Fkeury, « L'intérêt du fonds des faillites aux Archives de la Seine comme source des études sur la mobilité sociale au xixe siècle » (Bull. Soc. d'Hist. Mod., janv. 1955, p. 10-14).
page 576 note 2. R. Vergez, « Enseignement technique et compagnonnage » (Rev. de VEnseign. Tech. : Technique, Art, Sciences, juin-juillet 1954, p. 1-3).
page 577 note 1. Cf. F. Husson, Industrie et bâtiment, historique (Chambre syndicale de Paris, 1900, 459 p.) ; — Joban, R., L'organisation syndicale dans l'industrie du bâtiment (Thèse Droit, Paris, 1914, 240 p.)Google Scholar ; celui-ci écrit : « Les compagnons se forment au hasard des circonstances, par eux-mêmes… Les patrons, en présence de la rapidité avec laquelle ils doivent exécuter leurs travaux, hésitent à ralentir la production par l'instruction professionnelle des jeunes. » Voir aussi : Fouqué, J., La crise de l'apprentissage et les progrès de l'Enseignement professionnel (Thèse Droit, Paris, 1900, 316 p.).Google Scholar
page 577 note 2. Voir particulièrement : Merceron-vicat, L.-J., Chaux hydrauliques et ciments. Historique et applications des découvertes de L. Vicat (Grenoble, 1885, 79 p.)Google Scholar ; — Merceron-vicat, L.-J. et Mary, , Vicat, sa vie et ses travaux (Grenoble, 1909, 243 p.)Google Scholar ; — Debauve, A., Les travaux publics et les ingénieurs des Ponts et Chaussées depuis leXVIIe siècle (Paris, 1893, 443 p.)Google Scholar ; — MÂCHÉ, A., Ciments et mortiers (Paris, 1935, 212 p.)Google Scholar ; — Baud, P., L'industrie chimique en France (Paris, 1931 Google Scholar, particulièrement « Les matériaux de construction », p. 238-244).
page 578 note 1. Cf. Levasseue, E., Histoire des classes ouvrières, 1789-1870, Paris Google Scholar, 1903-1904 ; — Questions ouvrières et industrielles en France sous la Troisième République, Paris, 1907 ; — Barbier, M., Les procédés modernes de construction, Paris, 1949, 140 p.Google Scholar
page 578 note 2. Cf. Les Annuaires statistiques de la France, particulièrement celui de 1938 (résumé rétrospectif : 1896-1936, p. 79) et de 1951 (1937-1949, p. 133). — Voir aussi : A. Le Cour-Grandmaison, L'Industrie du ciment (Conférence pour la Soc. d'encouragement pour l'industrie nationale, 1948, 12 p. ;— René Domenger, « Le trust du Ciment » (Economie et Politique, janv. 1956, p . 55-60) ; -— R. Fabre, « Le ciment français en expansion » (L'Economie, 31 mai 1956). — Pour la répartition géographique des cimenteries : R. Blanchard, « L'industrie des chaux et ciments dans le Sud-Est de la France » (Rev. géogr. alpine, 1928, p. 255-876) ; — Sageret, Annuaire du bâtiment et des Travaux publics. — Au xx« siècle on assiste à la substitution progressive du ciment aux chaux hydrauliques (production de celles-ci en 1926 : 5 320 000 tonnes ; en 1955 : 1 400 000 tonnes). — Cf. Y. Lacoste, « L'industrie du ciment », Annales de Géogr., 1957, p. 411-435.
page 580 note 1. Cf. Antoni, A., Les industries du bâtiment dans l'économie française (Paris, Fédér “ Nation, des Soc. coop. de production du bâtiment, des trav. pub. et des mater, de constr., 1953, 30 p.).Google Scholar
page 580 note 2. Enquête de 1860, Paris, 1864, ouvr. cité, p. 106.
page 580 note 3. Charles Gide, dans une leçon au Collège de France, en décembre 1928, disait : i L'art de construire n'a pas bénéficié des mêmes progrès industriels et techniques que les autres arts. Si vous comparez la construction des maisons à la fabrication des vêtements, des chaussures, des automobiles, vous verrez qu'il n'y a aucun parallélisme dans l'évolution de celle-ci et de celle-là » (Cours sur la coopération, « La crise du logement », 16 p., cours édité par l'Association pour l'Enseignement de la Coopération, Paris, 1924, citation p. 5).
page 581 note 1. L'industrie du bâtiment, par la Fédér. Nat. du Bâtiment…, ouvr. cité, p. 140.
page 581 note 2. L'Enquête sur l'industrie, faite par la Chambre de Commerce de Paris en 1847- 1848 (ouvr. cité, p. 89-90) donne des renseignements sur la crise de 1830, celle de 1840 (crainte de guerre), de 1848. Pour la grande crise de 1883-1884, dont le bâtiment a beaucoup souffert, voir les résultats de l'enquête parlementaire qui insiste sur le problème du financement à Paris : « Enquête sur la crise industrielle de 1883-1884 » (Journal officiel, vol. à part, fin 1884, 402 p.). Aussi, pour l'évolution du bâtiment à Dijon au XIXe siècle : R. Laurent, « Les archives d'octroi » (Annales, 1956, p. 197- 204), particulièrement graphique, p. 201.
page 581 note 3. Cf. Papin, R., La richesse de la France (Paris, 1876, 153 p.)Google Scholar, p. 110. Evaluation en milliards :
Le tableau détaillé a été reproduit par Henri SÉE et Schneeb, Robert, Histoire économique de la France, t. II , p. 351 (Paris, Armand Colin, 1951).Google Scholar
page 581 note 4. Cf. le recueil Etudes de 1956 publié par la Soc. de 1848 (ouvr. cité), particulièrement pour le bâtiment, p. x m , XXI-XXIII, 201, 293-296, 299-300, 346.
page 581 note 5. Ouvr. cité, particulièrement p. 165 et suiv.
page 582 note 1. Ouvr. cité, particulièrement p. 34 sur le rôle du Crédit foncier.
page 582 note 2. A propos des faillites, voir Fleury (art. cité).
page 582 note 3. L'industrie du bâtiment, monographie déjà citée, p. 44.
page 582 note 4. Pour la période s'étendant entre les deux guerres mondiales, voir : Risler, , La crise du logement (Paris, 1922)Google Scholar ; — Sellier, Henri, Habitations à bon marché du département de la Seine ; cités-jardins et maisons ouvrières (Paris, 1921)Google Scholar ; — Perrin, Jean, La main-d'oeuvre étrangère dans les entreprises du bâtiment et des travaux publics en France (Paris, 1925, Thèse de Droit, 180 p.)Google Scholar; — Fender, E. X., La crise du bâtiment dans la Région parisienne (Paris, 1936, 413 p.)Google Scholar ; — Bournet, J. de, La crise française de l'industrie du bâtiment (1928-1938), Thèse Droit, Paris, 1939, 171 p.Google Scholar ; — Chaumartin, Jeanine, La crise de Vindustrie du bâtiment (1928-1938) (Thèse Droit, Paris, 1939, 180 p.)Google Scholar ; — « Un demi-siècle de progrès dans les travaux publies et le bâtiment : 1903- 1953 » (numéro spécial du Moniteur des Travaux publics et du Bâtiment, mai 1953, 212 p.).
page 583 note 1. Les données statistiques sont tirées de I’Annuaire statistique de la France ﹛I.N.S.E.E., 1951, résumés rétrospectifs, p. 127).
page 583 note 2. Fourastié, J. et Montet, H., L'économie française dans le monde (Paris, 1945, 136 p.)Google Scholar, p. 76.
page 583 note 3. Cf. Antoni, ouvr. cité.
page 583 note 4. La France et les trusts (ouvr. cité), p. 36.
page 584 note 1. Cf. Hoog, Georges, Les coopératives de production, origines et institutions, Paris, P.U.F., 1942, 236 p.Google Scholar L'auteur cite un bel exemple de coopérative du bâtiment : la société coopérative lyonnaise « L'avenir », créée en 1919, et qui est devenue la plus forte entreprise du bâtiment dans le Sud-Est entre les deux guerres mondiales. Elle a construit en particulier à Lyon la nouvelle Faculté de Médecine et de Pharmacie, le nouvel Hôtel des Postes, les « gratte-ciel » de Villeurbanne, l'Hôpital-Hospice de Vienne, etc. Voir aussi : Chambre Consultative des Sociétés Coopératives de Production, Monographie industrielle des coopératives de production de France, t. I-II, Industrie du bâtiment et des travaux publics (1939) ; — FÉdération Nationale Des Sociétés Coopératives Ouvrières de Production Dubacirc;timent, Des Travaux Publics et des Matériaux de Construction, Etudes sur l'apprentissage et renseignement professionnel (Paris, 1953, 96 p.). Les coopératives ouvrières du Bâtiment peuvent contribuer à une transformation de l'industrie du Bâtiment par une concentration et un emploi des techniques modernes.
page 584 note 2. Cf. le journal Le Monde (8 janvier et 18 février 1956). Voir aussi très nombreux articles dans les revues techniques du Bâtiment, en particulier : « L'industrialisation du bâtiment. Progrès et réalisations en France » (Le Moniteur des Travaux Publics et du Bâtiment, numéro spécial, mars 1950) et André Balency-béarn, « L'industrialisation du bâtiment » (Le Monde, 13 juillet 1955).
page 584 note 3. Cf. Barbier, ouvr. cité, p. 114 et suiv.
page 585 note 1. J. Fourastié et H. Montet, ouvr. cité, écrivent p. 101 : « Les dépenses d'habitation sont celles qui sont en France les plus constamment sacrifiées… ». Voir aussi le sondage de l'Institut Français d'Opinion Publique fait en 1955 : l'automobile est toujours préférée à l'acquisition d'une habitation.
page 585 note 2. Il faut retenir aussi l'importance des coopératives de construction qui permettent aux sociétaires de constituer un capital pour construire. Là encore Charles Gide a été un précurseur. Cf. Les coopératives de construction (trois leçons du Collège de France, 1924, 38 p.). Ces coopératives de construction, qui procurent des capitaux, ne doivent pas être confondues avec les coopératives ouvrières du bâtiment, qui construisent.
page 585 note 3. Voir Devaux, Pierre, Les grands travaux (Paris, 1943, 128 p.).Google Scholar
page 585 note 4. Risler (ouvr. cité) écrivait, en 1922, p. 117 : « La crise actuelle de l'habitation n'est pas la première qui se soit produite dans notre pays. Sans vouloir remonter plus loin, nous rappelons qu'il y a à peine plus d'un siècle, après les guerres du Premier Empire, pendant les premières années de la Restauration, on ne pouvait pas trouver à se loger dans bien des grandes villes et en particulier à Paris. » Les deux guerres mondiales ont aggravé la crise économique du bâtiment et la crise sociale très grave du logement.