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Qu’est-ce que le Makhzen ?

Retour sur l’historiographie marocaine de l’État moderne (xvie-xixe siècles) depuis l’indépendance

Published online by Cambridge University Press:  20 September 2024

Antoine Perrier*
Affiliation:
CNRS, Centre Jacques Berque Institut français de recherche à l’étranger, Rabat

Abstract

L’histoire de l’État marocain fut au centre des recherches de la nouvelle école de Rabat des années 1960 aux années 2000. Essentiellement écrit en arabe, cet héritage historiographique est souvent méconnu de la recherche internationale. Il permettrait pourtant de dépasser les lieux communs persistants qui entourent la monarchie marocaine. En reconstituant, depuis les sources nationales, les réalités sociales et culturelles cachées derrière le mot « Makhzen », les historiennes et les historiens marocains ont remis en cause le cliché colonial de relations expéditives et autoritaires que l’État aurait entretenu avec la société. Cet article propose ainsi de revenir d’une manière critique sur cette historiographie en présentant son contexte et les principaux visages qu’elle a donnés à l’État marocain, en repartant des méthodes et des sources déployées par plusieurs générations d’autrices et d’auteurs marocains en dialogue avec les travaux étrangers. Les dimensions économiques, administratives, idéologiques et spirituelles du Makhzen offrent des perspectives originales sur l’histoire de l’État en général. L’article entend ainsi mettre à disposition du public français les lignes fortes de cette école historique, tout en soulignant les chantiers de recherche qu’elle a laissés ouverts. Ce faisant, il propose une définition historiquement informée du Makhzen pour un public non spécialiste. Il souligne enfin et surtout la nécessité, dans la continuité des appels à la parité documentaire en matière de sources, du recours à la bibliographie arabophone pour écrire l’histoire du Maghreb.

The history of the Moroccan state (Makhzen) was at the center of reflections by scholars linked to the New Rabat School from the 1960s to the 2000s. Essentially written in Arabic, this historiographical heritage is often overlooked by international authors. It is, however, essential to overcoming longstanding preconceptions surrounding the Moroccan monarchy. By reconstructing, from national sources, the social and cultural realities underpinning the word “Makhzen,” Moroccan historians have challenged the colonial cliché of the state’s expeditious and authoritarian relationship to society. This article proposes a critical review of this historiography by presenting its context and the principal ways it has depicted the Moroccan state, based on methodologies and sources deployed by several generations of Moroccan authors in dialogue with foreign scholarship. The economic, administrative, ideological, and spiritual dimensions of the Makhzen offer original perspectives on the broader history of the state in general. The article seeks to present the main lines of this historical school to Francophone readers, and to highlight future avenues of research. In so doing, it proposes a historical definition of the Makhzen for a non-specialist audience. Above all, it emphasizes the need, in line with calls for documentary parity, to take Arabic-language scholarship into account when writing the history of North Africa.

Type
État et administration
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Footnotes

*

Je remercie M’hamed Oualdi, Nicolas Michel, Daniel Rivet et Abdelahad Sebti pour leurs précieuses relectures.

References

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7. « Il s’agit de l’ordre jugé nécessaire et consolidé par un recours illimité à la violence. Il exprime la nudité de l’exercice de l’autorité et de la raison politique, dénué de toute morale ou sentiment » (M. Tozy, Monarchie et islam politique au Maroc, op. cit., p. 43).

8. John Waterbury, Le commandeur des croyants. La monarchie marocaine et son élite, trad. par C. Aubin, Paris, PUF, [1970] 1975 ; Abdellah Hammoudi, Maîtres et disciples. Genèse et fondements des pouvoirs autoritaires dans les sociétés arabes : essai d’anthropologie politique, Paris/Casablanca, Maisonneuve et Larose/Éd. Toubkal, 2001.

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11. Ibid.

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17. Sur ce point, nous nous permettons de renvoyer à Choukri Hmed et Antoine Perrier (dir.), Les études maghrébines en France. Livre blanc, Aubervilliers, GIS Moyen-Orient et mondes musulmans, 2023, accessible en ligne : http://majlis-remomm.fr/73043.

18. À titre d’exemple, voir Charlotte Courreye, L’Algérie des oulémas. Une histoire de l’Algérie contemporaine (1931-1991), Paris, Éd. de la Sorbonne, 2020 ; Augustin Jomier, Islam, réforme et colonisation. Une histoire de l’ibadisme en Algérie (1882-1962), Paris, Éd. de la Sorbonne, 2020.

19. On peut penser aux débats sur la construction du welfare state : Fabio Giomi, Célia Keren et Morgane Labbé (dir.), Public and Private Welfare in Modern Europe: Productive Entanglements, Londres, Routledge, 2022.

20. Béatrice Hibou et Mohamed Tozy, Tisser le temps politique au Maroc. Imaginaire de l’État à l’âge néolibéral, Paris, Karthala, 2020.

21. À titre d’exemple, voir Cécile Becchia, Les bourgeois et le prince. Dijonnais et Lillois auprès du pouvoir bourguignon, 1419-1477, Paris, Classiques Garnier, 2019.

22. Nicolas Barreyre et Claire Lemercier, « The Unexceptional State: Rethinking the State in the Nineenth Century (France, United States) », The American Historical Review, 126-2, 2021, p. 481-503.

23. Amira K. Bennison, Jihad and Its Interpretations in Pre-Colonial Morocco: State-Society Relations during the French Conquest of Algeria, Londres, Routledge, 2002, p. 159.

24. Daniel J. Schroeter, Merchants of Essaouira: Urban Society and Imperialism in Southwestern Morocco, 1844-1886, Cambridge, Cambridge University Press, 1988 ; Susan Gilson Miller, « Making Tangier Modern: Ethnicity and Urban Development, 1880-1930 », in E. Benihcou Gottreich et D. J. Schroeter (dir.), Jewish Culture and Society in North Africa, Bloomington, Indiana University Press, 2011, p. 128-149.

25. Etty Terem, Old Texts, New Practices: Islamic Reform in Modern Morocco, Stanford, Stanford University Press, 2014.

26. Bernard Vincent et Antonio Domínguez Ortiz, Historia de los moriscos. Vida y tragedia de una minoría, Madrid, Revista de Occidente, 1978 ; Mercedes García-Arenal, « Últimos estudios sobre moriscos : estado de la cuestión », Al-Qantara, 4-1/2, 1983, p. 101-114 ; Mercedes García-Arenal et Gerard A. Wiegers (dir.), The Expulsion of the Moriscos from Spain: A Mediterranean Diaspora, Leyde, Brill, 2014.

27. Guillermo Gozalbes Busto, Los Moriscos en Marruecos, Grenade, Maracena, 1992. Voir aussi Leila Maziane, Salé et ses corsaires (1666-1727). Un port de course marocain au xvii e  siècle, Caen, Presses universitaires de Caen, 2007.

28. Mercedes García-Arenal, Ahmad al-Mansur: The Beginnings of Modern Morocco, Oxford, OneWorld, 2009.

29. Mohamed Cherkaoui, Crise de l’université. Le nouvel esprit académique et la sécularisation de la production intellectuelle, Paris, Droz, 2011.

30. Mohamed-Sghir Janjar, « La production intellectuelle marocaine en sciences humaines et sociales de 2000 à 2017. Essai bibliométrique », Instance d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’Éducation, de la Formation et de la Recherche scientifique, 2022, p. 22.

31. Ibid., p. 16.

32. Dans sa préface à Mohammed Kenbib, Les protégés. Contribution à l’histoire contemporaine du Maroc, Rabat, Publications de la Faculté des lettres et des sciences humaines, 1996.

33. Jamaa Baida, « Ayache, Germain », in N. A. Stillman (dir.), Encyclopedia of Jews in the Islamic World, Leyde, Brill, 2010.

34. Germain Ayache, « Ittijāh jadīd li-l-baḥt al-tārīhī fī-l-Maġrib [Nouvelles orientations de la recherche historique au Maroc] », in Recherches sur l’histoire du Maroc. Esquisse de bilan, Rabat, Publications de la Faculté des lettres et des sciences humaines, 1989, p. 29-41, ici p. 34.

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41. Il est l’auteur d’une thèse : Robert Montagne, Les Berbères et le Makhzen dans le sud du Maroc. Essai sur la transformation politique des Berbères sédentaires (groupe chleuh), Paris, Alcan, 1930.

42. Abdellah Hammoudi, « Construction de l’ordre et usage de la science coloniale : Robert Montagne penseur de la tribu et de la civilisation », in F. Pouillon et D. Rivet (dir.), La sociologie musulmane de Robert Montagne, Paris, Maisonneuve et Larose, p. 265-288, ici p. 276.

43. Édouard Michaux-Bellaire, « Makhzan », Encyclopédie de l’Islam, vol. 3, Leyde, Brill, 1936, p. 131-135.

44. Ibid., p. 133.

45. Ibid.

46. Mohamed Lahbabi, Le gouvernement marocain à l’aube du xx e  siècle, Casablanca, Les éditions maghrébines, [1958] 1975. Voir plus spécifiquement la préface de Mehdi Ben Barka.

47. G. Ayache, Études d’histoire marocaine, op. cit., p. 24.

48. Driss Mansouri, « Laroui ou l’obsession de la modernité », in Penseurs maghrébins…, op. cit., p. 197-225.

49. Abdallah Laroui, Les origines sociales et culturelles du nationalisme marocain, 1830-1912, Paris, Maspero, 1977.

50. Il évoque un « indispensable redressement » (G. Ayache, Études d’histoire marocaine, op. cit., p. 12).

51. Cité par D. Mansouri, « Laroui ou l’obsession de la modernité », art. cit., p. 218.

52. P. Vermeren, Misère de l’historiographie du « Maghreb » post-colonial…, op. cit., p. 136 sq.

53. Id., La formation des élites marocaines et tunisiennes. Des nationalistes aux islamistes, 1920-2000, Paris, La Découverte, 2002, p. 284.

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68. Cité par Muḥammad al-‘Ayādī, « Al-madrasa al-tārīẖiyya al-maġribiyya al-ḥadīṯa : ishkāliyāt wa-l-mafāhīm [l’école historique marocaine contemporaine : problématiques et concepts] », in Essais sur la société, l’histoire et la religion, Casablanca, Fondation du Roi Abdul-Aziz Al Saoud pour les études islamiques et les sciences sociales, 2014, p. 87-153, ici p. 140.

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71. D’après l’expression de M. al-‘Ayādī, « Al-madrasa al-tārīẖiyya al-maġribiyya al-ḥadīṯa… », art. cit., p. 121.

72. Larbi Mezzine, Le tafilalt. Contribution à l’Histoire du Maroc aux xvii e et xviii e  siècles, Rabat, Publications de la Faculté des lettres et des sciences humaines, 1987, p. 15.

73. Liste citée par M. al-ʿAyādī, « Al-madrasa al-tārīẖiyya al-maġribiyya al-ḥadīṯa… », art. cit. La liste n’est naturellement pas fermée, et l’on pourrait ajouter la monographie consacrée aux confins algériens de Barḥād ʿUkāsha, Shamāl al-Maġrib al-sharqī qabl al-iḥtilāl al-faransī, 1873-1907 [Le nord-est du Maroc avant l’occupation française], Casablanca, Université Hassan II, 1989.

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101. Ibid., p. 51.

102. Bernard Rosenberger et Hamid Triki, « Famines et épidémies au Maroc aux xvie et xviie siècles », Hespéris Tamuda, 14, 1973, p. 109-175, et 15, 1974, p. 5-103.

103. Muḥammad al-Amīn al-Bazzāz, Tārīẖ al-awbiʾa wa-l-majāʿāt bi-l-Maġrib fī-l-qarnayn al-ṯāmin ʿashar wa-l-tāsiʿ ʿashar [Histoire des épidémies et des famines au Maroc aux xviii e et xix e  siècles], Rabat, Publications de la Faculté des lettres et des sciences humaines, 1992. Voir aussi Mohammed Amine El-Bezzaz, « La peste de 1798-1800 au Maroc », Hespéris Tamuda, 23, 1985, p. 57-81.

104. Fonctionnaire chargé de la ḥisba, obligation du droit musulman de la bonne tenue des comportements et, par extension, de la surveillance des prix et des marchés.

105. N. Michel, Une économie de subsistances, op. cit., vol 2, p. 586.

106. Ibid., p. 534.

107. Khalifa Chater, Insurrection et répression dans la Tunisie du xix e  siècle : le mehalla de Zarrouk au Sahel (1864), Tunis, Faculté des lettres et sciences humaines de Tunis, 1978.

108. Jocelyne Dakhlia, « Dans la mouvance du prince : la symbolique du pouvoir itinérant au Maghreb », Annales ESC, 43-3, 1988, p. 735-760, ici p. 737.

109. Ibid., p. 757.

110. Uzi Rabi, Tribes and States in a Changing Middle East, New York, Oxford University Press, 2016 ; Tariq Moraiwed Tell, The Social and Economic Origins of Monarchy in Jordan, New York, Palgrave Macmillan, 2013.

111. Khaled Fahmy, All the Pasha’s Men: Mehmed Ali, His Army and the Making of Modern Egypt, Le Caire, The American University in Cairo Press, [1997] 2010.

112. ʿAbd al-Aḥad al-Sabtī, « Al-tārīẖ al-ijtimāʿī wa masʾalat al-manhaj. Mulāḥaẓāt awwaliyya [L’histoire sociale et la question méthodologique. Remarques préalables] », in Recherches sur l’histoire du Maroc, op. cit., p. 43-57, ici p. 54.

113. Muḥammad Ḥajjī, Al-zāwiya al-Dilāʾiyya wa dawruhā al-dīnī wa-l-ʿilmī wa-l-siyāsī [La zaouïa de Dila et son rôle religieux, scientifique et politique], Casablanca, Maṭbaʿat al-najāḥ al-jadīda, [1964] 1988, p. 275.

114. Ernest Gellner, Les saints de l’Atlas, trad. par P. Coatalen, Saint-Denis, Bouchène, [1969] 2003, p. 20.

115. P. Pascon, Le Haouz de Marrakech, op. cit., p. 257.

116. Abdellah Hammoudi « Sainteté, pouvoir et société : Tamgrout aux xviie et xviiie  siècles », Annales ESC, 35-3/4, 1980, p. 615-641.

117. R. Bū Ruqiyya, Al-Dawla wa-l-sulṭa wa-l-mujtamaʿ…, op. cit., p. 40.

118. Dale F. Eickelman, Moroccan Islam: Tradition and Society in a Pilgrimage Center, Austin, University of Texas Press, 1976, p. 241 sq.

119. Paul Rabinow, Symbolic Domination: Cultural Form and Historical Change in Morocco, Chicago, The University of Chicago Press, 1975.

120. Abdelahad Sebti, « Au Maroc : sharifisme citadin, charisme et historiographie », Annales ESC, 41-2, 1986, p. 433-457, p. 437.

121. ‘A. al-Mūddan, Al-bawādī al-maġribiyya qabl al-istiʿmār…, op. cit., p. 299.

122. M. el Mansour, Morocco in the Reign of Mawlay Sulayman, op. cit., p. 158. Sur ces vérifications, voir également Catherine Mayeur-Jaouen, « Quête des ansāb et quête des ašrāf dans le monde arabe (xve-xxe siècle) », Oriente Moderno, 103-1, 2023, p. 3-35.

123. J. Berque, Ulémas, fondateurs, insurgés du Maghreb, op. cit., p. 22.

124. Ibid., p. 266.

125. Clifford Geertz, Observer l’islam. Changements religieux au Maroc et en Indonésie, trad. par J. B. Grasset, Paris, La Découverte, [1968] 1992, p. 58.

126. M. al-Bazzāz, Tārīẖ al-awbiʾa wa-l-majāʿāt…, op. cit., p. 361.

127. ‘A. al-Mūddan, Al-bawādī al-maġribiyya qabl al-istiʿmār…, op. cit., p. 232 et 242.

128. M. Tozy, Monarchie et islam politique au Maroc, op. cit.

129. A. Laroui, Les origines sociales et culturelles…, op. cit., p. 73 sq.

130. M. Elaine Combs-Schilling, « Performing Monarchy, Staging Nation », in R. Bourquia et S. Gilson Miller (dir), In the Shadow of the Sultan, op. cit., p. 176-214.

131. Youssef Belal, Le cheikh et le calife. Sociologie religieuse de l’islam politique au Maroc, Lyon, ENS éditions, 2011.

132. Selim Derіngіl, The Well-Protected Domains: Ideology and Legitimation of Power in the Ottoman Empire, 1876-1909, Londres, I. B. Tauris, 1998.

133. Muḥammad Jadūr, Muʾassasat al-Maẖzan fī tārīẖ al-Maġrib [L’institution du Makhzen dans l’histoire du Maroc], Casablanca, Éditions ʿIkāẓ, 2011.

134. Mohammed Ennaji, Soldats, domestiques et concubines. L’esclavage au Maroc au xix e  siècle, Casablanca, Eddif, 1994, p. 146.

135. Ibid., p. 153.

136. M’hamed Oualdi, Esclaves et maîtres. Les Mamelouks des Beys de Tunis du xvii e  siècle aux années 1880, Paris, Éd. de la Sorbonne, 2011.

137. Muṣṭafā al-Shābī, Al-Nuẖba al-maẖzaniyya fī Maġrib al-qarn al-tāsiʿ ʿashar [L’élite makhzénienne dans le Maroc du xixe siècle] Rabat, Publications de la Faculté des lettres et des sciences humaines, 1995.

138. Ibid., p. 121.

139. Ibid., p. 136.

140. Bahija Simou, Les réformes militaires au Maroc de 1844 à 1912, Rabat, Publications de la Faculté des lettres et des sciences humaines, 1995 ; Muṣṭafā al-Shābī, Al-jaysh al-maġribī fī-l-qarn al-tāsiʿ ʿashar. 1830-1912 [L’armée marocaine au xix e  siècle], Rabat, Al-miṭbaʿa wa-l-warāqa al-maġribiyya, 2008.

141. A. Laroui, Les origines sociales et culturelles…, op. cit.

142. Naʿīma Harāj al-Tūzānī, Al-umanāʾ bi-l-Maġrib fī ʿahd al-sulṭān Mawlāy Ḥasan [Les oumanas au Maroc sous le règne de Moulay Hassan], Rabat, Publications de la Faculté des lettres et des sciences, 1979, p. 55.

143. N. al-Tūzānī, Al-umanāʾ bi-l-Maġrib…, op. cit., p. 158.

144. Olivier Bouquet, Les pachas du sultan. Essai sur les agents supérieurs de l’État ottoman, 1839-1909, Louvain, Peeters, 2007.

145. G. Ayache, Études d’histoire marocaine, op. cit., p. 94.

146. Voir Sarah Gensburger, « Contributions historiennes au renouveau de la sociologie de l’État. Regards croisés franco-américains », Revue française de sociologie, 52-3, 2011, p. 579-602.

147. Ces approches se sont beaucoup développées autour du welfare state et de la conjonction de nombreux acteurs ; voir Christopher Howard, The Hidden Welfare State: Tax Expenditures and Social Policy in the United States, Princeton, Princeton University Press, [1997] 2005 ou Joanna Innes, Inferior Politics: Social Problems and Social Policies in Eighteenth-Century Britain, Oxford, Oxford Universisty Press, 2009.

148. Nicolas Delalande, Les batailles de l’impôt. Consentement et résistances de 1789 à nos jours, Paris, Éd. du Seuil, 2011.

149. Claire Lemercier, Un si discret pouvoir. Aux origines de la chambre de commerce de Paris, 1803-1853, Paris, La Découverte, 2003 ; Alain Chatriot, La démocratie sociale à la française. L’expérience du Conseil national économique, 1924-1940, Paris, La Découverte, 2003.

150. Marc Olivier Baruch et Vincent Duclert, Serviteurs de l’État. Une histoire politique de l’administration française, 1875-1945, Paris, La Découverte, 2000 ; Émilien Ruiz, Trop de fonctionnaires ? Histoire d’une obsession française, >xixe-xxe siècle, Paris, Fayard, 2021.

151. Amy Aisen Kallander, Women, Gender, and the Palace Households in Ottoman Tunisia, Austin, University of Texas Press, 2013 ; Leila Temime Blili, Les femmes de la maison houssaynîte. Al Harîm al Maçoun, Tunis, Ceres éditions, 2022.

152. ʿA. al-Sabtī, « Al-tārīẖ al-ijtimāʿī… », art. cit.

153. Ainsi que nous en avions donné quelques exemples dans Antoine Perrier, Monarchies du Maghreb. L’État au Maroc en Tunisie sous protectorat (1881-1956), Paris, Éd. de l’EHESS, 2023.

154. M’hamed Oualdi, Un esclave entre deux empires. Une histoire transimpériale du Maghreb, Paris, Éd. du Seuil, [2020] 2023.

155. Yassir Benhima, « Le Maroc à l’heure du monde (xve-xviie siècle). Bilan clinique d’une historiographie (dé)connectée », L’Année du Maghreb, 10, 2014, p. 255-266. Il a existé des exceptions vers les relations maroco-ottomanes, comme les travaux de ʿA. al-Mūddan, par exemple Abderrahmane El Moudden, « The Idea of the Caliphate between Moroccans and Ottomans: Political and Symbolic Stakes in the 16th and 17th Century-Maghrib », Studia Islamica, 82-2, 1995, p. 103-112.

156. Pierre Bourdieu, « Le mort saisit le vif », Actes de la recherche en sciences sociales, 32-33, 1980, p. 3-14.

157. Cité par B. Hibou et M. Tozy, Tisser le temps politique au Maroc, op. cit., p. 113.