Published online by Cambridge University Press: 11 October 2017
A la veille de la Révolution française, l'Europe presque entière était soumise à ce que nous avons appelé depuis : l'Ancien régime. Le prince s'était attribué un pouvoir absolu. Les Églises le regardaient comme le lieutenant de Dieu, et, réciproquement, il maintenait leur autorité en imposant sa religion à ses sujets. On avait relégué dans l'oubli le droit naturel, inauguré dans l'Antiquité par les Stoïciens, développé au moyen âge par les théologiens, notamment par saint Thomas d'Aquin, et d'après lequel la société est fondée sur le libre contrat de ses membres, le gouvernement par le libre contrat de celui qui en est chargé avec ceux qui lui obéissent ; de telle sorte que le pouvoir ne peut être conçu qu'au profit de la communauté, et qu'institué pour garantir les prérogatives légitimes de la personne il ne doit leur porter aucune atteinte.