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Note sur l'action de Karl Radek jusqu'en 1923

Published online by Cambridge University Press:  11 October 2017

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H. Schurer, bibliothécaire à l'Université de Londres (School of Slavonic Studies) vient de consacrer à Karl Radek un très intéressant article l. La matière, certes, est loin d'être épuisée, mais cette étude fournira certainement un point de départ commode pour l'étude de ce personnage hors-série, un des hommes-clés de l'histoire des premières années de l'Internationale communiste, auteur prolixe et pourtant pratiquement inconnu aujourd'hui. Radek, pendant les années qui suivirent la Révolution russe, fut en effet non seulement un des premiers personnages de l'Internationale — et même son secrétaire pendant quelques mois — mais encore le mentor du P.C. allemand jusqu'au fiasco de 1923.

Type
Mélanges Sur L'Allemagne de Weimar
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1966

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References

page 681 note 1. « Radek and the German Révolution », par H. Schurer, Survey n° 53, pp. 58-69 et n° 55, pp. 126-140. Le n° 53, intitulé Memoirs and Portraits, comporte différentes études sur des figures de l'I.C. : Raskolnikov, Gramsci, Togliatti, Paul Levi, Korsch et des souvenirs d'Esther Corey, B. Reichenbach et Manuel Gomez, dont certains se terminent dans le n° 55

page 681 note 2. Récemment, l'historiographie est-allemande qui, depuis des années, passait totalement Radek sous silence, a soulevé le voile. Arnold Reisberg, dans son livre Lenin und die Aktionseinheit in Deutschland, cite, pp. 114-116, des extraits d'une lettre de Radek sur le mot d'ordre du gouvernement ouvrier datée du 10 novembre 1921

page 681 note 3. J'ai, à deux reprises, exprimé l'opinion que j'ai retirée d'une analyse attentive du comportement de Radek sur le banc des accusés : compère de l'accusation, il a en même temps joué avec le procureur une extraordinaire et sinistre partie de poker, en rappelant à chaque instant le prix du service rendu et le salaire qu'il en attendait : la vie

page 681 note 4. Ruth Fischer, dans Stalin and German communiant, où elle a véritablement « réglé ses comptes » avec Radek comme avec bien d'autres, apparemment sans beaucoup de scrupules, et Alfred Rosmer, sur un tout autre ton, dans Moscou sous Lénine.

page 682 note 1. K. Radek est tiré du polonais kradziez, qui signifie « vol ». Parmi les autres pseudonymes utilisés par ce journaliste débordant d'activité, citons Parabellum, Arnold Struthahn (ou Struthan), Viator, Paul Bremer, dans le parti « Max », etc…

page 682 note 2. Au cours de la deuxième partie de son séjour en prison à Berlin en 1919, Radek devait mettre la main à une édition de ses principaux écrits qui parut sous le titre In den Reihen der Deutschen Révolution. La continuité est incontestable entre les écrits du jeune franc-tireur social-démocrate d'avant 1914, de l'internationaliste de la guerre et du bolchevik

page 683 note 1. On trouvera les détails sur cette scission aussi bien dans le Rosa Luxemburg de Paul Froelich, qui vient d'être traduit en français chez Maspero, que dans le livre de Dziewanowski, The Communist Party of Poland. An Outline of History (Harvard U.P. 1959)

page 683 note 2. Radek qui avait remplacé Thalheimer à la tête du journal « radical » de Gôppingen accusait l'appareil du parti de manoeuvres bureaucratiques pour étouffer la voix des radicaux

page 683 note 3. Radek a répondu aux accusations lancées contre lui dans un pamphlet édité à Brème à compte d'auteur : Meine Abrechnung. On trouvera un résumé de l'affaire, favorable à Radek, dans l'article de Rudolf Franz, « Der Fall Radek von 1913 » (Dus Forum, Jg 4, Heft 5, Februar 1920) avec notamment les conclusions du jury d'honneur

page 684 note 1. Trotsky, dans Ma Vie, dit qu'il avait espéré trouver en lui un partisan, mais qu'il constata, au cours d'une discussion à Zurich, « qu'il ne croyait pas à la possibilité d'une révolution prolétarienne à l'occasion de la guerre, ni en général dans un prochain avenir » (p. 04, t. Iii). C'est sous l'impression de ce défaitisme de Radek que Trotsky se serait mis à écrire La Guerre et l'Internationale.

page 684 note 2. Voir notamment les nombreuses lettres de Lénine à Radek récemment publiées dans le tome 86 des OEuvres en français (pp. 330-337 notamment). Il serait précieux de connaître les lettres de Radek à Lénine.

page 684 note 3. Schurer a tort de négliger les relations nouées en Suisse entre Radek et Paul Levi, ami personnel de Rosa Luxemburg et dirigeant du groupe l'Internationale. C'est Radek qui mit Levi en contact avec Lénine et Zinoviev. Beaucoup plus tard, après l'exclu-sion de Levi de l'I.C, Lénine devait dire qu'il était déjà, à cette époque « un bolchevik ». Paul Levi écrivit d'ailleurs dans Arbeiterpolitik du 3 mars 1917, un article se prononçant pour la scission en Allemagne et la rupture avec les dirigeants centristes qui allaient, contraints et forcés, constituer le Parti social-démocrate indépendant. On sait que, sous son pseudonyme de Hartstein, Levi fut le seul social-démocrate allemand à signer, le premier, la « déclaration des internationalistes » lors du départ de Lénine en Russie via l'Allemagne en avril 1917. Il fut également membre du bureau de la gauche de Zimmerwald après la conférence d'Olten. Pendant cette période, Levi constitua le lien entre les bolcheviks et Radek d'une part, Rosa Luxemburg et Spartakus de l'autre

page 685 note 2. Spartakus était entré en tant que groupe dans le Parti social-démocrate indépendant au congrès de Gotha (6-8 avril 1917). Le 5 mai les « radicaux de gauche » de Brème et Hambourg appelaient à la constitution d'une organisation révolutionnaire indépendante, les Socialistes Internationalistes d'Allemagne

page 685 note 3. Un récit du séjour de Radek à Berlin dû à sa plume avait paru dans Krasnaja Nov', n° 10, 1926, sous le titre « Nojabr', Iz Vospominanii ». Otto-Ernst Schtjddekopf en a donné une traduction allemande sous le titre « Karl Radek : November. Eine kleine Seite aus meinen Erinnerungen », dans Archiv fur Sozialgeschichte. Jahrbuch der Friedrich-Ebert Stiftung, Bd II, 1962, pp. 119-166. La référence eût été ici nécessaire

page 686 note 1. Johann Knief redoutait le centralisme de l'organisation dirigée par Léo Jogiches..- On mesure, à la lecture de ce passage des souvenirs de Radek, la vanité du schéma classique opposant les bolcheviks « centralistes » aux spartakistes « plus démocrates » : Knief, l'un des Allemands les plus proches de Lénine, redoute le « centralisme » et le « régime » que pourrait imposer Jogiches, Valter ego de Rosa Luxemburg

page 686 note 2. La lettre à Alfons Paquet a été publiée d'abord dans Der Geist der russische Révolution, pp. Vii-XI. Paquet l'avait reçue le 20 mars. Schiiddekopf, qui l'a retrouvée dans les archives Brockdorff-Rantzau, a précisé, dans sa présentation des souvenirs de Radek, qu'elle était datée du 11 mars

page 686 note 3. Ruth Fischer avait porté la lettre (demandant à Levi d'éviter la scission) de la prison de Moabit, où se trouvait Radek, à Heidelberg où se tenait le congrès. Levi, devant le C.C. du Parti, en mai 1921, affirmera sans être démenti que la lettre de Radek était arrivée trop tard pour qu'il pût en être tenu compte : elle ne l'avait d'ailleurs pas convaincu (Was ist das Verbrechen, p. 29)

page 686 note 4. Radek parle à Zetkin de « cette erreur de calcul politique qu'était notre espoir d'une révolution en Pologne ». Il ajoute : « D'ailleurs Radek nous avait prédit ce qui allait se passer. Il nous avait prévenus. Je me suis fâché sérieusement contre lui, je l'ai traité de « défaitiste ». Mais, pour l'essentiel, c'est lui qui a eu raison. » ( Zetkin, Clara, Souvenirs sur Lénine, traduction française, Bureau d'Éditions, 1926, pp. 2526 Google Scholar)

page 686 note 5. Voir notamment, Karl Radek, Die Lekren des Ungarischen Révolution, dans Die Internationale, Heft 21, pp. 56-60 qui avait été la préface d'une brochure de Zoltan Szanto, et la réponse de Paul Levi portant le même titre dans Die Internationale, Heft 24, pp. 32-41

page 687 note 1. A la veille de la plus grande grève générale de la classe ouvrière allemande qui allait abattre le putsch, le P.C. allemand avait affirmé que la classe ouvrière ne bougerait pas pour défendre la République et que l'affaire était une querelle entre bourgeois. Levi qui se trouvait à cette date en prison fut le premier à critiquer sévèrement cette attitude de son parti. Les Russes insistèrent pour que sa lettre fût publiée (Die Kommunistische Internationale, 1920, Heft 12, pp. 147-150)

page 687 note 2. L'opposition exclue au congrès de Heidelberg avait constitué le Parti communiste ouvrier d'Allemagne (K.A.P.D.). Les délégués du P.C. allemand avaient menacé de quitter le congrès si cette invitation était maintenue. Le conflit fut réglé par l'absence des délégués du K.A.P.D

page 687 note 3. Voir notamment l'article de Radek signé Paul Bremer, dans Die Internationale, 1921, Heft 1, pp. 1-4 et 2, pp. 10-16, « Die Bildung der einheitlichen proletarischen Kampffront »

page 687 note 4. Richard Lôwenthal a semble-t-il mieux aperçu le double jeu de Radek et l'a décrit dans son article « The bolshevization of the Spartakus League », International Communism édité par David Footman, St-Antony's Papers n° 9, 1960, p. 23-71. L'équipe mise en place autour de Brandler pour remplacer Levi et Zetkin n'allait pasfaire le poids en face des pressions de Bêla Kun, représentant de l'Exécutif pour une « action de masse » et une « tactique offensive »…

page 688 note 1. Au cours du débat du Iiie congrès de l'I.C., Clara Zetkin fera, sans le nommer, une allusion transparente au rôle de Bêla Kun et à la responsabilité de Radek : « Personne ne le sait mieux que le camarade Radek » (Protokoll des III Kongresses der Kommunistischen Internationale, p. 297)

page 689 note 1. Réponse à Ruth Fischer (Protokoll des IV Kongresses…, p. 100)

page 689 note 2. Radek fut l'un des partisans de l'abandon de la manifestation antifasciste prévue pour le 29 juillet et interdite par le gouvernement prussien. Le 2 août, il écrivait dans Die Bote Fahne : « Le moment n'est pas encore venu de livrer la bataille décisive (…). Ne cherchons pas la décision prématurément ». Au cours de la discussion, après la défaite, il devait se demander si le « tournant » d'août n'avait pas été trop tardif : personne, à l'Exécutif, ne songeait, en mai que la situation fût en train de changer en Allemagne.

page 690 note 2. Il déclare au Presidium de l'I.C. du 11 janvier 1924 : « Ce qui se passe dans le prolétariat allemand est le reflet de la situation générale en Allemagne, l'effondrement de toute activité politique, de l'extraordinaire passivité politique de toutes les classes sociales sauf l'Armée » (Die Lehren der Deutschen Eteignisse, p. 10)

page 690 note 2. En acceptant, le 21 janvier, au Presidium, cette résolution, il justifie son geste par le fait que l'Exécutif a toujours maintenu, au cours de cette période, la fiction de son unité…

page 690 note 3. Discrétion toute à l'avantage de Schurer et qui contraste heureusement avec les racontars auxquels semble se complaire M. Wetzel auteur d'une prétendue biographie de Liu Shao-qi !