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Migrations et fluctuations démographiques dans la France rurale 1836-1901*

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Paul Hohenberg*
Affiliation:
Sir George Williams University

Extract

L'histoire de la population française n'a pas retenu jusqu'À maintenant toute l'attention que mérite ce cas extraordinaire. En plus de l'interprétation très personnelle d'Ariès, on dispose pour le xixe siècle de deux ouvrages américains intéressants, ceux de Spengler et Camp 1Le travail de référence pour la première moitié du siècle est celui de Pouthas, alors que Reinhard et al. résument l'état actuel des connaissances 2. Toutes ces études, y compris la nôtre, sont fondées sur les statistiques officielles, tirées essentiellement des recensements quinquennaux. Les travaux récents en démographie historique qui visent À reconstituer l'évolution des populations fournissent non seulement des données plus détaillées que les recensements, mais conduisent parfois À douter de la suffisance des statistiques officielles 3. Quelles que soient les limites de l'information disponible, l'évolution générale de la population dans la France du xixe siècle est bien connue. Les choses sont moins claires s'il s'agit des variantes régionales et de la part relative dans cette diversité du mouvement naturel et de la migration.

Type
Les Domaines de L'histoire
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1974

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Footnotes

*

L'auteur, qui est Professeur Associé d'Économie à l'Université Sir George Williams (Montréal), tient à remercier un certain nombre d'institutions qui ont fourni des soutiens financiers à ses recherches sur la France rurale, dont le présent article est un résultat partiel. Il s'agit notamment du Social Science Research Council (États-Unis) et de la Ford Foundation, qui le déchargérent de ses tâches universitaires; du Research Center in Economie Growth (Stanford University), du Center for International Studies, du Program in Comparative Economie Development, et du European Studies Committee (tous à Cornell University). Il remercie également Robert Kaplan et Janet Hahn de l'aide qu'ils ont apportée pour les calculs et les graphiques, ainsi que ses collégues Wynn Bussmann, Dennis Mueller, André Martens, et Franklin Mendels. Des remerciements particuliers sont dus au Professeur E. Van de Walle de Princeton University pour ses données inédites. L'auteur garde cependant toute la responsabilité pour l'usage qu'il a fait de ces contributions.

References

Notes

1 Ph. Ariès, Histoire des populations françaises, Paris, Éditions A. Self, 1948 ; J. J. Spengler, France Faces Dépopulation, réimpression, New York, Greenwood Press (date d'origine 1938) ; W. D. Camp, Marriage and the Family in France since the Révolution, New York, Bookman Associates, 1961 ; voir également J. Goldstein, Bevôlkerungsprobleme und Berufsgliederung in Frankreich, Berlin, 1900.

2. C. H. Pouthas, La population française pendant la première moitié du XIXe siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 1956 ; M. Reinhard, A. Armengaud, J. DupÀ- Quier, Histoire générale de la population mondiale, Paris, Éditions Montchrestien, 1968, I I e partie, ch. 2-4. L'ouvrage de P. Merlin, L'exode rural, Paris, Presses Universitaires de France, 1971, m'est parvenu après l'achèvement de la présente étude. Noter aussi la thèse inédite de W. H. Newell, University of Pennsylvania, 1971.

3. Voir, par exemple, E. Van de Waixe, « The Quality of French Démographie Data in the i9th century », Saggi di Demografia Storica, Série Richerche Empiriche, n° 2, Florence, 1969.

4. Dans cette étude, le mot région désigne plus qu'un département mais pas toujours un territoire correspondant À un nombre entier de départements.

5. Paris, La Documentation Française, 1967, planches 1-5 avec des données tirées des recensements de 1954 et 1962.

6. Les données sont commodément groupées dans l'Annuaire Statistique de 1966, aux pages 94-95.

7. Recensement de igoi, IVe volume, pp. 488-497. Camp soutient que le recensement de 1901 fut le meilleur en France avant la Deuxième Guerre mondiale. Camp, ouvrage cité, p. 31.

8. Pour la France rurale on peut raisonnablement laisser de côté les échanges de population avec l'étranger.

9. Voir L. Wylie, « Démographie Change in Roussillon », dans Pitt-Rivers, éd., Mediterranean Countrymen, La Haye, Mouton, 1963, pp. 215-236, et du même auteur, Chanzeaux, Cambridge, Mass., Harvard University Press, 1966, pp. 156-183.

10. Il est possible que les migrants n'aient pas la même longévité que les non-migrants, ou bien que la mortalité dans les centres d'immigration soit différente de celle qui prévaut ailleurs.

11. Annuaire Statistique de la France, 1966, pp. 82-83.

12. Cette stabilité écarte aussi le problème soulevé par le caractère synthétique des cohortes dans les tables de mortalité.

13. Afin d'indiquer clairement lorsque les données proviennent de calculs dépendant de l'hypothèse-clef sur la durée de l'intervalle correspondant À la matrice établie en 1901, l'année initiale est notée comme 1861*.

14. La figure 9 montre les limites régionales et les données correspondantes pour l'émigration.

15. Les données sur le mariage ont été généreusement fournies par le Professeur E. Van de Walle. Se rapporter plus loin À la discussion des données sur le degré d'urbanisation. Les indices de productivité du travail agricole sont tirées de Goreux, « Les migrations agricoles en France depuis un siècle et leur relation avec certains facteurs économiques », Études et Conjoncture, XI, 1956, pp. 327-376. La série sur la productivité du travail se trouve en étroite corrélation inverse avec celle des densités agricoles, cette dernière ayant apparemment été corrigée (pour tenir compte de la qualité variable des terres) À l'aide d'un coefficient reflétant la valeur de la production agricole effective. Ce procédé fond en une seule mesure l'intensité de l'usage du sol et ses qualités propres.

A noter que :S60_inline01.gif

avec T = superficie corrigée, N = population agricole, Q = produit agricole.

16. Les variables d'indice supérieur B ont pour dénominateur la population née dans le département, quel que soit son département de résidence en 1901.

17. Les Landes et les Côtes-du-Nord connurent également de lourdes pertes.

18. Cf. plus loin, p. 489.

19. Jusqu'en 1851 la variation totale est la somme des deux séries composantes, mais après cette date elle diffère légèrement, étant tirée des séries de « population légale ». Je n'ai pas essayé de réconcilier les différentes définitions de la population, mais seulement de m'assurer qu'elles ne faussaient pas les calculs, surtout les soustractions.

20. R. Rouvière, Le problème de la désertion des campagnes, Nîmes, 1928, est un ouvrage typique.

21. Certaines équations sont accompagnées de cartes indiquant les résidus importants (positifs et négatifs) de l'estimation linéaire. La méthode d'estimation est toujours celle des moindres carrés ordinaire. Les coefficients de détermination (R1) sont tous corrigés. Lorsque l'écart-type d'un coefficient n'est pas donné, il est inférieur À la moitié de ce coefficient (T-Student au moins égal À 2,0).

22. Reinhard et al., p. 344 considèrent la haute densité comme la cause au moins initiale de l'émigration des travailleurs agricoles dans le Sud-Ouest de la France. C'est aussi l'interprétation de R. Brunet : voir Les campagnes toulousaines, Toulouse, Faculté des Lettres, 1965. Malheureusement, ces auteurs s'attachent À l'explication d'une émigration dans une région où elle a été particulièrement faible, tant avant 1861 qu'après.

23. Voir plus haut la note 15. DA et PL ont un coefficient de corrélation simple de 0,824.

24. Annuaire Statistique de 1966, p. 23.

25. Nous essayons plus loin de séparer les facteurs de répulsion et d'attraction en utilisant Es et le taux d'émigration brute. Cf. pp. 486-487.

26. Les résidus des équations expliquant ED et ER, respectivement, ne diffèrent qu'À cause du dessin des limites régionales, qui a pour effet de rendre inter-régionales certaines migrations À courte distance et pas certaines autres.

27. Sur tout ce sujet, se rapporter À Goreux.

28. On remarquera plus loin que la proportion de la population qui est urbanisée sert mieux d'indicateur que la présence d'une grande ville indiquée À l'aide d'une variable fictive. Il serait intéressant d'introduire dans cette étude la composition sectorielle de la population active (pourcentage d'emplois non agricoles), mais cela reste À faire.

29. J'ai traité des relations entre économie agricole et mouvements de la population dans « Change in Rural France in the Period of Industrialization, 1830-1914 », Journal of Economie History, 1972, n° 1, pp. 219-240.

30. Il a cependant été noté que les migrations entre zones agricoles touchent surtout les salariés chez qui les mariages tendent À se faire relativement tard.

31. Sur la théorie de la migration par étapes et sur plusieurs générations, voir wylie, chameaux, p. 178, et ariès, pp. 163-199 ; également p. clément et p. vieille, « l'exode rural », études de comptabilité nationale, i960, p. 70 ; m. latil, l'évolution du revenu agricole, paris, armand colin, 1956, p. 49 ; a. redford, labour migration in england 1800-1850, manchester university press, 1926.

32. Cette méthode ressemble À celle utilisée par R. Livet, L'avenir des régions agricoles, Paris, Éditions Économie et Humanisme, 1965, pp. 160-165.

33. . D. Faucher, La vie rurale vue par un géographe, Toulouse, Institut de Géographie, 1962, p. 296.

34. L'émigration est chiffrée par El, la fraction de la population native d'un département donné ayant quitté la région où se trouve ce département.

35. Il faut reconnaître que la méthode impose des contraintes sur les combinaisons possibles. Les valeurs extrêmes de l'attraction sont nécessairement associées aux valeurs moyennes de la répulsion et vice versa.

36. En complément À ArièS, pp. 268-368, voir G. Pourcher, Le peuplement de Paris, Paris, Presses Universitaires de France, 1964.

37. Goreux, p. 332.

38. Se rapporter aux cartes dans D. Renouard, Les transports de marchandises par fer, par route et eau depuis 1830, Paris, A. Colin, 1960.

39. La proportion d'émigrants en destination des autres départements de la même région, EL, n'est pas en forte corrélation avec le solde naturel, car les départements qui reçoivent les courants intra-régionaux, et qui ont eux-mêmes une faible croissance naturelle, n'envoient guère d'émigrants À leurs voisins.

40. Des taux d'émigration importants peuvent, bien sûr, indiquer simplement l'abandon d'une région mourante.

41. Ici, encore le Couloir Rhodanien est dominé par l'attrait des grandes villes aux deux extrémités.

42. Il y a un léger regroupement des indices de productivité de 1852 À 1911, ainsi que le laisse voir une certaine corrélation négative entre la variation des indices sur cette période et leur valeur initiale. Cependant, l'effet de convergence est faible, et les indices de Goreux sont de toute façon affectés d'aléas appréciables.

43. L. de Lavergne, Économie rurale de la France. Paris, 1877, p. 417.

44. La critique d'Ariès par Armengaud et Brunet ne nous paraît pas fondée. Ce qui est Paul Hohenberg, plus grave, c'est que le travail par ailleurs fort important de ce dernier examine longuement un exode rural dont il aurait fallu expliquer le peu de poids à côté de la forte dénatalité. Nous sommes finalement amenés à juger heureuse la formule d'Ariès voulant que la population des pays de Garonne se soit « évaporée » (p. 113).

45. Atlas de la France rurale, Paris, A. Colin, 1968, p. 21.