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L'infanticide dans le Haut Moyen Age

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Emily R. Coleman*
Affiliation:
Université de Pittsburgh

Extract

Grâce aux médiévistes de ces dernières générations, nous comprenons mieux aujourd'hui les institutions politiques et agraires du Haut Moyen Age, leur ingéniosité, leurs possibilités, et l'idée d'un Haut Moyen Age dynamique s'impose À nous. Nous apprenons À reconnaître et À mesurer les difficultés du lent glissement d'une civilisation À une autre. Et pourtant, au moins dans un sens, l'expression d’ « âge obscur » reste À l'ordre du jour comme il y a cent ans. En effet, malgré tous les progrès de la recherche historique, À la fois dans ses méthodes et dans son mode de perception, ses perspectives, l'histoire sociale de cette période reste fondamentalement mystérieuse. Nous sommes bien renseignés sur les factions politiques qui divisent l'aristocratie et sur la vie agraire du IXe siècle, mais bien peu d'auteurs se sont attachés à la veritable cellule de base de cette société, la famille paysanne. Nous ne traiterons ici, essentiellement, qu'un seul aspect de la vie paysanne, très largement négligé jusqu'À présent par les historiens, et qui semble pourtant jouer un rôle important dans l'évolution sociale du Haut Moyen Age : les aspects économiques et sociaux de la limitation des naissances dans la population servile.

Type
Frontières Nouvelles
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1974

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References

Notes

1. Nous exprimons ici toute notre gratitude À David Herlihy, John Markoff, Gilbert Shapiro, Richard Trexler pour nous avoir inlassablement conseillée.

2. Le document a été édité deux fois, par Benjamin Guérard d'abord, Le polyptyque de l'Abbé Irminon… avec prolégomènes, 2 vol., Paris, 1844. L'introduction fournit, par ses détails, un point de départ encore fondamental À toute étude de ce document. La seconde édition d'Auguste Longnon, Le polyptyque de l'abbaye de Saint- Germain-des Prés, rédigé au temps de l'abbé Irminon, 2 vol., Paris, 1886-1895, contient une introduction de taille plus modeste. Certaines interprétations de Guérard y sont discutées, problèmes paléographiques ou géographiques, et l'on trouve, de plus, un chapitre sur les noms mentionnés dans le document. Le manuscrit original est conservé À la Bibliothèque Nationale (fonds latin, 12832).

3. Pour l'histoire du monastère, voir J. Bouillart, Histoire de l'Abbaye Royale de Saint-Germain-des-Prés, contenant la vie des abbez qui Vont gouvernée depuis la fondation, Paris, 1724. Il est utile aussi de se reporter au texte et À la bibliographie de H. Leclerq, article « Saint-Germain-des-Prés », Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie, vol. 6, i r e partie, 1924. La meilleure bibliographie est toujours L. H. COTTINEAU, Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés, 2 vol., 1939-1940 : voir le monastère de Sainte-Croix et Saint-Vincent. A ma connaissance, le travail d'ensemble le plus récent est le Mémorial du XIVe centenaire de l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés, Paris, 1959. Je renvoie aussi À L. R. MÉNAGER, « Considérations sociologiques sur la démographie des grands domaines ecclésiastiques carolingiens », Études d'histoire du droit canonique dédiées À Gabriel Le Bras, Sirey, 1965, vol. 2, pp. 1317-1335. Malheureusement ces deux ouvrages ne présentent pas de bibliographie des ouvrages ou articles récemment parus sur le sujet. Pour complément, voir The Cambridge Economie History, Cambridge, 1966, 2e édition, vol. 1, ou la bibliographie très au point de G. DUBY, Rural Economy and Country Life in the Médiéval West, Columbia, S.C., 1968.

4. Dans toute étude économique sur le Haut Moyen Age, les polyptyques, et en particulier celui de Saint-Germain-des-Prés, sont mentionnés comme source principale. Ne citons que G. Duby, op. cit. ; M. Bloch, French Rural History, Berkeley and Los Angeles, 1966; B. H. Slicher Van Bath, The Agrarian History of Western Europe, A. D. 300-1850, Londres, 1966 ; R. Latouche, The Birth of Western Economy, New York, 1966. De toute évidence l'une des meilleures études À partir du polyptyque d'Irminon est celle de Ch.-E. Perrin, « Observations sur le manse dans la région parisienne au début du IXe siècle », Annales d'Histoire Sociale, VII, 1945, pp. 39-52. Pour les mises au point les plus récentes sur le problème des polyptyques voir W. Goffart, « From Roman Taxation to Médiéval Seigneurie : Three notes (Part II) », Spéculum, XLVII, n° 3, 1972, pp. 373-394. Pour une bibliographie plus complète, je renvoie À ma thèse (inédite pour l'instant), The Serfs of Saint-Germain-des-Prés : a Social and Démographie Study, University of Wisconsin, Madison, 1972.

5. . La tentative la plus ambitieuse reste l'étude de Ferdinand LOT, « Conjectures démographiques sur la France au IXe siècle », Le Moyen Age, XXXII, 1921, pp. 1-27, 107-137. Cette étude a été critiquée sur plusieurs points par Henri SÉE, « Peut-on évaluer la population de l'ancienne France ? », Revue d'Économie Politique, XXXVIII, 1924, pp. 647-655 ; Charles-Edmond Perrin, « Note sur la population de Villeneuve-Saint- Georges au ixe siècle », Le Moyen Age, LXIX, 1963, pp. 75-86 ; L.-R. Ménager, op. cit., E. R. Coleman, op. cit., pp. 10-35. Pour une utilisation démographique du polyptyque, voir également J. C. Russel, Late Ancient and Médiéval Population, Transactions of the American Philosophical Society, XLVIII, part 3, Philadelphie, 1958.

6. 6. Voir, par exemple, Ch.-E. Perrin, « Note sur la population… », pp. 80-81.

7. Longnon, Polyptyque, Brevia 1, 11, ni, iv, v, passim. L'édition complète du polyptyque a laquelle on devra se référer est celle de Longnon.

8. Par exemple, Polyptyque, ix : 145, 157, 289, 290 ; xxi : 1, 3, 81, 82, 86 ; x x n : 53, 72, 84. Ce ne sont que quelques exemples. On pourrait en trouver beaucoup d'autres.

9. Voir, par exemple, Polyptyque, xxi : 25, 27, 33 ; xxn : 25, etc.

10. Voir E. R. Coleman, « Médiéval Marriage Characteristics : A Neglected Factor in the History of Médiéval Serfdom », Journal of Interdisciplinary History, II, 1971, pp. 205-219.

11. Pour avoir un aperçu des sources historiques de l'étude de démographie, voir D. V. GLASS, « Introduction », et D. E. C. Eversley, « Population, Economy and Society », dans D. V. GLASS et D. E. C. EVERSLEY, Population in History, Chicago, 1965, pp. 1-22 et 23-69. Ces travaux traitent plus particulièrement du xvuie siècle et de périodes plus contemporaines. Voir également N. Keyfitz, « Population Theory and Doctrine : a Historical Survey », dans W. Petersen, Readings in Population, New York, 1972, pp. 41-69. Pour la démographie médiévale voir J. C. Russel, Late Ancient and Médiéval Population et « Récent Advances in Médiéval Demography », Spéculum, XL, 1965, pp. 84-101. Voir également J. HEERS, « Les limites des méthodes statistiques pour les recherches de démographie médiévale », Annales de démographie historique, 1968, pp. 43-72. Ces dernières études concernent pour une plus large part la fin du Moyen Age.

12. On trouvera une description plus détaillée de ma méthode d'analyse dans Coleman, E. R., « A Note on Médiéval Peasant Demography », Historical Methods Newsletter, V, n° 2, 1972, pp. 5358.Google Scholar

13. Polyptyque, xv, 20 : « Amalgis, colona sancti Germani ; Jonam colonus et uxor colona, nomine Actildis, habent secum infantem I, nomine Frotgaudus ; Martinus colonus et uxor ejus colona, nomine Wandreverta, homines sancti Germani, habent secum infantes…, his nominibus, Gislehardus, Jenesia, Waldedrudis. »

14. Pour la taille moyenne des ménages paysans, et la structure de la famille, voir ma première étude, E. R. Coleman, The Serfs of Saint-Germain des-Prés, pp. 86-103. Je souhaite vivement présenter bientôt une étude critique plus approfondie.

15. Voir Ch.-E. Perrin, « Observations sur le manse… ».

16. Russel, J. C., Late Ancient and Médiéval Population, Transactions of the American Philosophical Society, XLVIII, part. 3, Philadelphie, 1958, pp. 1314 Google Scholar.

17. Voir E. R. Coleman, « Médiéval Marriage Characteristics… », tableau 1, p. 211.

18. Les coloni sont en majorité et À l'origine descendants des paysans romains qui furent liés À la terre qu'ils cultivaient par les législations du Bas Empire (Dioclétien et Constantin). L'origine des lidi est mystérieuse. Certains historiens voient en eux des laeti que les barbares introduisirent en Gaule comme auxiliaires sous Dioclétien. Ils étaient À la fois exploitants et soldats mais, avec les grandes invasions et la décadence de l'Empire romain, ils devinrent manouvriers esclaves. D'autres part, le mot pourrait être tout simplement une transcription du mot germanique désignant le citoyen (freedman). (Je remercie ici Walter Goffart de cette information.) Les servi sont descendants d'esclaves. Pour plus de détails sur ces catégories sociales et leurs charges fiscales, voir B. Guérard, Le polyptyque… Prolégomènes ; A. Longnon, Le polyptyque… Introduction; H. SÉE, Les classes rurales et le régime domanial en France au Moyen A ge, Paris, 1901, etE. R. Coleman, ibid.

19. Polyptyque, 11, 30 ; v, 25 ; ix, 43 ; xm, 62, 84 ; etc. Je ne compte ici que les ménages dont le chef de famille est un homme, et les groupes familiaux où tous les membres de la famille sont identifiables. En d'autres termes, ne figurent pas ici les ménages comportant par exemple une femme mariée et des enfants n'appartenant pas À l'abbaye, puisqu'il n'est pas possible de fixer la taille du ménage.

20. Si nous faisons le calcul par taille de manse, en distinguant les villas, on obtient une corrélation de + 0,47 pour 288 unités. La tendance est toujours la même bien que le coefficient souffre dans ce cas beaucoup plus des variations individuelles et soit de ce fait moins élevé. Voir l'annexe I pour la taille du manse par villa. Pour connaître les sources de l'utilisation des mesures agraires telles que aripenna (arpents) et bunuaria, voir GUÉRARD, Polyptyque… Prolégomènes ; P. Guilhiermoz, « De l'équivalence des anciennes mesures À propos d'une publication récente », Bibliothèque de l'École des Chartes, LXXIV, Paris, 1913, pp. 267-328 ; Lucien Musset, « Observations historiques sur une mesure agraire : le bonnier », Mélanges d'histoire du Moyen Age dédiés À Louis Halphen, Paris, 1951, pp. 535-541.

21. Le caractère que nous exposons ici est indiscutable et rejoint d'autres études sur certaines sociétés paysannes. Voir par exemple W. Stys, « The Influence of Economie Conditions on the Fertility of Peasant Women », Population Studies, XI, 1957-1958, pp. 136-148.

22. Tulippe, O., L'habitat rural en Seine-et-Oise. Essai de géographie du peuplement, Liège, 1934. P. 37 Google Scholar.

23. Beaujeu-Garnier, J. et Baste, J., Atlas de Paris et de la Région Parisienne, Paris, 1967, pp. 3242.Google Scholar

24. Sourdillat, J. M., Géographie agricole de la France, Paris, 1959, pp. 1314 Google Scholar.

25. Voir B. H. Slicher Van Bath, op. cit., pp. 7-18.

26. En fait c'est la fertilité du sol qui permet de comprendre certaines variations de taille des manses. Voir O. Tulippe, « De l'importance des exploitations agricoles au ixe siècle dans l'île-de-France » Annales de géographie, XL, 1931, p. 310.

27. Cela explique les 16 % de la variance, ou pourquoi le rapport n'est pas constant, les valeurs extrêmes étant omises du calcul (manses d'une personne et manses de plus de 23 personnes, représentés seulement dans un seul cas et donc non représentatifs).

28. Dans le Polyptyque, ix, 247 il semble que la femme ait une part d'héritage qui lui soit propre : « Euthari mater, libéra femina, dédit infantibus de propria sua hereditate jornales VIIII. » G. HOMANS, English Villagers in the Thirteenth Century, New York, 1970, discute ces problèmes et leurs conséquences .

29. COLEMAN, « Médiéval Marriage Characteristics », op. cit.

30. Polyptyque, 11: 101 ; vi, 14 ; vin, 17, ix, 49 ; xiv, 15, 18, 38, 40 ; xv, 5, 7, 68 ; etc. Pour certains aspects du problème voir aussi Homans, op. cit., p. 142.

31. L. R. Ménager, « Considérations sociologiques… », pp. 1334, 1335.

32. Voir par exemple D. M. Heer, « Economie Development and the Fertility Transition », Daedalus, XCVII, n° 2, 1968, pp. 447-468 ; E. Van de Walle, « Marriage and Marriage Fertility », Daedalus, XCVII, n° 2, 1968, pp. 486-501 ; J. BLAKE, « Démographie Science and the Redirection of Population Policy », dans K. C. W. Kammeyer, Populations Studies : Selected Essays and Research, Chicago, 1969, pp. 378-400 ; P. M. Hausser, « Population Control : More than Family Planning », dans W. Petersen, Readings in Population, New York, 1972, pp. 413-423 ; K. Davis, J; Blake, « Social Structure and Fertility : An Analytic Framework », Economie Development and Social Change, IV, 1956, pp. 211-235 ; A. J. Coale, « The Voluntary Control of Human Fertility », dans Proceedings of the American Philosophical Society, III, 1967, pp. 164- 169 ; J. BOURGEOIS-PICHAT, « Social and Biological Déterminants of Human Fertility in Non-Industrial Societies », Proceedings of the American Philosophical Society, III, 1967, pp. 160-163 ; S. Kuznets, « Population and Economie Growth », Proceedings of the American Philosophical Society, III, 1967, pp. 170-193 ; M. DOUGLAS, « Population Control in Primitive Groups », British Journal of Sociology, XVII, 1966, pp. 263-273. Pour une étude historique de la contraception et du malthusianisme, on peut voir N. E. Himes, A Médical History of Contraception, Baltimore, Md., 1936 ; J. T. Noonan, Contraception, New York, 1967 ; Hélène BERGUES et al., La prévention des naissances dans la famille : ses origines dans les temps modernes, Institut National d'études démographiques : Travaux et Documents, XXV, Paris, i960 ; P. ARIÊS, « Sur les origines de la contraception en France », Population, III, 1953, pp. 465-472 ; J. Dupaquier et M. Lachiver, « Sur les débuts de la contraception en France ou les deux malthusianismes », Annales (Economies, sociétés, civilisations), XXIV, 1969, pp. 1391-1406 ; J.-L. Flandrin, « Contraception, mariage, et relations amoureuses dans l'Occident chrétien », Annales (E.S.C.), XXIV, 1969, pp. 1370-1390 ; E. PATLAGEAN, « Sur la limitation de la fécondité dans la haute époque byzantine », Annales (E.S.C.), XXIV, 1969, pp. 1353-1369 ; K. Hopkins, « Contraception in the Roman Empire », Comparative Studies in Society and History, VIII, 1965-1966, pp. 124-151 ; Y. B. Brissaud, « L'infanticide À la fin du Moyen Age, ses motivations psychologiques et sa répression », Revue historique de droit français et étranger, L, 1972, pp. 229-256 ; R. Trexler, « Infanticide in Florence : new sources and first results », History of Childhood Quarterly, I, 1973, pp. 98-116.

33. Voir par exemple F. W. H. Wasserschleben, Die Bussordnungen der Abendlândischen Kirche, Halle, 1851, 364, 1, clause 5 ; 380, xix ; 393, xvm ; 413, xi ; 507, in, clauses 1 et 2 ; etc.

34. Ibid., 432, xxix ; K. Hopkins, op. cit., fait ressortir que les Romains ne faisaient probablement pas la distinction entre la pratique contraceptive et la pratique abortive. Dans nos sources les deux sont liées, lorsqu'on les décrit et lorsqu'on les punit.

35. Ibid., 380, xix.

36. Ibid., 413, xi et H. J. Schmitz, Die Bussbucker und die Bussdisciplin der Kirche, Mainz, 1883, vol. 1, 687, clause 58.

37. Pour un aperçu de cette pratique, voir L. Godefroy, article « Infanticide » du Dictionnaire de théologie catholique, VII, 2e partie, Paris, 1923, pp. 1717-1726. Pour la Grèce on se rapportera aussi au livre assez récent de W. K. LACEY, The Family in Classical Greece, Ithaca, N.Y., 1968 ; pour Rome, À P. A.BRUNT, Italian Manpower, 225B.C.-A.D. 14, 1971. L'infanticide est aussi attesté dans les sociétés dites primitives, voir par exemple M. DOUGLAS, op. cit., et J. V. Neel, « Lessons from a ‘Primitive’ People », Science, CLXX, 1970, pp. 815-822. Voir également N. Miller, The Child in Primitive Society, New York, 1928, pp. 36-37. Le problème de l'infanticide continuait également À se poser dans la période post-médiévale ; voir l'article de W. Langer, « Checks on Population Growth », Scientific American, février 1972, pp. 92-99.

38. P. Krueger, éd., Corpus Iuris Civilis, vol. 1 : Institutiones et Digesta, Berlin, 1963, Digest, « De Agnoscendis et Alendis Liberi », xxv, m, 4, par exemple. On pourrait trouver beaucoup d'autres exemples de ce type de législation.

39. L. Godefroy, « Infanticide », 1720.

40. J. T. Noonan, op. cit., p. 113 et H. Bergues, op. cit., pp. 165-166.

41. L. Godefroy, op. cit., p. 1722 ; Tacite, The Complète Works ofTacitus, New York, 1942, XIX.

42. Lallemand, L., Histoire des enfants abandonnés et délaissés. Études sur la protection de l'enfance aux diverses époques de la civilisation, Paris, 1885, p. 99 Google Scholar.

43. H. J. Schmitz, op. cit., 687, clause 56.

44. M.G.H., Legum Sectio I, vol. IV, part 1 ; éd. A. Boretius, Hanovre, 1962, n° 24, 1-4, pp. 89-90. Dans la littérature de droit canonique, on peut également voir Corpus Iuris canonici, editio Lipsiensis secunda, éd. E. Friedberg, reprint Leipzig, 1959, Lib. V, Tit. X ; ou Decretales D. Gregorii Papae IX suae integritati una cum glossis restitutae, Venice, 1591, Lib. V, Tit. X. A ce propos, on pourrait également citer Innocent III : « De Miseria humane conditionis », livre I, cap. xxx dans MIGNE, P.L., 217, col. 716, bien qu'Innocent suive ici de très près JOSEPHUS, The Jewish War, Book VI, 3-4 ; etc.

45. J. Bollandus, Acta Sanctorum, Paris, 1863, vol. 3, p. 358 : « Ordinavit etiam, imo per eam Dominus, ut et alia pessima consuetudo cessaret, pro qua multo plures homines filios suos magis mori quam nutrire optabant, dum de eis videbant exactiones fieri, publicaque, ex antiqua consuetudine, mala urgebantur accipere, unde gravissimum rerum suarum patiebantur damnum. Quam nequissimae cupiditatis avaritiam, ipsa pietate plena pro mercede aeternae retributionis prohibuit, et ut in perpetuum servaretur legibus tradidit, ex quo copiosa merces valde a Domino reddita ei manet. »

46. M.G.H., Scriptores, vol. II, éd. G. H. Pertz, Hanovre, 1829, 406, 6 : « … quia sic mos erat paganorum, ut si filium aut filiam necare boluissent, absque cibo terreno necarentur. »

47. M. H. Scargill et M. Schlaugh, Three Icelandic Sagas, Princeton, 1950, pp. 11- 12. « Au cours de l'été, Thorstein s'apprêtait À se rendre À la réunion de l'assemblée. Avant de partir de chez lui, il dit À sa femme Jodrid : ‘ Vous allez avoir un enfant. Si vous avez une fille vous devez l'exposer. Si c'est un garçon vous relèverez ’. » Selon P. du Chaillu, The Viking Age, vol. II, New York, 1889, « l'exposition d'un enfant dépendait À tel point de la décision du père que la mère elle-même n'aurait pu s'y opposer… » (p. 39).

48. H. Hermannsson, The Book of the Icelanders, Icelandica Séries, XV, Ithaca, New York, 1930, p. 66.

49. J. Rychner, Les Lais de Marie de France, Paris, 1966, pp. 47 ss. Quand on abandonnait l'enfant, c'est que la mère avait été la première À vouloir le tuer.

50. R.P. Riquet, « Christianisme et population », Population, 1949, pp. 616-630 et P. ARIÈS, « Sur les origines de la contraception en France », Population, III, 1953, pp. 465-472 s'accordent pour dire qu'il n'y avait pas de contraception au Moyen Age, bien que chacun ait ses raisons. S'ils ont raison, le malthusianisme est impensable étant donné le milieu et la psychologie de ces paysans dépendant de l'abbaye de Saint-Germaindes- Prés

51. J. V. Neel, op. cit., a trouvé des preuves d'infanticide dans les groupes sociaux qu'il a étudiés et un taux de masculinité de 128 entre o et 14 ans, situation assez comparable À celle que nous étudions. Il pense, de plus, que l'on fait disparaître le nouveau-né si l'enfant précédent n'a pas encore atteint l'âge du sevrage (p. 810).

52. Que le taux soit plus élevé dans la classe sociale la plus déshéritée contredit l'opinion de M. Douglas, op. cit., selon laquelle le malthusianisme traduit le sentiment de prestige plus que le besoin économique.

53. E. R. Coleman, « Médiéval Marriage… », op. cit., pp. 209-210 et 214.

54. Wasserschleben, op. cit., p. 507, m, clause 2.

55. L. Godefroy, Op. Cit., p. I718.

56. . M.G.H., Legum Sectio I, vol. v, part i, éd. K. Lehmann, Hanovre, 1888, cap. xvi, p. 150 et cap. LI, clause 2, p. 109.

57. . « Descriptio mancipiorum ecclesie massiliensis », dans Guérard, B., Cartulaire de l'abbaye de Saint-Victor de Marseilles, vol. II, Paris, 1857, pp. 633656 Google Scholar.

58. Voir D. Herlihy, « Life Expectancies for Women in Médiéval Society », inédit, p.7.

59. Polyptyque, 1 : 25, 33 ; 11 : 81, 94 ; iv : 7, 23 ; v : 77 ; vi : 8 ; etc.

60. Le polyptyque semble indiquer que les fils adultes pouvaient administrer la terre en commun avec leurs pères. Polyptyque, xxiv : 4 : « Furdoldus colonus et filius ejus Frotlandus colonus, hommes sancti Germani, tenent mansum 1 ingenuilem… » J'ai l'intention de traiter cette question plus en détail ultérieurement.

61. E. A. Wrigley remarque que « considéré de sang-froid, l'infanticide est d'ailleurs une bonne méthode pour limiter la fécondité moins dangereuse pour la santé de la mère qu'un avortement provoqué sans hygiène, et forcément d'application moins fréquente, puisque l'enfant qui a la malchance de mourir de la sorte a dû parvenir À son terme, alors qu'un avortement n'annule que quelques mois de la période féconde d'une femme » (Société et population, « Univers des Connaissances », Hachette, Paris, 1973, p. 126).

62. VoilÀ qui coïncide avec les observations de Neel, op. cit., sur les peuples « primitifs ». « Le fait concerne 15 À 20 % des naissances vivantes » (p. 816). Si nous disons que dans un certain nombre de cas, sur les 20 % de ménages, le phénomène peut être une coïncidence, il subsiste que dans un nombre non négligeable de familles, on a pu recourir À l'infanticide.

63. L'idée sort d'une conversation avec Emmanuel Le Roy Ladurie que je remercie pour toutes ses suggestions.

64. Si l'hypothèse est fondée, elle met en défaut l'opinion émise par E. BOSERUP, Conditions of Agricultural Growth, Chicago, 1965, pour qui l'essor démographique a provoqué la modernisation des techniques agricoles et non le contraire. On trouvera discussion des nombreux problèmes soulevés par ce livre chez F. DOVRING, Journal of Economie History, XXVII, 1966, pp. 380-381 ; chez T. W. Schultz, Journal of Farm Economies, XLVIII, 1966, pp. 486-487. Le compte rendu d'un colloque sur le sujet est publié dans The Peasant Étudies Newsletter, I, n° 2, 1972.

65. Sur la période de transition démographique et les problèmes qui s'y rattachent, voir par exemple E. A. Wrigley, op. cit. -et R. B. Tabbarah, « Toward a theory of Démographie Development », Economie Development and Cultuval Change, XIX; 1971, pp. 257-276.