Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Dans un livre qui a trouvé en France un certain écho, Ignacio Olagûe a présenté récemment une thèse insoutenable, résumée dans un titre fracassant qu'il faut prendre au pied de la lettre: « Les Arabes n'ont jamais envahi l' Espagne ». Ce montage d' « histoire-fiction » peut se résumer de la façon suivante: la conquête de l' Espagne par les Musulmans ne nous est guère connue que par des textes arabes tardifs et peu sûrs. Les sources les plus anciennes, latines en particulier, des viiie et ixe siècles ne disent rien de la présence d' Arabes en Espagne à une époque aussi haute. Une telle invasion était d'ailleurs matériellement impossible, compte tenu des moyens techniques de l'époque. Tout tend au contraire à prouver que la péninsule ibérique fut, comme le reste du bassin méditerranéen, affectée dans le haut Moyen Age par de profonds bouleversements sociaux dus à une phase de dessèchement climatique.
1. Les vues exprimées dans cet article reprennent, en les systématisant pour les appliquer à un débat fondamental de l'historiographie hispanique, des données et des conclusions présentées dans d'autres travaux parus ou à paraître « Le peuplement de Valence aux deux premiers siècles de la domination musulmane », dans Mélanges de la Casa de Veldzquez, V, 1969, pp. 103-158; « Un seigneur musulman dans l' Espagne chrétienne le « ra’ îs » de Crevillente », id., IX, 1973, pp. 283-334; « Toponymie et histoire de Valence à l'époque musulmane: un chef berbère valencien du IXe siècle à la conquête de la Sicile ? », à paraître fin 1974 dans les Actas del primer congreso de historia del Pais valenciano (Valence, avril 1971); Al-Andalus, Estructura de una sociedad musulmana de Occidente, à paraître aux éditions Barrai de Barcelone en 1974 o u I975- Ce dernier ouvrage est la traduction espagnole d'une thèse de troisième cycle soutenue à Lyon en 1972 sous le titre: Tribus arabes et berbères en al-Andalus, recherche sur les structures d'une société musulmane d' Occident, sujet proposé par M. Roger Arnaldez, dont la direction a été par la suite reprise par M. Nikita ELISSÉEF. Le volume des notes a été limité le plus possible, et on a surtout fourni les références bibliographiques indispensables.
2. Ignacio OLAGUE, Les Arabes n'ont jamais envahi l' Espagne, Paris, 1969.
3. James T. MONROE, Islam and the Arabs in spanish Scholarship (sixteenth century to the présent), Leyde, 1970. Pour cet auteur, le traditionalisme de Menéndez Pidal « définit l' Espagne comme une essence historique sur laquelle des influences venues de diverses civilisations ont agi sans modifier sa constitution essentielle » (p. 252).
4. La permanence du thème du « viol » de l' Espagne par les conquérents musulmans est bien illustrée, dans la littérature actuelle, par le livre de Juan GOYTISOLO, Reivindicaciôn del Conde Don Julidn, Mexico, 1970, pp. 166-174 en particulier.
5. Claudio SÂNCHEZ ALBORNOZ, « El Islam de Espana y el Occidente », dans Settimane di Studi sull'alto medioevo, XII, 1, pp. 164-308. Cette communication a été traduite en français sous le titre: « Espagne préislamique et Espagne musulmane », Revue Historique, CCXXXVII, 1967, pp. 295-338. Ce dernier article comporte une importante bibliographie avec de nombreuses références aux auteurs ayant défendu les thèses traditionalistes. Parmi les travaux les plus importants à cet égard: Francisco Javier SIMONET, Historia de los Mozarabes de Espana, Madrid, 1897-1903; Juliân RIBERA Y TARRAGO, Disertaciones y opûsculos, 2 vol., Madrid, 1928; Henri PÉRÈS, La poésie andalouse en arabe classique au XI* siècle, Paris, 1937 ‘ bien qu'ayant adhéré dans l'ensemble aux positions « traditionalistes », Henri TERRASSE présente dans: Islam d' Espagne, une rencontre de l' Orient et de l' Occident, Paris, 1958, une vision plus nuancée; signalons un article particulièrement caractéristique d'un préhistorien espagnol: P. BOSCH GIMPERA, « De la Espana primitiva a la Espana médiéval », dans Estudios dedicados a Menéndez Pidal, II, Madrid, 1951, pp. 533-549. On retrouvera les thèses de Sânchez Albornoz plus amplement développées dans de nombreux articles des Cuadernos de Historia de Espana (Buenos Aires), et surtout dans son ouvrage fondamental: Espana, un enigma histôrico, 2 vol., Buenos Aires, 1956.
6. Revue Historique, 1967, pp. 300-301.
7. Terrasse, Henri, « Citadins et grands nomades dans l'histoire de l' Islam », dans Studia Islamica , XXIX, 1969, pp. 14–15 Google Scholar.
8. Ramôn MENÉNDEZ PIDAL, La Espana del Cid, 7e éd., Madrid, 1969, vol. I, pp. 76- 77- 9. M. STERN, dans la discussion de la communication de Sânchez Albornoz aux semaines de Spolète de 1965 (cf. supra, n. 5), pp. 379-381; P. E. RUSSELL, « The Nessus- Shirt of Spanish History », dans Bulletin of Hispanic Étudies, 36, 1959, pp. 219-225; J. T. MONROE, Islam and the Arabs…, pp. 256-258; WATT, Montgomery, Historia de la Espana isldmica , Madrid, 1970 Google Scholar (trad. de: A History of Islamic Spain, Edinburgh, 1965), p. 197.
10. Les vues d' Américo Castro ont été exposées d'abord dans: Espana en su historia: Cristianos, moros y judios, Buenos Aires, 1948, puis dans La realidad histôrica de Espana, Mexico, 1954 et diverses autres éditions. Les citations que l'on trouvera ci-dessous sont extraites du texte de la 4e édition (Mexico, 1971). L'ouvrage a été traduit en anglais sous le titre: The structure of Spanish History, Princeton, 1954, et en français sous celui de: Réalité de l' Espagne, Histoire et valeur, Paris, 1963. On trouvera un compte rendu des idées de Sanchez Albornoz et de celles d' Américo Castro dans Henri LAPEYRE, « Deux interprétations de l'histoire d' Espagne », Annales E.S.C., 1965, pp. 1015-1037.
11. La realidad histôrica de Espana, p. xii.
12. Isidro DE LAS CAGIGAS, Minorias étnico-religiosas de la Edad Media espanola, II, Los Mudéjares (tomo I), pp. 47-48.
13. La realidad histôrica de Espana, pp. xvi et 145.
14. là., pp. 7-8.
15. Sur tous ces points, voir: Espana, un enigma histôrico, I, pp. 97, 112 ss., 124, et Revue Historique, 1967, pp. 334-335.
16. Espana, un enigma histôrico, I, p. 207, et Revue Historique, 1967, pp. 325 et 327.
17. « Deux interprétations de l'histoire d' Espagne », dans Annales E.S.C., 1965, pp. 1017-1018 et 1037. Voir aussi les réserves faites sur la méthode de Castro par M. DEFOURNEAUX, dans la Revue Historique, CCXIII, 1955, pp. 114-118.
18. Espana, un enigma histôrico, I, p. 189.
19. Id., même page.
20. Edouard MOROT-SIR, La pensée française d'aujourd'hui, Paris, 1971, p. 82.
21. Espana, eslabôn entre la Cristiandad y el Islam, Madrid, 1968, p. 106.
22. Voir, entre autres, le même ouvrage, pp. 131-135, sous le titre: « La eterna Andalucîa ».
23. Charles-Emmanuel DUFOURCQ, « Berbérie et Ibérie médiévales: un problème de rupture », dans Revue Historique, CCXL, 1968, pp. 293-324, surtout les pages 313 à 318.
24. Sh. GOITEIN, « The Unity of the Mediterranean World in the ‘Middle’ Middle Ages », dans Studia Islamica, pp. 29-42.
25. La realidad histôrica de Espana, pp. xx, 17, 180, 163, 149.
26. Cf. les articles indiqués à la n. 17.
27. Henri MENDRAS, Éléments de sociologie, Paris, pp. 129-130.
28. François FURET et Jacques L E GOFF, « Histoire et ethnologie », dans Méthodologie de l' Histoire et des sciences humaines, Toulouse, 1973, pp. 233-243.
29. Revue Historique, 1967, pp. 323-324.
30. Les indications contenues dans ce paragraphe sont tirées des travaux suivants: Julio CARO BAROJA, LOS pueblos del norte de la peninsula ibérica (Analisis histôricocultural), Madrid, 1943, pp. 29-50. Joaquin GONZALEZ ECHEGARAY, LOS Cdntabros, Madrid, 1966 (voir les pp. 99-102); Emile BENVÉNISTE, Le vocabulaire des institutions indo-européennes, Paris, 1969, I, pp. 205-276; Pierre GRIMAL, « Le monde des Celtes », dans l' Histoire mondiale de la femme, Paris, 1967, II, pp. 13-26; Jean MARKALE, La femme celte, Paris, 1972; Robert VILLERS, « Le statut de la femme à Rome jusqu'à la fin de la République », dans Recueils de la Société Jean Bodin, XI, 1959, I, pp. 177-189; et, dans le même volume: Jean GAUDENET, « Le statut de la femme dans l' Empire romain » pp. 191-222; François L. GANSHOF, « La femme dans la monarchie franque », dans Recueils Jean Bodin, XII, 1962; Carlo GUIDO MOR, « La successione al trono nel diritto publico longobardo », dans Studi per F. Cammeo, II, Padoue, 1932; José ORLANDIS, « La reina en la monarquia visigoda », dans Estudios visigôticos, III, El poder real y la sucesiân al trono en la monarquia visigoda, Rome-Madrid, 1962, pp. 103-123.
31. Cl. SÂNCHEZ ALBORNOZ, « L' Espagne et l' Islam », dans Revue Historique, 1932, P- 327-, 32. SÂNCHEZ ALBORNOZ, La mujer en Espana hace mil anos, Buenos Aires, 1935; Fr. José MATTOSO, « A nobreza rural portuense nos seculos xi e x n », dans Anuario de Estudios Médiévales (Barcelone), VI, 1969, pp. 465-520 (voir surtout p. 467); Archibald R. LEWIS, The Development of Southern French and Catalan Society (718-1050), Austin, 1965, pp. 170-171 et 391-392; Pierre BONNASSIE, « Une famille de la campagne barcelonaise et ses activités économiques aux alentours de l'an mil », dans Annales du Midi, LXXVI, 1964, pp. 261-304 (voir surtout les pp. 288 ss.). Du même auteur, remarques dans le même sens dans: « Les conventions féodales dans la Catalogne du XIe siècle » (dans: Structures sociales de l' Aquitaine, du Languedoc et de l' Espagne au premier âge féodal, Paris, 1969), pp. 189-190 surtout; dans le même recueil, voir aussi les observations d' Elisabeth MAGNOU, à propos du Languedoc, pp. 121 et 141; David HERLIHY, « Land, Family and Woman in Continental Europe, 701-1200 », dans Traditio, XVIII, 1962, pp. 89-120.
33. Sur les structures bilatérales de la parenté dans le haut Moyen Age: Bertha PHILPOTTS, Kindred and Clan in the Middle Ages, Cambridge, 1913; Marc BLOCH, La société féodale (rééd. de 1968), pp. 201-202 et 208; Karl SCHMID, « Zur problematik von familie, Sippe und geschlecht, Haus und Dynastie beim mitteralterlichen Adel », dans Zeitschrift fur die geschichte der Oberrheins, cv. 1957 ‘ D. A. BULLOUGH, « Early Médiéval Social Groupings: The Terminology of Kinship », dans Past and Présent, n° 45, 1969; K. LEYSER, « Maternai Kin in Early Médiéval Germany », dans Past and Présent, n° 49, 1970; Lorraine LANCASTER, « Kinship in Anglo-Saxon Society », dans The British Journal of Sociology, IX, 1957; Georges DUBY, « Structure de parenté et noblesse », dans Miscellanea Medievalia in Memoriam J. F. Niermeyer, Groningen, 1967; « La noblesse dans la France médiévale », dans Revue Historique, 1961; « Lignage, noblesse et chevalerie », dans Annales E.S.C., 1972, pp. 802-823. Quelques indications également dans: Guy FOURQUIN, Seigneurie et Féodalité au Moyen Age, Paris, 1970, p. 55.
34. Cette dernière affirmation mériterait sans doute d'être nuancée, selon les moments et les lieux. Elle nous paraît valable au moins pour les zones méridionales, au premier âge féodal (voir les articles de P. BONNASSIE et D. HERLIHY indiqués dans la note 32).
35. La cousine parallèle est la fille de la soeur de la mère ou du frère du père; la cousine croisée est la fille de la soeur du père ou du frère de la mère. Sur ces questions, voir en particulier Robin Fox, Anthropologie de la parenté, Paris, 1972.
36. G. TILLION, Le harem et les cousins, Paris, 1966. L'idée d'une zone endogame de l' Europe méditerranéenne se retrouve dans: Jean GAREL, « Le substrat indo-européen », dans l' Histoire littéraire de la France, t. I, Paris, 1971 (Éd. Sociales), p. 51, sans indication de sources.
37. Voir par exemple l'article d' Emilio SAÉZ, « Notas al episcopologio minduniense del siglo X », Hispania, VI, 1946, pp. 5-79, qui relève, dans les familles de l' Espagne du Nord-Ouest aux Xe et XIe siècles, un certain nombre d'unions consanguines. Celles-ci sont surprenantes d'un point de vue religieux, étant donné la rigueur de l'Église wisigothique en ce qui concerne les empêchements de parenté. D'un point de vue ethnologique de tels mariages sont cependant possibles dans une structure de parenté bilatérale (filiation indifférenciée) qui rend difficile l'exogamie systématique et peut même favoriser la pratique des mariages entre cousins (R. Fox, Anthropologie de la parenté, p. 147). Toutefois, si ces mariages sont possibles, ils ne nous paraissent pas être le produit d'un système endogame. Le mariage préférentiel entre cousins parallèles ne s'observe en effet que dans des structures fortement patrilinéaires (cf. George Peter MURDOCK, « World Ethnographie Sample », dans American Anthropologist, vol. 59, 1957, PP- 664-687, surtout le tableau de la p. 687). Or rien ne laisse penser que de telles structures aient existé en Espagne du Nord dans le haut Moyen Age (cf. Fr. Ferrer MATTOSO, art. cité dans la note 32, p. 467).
38. Sur ces différents points, quelques indications dans R. Fox, Anthropologie de la parenté, pp. 164, 230, 197. L'auteur note en particulier que le sib teuton était une unité exogame, et que l' Eglise utilisa par la suite cette unité pour déterminer le degré de parenté en deçà duquel le mariage était interdit. Rappelons aussi que, dans les sociétés germaniques, le « douaire » (dos ex marito) était versé par le mari. Sur les origines romaines de la législation ecclésiastique en matière d'empêchements de parenté, voir: Jean FLEURY, Recherches historiques sur les empêchements de parenté dans le mariage canonique, Paris, 1933, pp. 44-60 et 66. Robert BOUTRUCHE, Seigneurie et Féodalité, l'apogée (XIe-XIIIe siècles), Paris, 1970, p. 230, insiste sur l'existence, à l'époque féodale, d'un « marché des mariages », ce qui évoque l'idée d'une « circulation » des femmes (liée à la circulation des biens fonciers) dans la société.
39. On y voit un personnage d'origine indigène, du nom de Bahlûl ibn Marzûq, obligé de fuir la maison paternelle, se réfugier successivement chez ses oncles maternels et chez son beau-frère (Ahmad ibn ‘Umar ibn Anas AL∼' UDHRI, Fragmentes geogrdfico-histôricos, éd. ‘Abd al-' Azîz al-Ahwanî, Madrid, 1965, pp. 56-61; ce texte a été partiellement traduit par Fernando de LA GRANJA, « La Marca Superior en la obra de Al-' Udhrî », dans Estudios de Edad Media de la Corona de Aragon, VIII, 1967, pp. 150-157).
40. José Maria LACARRA, « Textos navarros del Côdice de Roda », dans Estudios de Edad Media de la Corona de Aragon, I, 1945, pp. 193-283; IBN HAZM, Djamharat ansâb al-' Arab, éd. Lévi-Provençal, 1948, pp. 467-468 (le passage sur les Banû Qasî est traduit par de LA GRANJA dans l'article cité à la note précédente, pp. 86-87); Ie texte d' Al-' Udhrî fournit plusieurs indications sur les alliances matrimoniales d'autres familles de la Marche supérieure (l' Aragon actuel).
41. Edward J. COLBERT, The Martyrs of Cordoba (850-859), Washington, 1962, insiste sur cette importance des femmes dans la communauté mozarabe (voir en particulier p. 412).
42. On retrouvera facilement ces indications dans les ouvrages de DOZY et de LÉVIPROVENÇAL sur l' Espagne musulmane. Pour plus de détails, voir Isidro de LAS CAGIGAS, Los Mozarabes, Madrid, 1947, vol. I.
43. Estimation de W. REINHART, « Sobre el asentamiento de los Visigodos en la peninsula ibérica », Archiva espanol de Arqueologia, XVIII, 1945, pp. 124-139.
44. Ce texte de Paul Diacre figure dans l'édition espagnole de 1’ « Akhbâr madjmû'a » par E. LAFUENTE V ALCÀNTARA (Colecc. de obras ardbigas que publica la Real Academia de la Historia, I, Madrid, 1867, p. 167).
45. Nous utilisons surtout les ouvrages et articles suivants: L' Antica società beduina, Studi raccolti da F. GABRIELI, Rome, Centro di Studi semitici, Univ. di Roma, 1959; Bishr FARES, L'honneur chez les Arabes avant l' Islam, Paris, 1932; Joseph CHELHOD, « Le mariage avec la cousine parallèle dans le système arabe », dans L' Homme, V, 1956, pp. 132-173; R. MURPHY et L. KASDAN, « The Structure of Parallel Cousin Marriage », dans The American Anthropologist, vol. 61, 1959, pp. 17-29; Michael B. RIPINSKY, « Middle Eastern Kinship as an Expression of a Culture Environment System » dans The Muslim World, LVIII, 1968, pp. 225-241; Jean CUISENIER et André MIQUEL, « La terminologie arabe de la parenté », dans L' Homme, V, 1965, pp. 37-59; Jacques BERQUE, « Sur la structure sociale de quelques villages égyptiens », dans Annales E.S.C., 1955, pp. 199-215; Germaine TILLION, Le harem et les cousins, Paris, 1966 (voir le compte rendu très critique dans Revue d' Histoire et de Civilisation du Maghreb, 4, 1967, pp. 94-98). Jean CUISENIER, « Structures parentales et structures vicinales en Tunisie », dans I.B.L.A.,XXIII, 1961, pp. 401-430, et « Endogamie et exogamie dans le mariage arabe », dans L' Homme, II, 1962, pp. 80-105; R. DESCLOITRES et L. DEZBI, « Systèmes de parenté et structures familiales en Algérie », dans Annuaire de l' Afrique du Nord, 1963, pp. 23-59; S. G. HOFFMAN, The Structure of Traditional Moroccan Rural Society, Paris-La Haye, 1967. On verra aussi les trois études d'ethnologie kabyle rassemblées par Pierre BOURDIEU, Esquisse d'une théorie de la pratique, Paris, 1972.
46. Usâmah ibn Munqidh, Kitâb al-i'tibâr (Mémoire of an Arab Syrian Gentleman or an Arab Knight in the Crusades), tr. by Ph. K. HITTI, Princeton Univ., 1964, pp. 164-166.
47. Cf. MURPHY et KASDAN, art. cité dans la note 41, pp. 27-28.
48. Jacques BERQUE, « Qu'est-ce qu'une tribu nord-africaine ? », dans Éventail de l' Histoire vivante; Hommage à Lucien Febvre, Paris, 1953, p. 268.
49. L'expansion berbère au détriment de l' Afrique romanisée est trop connue pour qu'on y insiste. Sur la conservation des structures tribales dans les populations de l' Espagne du Nord jusqu'à la fin de l'époque romaine, voir M. VIGIL et A. BARBERO, « Sobre los origenes sociales de la Reconquista: Cântabros y Vascones desde fines del imperio romano hasta la invasion musulmana », dans Boletin de la Real Academia de la Historia, t. 156, I965, pp. 271-339. Sur l'étonnant dynamisme de ces peuples à partir du Ve siècle, voir les réflexions de SÀNCHEZ ALBORNOZ, Espana, un enigma histôrico, II, pp. 450-453.
50. On trouvera des indications sur les Banû Tudjîb dans l' Histoire de l' Espagne musulmane de LÉVI-PROVENÇAL. Le texte le plus intéressant sur les Banû Khaldûn est VAutobiographie d' Ibn Khaldûn, trad. M. G. DE SLANE, Paris, 1844 (extrait du Journal Asiatique). Sur les Banû Khattâb, voir Ambrosio HUICI MIRANDA, Historia musulmana de Valencia, Valence, 1970, I, pp. 92-100 (d'après le texte récemment publié d' Al-' Udhrî).
51. Henri PÉRÈS, La poésie andalouse en arabe classique au XIe siècle, Paris, 1937, pp. 284-286.
52. La principale source est: IBN HAIYAN, Al-Muktabis, tome troisième, Chronique du règne du calife umaiyade ‘Abd Allah à Cordoue, texte arabe publié par le P. Melchor M. Antufia, Paris, 1937, très largement utilisé par R. DOZY, Histoire des Musulmans d' Espagne, éd. revue par Lévi-Provençal, Leyde, 1932, II, pp. 39-55 et 80-91.
53. E. J. COLBERT, Martyrs of Côrdoba, p. 53.
54. LÉVI-PROVENÇAL, Histoire de l' Espagne musulmane, I, p. 76.
55. GÔMEZ MORENO, Iglesias mozarabes, I, Madrid, 1929, pp. 112-113; Justiniano RODRÎGUEZ, Ramiro II rey de Leôn, Madrid, 1972, pp. 176-199.
56. On peut mentionner quelques cas curieux: par exemple celui de la lignée comtale castillane connue, depuis le x e siècle, sous le gentilice arabisé de « Béni Gomez » (MENÉNDEZ PIDAL, Espana del Cid, éd. de 1969, I, p. 172), ou celui des habitants chrétiens arabisés d' Alafoens, dans le nord du Portugal actuel, qui, au début du XIe siècle et alors qu'ils ne résidaient plus dans une zone sous domination musulmane, se disaient d'origine arabe et descendants des rois ghassanides de la frontière syrienne à l'époque préislamique (I. DE LAS CAGIGAS, LOS Mozarabes, II, p. 465).
57. Les données généalogiques sur les Banû Qasî et les Banu Tudjîb figurent dans les ouvrages d' Al-' Udhrî et d' Ibn Hazm indiqués dans les notes 39 et 40. La plupart des mariages de princesses omeyyades nous sont connus également par la Djamharat. Sur les cas plus tardifs d'endogamie lignagère, cf. notre article sur Le « ra'îs » de Crevillente cité dans la note 1, et: M. A. LADERO QUESADA, Granada, Historia de un pais isldmico, Madrid, 1969, p. 70.
58. Bishr FARES, L'honneur chez les Arabes, p. 118. Sur les rapports entre la démographie et les structures sociales de type « arabe », cf. Joseph CHELHOD, « Ethnologie du monde arabe et islamologie », dans L' Homme, 1969, IX, p. 37.
59. Sur le sabî, voir Bishr FARÈS, L'honneur chez les Arabes, pp. 79-81; sur l'importance des prélèvements en femmes en Afrique du Nord, Mohammed TALBI, L'émirat aghlabide, Paris, 1966, pp. 25-35.
60. Sur les toponymes mentionnés ci-dessus, qui ont été peu étudiés jusqu'à présent, voir, outre les articles mentionnés dans la note 1: Miguel AsfN PALACIOS, Contribution a la toponimia arabe de Espana, Madrid-Granada, 1944, surtout pp. 34-38, et les réflexions suggestives de Julio CARO BAROJA, LOS pueblos de Espana, ensayo de etnologia, Barcelone, 1946, p. 422. Il semble que ces noms de lieux aient été surtout nombreux dans les régions côtières, et rares ou inexistants dans les zones intérieures, en particulier dans la Marche Supérieure et la région de Tolède qui avaient effectivement reçu un apport oriental et nord-africain sensiblement moins important.
61. Sur la relative originalité des contrats de mariage andalous au Moyen Age, voir l'intéressant travail de H. R. IDRIS, « Le mariage en Occident musulman d'après un choix de fatwâs médiévales extraites du Mi ‘yâr d' Al-Wansarîsî, dans Studia Islamica, n° 32, 1970, pp. 156-167.
62. G. E. VON GRUNEBAUM, Médiéval Islam, 2e éd., Chicago-Londres, 1966, p. 175.
63. J. C. VADET, L'esprit courtois en Orient dans les cinq premiers siècles de l' Hégire, Paris, 1968.
64. Les remarques qui précèdent concernent évidemment les milieux aristocratiques, les seuls sur lesquels nous puissions avoir une information. Les appréciations exagérées d' Henri Pérès ont par ailleurs suscité des réserves de la part des meilleurs arabisants espagnols: voir par exemple le compte rendu d' Emilio GARCIA GÔMEZ dans Al-Andalus, IV, 1936-1939, pp. 283-316.