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L’épopée en contexte Variantes et usages politiques de deux récits épiques (Mali/Guinée)
Published online by Cambridge University Press: 04 May 2017
Résumé
Remaniées par écrit ou diffusées par voie radiophonique, de nombreuses épopées maliennes ou guinéennes ont récemment été transformées par les élites de ces pays en archives historiques, en modèle politique, en charte constitutionnelle et en patrimoine national ou régional. L’article s’appuie sur deux exemples pour analyser les étapes d’un tel processus et éclairer ainsi l’évolution et la variabilité de ces histoires idéologiques dont les différentes versions témoignent des conceptions politiques ou des revendications identitaires de ceux qui les énoncent, au moment où ils les énoncent. Au lieu d’occulter ces variantes, il convient donc de comparer leurs visions divergentes du pouvoir en rapportant chaque texte à son contexte de profération (ou de rédaction).
Abstract
Reworked in writing or for radio broadcasts, several Malian and Guinean epics have recently been transformed by the elite in these countries into historical archives, political models, constitutional charters, or a national or regional heritage. Two examples are used here to analyze the phases in this process, and shed light on the evolution and variability of these ideological histories. These various versions attest the political conceptions or identity claims advanced by their advocates. Instead of ignoring these variants, we should compare their divergent visions of power by relating each text to the time and context where it has been uttered (or published).
- Type
- L’anthropologie face au temps
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Áditions de l’EHESS 2010
References
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6 - Selon les traits de caractère qui lui sont attribués dans sa devise, un premier-né n’en fait toujours qu’à sa tête.
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12 - Membre d’un groupe endogame, chaque griot dogon est attaché à l’origine à une chefferie jon ou aru.
13 - É. Jolly et N. Guindo (éd.), Le pouvoir en miettes..., op. cit., p. 400-401.
14 - Ibid., p. 420-421.
15 - Ibid., p. 426-433.
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17 - Ibid., p. 38. On ne peut toutefois exclure que l’introduction sur les parcours migratoires soit un « collage » ultérieur, mais cela ne semble pas le cas ici puisque les itinéraires cités ne prennent pas en compte des informations divergentes publiées dans les pages suivantes.
18 - Ibid., p. 9.
19 - Ibid.
20 - Sur l’importance du rapport d’interlocution dans la production des données ethnographiques, voir Masquelier, Bertrand et Siran, Jean-Louis (dir.), Pour une anthropologie de l’interlocution. Rhétoriques du quotidien, Paris, L’Harmattan, 2000 Google Scholar.
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22 - Voir W. Staude, «Le héros dévoué... », art. cit., p. 153 et 155.
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24 - Un court extrait de ce récit a été publié en français: Jolly, Éric, «Chefs sacrés et chefs de guerre dogon: deux pôles du pouvoir», Clio en Afrique, 5, 1998-1999: http://sites.univ-provence.fr/~wclio-af/numero/5/thematique/jolly/index.html Google Scholar.
25 - D. Paulme, La mère dévorante ..., op. cit ., p. 196-223.
26 - W. Staude, « Le héros dévoué... », art. cit., p. 174-175.
27 - Pour une présentation de ces bardes de chasseurs, voir notamment Y. Nakamura, « Hommes d’action... », art. cit., p. 316-332; Derive, Jean et Dumestre, Gérard (éd.), Des hommes et des bêtes. Chants de chasseurs mandingues, Paris, Classiques africains, 1999, p. 33-36 Google Scholar.
28 - J. Derive et G. Dumestre (éd.), Des hommes et des bêtes..., op. cit., p. 155, n. 29 et p. 177, n. 9.
29 - É. Jolly, « Récits dogon au passé... », art. cit.
30 - Ibid.
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39 - Raphaël Ndiaye, « Rapport de la conférence de Bamako», in Celhto, La Charte..., op. cit., p. 107-111, ici p. 108.
40 - Djibril Tamsir Niane, «Introduction», in Celhto, La Charte..., op. cit., p. 11-24, ici p. 12.
41 - S. Kouyate, « La Charte... », art. cit.
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43 - Celhto, La Charte ..., op. cit., p. 39 et 120.
44 - Ibid., p. 39.
45 - S. Kouyate, « La Charte... », art. cit.
46 - « De l’organisation sociale », « Des biens », « De la préservation de la nature », « Dispositions finales ».
47 - CELHTO, La Charte ..., op. cit., p. 40-57.
48 - Ibid., p. 59-135; D. T. Niane, « Leçon inaugurale... », art. cit., p. 11.
49 - Celhto, La Charte ..., op. cit ., p. 128-131.
50 - Unesco, Voir, «Le site de Kurugan Fuga», mis en ligne en 2009 sur le site whc.unesco.org/fr/listesindicatives/5441/ Google Scholar. Sur la construction en cours de ces lieux de mémoire africains, se reporter à Chretien, Jean-Pierre et Triaud, Jean-Louis (dir.), Histoire d’Afrique. Les enjeux de mémoire, Paris, Karthala, 1999 Google Scholar.
51 - S. Kouyate, « La Charte... », art. cit.
52 - Ce « texte est le fruit du consensus entre les grandes ‘écoles’ de tradition orale de l’espace mandingue », d’après D. T. Niane, « Leçon inaugurale... », art. cit. Bien entendu, cette synthèse nationaliste de traditions orales variées n’est pas un processus spécifiquement africain. En 1976, dans la foulée d’un festival d’art mélanésien, le leader kanak Jean-Marie Tjibaou préparait le combat pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie en créant le héros national Kanaké à partir de plusieurs versions locales d’un mythe de fondation. Voir Bensa, Alban, «Vers Kanaky: tradition orale et idéologie nationaliste en Nouvelle-Calédonie», in Fernandez-Vest, J. (dir.), Kalevala et traditions orales du monde, Paris, Éd. du CNRS, 1987, p. 423-438 Google Scholar.
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55 - D. T. Niane, « Introduction », art. cit., p. 11-12.
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58 - D. T. Niane, Soundjata ..., op. cit, p. 134-138.
59 - Ibid., p. 140-142. L’avant-dernier article de la Charte réaffirme les mêmes droits et privilèges pour Balla Fasséké, en lui attribuant en outre un rôle de « médiateur principal ». Voir Celhto, La Charte ..., op. cit., p. 57.
60 - Une version antérieure recueillie à Bamako en 1937 esquisse, dans un autre contexte historique, une image quasiment inverse, avec un Sunjata qui, aveuglé par son pouvoir, rompt une alliance ancestrale avec un groupe peul et périt « victime de son orgueil ». Voir Sidibe, Mamby, «Soundiata Keita, héros historique et légendaire, Empereur du Manding», Notes africaines, 82, 1959, p. 41-51 Google Scholar, ici p. 46.
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62 - Ibid., p. 247-259.
63 - Ibid., p. 253-256.
64 - Ibid., p. 259.
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73 - P. F. Moraes de Farias, « The oral traditionist... », art. cit., p. 15, 19 et 34.
74 - Ibid., p. 26-27.
75 - Y. T. Cisse (éd.), Soundjata, la gloire du Mali, op. cit., p. 146.
76 - Ibid., p. 28-30. S’inspirant en théorie des propos de Kamissoko, Cissé publie également une «Charte du Manden nouveau» proclamée en présence de Sunjata lors d’une réunion postérieure à son investiture (ibid., p. 39-41). Il précisera ultérieurement que cette Charte, enregistrée en 1965 auprès d’un chasseur malien, est en fait le Serment des chasseurs énoncé à l’origine le jour de l’intronisation de Sunjata: voir La Charte du Mandé et autres traditions du Mali, trad. par Cissé, Y. T. et Sagot-Duvauroux, J.-L., Paris, Albin Michel, 2003 Google Scholar. L’existence de deux Chartes du Manden, l’une relayée par des griots guinéens et l’autre par des chasseurs maliens, devient dès lors une source de rivalité identitaire perceptible à travers la mise au point des « découvreurs » de la Charte de Kurukan Fuga ou de ses parrains guinéens. Assez sèchement, ceux-ci affirment en substance qu’il n’existe qu’une Charte du Manden: la leur. Voir D. T. Niane, «Leçon inaugurale... », art. cit.; CELHTO, La Charte ..., op. cit., p. 145.
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78 - Cité par D. W. Oyler, The history of the N’Ko alphabet..., op. cit., p. 185.
79 - Ibid., p. 94. Voir également Amselle, Jean-Loup, Branchements. Anthropologie de l’universalité des cultures, Paris, Flammarion, 2001, p. 11 Google Scholar.
80 - J.-L. Amselle, Branchements..., op. cit., p. 148, 163 et 198.
81 - Voir D. W. Oyler, The history of the N’Ko alphabet ..., op. cit., p. 103-104 et 186.
82 - Voir Celhto, La Charte..., op. cit., p. 157; D. T. Niane, « Leçon inaugurale... », art. cit., p. 12.
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84 - Lors de la publication de La Charte du Mandé et autres traditions du Mali, op. cit., les choix éditoriaux des auteurs témoignent de cette nouvelle dialectique entre tradition, écriture et oralité, avec une traduction illustrée de somptueux signes mandingues qualifiés de « calligraphies » ou d’« idéogrammes ».
85 - CELHTO, La Charte ..., op. cit., p. 45.
86 - Sur l’implication de ces acteurs dans la promotion de la parenté à plaisanterie, voir Canut, Cécile et Smith, Étienne, «Pactes, alliances et plaisanteries. Pratiques locales, discours global», Cahiers d’Études africaines, 184, 2006, p. 687-754 Google Scholar, ici p. 718-719. Concernant l’usage politique actuel de ce type d’alliance dans les villes maliennes, se reporter également à l’article de Douyon, Denis, «Le discours diplomatique et démagogique du cousin plaisant au Mali», Cahiers d’Études africaines, 184, 2006, p. 883-906 Google Scholar.
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88 - D’ailleurs, ce lieu-dit n’est cité dans aucun des textes publiés recueillis à Kéla ou Kangaba. Voir de Ganay, Solange, Le sanctuaire Kama blon de Kangaba. Histoire, mythes, peintures pariétales et cérémonies septennales, Ivry, Nouvelles du Sud, 1995 Google Scholar; Jansen, Jan, Les secrets du Manding. Les récits du sanctuaire Kamabolon de Kangaba (Mali), Leyde, CNWS, 2002 Google Scholar; Jansen, Jan, Duintjer, Esger et Tamboura, Boubacar, L’épopée de Sunjara d’après Lansine Diabate de Kela (Mali), Leyde, CNWS, 1995 Google Scholar; Ly-Tall, Madina, Camara, Seydou et Diouara, Bouna (éd.), L’histoire du Mandé d’après Jeli Kanku Madi Jabaté de Kéla, Paris, Association SCOA, 1987 Google Scholar; Vidal, Jean, «La légende officielle de Soundiata, fondateur de l’Empire Manding», Bulletin du Comité d’études historiques et scientifiques de l’Afrique Occidentale Française, 7, 1924, p. 317-328 Google Scholar.
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90 - Voir J. Jansen, Les secrets du Manding..., op. cit ., p. 50-51.
91 - Ibid., p. 19.
92 - Voir Meillassoux, Claude, «Les cérémonies septennales du Kamablo˜ de Kaaba (Mali)», Journal de la Société des africanistes, 38-2, 1968, p. 173-183 CrossRefGoogle Scholar, ici p. 182; J. JANSEN, « An ethnography of the epic... », art. cit., p. 309.
93 - C’est même l’image inverse qui prévaut dans la version rapportée par J. Vidal, « La légende officielle... », art. cit., p. 325: Sunjata « rentra en triomphateur dans le Manding où personne n’osa lui contester le pouvoir suprême ».
94 - Dans le cas de la version de Kéla, cette date reste toutefois imprécise: entre le XVIIIe et la fin du XIXe siècle selon les chercheurs. Voir J. Jansen, Les secrets du Manding ..., op. cit., p. 57-58; Ralph A. Austen, «The historical transformation of genres: Sunjata as panegyric, folktale, epic and novel», in R. A. Austen (dir.), In search of Sunjata..., op. cit., p. 69-87, ici p. 73.
- 4
- Cited by