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Le « mythe du Führer » et la dynamique de l'État nazi

Published online by Cambridge University Press:  25 May 2018

Ian Kershaw*
Affiliation:
University of Nottingham

Extract

Le dynamisme extraordinaire de l'État nazi est un trait qui le distingue des autres régimes autoritaires, semi-fascistes et fascistes. La vitesse et l'énergie, le rythme et l'impulsivité avec lesquels le régime nazi consolida et étendit son pouvoir confondirent les nombreux contemporains, partout sur l'échiquier politique, que ce soit en Allemagne ou à l'étranger, qui avaient prédit avec assurance d'abord l'échec du nazisme à prendre le pouvoir et ensuite sa rapide disparition. Au cours des douze années de sa dictature, l'ordre nazi connut un processus dynamique de « radicalisation cumulative » — pour atteindre au paroxysme de la destruction dans les derniers temps de la guerre — qui allait à rencontre des espérances des nombreux observateurs qui avaient imaginé que l'impulsion révolutionnaire initiale du nouveau régime s'affaiblirait rapidement et que les rênes du pouvoir reviendraient entre les mains des élites dirigeantes traditionnelles.

Summary

Summary

The problem of explaining the dynamism of the Nazi State, and in particular the rôle of Hitler, has always been an issue at the centre of historical debate on the Third Reich. This article approaches the problem by concentrating not on the person of Hitler, and his direct actions, but on his symbolic Führer authority, and, therefore, on perceptions of Hitler and what he appeared to represent. It is argued that, within a System of rule in which Hitler's "charismatic" authority was superimposed upon, and eroded, the formai structures of a modem, bureaucratie state, the "heroic" image of Hitler—the "Führer myth"—functioned on a number of différent levels as an agent of intégration, mobilisation, and légitimation, and thereby as a décisive factor in forcing the momentum of Nazi rule and the process which led to the implementation of Nazi ideological goals.

Type
Fascisme, Nazisme
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1988

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References

Notes

* Cet article se fonde sur certains passages de mon livre The « Hitler Myth ». Image and Reality in the Third Reich, Oxford Univ. Press, 1987. Ma dette à l'égard des écrits de Martin Broszat et Hans Mommsen, dont l'aide et les encouragements ont été indispensables à mes travaux, apparaîtra clairement. J'aimerais remercier ici la Fondation Alexander von Humboldt pour le généreux soutien financier qu'elle a apporté à cette recherche.

1. Pour cette expression, voir Hans Mommsen, « Nationalsozialismus oder Hitlerismus », dans Michael Bosch éd., Persônlichkeit und Struktur in der Geschichte, Dùsseldorf, 1977, p. 66.

2. Voir, pour les débats récents sur l'état de la recherche et les ouvrages consacrés au nazisme, Pierre Ayçoberry, La question nazie. Les interprétations du national-socialisme, Paris, Éditions du Seuil, 1979 ; Klaus Hildebrand, DOS Dritte Reich, Munich-Vienne, 1979 ; John Hiden, John Farquharson, Explaining Hitler's Germany, Londres, 1983 ; Gerhard Schreiber, Hitler. Interpretationen, Darmstadt, 1984 ; Ian Kershaw, The Nazi Dictatorship. Problems and Perspectives of Interprétation, Londres, 1985. Tim Mason a apporté une contribution importante à la conceptualisation du Troisième Reich dans « Intention and Explanation : A Current Controversy about the Interprétation of National Socialism », dans Gerhard Hirschfeld, Lothar Kettenacker éds, Der « Führerstaat » : Mythos und Realitàt, Stuttgart, 1981, pp. 23-42. Voir aussi ses « Open Questions on Nazism », dans Raphaël Samuel éd., People's History and Socialist Theory, Londres, 1981, pp. 205-210. Les interprétations fortement divergentes auxquelles le Troisième Reich a donné lieu peuvent être examinées dans le débat dont Klaus Hildebrand a été l'initiateur, « Nationalsozialismus ohne Hitler ? », Geschichte in Wissenschaft und Unterricht, 31, 1980, pp. 289-305. Voir « Externus », « Hildebrands Lied », Geschichtsdidaktik, 5, 1980, pp. 325-327 ; K. D. Erdmann, « Antwort an einen Dunkelmann », Geschichte in Wissenschaft und Unterricht, 32, 1981, pp. 197-198 ; Klaus Hildebrand, « Noch einmal : Zur Interprétation des Nationalsozialismus», ibid., pp. 199-204 ; «Externus», « Fortsetzung eines Gedankenaustausches », Geschichtsdidaktik, 6, 1981, pp. 233-238 ; Wolfgang J. Mommsen, « Die “ reine ” Wahrheit iiber das nationalsozialistische Herrschaftssystem ? », Geschichte in Wissenschaft und Unterricht, 32, 1981, pp. 738-741 . Klaus Hildebrand, « Die verfolgende Unschuld », ibid., p. 742 ; Walther Hofer, « 50 Jahre danach. Uber den wissenschaftlichen Umgang mit dem Dritten Reich », ibid., 34, 1983, p. 2. Pour cerner les contours de ce débat prolongé, voir « Podiumsdiskussion : Offene Fragen in der Erforschung des Nationalsozialismus », Bericht iiber die 33st Versammlung Deutscher Historiker, Beiheft zur Geschichte in Wissenschaft und Unterricht, 1982, pp. 159-171. Pour une vue d'ensemble récente de l'approche marxiste du nazisme chez les historiens en République Démocratique Allemande, voir Andréas Dorpalen, German History in Marxist Perspective. The East German Approach, Détroit, 1985. Les interprétations « bonapartistes » ont été analysées par Jost Dulffer, « Bonapartism, Fascism, and National Socialism », Journal of Modem History, 11, 1976, pp. 109-128. Une critique pénétrante de l'approche gramscienne d'analyse marxiste de l'État nazi adoptée par Poulantzas dans Fascisme et dictature. La IIIe Internationale face au fascisme, Paris, Maspero, 1970, nous est donnée par Jane Caplan, « Théories of Fascism : Nicos Poulantzas as Historian », History Workshop Journal, 3, 1977, pp. 83-100.

3. C'est ainsi que le voit Norman Rich, Hitler's War Aims, 2 vols, Londres, 1973-1974, vol. 1, p. 11.

4. Karl Dietrich Bracher, « The Rôle of Hitler : Perspectives of Interprétation », dans Walter Laqueur éd., Fascism. A Reader's Guide, Harmondsworth, 1979, p. 201. Voir aussi, pour une défense véhémente d'une telle approche, les essais de Klaus Hildebrand, « Monokratie oder Polykratie ? Hitlers Herrschaft und das Dritte Reich », dans Hirschfeld, Kettenacker, Der « Führerstaat », pp. 73-97 ; « Nationalsozialismus oder Hitlerismus ? », dans Bosch, Persônlichkeil oder Struktur in der Geschichte, pp. 55-61 . « Hitler. Rassencontra Weltpolitik. Ergebnisse und Desiderate der Forschung », Militàrgeschichtliche Mitteilungen, 19, 1976, pp. 207-224 ; et « Hitlers “ Programme ” und seine Realisierung, 1939-1942 », dans Manfred Funke éd., Hitler, Deutschland und die Màchte, Dùsseldorf, 1978, pp. 63-93. L'autre défenseur très ardent de l'approche « hitlériste » est Eberhard Jâckel, dont l'analyse se trouve résumée dans son récent ouvrage Hitlers Herrschaft, Stuttgart, 1986.

5. Voir sur ce point le brillant article de Martin Broszat, « Soziale Motivation und Führer- Bindung des Nationalsozialismus », Vierteljahreshefte für Zeitgeschichte, 188, 1970, pp. 392-409.

6. Sur la question juive, voir l'essai remarquable de Hans Mommsen, « Die Realisierung des Utopischen : Die “ Endlösung der Judenfrage ” im “ Dritten Reich ” », Geschichte und Gesellschaft, 9, 1983, pp. 381-420.

7. Broszat, « Soziale Motivation », p. 403. L'argument résumé dans ce paragraphe a été très fortement défendu par Hans Mommsen dans une série d'articles : « Ausnahmezustand als Herrschaftstechnik des NS-Regimes », dans Funke, Hitler, Deutschland und die Mächte, pp. 30-45 . « Nationalsozialismus oder Hitlerismus ? », dans Bosch, Persônlichkeil und Struktur in der Geschichte, pp. 62-67 ; « Hitlers Stellung im nationalsozialistischen Herrschaftssystem », dans Hirschfeld, Kettenacker, Der « Führerstaat », pp. 43-72 ; et « National Socialism : Continuity and Change », dans Walter Laqueur éd., op. cit., pp. 151-192.

8. Jeremy Noakes, Geoffrey Pridham, Nazism, 1919-1945. A Documentary Reader, Exeter, 1984, vol. 2, p. 207.

9. Hans-Ulrich Wehler, « 30. Januar 1933. Ein halbes Jahrhundert danach », A us Politik und Zeitgeschichte, 29 janv. 1983, p. 50. Une approche ancienne et toujours utile du pouvoir fasciste considéré en termes d'autorité charismatique est celle de Rudolf Vierhaus, « Faschistisches Führertum », Historische Zeitschrift, 198, 1964, pp. 614-639.

10. Max Weber, Economy and Society, G. Roth, C. Wittich éds, Berkeley, 1978, pp. 214- 215, 241-242, 246, 1 114-1 115. Le modèle du « pouvoir charismatique » établi par Weber a été appliqué avec succès par Joseph Nyomarkay au Mouvement nazi, Charisma and Factionalism within the Nazi Party, Minneapolis, 1967 ; Wolfgang Horn, Führerideologie und Parteiorganisation in der Nsdap, 1919-1933, Düsseldorf, 1972 ; Fred Weinstein, The Dynamics of Nazism. Leadership, Ideology, and the Holocaust, New York, 1980 ; Lothar Kettenacker, « Sozialpsychologische Aspekte der Führer-Herrschaft », dans Hirschfeld, Kettenacker, Der « Führerstaat », pp. 98-132 ; Michael H. Kater, « Hitler in a Social Context », Central Européen History, 14, 1981, pp. 243-272 ; Arthur Schweizer, The Age of Charisma, Chicago, 1984.

11. Manfred Weissbecker, « Zur Herausbildung des Führerkults in der NSDAP », dans Karl Drechsler et al. éds, Monopole und Staat in Deutschland, 1917-1945, Berlin, 1966, p. 122.

12. On peut trouver un exemple remarquable d'une telle interprétation chez Ernst Gottschling, « Der faschistische Staat », et dans Dietrich Eichholtz, Kurt Gossweiler éds, Faschismusforschung. Positionen, Problème, Polemik, Berlin, 1980, pp. 95-98.

13. C'est là une découverte essentielle d'Albrecht Tyrell, Vom « Trommler » zum « Führer », Munich, 1975. Voir en particulier les pp. 165 et suiv. Sur « l'idée du fùhrer » dans les milieux néo-conservateurs et völkisch au début de la République de Weimar, voir Kurt Sontheimer, AntidemokratischesDenken in der Weimarer Republik, 4e éd., Munich, 1962, pp. 268- 275.

14. Robert Semmler, Goebbels. The Man next to Hitler, Londres, 1947, pp. 56-57.

15. Gorz, André, Farewell to the Working Class, Londres, 1982, pp. 5859, 62-63Google Scholar (édition frse, Adieux au prolétariat : au-delà du socialisme, Paris, 1980). D'un apport précieux sur le processus de perte de légitimité de la politique pluraliste et de l'autorité fonctionnelle qui précéda la montée du nazisme et l'affirmation conséquente d'une autorité charismatique en apparence unificatrice, citons : Thomas Childers, « Interest and Ideology : Anti-System Politics in the Era of Stabilization, 1924-1928 », dans Gerald Feldman éd., Die Nachwirkungen der Inflation in der deutschen Geschichte, Munich, 1985, pp. 1-20 ; Larry E. Jones, « The “ Dying Middle ”. Weimar Germany and the Fragmentation of Bourgeois Politics », Central European History, 5, 1972, pp. 23-54 ; Larry E. Jones, « The Dissolution of the Bourgeois Party System in the Weimar Republic », dans Richard Bessel, Edgar Feuchtwanger éds, Social Change and Political Development in Weimar Germany, Londres, 1981, pp. 268-288 ; M. Rainer Lepsius, « From Fragmented Party Democracy to Government by Emergency Decree and National Socialist Takeover », dans Juan J. Linz, Alfred Stepan éds, The Breakdown of Démocratie Régimes, Baltimore-Londres, 1978, pp. 35-79 ; William Sheridan Allen, « The Appeal of Fascism and the Problem of National Disintegration », dans Henry A. Turner éd., Reappraisals of Fascism, New York, 1975, pp. 44-68 ; Koshar, Rudy, Social Life, Local Politics, and Nazism. Marburg, 1880-1935, Chapel Hill, 1986.Google Scholar

16. C'est l'argument avancé par Marlis G. Steinert, Hitlers Krieg und die Deutschen, Düsseldorf, 1970, p. 263 ; Ian Kershaw « The Persécution of the Jews and German Popular Opinion in the Third Reich », Yearbook of the Léo Baeck Institute, 26, 1981, pp. 281, 287 ; William S. Allen, « Die deutsche Öffentlichkeit und die “ Reichskristallnacht ”. Konflikte zwischen Werthierarchie und Propaganda im Dritten Reich », dans Detlev Peukert, Jürgen Reulecke éds, Die Reihen fast geschlossen. Beiträge zur Geschichte des Alltags unterm Nationalsozialismus, Wuppertal, 1981. Le problème important mais complexe de la façon dont l'opinion a intégré la « Question juive » a aussi été discuté dans Otto Dov Kulka, « “ Public Opinion ” in Nazi Germany and the Jewish Question », Jérusalem Quarterly, 25,1982, pp. 121-144 et 26, 1983, pp. 33-45 ; Otto Dov Kulka, Aron Rodrigue, « The German Population and the Jews in the Third Reich », Yad Vashem Studies, 16, 1984, pp. 421-435 ; Otto Dov Kulka, « Die Nùrnberger Rassengesetze und die deutsche Bevôlkerung im Lichte geheimer NS-Lage- und Stimmungsberichte », Vierteljahreshefte fur Zeitgeschichte, 32, 1984, pp. 582-624 ; Michael Kater, « Everyday Anti-Semitism in Prewar Nazi Germany : The Popular Bases », Yad Vashem Studies, 16, 1984, pp. 129-159 ; Lawrence Stokes, « The German People and the Destruction of the European Jews », Central European History, 6, 1973, pp. 167-191 ; Ian Kershaw, Popular Opinion and Political Dissent in the Third Reich, Oxford, 1983, chap. 6, 9 ; Ian Kershaw, « German Popular Opinion and the “ Jewish Question ”, 1939-1943 : Some further Reflections », dans Arnold Paucker éd., Die Juden im nationalsozialistischen Deutschland, Tübingen, 1986 ; et Sarah Gordon, Hitler, Germans, and the « Jewish Question », Princeton, 1984.

17. Broszat, « Sozial Motivation », pp. 402 ss, 408 ; Mommsen, « Die Realisierung des Utopischen », en particulier pp. 389-390, 399-400 ; Martin Broszat, « Hitler und die Genesis der “ Endlösung ”. Aus Anlass der Thesen von David Irving », Vierteljahreshefte fur Zeitgeschichte, 25, 1977, pp. 737-775, en particulier les pp. 759 et suiv. Sur la question de la prise de décision dans la « Solution finale », les travaux de Christopher Browning sont d'une grande importance. Voir son « Zur Genesis der “ Endlôsung ”. Eine Antwort an Martin Broszat », Vierteljahreshefte fur Zeitgeschichte, 29, 1981, pp. 97-109 ; et son récent ouvrage Fateful Months. Essays on the Emergence of the Final Solution, New York, 1985. Les actes d'une récente conférence consacrée à l'analyse du processus de prise de décision ont été publiés dans Eberhard Jàckel, Jùrgen Rohwer éds, Der Mord an den Juden im Zweiten Weltkrieg, Stuttgart, 1985. Un certain nombre d'articles récents constituent un guide précieux pour le vaste champ de recherches que représente la politique anti-juive nazie. Voir Otto Dov Kulka, « Die deutsche Geschichtsschreibung ùber den Nationalsozialismus und die “ Endlôsung ” », Historische Zeitschrift, 240, 1985, pp. 599-640 ; Saul Friedländer « From Anti-Semitism to Extermination : A Historiographical Study of the Nazi Policies towards the Jews and an Essay in Interprétation », Yad Vashem Studies, 16, 1984, pp. 1-50 ; et, plus récemment, l'excellente étude de Michael Marrus, « The History of the Holocaust : A Survey of Récent Literature », Journal of Modem History, 59, 1987, pp. 114-160.

18. Henry Picker, Hitlers Tischegespräche im Führerhauptquartier, 1941 bis 1942, Stuttgart, 1963, cité dans Hildegard Von Kotze, Helmuth Krausnick éds, « Es spricht der Führer ». 7 exemplarische Hitler-Reden, Giitersloh, 1966, p. 46.

19. Cité dans VON Kotze, p. 46.

20. Albert Speer, Erinnerungen, Francfort-sur-le-Main/Berlin, 1969, p. 229 ; Timothy W. Mason, « The Legacy of 1918 for National Socialism », dans Anthony Nicholls, Erich Matthias éds, German Democracy and the Triumph of Hitler, Londres, 1971, pp. 215-239.

21. Helmut Heiber éd., Lagebesprechungen im Führerhauptquartier, Berlin, 1962, p. 287.

22. Schweitzer, The Age of Charisma, pp. 86-87.

23. Broszat, « Soziale Motivation », p. 405.

24: Struve, Walter, Elite against Democracy. Leadership Ideals in Bourgeois Political Thought in Germany, 1890-1933, Princeton, 1973, p. 433 Google Scholar ; Weinstein, The Dynamics of Nazism, pp. 66-67 ; Hans Mommsen, « Zur Verschränkung traditioneller und faschistischer Fùhrungsgruppen in Deutschland beim Übergang von der Bewegungs- zur Systemphase », dans Wolfgang Schieder éd., Faschismus als soziale Bewegung, Hambourg, 1976, p. 165 ; et Hans Mommsen, « Der Mythos des nationalen Aufbruchs und die Haltung der deutschen Intellektuellen und funktionalen Eliten », dans 1933, Gesellschaft und Wissenschaft, Pressestelle der Universitât Hamburg, Hambourg, 1983, p. 134.

25. Klaus-Jürgen Müller, « Nationalkonservative Eliten zwischen Kooperation und Widerstand », dans Jürgen Schmädeke, Peter Steinbach éds, Der Widerstand gegen den Nationalsozialismus, Munich, 1985, pp. 25-26 ; Rainer Baum, The Holocaust and the German Elite, Londres, 1981, pp. 52-53, 178 ss, 183 ss. Des éclairages importants ont été apportés récemment sur la crise que connurent les élites traditionnellement dominantes dans l'Allemagne de Weimar par Dick Geary, « The Industrial Elite and the Nazis in the Weimar Republic », dans Peter D. Stachura, The Nazi Machtergreifung, Londres, 1983, pp. 85-100 ; Michael Geyer, « Etudes in Political History : Reichswehr, Nsdap, and the Seizure of Power », dans ibid., pp. 101-123 ; Michael Geyer, « Professionals and Junkers : German Rearmament and Politics in the Weimar Republic », dans Bessel, Feuchtwanger, Social Change and Political Development in Weimar Germany, pp. 77-133 ; et Dieter Gessner, « The Dilemma of German Agriculture during the Weimar Republic », dans ibid., pp. 134-154.

26. Müller, « Nationalkonservative Eliten », pp. 25-26.

27. Ibid., pp. 28-30.

28. Sur la relation ambivalente des figures dominantes de la résistance allemande avec le régime nazi dans ses premières années, voir surtout Hans Mommsen, « Der Widerstand gegen Hitler und die deutsche Gesellschaft », dans Schmädeke, Steinbach, Der Widerstand gegen den Nationalsozialismus, pp. 3-23. Les moyens par lesquels les groupes d'opposition conservateurs, même lorsqu'ils conspiraient activement à détruire le régime, purent intégrer — sans, bien sûr, s'identifier à eux — des éléments majeurs de l'idéologie dans leur « conception du monde » ont été récemment décrits en ce qui concerne la question juive. Cf. Christoph Dipper, « The German Résistance and the Jews », Yad Vashem Studies, 16, 1984, pp. 51-93.

29. Müller, Klaus-Jürgen, Armee, Politik und Gesellschaft in Deutschland, 1933-1945, Paderborn, 1979, pp. 3947.Google Scholar

30. Neumann, Franz, Behemoth. The Structure and Practice of National Socialism, Londres, 1942.Google Scholar Pour une remarquable analyse de la structure changeante du pouvoir à l'intérieur de l'État nazi, voir Peter Hüttenberger, « Nationalsozialistische Polykratie », Geschichte und Gesellschaft, 2, 1976, pp. 417-442.

31. Kater, Michael, « Hitler in a Social Context », Central European History, 14, 1981, pp. 257260 Google Scholar ; Schweitzer, Age of Charisma, pp. 66 ss.

32. Cf., par exemple, G. M. Gilbert, Nuremberg Diary, Londres, 1948, pp. 186-196 ; et Doris Jahr, « Die Einstellung der engeren NS-Elite zur Persönlichkeit und politischen Stratégie Adolf Hitlers », Ruhr-Universitàt Bochum Magisterarbeit, 1984.

33. Alfred Rosenberg, Letzte Aufzeichnungen. Idéale und Idole der nationalsozialistischen Revolution, Göttingen, 1955, p. 328.

34. Hans Frank, Im Angesicht des Galgens, Munich, 1953, pp. 139, 322.

35. Speer, pp. 177, 184.

36. Baldur Von Schirach, Ich glaubte an Hitler, Hambourg, 1967, p. 160.

37. Selon Otto Dietrich, le chef de la presse nazie, Hitler commença vers 1935-1936 « à haïr toute objection adressée à ses vues, tout doute émis sur son infaillibilité », se montrant surtout désireux « de parler mais non d'écouter ». Otto Dietrich, Zwôlf Jahre mit Hitler, Cologne- Munich, 1955, pp. 44-45. Fritz Wiedemann, adjudant de Hitler vers 1935, affirmera qu'il était impossible de contredire un chef « qui devenait immédiatement agressif si les faits n'étaient pas en accord avec ses conceptions ». Fritz Wiedemann, Der Mann, der Feldherr werden wollte, Velbert- Kettwig, 1964, p. 90, et aussi pp. 73-74, 89. Tïm Mason suggère avec perspicacité (” Intentionalism and Explanation », dans Hirschfeld, Kettenacker, Der « Fiihrerstaat », p. 35) que Hitler « se transforma lui-même en une fonction, la fonction de Führer ».

38. C'est là une formulation heuristique de Hans Mommsen, qui apparaît pour la première fois dans son Beamtentum im Dritten Reich, Stuttgart, 1966, p. 98, n. 26. Pour une discussion de ce concept, voir mon livre The Nazi Dictatorship, chap. 4.

39. Broszat, « Soziale Motivation », en part., pp. 404-405, 409.

40. Hans Mommsen, « Hitlers Stellung im nationalsozialistischen Herrschaftssystem », dans Hirschfeld, Kettenacker, Der « Führerstaat », p. 66. La meilleure analyse de ce processus de désintégration politique interne et de la consolidation de « l'autorité de Führer » arbitraire de Hitler qui en découla, est une fois encore apportée par Martin Broszat, Der Staat Hitlers, Munich, 1969, en part. chap. 8-9. Voir aussi Lothar Gruchmann, « Die “ Reichsregierung ” im Führerstaat. Stellung und Funktion des Kabinetts im nationalsozialistischen Herrschaftssystem », dans G. Doecker, W. Steffani éds, Klassenjustiz und Pluralismus, Hanovre, 1973, pp. 187- 223 ; et Dieter Rebentisch, « Hitlers Reichskanzlei zwischen Politik und Verwaltung », dans Dieter Rebentisch, Karl Teppe éds, Verwaltung contra Menschenfùhrung im Staat Hitlers. Studien zum politisch-administrativen System, Göttingen, 1986, pp. 65-99.

41. Voir Weber, pp. 1 114-1 115.