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Le film, une contre-analyse de la société

Published online by Cambridge University Press:  06 September 2021

Marc Ferro*
Affiliation:
École Pratique des Hautes Études, VIe Section

Extract

Le film serait-il un document indésirable pour l'historien ? Bientôt centenaire, mais ignoré, il n'est même pas rangé parmi les sources laissées pour compte. Il n'entre pas dans l'univers mental de l'historien.

En vérité, le cinéma n'était pas né quand l'histoire a pris ses habitudes, perfectionné sa méthode, cessé de narrer pour expliquer. Le « langage » du cinéma s'avère inintelligible ; comme celui des rêves, il est d'interprétation incertaine. Mais cette explication ne saurait satisfaire qui connaît l'infatigable ardeur des historiens acharnés à découvrir de nouveaux domaines, leur capacité à faire parler troncs d'arbre, vieux squelettes, et leur aptitude à considérer comme essentiel ce qu'ils jugeaient jusque-là inintéressant.

Type
Histoire Non Écrite
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973 

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References

Notes

1. Pour reprendre l'expression de Michel Foucault, L'archéologie du savoir, Paris, pp. 14-15.

2. Voir par exemple Lefebvre, G., La naissance de Vhistoriographie moderne, Paris, Flammarion, 1971 Google Scholar; Ehrard, J.et Palmade, G., L'Histoire, Paris, A. Colin, 1965 Google Scholar; Widgery, A. G., Les grandes doctrines de l'Histoire, Paris, Gallimard, 1965 Google Scholar. Sur les discours de l'historien, voir Roland Barthes, « Le discours de l'Histoire », dans Social Science. Information sur les sciences sociales, août 1967. pp. 65-77.

3. Pour les origines de l'historiographie et Etienne Pasquier, se reporter à G. Huppert, « Naissance de l'Histoire en France : les ‘ Recherches ’ d'Etienne Pasquier », dans Annales E.S.C., n° 1, 1968, pp. 69-106.

4. Cité dans Pierre Nora, « Ernest Lavisse, son rôle dans la formation du sentiment national », Revue Historique, 1962, pp. 73-102.

5. B. Edelman, « De la nature des oeuvres d'art d'après la jurisprudence », Recueil Dalloz, Sirey, 1969, pp. 61-70.

6. Seules deux contre-sociétés, les Nazis et les Soviets, indiquent au générique des actualités le nom des opérateurs de prises de vues.

7. F. Furet, « Sur quelques problèmes posés par le développement de l'Histoire quantitative », dans Social Science. Information sur les sciences sociales, 1968, pp. 71-83 ; et du même, « Histoire quantitative et fait historique », dans Annales E.S.C., 1971, n° 1, pp. 63-76.

8. Sur ces problèmes, voir en dernier lieu, J.-P. Lebel, Cinéma et idéologie, Éd. de la Nouvelle Critique, Éditions Sociales, 1971, 230 p.

9. Rappelons les analyses d'Edgar Morin, Le cinéma et l'homme imaginaire, Éd. de Minuit, Paris, 1956, 250 p., repris en édition de poche chez Gonthier, collection Médiations.

* Nous remercions A. Akoun, M. F. Briselance, A. Goldman, A. Margarido, H. Grigoriadou-Cabagnols, B. Rolland, G. Fiman et Cl. Eyzyckman qui ont bien voulu relire ce t e x t e et nous aider à l'améliorer.

10. Sur le cinéma soviétique, se reporter à l'ouvrage et à la bibliographie de Jay Leyda, Kino, a history of the russian and soviet film, Londres, i960, 490 p. Nous avons utilisé également les travaux de J. Sadoul, M. BardÈChe, J. Mitry et retenu ici, de Christian Metz, « Les propositions méthodologiques pour l'analyse du film », Social Science. Information sur les sciences sociales, août 1968, pp. 107-121.

11. Sur Kulechov et Po Zakonu, voir, en dernier lieu, « Russies années vingt », dans les Cahiers du Cinéma, mai-juin 1970.

12. Texte du synopsis repris, comme les suivants, de Lebedev, traduction publiée dans Le film muet soviétique, Catalogue de la Cinémathèque de Bruxelles, Cinémathèque de Bruxelles, s.d.

13. Observation de M. F. Briselance.

14. Dans des plans tournés à contre-jour (observation de L. Grigoriadou-Cabagnols).

15. Cf. Jay Leyda, op. cit., p. 213.

16. Les mesures prises contre les Blancs et leurs partisans mises à part, le procès des socialistes-révolutionnaires eut lieu en mai 1922 ; celui des SR de gauche, artisans d'Octobre, en 1921, comme celui des menchéviks. Le premier procès avec confession écrite date de la fin de 1924. Jusque-là, il y avait encore une vraie procédure. Toutefois elle était volontiers violée par le tribunal. La plus fréquente de ces violations était le refus donné à la défense de produire des témoins. Cf. Léonard Schapiro, Les bolcheviks et l'opposition, Paris, 1957, pp. 15, 19, 137, 168 et 326.

17. Pocema joi socialistom ?, Leningrad, 1925, 32 p.

18. Appelé quelquefois Cohabitation.

19. Les guillemets correspondent aux textes des cartons.

20. Film de propagande allemand, tourné à Kiev en 1919 avec des acteurs russes. Le film est précédé par un montage de documents intitulé Atrocités bolcheviques. Durée 10 minutes. National Film Archive Catalogue(London), s.d., part II, n° 163.

21. Voir Jay Leyda, op. cit., chap. VII.

22. Un inventaire des plans est en préparation. Un catalogue des plans se trouvant en U.R.S.S. est accessible : Kino i Foto dokumenty po istorii velikovo oktjabrja, lçiJ-1920, Moscou, 1958, 354 p. Les conditions de production sont exposées dans Jay Leyda, op. cit.

23. Le Premier Mai mis à part. Au reste, ce jour-là les manifestations n'eurent pas lieu sur les Liteinij et Nevskij Prospekt mais sur la Place du Champ-de-Mars.

24. A tort, comme il a été montré dans « Le soldat russe en 1917 », Annales E.S.C., 1971, n ° 1. pp. 14-39.