Published online by Cambridge University Press: 12 October 2020
L’ouvrage collectif Le laboratoire des sciences sociales. Histoires d’enquêtes et revisites, coordonné par Gilles Laferté, Paul Pasquali et Nicolas Renahy, prend certaines grandes enquêtes de sciences sociales à la fois comme objets et expériences collectives à historiciser (« histoire d’enquêtes ») et comme matériaux pour de nouvelles recherches (« revisites ») ; il aborde ce faisant de manière empirique et originale, la question des archives produites par les sciences sociales et de leurs usages. À la différence des sources mobilisées par les historiens, qui consistent en des corpus clos, produits de différentes stratégies archivistiques et mémorielles, celles des contributeurs du Laboratoire des sciences sociales ont un statut plus ambigu du fait du raccourcissement temporel entre le moment de la production de l’enquête et celui de son histoire et de sa revisite, dont les effets doivent être analysés. Véritable laboratoire réflexif au carré, l’ouvrage plaide pour une réflexivité historienne comme pratique ordinaire et permet de reconsidérer un certain nombre de problèmes sous un nouveau jour. En s’interrogeant sur la distinction entre documents et archives, sur la nature cumulative du savoir archivé des sciences sociales et sur la différence entre les archives des enquêtes de sciences sociales et celles d’autres formes d’enquête pratiquées au cours du temps, cette note critique invite à la mise à l’épreuve du projet réflexif et historiciste qui se trouve au cœur de la redéfinition de la place des archives dans le travail historique.
The collective volume Le laboratoire des sciences sociales. Histoires d’enquêtes et revisites, coordinated by Gilles Laferté, Paul Pasquali, and Nicolas Renahy, reconsiders some of the major surveys conducted in the social sciences, taking them as objects and collective experiences to be historicized (histoires d’enquêtes), as well as materials for new research (revisites). This approach enables the book to address, empirically and in an original way, certain questions related to the archives produced by the social sciences and the uses to which they can be put. Unlike standard sources studied by historians, defined corpora produced by various archival and memorial strategies, the archives used by the authors of Le Laboratoire des sciences sociales have a more ambiguous status. In particular, this is due to a shorter time-scale between the moment that the surveys were produced and the moment of their historicization and reappropriation, the effects of which are analyzed in this article. The volume appeals for historical reflexivity as standard practice and offers a way to reconsider a number of problems in a new light. By questioning the distinction between documents and archives, the cumulative nature of social science knowledge as it is archived, and the difference between social science archives and those produced by other forms of survey practiced in the past, this review article seeks to test the reflexive and historicist project at the heart of the redefinition of the place of archives in the production of history.
Gilles Laferté, Paul Pasquali et Nicolas Renahy (dir.), Le laboratoire des sciences sociales. Histoires d’enquêtes et revisites, Paris, Raisons d’agir, 2018, 290 p.
1 Roxanne Silberman, « Rapport : les sciences sociales et leurs données », ministère de l’Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie, 1999, https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/004000935.pdf. Cette initiative s’inscrit dans un contexte international plus large : pour un état des lieux en 1993, voir Angela Dale, « Le rôle de l’analyse secondaire dans la recherche en sciences sociales », Sociétés contemporaines, 14-15, 1993, p. 7-21 ; pour une mise au point récente en France, voir Arianna Caporali, Amandine Morisset et Stéphane Legleye, « La mise à disposition des enquêtes quantitatives en sciences sociales : l’exemple de l’Ined », Population, 70-3, 2015, p. 567-597.
2 Dans le cas de la statistique, voir les travaux d’Alain Desrosières, « L’histoire de la statistique comme genre. Styles d’écritures et usages sociaux », Genèses, 39, 2000, p. 121-137 ; pour une période plus ancienne : Éric Brian, La mesure de l’État. Administrateurs et géomètres au xviii esiècle, Paris, Albin Michel, 1994.
3 Si, du côté de la sociologie, l’enquête de Donald Roy revisitée par Michael Burawoy est connue assez tôt par l’article de Pierre Fournier, « Deux regards sur le travail ouvrier. À propos de Roy et Burawoy, 1945-1975 », Actes de la recherche en sciences sociales, 115, 1996, p. 80-93, une réflexion collective semble émerger surtout à partir des années 2000 : voir Françoise Cribier et Élise Feller, « Projet de conservation des données qualitatives des sciences sociales recueillies en France auprès de la ‘société civile’. Rapport présenté au ministère délégué à la Recherche et aux nouvelles technologies », Lasmas, 2003. Le premier colloque organisé en France sur ces questions a eu lieu en 2005 : Magdalini Dargentaset al., « Compte-rendu des journées internationales de l’analyse secondaire en recherche qualitative », Bulletin de méthodologie sociologique, 90, 2006, p. 43-55. Sur les argumentaires favorables ou opposés à l’analyse secondaire de ce type d’enquête, voir Sophie Duchesne, « De l’analyse secondaire à la réanalyse. Une innovation méthodologique en débats », Recherches qualitatives, 21, 2017, p. 7-28.
4 Dans le prolongement du colloque organisé du 4 au 6 novembre 1999 par l’Ehess, le Cnrs et la Maison des sciences de l’homme (Msh), intitulé « Histoire de la recherche collective en sciences sociales au xxe siècle », et sur le contexte de cette enquête collective réflexive sur les pratiques du travail collectif, voir Paul-André Rosental, « Introduction. Modèles, usages, effets du collectif dans les sciences sociales », no spécial « Pour une histoire de la recherche collective en sciences sociales », Cahiers du Centre de recherches historiques, 36, 2005, p. 3-29 ainsi que le reste du numéro.
5 Étienne Anheim et Olivier Poncet, « Fabrique des archives, fabrique de l’histoire », n° spécial « Fabrique des archives, fabrique de l’histoire », Revue de synthèse, 125, 2004, p. 1-14 ainsi que le reste du numéro.
6 Bertrand Müller, « À la recherche des archives de la recherche. Problèmes de sens et enjeux scientifiques », Genèses, 63-2, 2006, p. 4-24.
7 Gilles Laferté, Paul Pasquali et Nicolas Renahy, « Pour une réflexivité historienne dans les sciences sociales contemporaines », in G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy (dir.), Le laboratoire…, op. cit., p. 7-38, ici p. 13.
8 Benoît Trépied, Une mairie dans la France coloniale. Koné, Nouvelle-Calédonie, Paris, Karthala, 2010 ; Laure Pitti, « Ouvriers algériens à Renault-Billancourt de la guerre d’Algérie aux grèves d’Os des années 1970. Contribution à l’histoire sociale et politique des ouvriers étrangers en France », thèse de doctorat, université Paris 8, 2002 ; Michel Bozon et François Héran, La formation du couple. Textes essentiels pour la sociologie de la famille, Paris, La Découverte, 2006.
9 Anni Borzeix et Gwenaële Rot, Genèse d’une discipline, naissance d’une revue. Sociologie du travail, Nanterre, Presses universitaires de Paris-Ouest, 2010 ; François Vatin, « Marxisme, machinisme, humanisme. Georges Friedmann avant et après-guerre », Sociologie du travail, 46, 2004, p. 205-223 ; Id., « Pierre Naville et la ‘passion dans le calcul’. De la métrologie sociale à la sociologique », in F. Blum (dir.), Les vies de Pierre Naville, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2006, p. 247-265 ; Id., « Le travail et sa sociologie », Raison présente, 162, 2007, p. 83-97.
10 Pierre Bourdieu, « La cause de la science », Actes de la recherche en sciences sociales, 106-107, 1995, p. 3-10, cité dans G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy, « Pour une réflexivité historienne… », art. cit., ici p. 15.
11 G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy, « Pour une réflexivité historienne… », art. cit., ici p. 18.
12 Étienne Anheim, « L’historiographie est-elle une forme d’histoire intellectuelle ? La controverse de 1934 entre Lucien Febvre et Henri Jassemin », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 59-4bis, 2012, p. 105-130, ici p. 107.
13 Gilles Laferté, « L’ethnographie historique ou le programme d’unification des sciences sociales reçu en héritage », in F. Buton et N. Mariot (dir.), Pratiques et méthodes de la socio-histoire, Paris, Puf, 2009, p. 45-68, ici p. 48.
14 Christian Topalov, Histoires d’enquêtes, Londres, Paris, Chicago (1880-1930), Paris, Classiques Garnier, 2015 ; Id., « Pour une réflexivité historienne dans les sciences sociales contemporaines », in B. Lepetit et C. Topalov (dir.), La ville des sciences sociales, Paris, Belin, 2001, p. 307-313. Sur les sciences studies et Pierre Bourdieu, voir Christian Topalov, « La boîte de Pandore et l’histoire sociale des sciences humaines », Genèses, 2015, 100/101-3, 2015, p. 238-246.
15 G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy, « Pour une réflexivité historienne… », art. cit., ici p. 24-26.
16 Dans des domaines très différents, voir Claire Lemercier, « Une histoire sans sciences sociales ? », Annales HSS, 70-2, 2015, p. 345-357 et Étienne Anheim, « L’historien au pays des merveilles ? Histoire et anthropologie au début du xxie siècle », L’Homme, 203-204, 2012, p. 399-427.
17 Voir Roger Chartier (dir.), Pratiques de la lecture, Marseille, Rivages, 1985 ; Roger Chartier (dir.), Les usages de l’imprimé, xv e-xix esiècle, Paris, Fayard, 1987 ; Roger Chartier (dir.), Lectures et lecteurs dans la France d’Ancien Régime, Paris, Éd. du Seuil, 1987.
18 Pierre Chastang, « L’archéologie du texte médiéval. Autour de travaux récents sur l’écrit au Moyen Âge », Annales HSS, 63-2, 2008, p. 245-269.
19 Pour ne prendre que le cas de l’histoire médiévale, qui m’est plus familier, on peut citer, en France, le colloque tenu en 2004 (et publié quatre ans plus tard), qui marque le point de départ d’un profond renouvellement : Claude Gauvard (dir.), L’enquête au Moyen Âge, Rome, École française de Rome, 2008 ; voir aussi Thierry Pécout (dir.), Quand gouverner, c’est enquêter. Les pratiques politiques de l’enquête princière (Occident, xiii e-xiv esiècles). Actes du colloque international d’Aix-en-Provence et Marseille, 2007, Paris, De Boccard, 2010. Dans des domaines différents et parmi de nombreux exemples, voir Didier Lett, Un procès de canonisation au Moyen Âge. Essai d’histoire sociale, Paris, Puf, 2008 ; Valérie Theis, Le gouvernement pontifical du Comtat Venaissin vers 1270-vers 1350, Rome, École française de Rome, 2012 ; Marie Dejoux, Les enquêtes de Saint Louis. Gouverner et sauver son âme, Paris, Puf, 2014.
20 Frédéric Graber, « Enquêtes publiques, 1820-1830. Définir l’utilité publique pour justifier le sacrifice dans un monde de projets », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 63-3, 2016, p. 31-63.
21 Pierre Chastang, Lire, écrire, transcrire. Le travail des rédacteurs de cartulaires en Bas-Languedoc, xi e-xiii esiècles, Paris, Éd. du Cths, 2002.
22 Florence Weber, « Ethnologues à Minot. Quelques questions sur la structure sociale d’un village bourguignon », Revue française de sociologie, 22-2, 1981, p. 247-262.
23 Laurent Amiotte-Suchetet al., n° spécial « Enquêtes collectives : histoires et pratiques contemporaines », ethnographiques.org, 32, 2016, https://www.ethnographiques.org/2016/Amiotte-Suchet-Laferte-Lauriere-Renahy.
24 Gilles Laferté, « Des archives d’enquêtes ethnographiques pour quoi faire ? Les conditions d’une revisite », Genèses, 63-2, 2006, p. 25-45.
25 Voir, par exemple, Antoinette Molinié et Marie-Dominique Mouton, « L’ethnologue aux prises avec les archives – Introduction », Ateliers du LESC, 32, 2008 ainsi que le numéro spécial « Enquêtes collectives… » déjà cité.
26 Voir le numéro spécial « Hommage à Jacques Ozouf », Cahiers du Centre de recherches historiques, 43, 2009 et en particulier les contributions de Marie-Laurence Netter, « Les enquêtes collectives. Une utopie scientifique ? », p. 11-17 et Dominique Julia et Jacques Revel, « Lire et écrire. Une enquête, un moment historiographique », p. 35-56.
27 Robert Hertz, Sociologie religieuse et anthropologie. Deux enquêtes de terrain, 1912-1915, éd. par S. Baciocchi et N. Mariot, Paris, Puf, 2015 ; Jacques Dalarun et Patrick Boucheron (dir.), Georges Duby. Portrait de l’historien en ses archives, Paris, Gallimard, 2015, cité dans G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy, « Pour une réflexivité historienne… », art. cit., ici p. 15 et 18.
28 Jérôme Bourdieu, Lionel Kesztenbaum et Gilles Postel-Vinay, L’enquête TRA, histoire d’un outil, outil pour l’histoire, t. 1, 1793-1902, Paris, Ined, 2014.
29 Principaux matériaux mobilisés, ces correspondances sont tirées du fonds Pierre Naville déposé au Musée social à Paris, des archives Michel Crozier conservées au Centre de sociologie des organisations et aux Archives nationales et des archives privées de Bernard Mottez, l’un des deux enquêteurs de l’enquête conduite par Jean-Daniel Reynaud et Alain Touraine.
30 Gwenaële Rot et François Vatin, « Sociologie du travail et travail sociologique », in G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy (dir.), Le laboratoire…, op. cit., p. 117-148, ici p. 147.
31 Jean-Claude Chamboredon et Madeleine Lemaire, « Proximité spatiale et distance sociale : les grands ensembles et leur peuplement », Revue française de sociologie, 11-1, 1970, p. 3-33 ; Jean-Claude Chamboredon, « La délinquance juvénile, essai de construction d’objet », Revue française de sociologie, 12-3, 1971, p. 335-377.
32 C’est aussi le cas de l’ouvrage de C. Topalov, Histoires d’enquêtes…, op. cit., annexes 1 et 2, p. 415-422.
33 Paul Pasquali, « Une ‘école de Chicago’ en banlieue parisienne ? Jean-Claude Chamboredon et la délinquance juvénile, de l’enquête à l’article », in G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy (dir.), Le laboratoire…, op. cit., p. 235-282, ici p. 242, n. 487.
34 Bertrand Müller et Serge Wolikow, « Sciences sociales : archives de la recherche », Genèses, 63-2, 2006, p. 2-3, ici p. 2 ; voir également Marie-Dominique Mouton, « Dans les archives des ethnologues. La recherche autrement », in M. Cornu, J. Fromageau et B. Müller (dir.), Archives de la recherche. Problèmes et enjeux de la construction du savoir scientifique, Paris, L’Harmattan, 2014, p. 135-145.
35 G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy, « Pour une réflexivité historienne… », art. cit., ici p. 31. Sur la question de l’engagement subjectif du chercheur, initiée par l’anthropologie pragmatique mais partagée par tous les chercheurs en sciences sociales, voir É. Anheim, « L’historien au pays des merveilles ? », art. cit., ici p. 414-420 (sur la « fiction de distance » que l’historien aurait avec son objet).
36 Voir Bernard Walliser (dir.), La cumulativité du savoir en sciences sociales. En hommage à Jean-Michel Berthelot, Paris, Éd. de l’Ehess, 2009.
37 Michael Burawoy, « Revisiter les terrains. Esquisse d’une théorie de l’ethnographie réflexive », in D. Céfaï (dir.), L’engagement ethnographique, Paris, Éd. de l’Ehess, 2010, p. 295-351 (l’article original est paru dans American Sociological Review, 68, 2003, p. 645-679).
38 Id., Produire le consentement, trad. par Q. Ravelli, Montreuil, La ville brûle, [1979] 2015.
39 Sophie Duchesne, « Développement de l’analyse secondaire et des méthodes d’analyse qualitative : une chance à saisir ? », in M. Brugidouet al. (dir.), L’analyse secondaire en recherche qualitative. Une nouvelle pratique en sciences humaines et sociales, Paris, Lavoisier, 2010, p. 1-18 ; Id., « De l’analyse secondaire… », art. cit.
40 Voir, à partir de l’analyse secondaire de leurs propres enquêtes, les conclusions assez radicales de Natasha S. Mauthner, Odette Parry et Kathryn Backett-Milburn, « The Data are Out There, or Are They ? Implications for Archiving and Revisiting Qualitative Data », Sociology, 32-4, 1998, p. 733-745.
41 Paul Thompson, The Edwardians: The Remaking of British Society, Londres, Weidenfeld & Nicolson, 1975 ; Mildred Blaxter et Elizabeth Paterson, Mothers and Daughters: A Three-Generation Study Of Health Attitudes and Behaviour, Londres, Heinemann, 1982.
42 Libby Bishop, « A Reflexive Account of Reusing Qualitative Data: Beyond Primary/Secondary Dualism », Sociological Research Online, 12-3, 2007, p. 43-56, https://doi.org/10.5153/sro.1553.
43 La plupart des expérimentations réunies dans Le laboratoire des sciences sociales peuvent se lire comme la mise à l’épreuve de la conclusion de l’article de G. Laferté, « Des archives d’enquêtes ethnographiques… », art. cit., ici p. 45 : « Une nouvelle lecture [des enquêtes passées] conduit à porter un autre regard, souvent inattendu, sur ce qui a été dit, parce que le temps a passé, et que les questions que l’on se pose se sont déplacées. » C’est également le cœur de la démonstration de l’article de Paul Pasquali, publié dans la même revue six ans plus tard, « Deux sociologues en banlieue. L’enquête sur les grands ensembles de Jean-Claude Chamboredon et Madeleine Lemaire (1966-1970) », Genèses, 87-2, 2012, p. 113-135.
44 « Antony, c’était la partie émergée d’un iceberg. L’iceberg, c’était… ça devait être […] un grand projet, analogue à une nouvelle école de Chicago si on peut dire, qui finalement ne s’est pas réalisé complètement, qui aurait été un terrain commun à tous les chercheurs du Cse […]. [M]on travail à Antony, c’était les bases morphologiques de ce grand projet », entretien réalisé par Samir Hadj-Belgacem et Paul Pasquali, 20 février 2009, in P. Pasquali, « Une ‘école de Chicago’…», art. cit., ici p. 239. Si l’enquête de Jean-Claude Chamboredon se déroule entre 1966 et 1970, ce n’est qu’à partir de 1979 que l’École de Chicago apparaît comme courant clairement identifié en France avec le recueil de traductions publié par Yves Grafmeyer et Isaac Joseph, L’École de Chicago, Paris, Champ urbain, 1979 : voir P. Pasquali, « Une ‘école de Chicago’…», art. cit., ici p. 240.
45 Michel Naepels, « Anthropologie et histoire : de l’autre côté du miroir disciplinaire », Annales HSS, 4, 2010, p. 873-884 ; É. Anheim, « L’historien au pays des merveilles ? », art. cit.
46 Sophie Duchesne, « De l’analyse secondaire… », art. cit., ici p. 8.
47 Henri Omont, « La collection Doat à la Bibliothèque nationale. Documents sur les recherches de Doat dans les archives du sud-ouest de la France de 1663 à 1670 », Bibliothèque de l’école des chartes, t. 77, 1916, p. 286-336 ; Gian Luca Borghese, « Les registres de la chancellerie angevine de Naples. Un exemple de destruction et reconstitution de sources archivistiques à travers les siècles », Médiévales, 69, 2015, p. 171-182. Je remercie Étienne Anheim pour ces références et, plus largement, pour nos échanges de ces dernières années auxquels doit beaucoup cette note critique.
48 James Hinton, The Mass Observers: A History, 1937-1949, Oxford, Oxford University Press, 2013.
49 Ariane Mak, « En grève et en guerre. Les mineurs britanniques au prisme des enquêtes du Mass Observation (1939-1945) », thèse de doctorat, Ehess, 2018 ; Id., « Le Mass Observation. Retour sur un singulier collectif d’enquête britannique (1937-1949) », ethnographiques.org, 32, 2016, https://www.ethnographiques.org/2016/Mak.
50 Stéphane Baciocchi, Alain Cottereau et Marie-Paule Hille (dir.), Le pouvoir des gouvernés. Ethnographies de savoir-faire politiques, observés sur quatre continents, Bruxelles, Peter Lang, 2018.
51 Voir respectivement Sylvain Piron, « L’enquête sur les ordres Mendiants et l’urbanisation », in É. Anheim, A. Feniello et S. Gioanni (dir.), Jacques Le Goff et l’Italie, Rome, École française de Rome/Isime 2017, p. 57-72 ; Jean-Paul Aron, Paul Dumont et Emmanuel Le Roy Ladurie, Anthropologie du conscrit français d’après les comptes numériques et sommaires du recrutement de l’armée (1819-1826). Présentation cartographique, Paris, Mouton, 1972 ; François Furet et Jacques Ozouf, Lire et écrire. L’alphabétisation des Français de Calvin à Jules Ferry, Paris, Éd. de Minuit, 2 vol., 1977.
52 Raphaëlle Branche, « Le sexe, le genre et la parole. Quand une femme interroge des hommes sur les violences infligées », in F. Thébaud et G. Dermenjian (dir.), Quand les femmes témoignent. Histoire orale. Histoire des femmes. Mémoire des femmes, Paris, Publisud, 2009, p. 217-226.
53 Véronique Ginouvès et Isabelle Gras (dir.), La diffusion numérique des données SHS. Guide des bonnes pratiques éthiques et juridiques, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2018.
54 S. Duchesne, « De l’analyse secondaire… », art. cit., ici p. 13.
55 Voir le dossier « Archivari » que Françoise Zonabend a coordonné avec Jean Jamin dans Gradhiva, 30-31, 2001-2002.
56 Françoise Zonabend, « Des femmes, des terrains, des archives. Un retour réflexif sur les pratiques ethnographiques en anthropologie du proche », in G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy (dir.), Le laboratoire…, op. cit., p. 41-78, ici p. 74.
57 Ibid.
58 G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy (dir.), Le laboratoire..., op. cit., p. 109.
59 Marie Scot, « Les archives britanniques des sciences sociales. Deux études de cas : UK Data Archive (UKDA) et Qualidata », Genèses, 63-2, 2006, p. 46-65.
60 Mike Savage, Identities and Social Change in Britain since 1940: The Politics of Method, Oxford, Oxford University Press, 2010.
61 Information recueillie lors de la table ronde « Diffuser des données aujourd’hui : enjeux juridiques et éthiques », animée par Philippe Mouron et Isabelle Gras avec l’équipe de beQuali, le 3 octobre 2019, à l’occasion de la journée d’étude « Diffuser les données numériques en Shs : le droit et l’éthique comme alliés » à la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (Mmsh) d’Aix-en-Provence. Pour une présentation détaillée du projet, voir Selma Bendjaballahet al., « Anonymat et confidentialité des données. L’expérience de beQuali », in V. Ginouvès et I. Gras (dir.), La diffusion numérique…, op. cit., p. 207-222.
62 Florence Descamps, « Utiliser et réutiliser les archives orales. Comment faire des archives orales un outil de recherche collectif ? », Les carnets de la phonothèque, 2016, https://phonotheque.hypotheses.org/17821. Ces questions ont été également au cœur de ma thèse : Bénedicte Girault, « Mémoires d’un ministère. Une analyse secondaire de l’enquête orale du Service d’histoire de l’éducation (c. 1950-c. 2010) », thèse de doctorat, université de Cergy-Pontoise, 2018.
63 G. Laferté, P. Pasquali et N. Renahy, « Pour une réflexivité historienne… », art. cit., ici p. 25.
64 Association des amisd’Abdelmalek Sayad, Actualité de la pensée d’Abdelmalek Sayad, Casablanca, Éd. Le Fennec, 2010.
65 F. Zonabend, « Des femmes, des terrains, des archives… », art. cit., ici p. 70 ; Id., Le Laboratoire d’anthropologie sociale. 50 ans d’histoire (1960-2010), Paris, Cnrs/Ehess/Collège de France, 2010.
66 A. Borzeix et G. Rot, Genèse d’une discipline…, op. cit.
67 Voir l’objectivation quantitative de ce reflux réalisée par Claire Lemercier à partir de l’analyse des rapports d’activités du Crh : Claire Lemercier, « Le Centre de recherches historiques comme ‘structure fédérative’ ? », Cahiers du Centre de recherches historiques, 36, 2005, https://doi.org/10.4000/ccrh.3069.
68 André Burguière, « Plozévet, une mystique de l’interdisciplinarité ? », Cahiers du Centre de recherches historiques, 36, 2005, https://doi.org/10.4000/ccrh.3065.