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Published online by Cambridge University Press: 04 August 2021
Cet article s’interroge sur les rapports entre les Annales et le présent et, à travers eux, sur la manière dont la revue prend en charge le politique et la pluralité des temporalités qu’il engage. Revue du contemporain, les Annales ne sont pas une revue d’histoire contemporaine, si l’on entend par là une période chronologique. Elles sont, en revanche, une revue du présent, d’un temps historique et épistémologique mis en avant par leurs fondateurs, Marc Bloch et Lucien Febvre. Temps construit, le « présent » tel que l’ont conçu et le revendiquent toujours les Annales défend une certaine idée du passé, indissociable de l’aujourd’hui depuis lequel s’écrivent l’histoire et les sciences sociales. Penser ces dernières au présent conduit à privilégier certains ancrages de longue ou de moyenne durée : la Révolution française et le xixe siècle en particulier, ces deux socles à partir desquels se développe une réflexion sur le politique et où s’enchevêtrent la question de la démocratie et celle du totalitarisme. Cette histoire du politique, entendue comme le rapport singulier que les sociétés modernes entretiennent avec elles-mêmes, mobilise les apports de toutes les sciences sociales. Elle constitue la colonne vertébrale de l’histoire-problème qui intéresse les Annales, d’un point de vue épistémologique, mais aussi civique. Elle affirme la nécessité de faire de la démarche scientifique réflexive un enjeu politique essentiel du temps présent.
This article examines the relationship between the Annales and the present and, through this, the way the journal deals with the political and the plurality of temporalities it engages. While the Annales are a contemporary journal, they are not a journal of contemporary history, if one understands by that a specific chronological period. They are, rather, a journal of the present, of a historical and epistemological time foregrounded by their founders, Marc Bloch and Lucien Febvre. As a constructed temporality, the “present” conceived and maintained by the Annales defends a certain idea of the past, indissociable from the “today” in which history and social sciences are written. This presentist approach has privileged specific anchoring points in the long and medium durée: in particular the French Revolution and the nineteenth century, the twin foundations from which a reflection on the political developed and where the question of democracy and totalitarianism are entangled. This history of the political, understood as the singular relationship that modern societies have with themselves, mobilizes all the tools of all the social sciences. It is the backbone of the histoire-problème that drives the Annales, from an epistemological but also a civic point of view. It affirms the necessity of making scholarly reflexivity an essential political issue for the present.
1 Gordon Wright, « Contemporary History », in C. F. Delzell (dir.), The Future of History, Nashville, Vanderbilt University Press, 1977, p. 226 et Pieter Lagrou, « De l’histoire du temps présent à l’histoire des autres. Comment une discipline critique devint complaisante », Vingtième siècle. Revue d’histoire, 118-2, 2013, p. 101-119, ici p. 104.
2 Hendrik L. Wesseling, « The Annales School and the Writing of Contemporary History », Review (Fernand Braudel Center), 1-3/4, 1978, p. 185-194, ici p. 194.
3 G. Wright, « Contemporary History », art. cit. et P. Lagrou, « De l’histoire du temps présent… », art. cit.
4 Lucien Febvre, « ‘De 1892 à 1933. Examen de conscience d’une histoire et d’un historien.’ Leçon d’ouverture au Collège de France, 13 décembre 1933 », in Combats pour l’histoire, Paris, Armand Colin, [1952] 1992, p. 3-17, ici p. 15. La citation intégrale est : « [L’historien] ne conserve pas le passé dans sa mémoire, comme les glaces du Nord conservent frigorifiés les mammouths millénaires. Il part du présent – et c’est à travers lui, toujours, qu’il connaît, qu’il interprète le passé. » Voir aussi Fernand Braudel, « Histoire et Sciences sociales. La longue durée », Annales ESC, 13-4, 1958, p. 725-753, ici p. 738 : « Lucien Febvre, durant les dix dernières années de sa vie, aura répété : ‘histoire science du passé, science du présent’ ».
5 Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien, Paris, Dunod, [1949] 2018, p. 94.
6 Ibid., p. 97.
7 Enrico Castelli Gattinara, Les inquiétudes de la raison. Épistémologie et histoire en France dans l’entre-deux-guerres, Paris, Vrin/Éd. de l’EHESS, 1998.
8 Thomas Hirsch, Le temps des sociétés. D’Émile Durkheim à Marc Bloch, Paris, Éd. de l’EHESS, 2016.
9 Henri Berr, cité par Lucien Febvre, « ‘L’histoire dans le monde en ruines.’ Leçon inaugurale à l’université de Strasbourg en 1920 », Revue de synthèse historique, 30-1, 1920, p. 1-15, ici p. 1.
10 André Burguière, « Histoire d’une histoire : la naissance des Annales », Annales ESC, 34-6, 1979, p. 1347-1359, ici p. 1354.
11 Marc Bloch, « Réflexions d’un historien sur les fausses nouvelles de la guerre », Revue de synthèse historique, 33-7, 1921, p. 13-35 ; id., Apologie pour l’histoire…, op. cit.
12 Id., Apologie pour l’histoire…, op. cit., p. 87. Ces propos sont à rapprocher de ce que Lucien Febvre écrira en 1946 : « ‘Nous autres civilisations, nous savons bien maintenant que nous sommes mortelles’ [La crise de l’esprit, 1919]. Cette phrase eut un grand retentissement que Paul Valéry écrivait à la fin des années 20 […]. Déjà au temps des Regards sur le monde actuel [1931], le problème n’est même pas de savoir si notre civilisation […] va mourir […]. Il est de savoir quelle civilisation s’établira demain sur ce monde nouveau qui déjà s’élabore au fond du creuset » (Lucien Febvre, « Face au vent. Manifeste des Annales nouvelles », Annales ESC, 1-1, 1946, p. 1-8, ici p. 2-3, reproduit dans le présent numéro : « 90 ans d’éditoriaux », p. 725-796).
13 Il s’agit des sous-titres de l’édition d’Apologie pour l’histoire faite par L. Febvre en 1949, non repris dans l’édition Dunod citée ici.
14 Bronislaw Geremek, « Marc Bloch, historien et résistant », Annales ESC, 45-1, 1986, p. 1091-1105, ici p. 1104 ; Marc Bloch, L’étrange défaite, Paris, Société des « Éditions Franc-Tireur », 1946.
15 Fernand Braudel, « L’identité française selon Fernand Braudel », Le Monde, 16 mars 2007.
16 Ce que Fernand Braudel, en 1964, dans un texte justement écrit dans la revue pour les vingt ans de la mort de Marc Bloch, fait entendre d’une certaine manière : « Considérer l’histoire comme une science sociale qui ne s’arrête pas devant l’actuel, mais le traverse de son besoin de savoir et de comprendre, telle a été l’une des leçons de Marc Bloch » (Fernand Braudel, « 1944-1963 : Marc Bloch », Annales ESC, 19-5, 1964, p. 833-834, ici p. 833).
17 « Lire un livre, on le sait bien, c’est le réécrire », selon le mot de Jean-Paul Sartre, « Écrire pour son époque », in Situations, t. 2, Septembre 1944-décembre 1946, Gallimard, [1946] 2012, p. 389-399, ici p. 395.
18 Voir L. Febvre, « ‘De 1892 à 1933. Examen de conscience d’une histoire et d’un historien’ », art. cit., p. 27 : « Entre disciplines proches ou lointaines, négocier perpétuellement des alliances nouvelles ; sur un même sujet concentrer en faisceau la lumière de plusieurs sciences hétérogènes : tâche primordiale, et de toutes celles qui s’imposent à une histoire impatiente des frontières et des cloisonnements, la plus pressante sans doute et la plus féconde. »
19 Pierre Nora, « Présent », in J. Le Goff (dir.), La nouvelle histoire, Paris, Retz-CEPL, 1978, p. 467-472, ici p. 471-472.
20 Hervé Coutau-Bégarie, Le phénomène « Nouvelle Histoire ». Stratégie et idéologie des nouveaux historiens, Paris, Economica, 1983, p. 167.
21 Laurent Douzou, La Résistance française : une histoire périlleuse. Essai d’historiographie, Paris, Éd. du Seuil, 2005.
22 François Bédarida, « Le temps présent et l’historiographie contemporaine », Vingtième siècle. Revue d’histoire, 69-1, 2001, p. 153-160, ici p. 153-154.
23 Ibid., p. 154.
24 Yann Potin, « Histoire contemporaine », in Y. Potin et J.-F. Sirinelli (dir.), Générations historiennes xix e -xxi e siècle, CNRS Éditions, 2019, p. 557-580, ici p. 568-569.
25 François Furet, « Tocqueville est-il un historien de la Révolution française ? », Annales ESC, 25-2, 1970, p. 434-451 ; id., Penser la Révolution française, Paris, Gallimard, 1978. Voir l’article de Claude Lefort, « Penser la révolution dans la Révolution française », Annales ESC, 35-2, 1980, p. 334-352, ici p. 335 et, dans le même numéro, la note critique de Jean-Pierre Hirsch, « Pensons la Révolution française », Annales ESC, 35-2, 1980, p. 320-333, ici p. 331.
26 Jean-Clément Martin, « La Vendée et sa guerre, les logiques de l’événement » et Michael Sonenscher, « Les sans-culottes de l’an II. Repenser le langage du travail dans la France révolutionnaire », dossier « La Révolution française », Annales ESC, 40-5, 1985, respectivement p. 1067-1085 et 1087-1108 ; Dominique Julia, « La Révolution, l’Église et la France (note critique) » et Claude Langlois, « Les dérives vendéennes de l’imaginaire révolutionnaire », dossier « La Révolution française », Annales ESC, 43-3, 1988, respectivement p. 761-770 et 771-797 ; François Furet et Ran Halévi, « L’année 1789 » et Albert O. Hirschmann, « Deux cents ans de rhétorique réactionnaire : le cas de l’effet pervers », dossier « La Révolution française », Annales ESC, 44-1, 1989, respectivement p. 3-24 et 67-86 ; David R. Weir, « Les crises économiques et les origines de la Révolution française » et Jacques Guilhaumou, « Décrire la Révolution française. Les porte-parole et le moment républicain (1790-1793) », dossier « La Révolution française », Annales ESC, 46-4, 1991, respectivement p. 917-947 et 949-970 ; Michel Troper, « Sur l’usage des concepts juridiques en histoire » et François Furet, « Concepts juridiques et conjoncture révolutionnaire », dossier « Sur la révolution, un débat », Annales ESC, 47-6, 1992, respectivement p. 1171-1183 et 1185-1194.
27 Voir les dossiers « Culture de la Terreur », Annales HSS, 57-4, 2002, p. 851-964 et « Violences révolutionnaires », Annales HSS, 71-2, 2016, p. 319-378.
28 Le prisme national fut paradoxalement plus puissant dans les années 1980 que dans les années 1950. Voir Tom Stammers, « La mondialisation de la Révolution française (vers 1930-1960). Origines et éclipse d’un paradigme historiographique », Annales HSS, 74-2, 2019, p. 297-335.
29 Stephen W. Sawyer, « Ces nations façonnées par les empires et la globalisation. Réécrire le récit national du xix e siècle aujourd’hui », Annales HSS, 69-1, 2014, p. 117-137.
30 F. Braudel, « Histoire et Sciences sociales. La longue durée », art. cit., p. 746.
31 Ibid., p. 735.
32 Marcel Gauchet, « De l’avènement de l’individu à la découverte de la société (note critique) », Annales ESC, 34-3, 1979, p. 451-463.
33 Id., Le désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion, Paris, Gallimard, 1985.
34 Pierre Rosanvallon, Pour une histoire conceptuelle du politique, Paris, Éd. du Seuil, 2003 (publication de sa leçon inaugurale au Collège de France, donnée le 28 mars 2002). On note que Pierre Rosanvallon présente son projet d’histoire conceptuelle du politique comme une continuation directe du projet des Annales. Il mentionne d’abord le dialogue fondateur avec Émile Durkheim : « Rappelons que c’est exactement pour cette raison que les historiens des Annales ne s’intéressaient pas à la politique. Notons aussi que c’est pour le même motif que Durkheim n’avait pas considéré que la politique stricto sensu constituait un objet pertinent pour la sociologie » (p. 16). Il cite ensuite M. Bloch sur l’histoire présent : « l’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé » (p. 15). La même année, en 2002, P. Rosanvallon publie un article en anglais, qui reprend les thématiques de sa leçon inaugurale. Le projet de F. Braudel y est cité comme modèle : « En ce sens, l’histoire philosophique du politique constitue une tentative de donner une signification nouvelle au projet d’histoire totale de Fernand Braudel. » (Pierre Rosanvallon, « Towards a Philosophical History of the Political », in D. Castiglione et I. Hampsher-Monk [dir.], The History of Political Thought in National Context, Cambridge, Cambridge University Press, 2001, p. 189-203, republié dans id., Democracy Past and Future, éd. par S. Moyn, New York, Columbia University Press, 2006, p. 59-78, ici p. 65).
35 Étienne Anheim, Antoine Lilti et Stéphane Van Damme (dir.), no spécial « Histoire et philosophie », Annales HSS, 64-1, 2009.
36 Catherine König-Pralong, « L’histoire de la philosophie médiévale depuis 1950 : méthodes, textes, débats », É. Anheim, A. Lilti et S. Van Damme (dir.), no spécial « Histoire et philosophie », Annales HSS, 64-1, 2009, p. 143-169.
37 Jean-Pierre Rioux et Jean-François Sirinelli (dir.), Pour une histoire culturelle, Paris, Éd. du Seuil, 1997 ; René Rémond (dir.), Pour une histoire politique, Paris, Éd. du Seuil, 1988.
38 Voir les propos de Lucette Valensi, « Présence du passé, lenteur de l’histoire », L. Valensi (dir.), no spécial « Présence du passé, lenteur de l’histoire. Vichy, l’Occupation, les Juifs », Annales ESC, 48-3, 1993, p. 491-500, ici p. 493 : « De fait, l’école des Annales n’a jamais exercé de monopole sur l’histoire. »
39 Marc Ferro, « Ouverture », dossier « Fascisme, nazisme », Annales ESC, 43-3, 1988, p. 561-565, ici p. 561.
40 L. Valensi, « Présence du passé, lenteur de l’histoire », art. cit., p. 492.
41 Décédé en 1983, Raymond Aron ne participera pas à la publication des actes du colloque (1985).
42 L. Valensi, « Présence du passé, lenteur de l’histoire », art. cit., p. 493.
43 Philippe Burrin, La France à l’heure allemande. 1940-1944, Paris, Éd. du Seuil, [1995] 1997, p. 322-328.
44 Voir en particulier Peter Schöttler, « Marc Bloch et Lucien Febvre face à l’Allemagne nazie », no spécial « Le nazisme et les savants », Genèses, 21, 1995, p. 75-95 ; Marleen Wessel, « ‘Honneur ou Patrie ?’ Lucien Febvre et la question du sentiment national », Genèses, 25, 1996, p. 128-142, ici p. 133 ; Natalie Zemon Davis, « Censorship, Silence and Resistance: The Annales during the German Occupation of France », Historical Reflections/Réflexions Historiques, 24-2, 1998, p. 351-374 et Bertrand Müller, « Introduction », in M. Bloch et L. Febvre, Correspondance, t. 3, Les Annales en crise. 1938-1943, Paris, Fayard, 2003, p. xxviii-xxii.
45 Nicole Loraux, « Éloge de l’anachronisme en histoire », no spécial « L’ancien et le nouveau », Le genre humain, 27-1, 1993, p. 23-39 ; Jacques Rancière, « Le concept d’anachronisme et la vérité de l’historien », no spécial « Mensonges, vérités », L’Inactuel, 6, 1996, p. 53-68.
46 Lucien Febvre, Le problème de l’incroyance au xvi e siècle. La religion de Rabelais, Paris, Albin Michel, [1942] 1947, p. 32.
47 Id., « L’homme, la légende et l’œuvre. Sur Rabelais : ignorances fondamentales », Revue de synthèse, 1, 1931, p. 1-31 reproduit dans id., Combats pour l’histoire, op. cit., p. 247-263, ici p. 260. Voir Antoine Lilti, « Rabelais est-il notre contemporain ? Histoire intellectuelle et herméneutique critique », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 59-4 bis, 2012, p. 65-84.
48 Nelly Viallaneix, « Introduction », in S. Kierkegaard, La reprise, trad. par N. Viallaneix, Paris, Flammarion, [1843] 1990, p. 11-42, ici p. 16 et 19.
49 Fernand Braudel, Grammaire des civilisations, Paris, Arthaud/Flammarion, 1987, qui reprend la partie principale, des pages 143 à 475, du manuel de Suzanne Baille, Fernand Braudel et Robert Philippe, Le monde actuel, histoire et civilisation, Paris, Belin, 1963.
50 Voir l’article de Richard Cobb, initialement un compte rendu anonyme de l’ouvrage de François Furet et Denis Richet, La Révolution française, Paris, Fayard, 1988, paru dans le Times Literary Supplement, le 8 septembre 1966, sous le titre « Annalists’ Revolution ». C’est lors de sa republication dans un recueil d’articles, Richard Cobb, A Second Identity: Essays on France and French History, Londres, Oxford University Press, 1969, que le titre « Nous des Annales » apparaît, de même qu’est dévoilé un secret de polichinelle : le nom de l’auteur. On peut utilement consulter la notice très informée de Julien Louvier qui, en 2006, a traduit l’article et l’a mis en ligne (https://revolution-francaise.net/2006/06/01/42-nous-des-annales-richard-cobb-times-literary-supplement-1966).
51 Mot rapporté par André Burguière.
52 Patrick Boucheron, « ‘Toute littérature est assaut contre la frontière.’ Note sur les embarras historiens d’une rentrée littéraire », Annales HSS, 65-2, 2010, p. 411-467, ici p. 462.
53 François Hartog et Jacques Revel (dir.), Les usages politiques du passé, Paris, Éd. de l’EHESS, 2001 ; Jacques Revel, Régimes d’historicité. Présentisme et expérience du temps, Paris, Éd. du Seuil, 2003.
54 Gérard Lenclud, « Traversées dans le temps », Annales HSS, 61-5, 2006, p. 1053-1084 ; Alexandre Escudier, « ‘Temporalisation’ et modernité politique : penser avec Koselleck », Annales HSS, 64-6, 2009, p. 1269-1301.
55 Étienne Anheim, Jean-Yves Grenier et Antoine Lilti, « Repenser les statuts sociaux », É. Anheim, J.-Y. Grenier et A. Lilti (dir.), no spécial « Statuts sociaux », Annales HSS, 68-4, 2013, p. 949-953. On pourrait également citer : no spécial « Médecine », Annales HSS, 65-1, 2010, qui propose des papiers traitant des urines médiévales, des rêves renaissants dans l’Allemagne du xvi e siècle, de l’industrie du tabac britannique ou de la médecine coloniale au Cameroun dans les années 1950 ; Alice Ingold (dir.), no spécial « Environnement », Annales HSS, 66-1, 2011, articulant les sujets des déboisements de la Méditerranée antique et de l’hydraulique de la Chine ancienne aux débats juridiques contemporains sur les « catégories de la nature » ou au militantisme qui réinvestit Seveso, lieu d’une catastrophe industrielle en 1976 ; no spécial « Politique en Grèce ancienne », Annales HSS, 69-3, 2014, qui, de même, tente de montrer comment les concepts politiques contemporains sont le résultat d’un héritage historiographique ancien, en soulignant également la façon dont les questions de la démocratie moderne informent notre perception du monde grec ; Karine Karila-Cohen et al., no spécial « Histoire quantitative », Annales HSS, 73-4, 2018, p. 771-783, dans lequel les autrices étudient les élites athéniennes, les réseaux aristocratiques carolingiens, l’histoire du travail au tournant de l’Ancien Régime et du xix e siècle et les persécutions contre les juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
56 Voir, dans le présent numéro, « Le temps du récit. Histoire, fiction, littérature », p. 447-463.
57 Marc Bloch, Les rois thaumaturges, Strasbourg, Istra, 1924 ; id., La société féodale, Paris, Albin Michel, 2 vol., 1939-1940 ; Lucien Febvre, Le problème de l’incroyance au xvi e siècle, op. cit. ; Fernand Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, Paris, Armand Colin, 1949 ; Emmanuel Le Roy Ladurie, Montaillou, village occitan de 1294 à 1324, Paris, Gallimard, 1975 ; Jacques Le Goff, Saint Louis, Paris, Gallimard, 1996.
58 Thomas Piketty, Le capital au xxi e siècle, Paris, Éd. du Seuil, 2013 ; dossier « Lire Le capital de Thomas Piketty », Annales HSS, 70-1, 2015, p. 5-138.
59 Morten Jerven, Africa: Why Economists Get It Wrong, Londres, Zed Books, 2015 ; Denis Cogneau, « Histoire économique de l’Afrique : renaissance ou trompe l’œil ? », Annales HSS, 71-4, 2016, p. 879-896.
60 François Dosse, « À l’école des Annales, une règle : l’ouverture disciplinaire », Hermès. La revue, 67-3, 2013, p. 106-112, ici p. 106.
61 Voir les dossiers « Nouveaux historiens israéliens », Annales HSS, 59-1, 2004, p. 143-193 et « Histoire palestinienne », Annales HSS, 60-1, 2005, p. 35-126.
62 Voir le dossier « Recherche historique et enseignement secondaire », Annales HSS, 70-1, 2015, p. 141-214.
63 Voir les dossiers « Penser la crise des banlieues », Annales HSS, 61-4, 2006, p. 755-859 ; « Histoire sociale et identités raciales », Annales HSS, 64-6, 2009, p. 1305-1386 et les articles de Sylvie Thénault, « L’OAS à Alger en 1962. Histoire d’une violence terroriste et de ses agents », Annales HSS, 63-5, 2008, p. 977-1001 ; Jean-Louis Georget, « De la nation aux politiques mémorielles : réflexions sur les bouleversements de l’historiographie allemande et la possibilité d’une histoire européenne de l’Allemagne », Allemagne d’aujourd’hui, 211-1, 2015, p. 10-19.
64 Georges Didi-Huberman, « Ouvrir les camps, fermer les yeux », Annales HSS, 61-5, 2006, p. 1011-1049 ; Marc Olivier Baruch, « Anthropologie historique d’un massacre d’État », Annales HSS, 62-4, 2007, p. 839-852 ; Boris Gobille, « L’événement Mai 68. Pour une sociohistoire du temps court », Annales HSS, 63-2, 2008, p. 321-349.
65 Larissa Zakharova (dir.), no spécial « Le quotidien du communisme », Annales HSS, 68-2, 2013 et dossier « Écrire l’histoire de l’islam moderne et contemporain », Annales HSS, 73-2, 2018, p. 311-439.