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Esquisse pour une archéologie de fa République. L'allégorie civique féminine
Published online by Cambridge University Press: 06 September 2021
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A mesure que s'éloignent de nous le XIXesiècle et les grandes espérances libérales et démocratiques qu'il a promues, l'histoire vient en prendre possession : tel historien leur consacre de hautes réflexions (Charles Morazé), tel autre des évocations familières (Gaston Bonheur).
Notre étude de l'allégorie féminine de la République relève un peu du même mouvement (et le fait que nous y soyons arrivé personnellement à partir de recherches d'abord strictement régionales ne change rien à l'affaire).
Mais est-il vraiment nécessaire d'étudier le souvenir monumental légué par la IIIe République, et par l'inspiration de ses devancières ? Il nous a semblé que oui. Gaston Bonheur, déjà cité, l'a fait agréablement, mais sans prétendre être exhaustif ni profond.
- Type
- Histoire Non Écrite
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973
References
Notes
1. La République nous appelle (L'album de famille de Marianne), Paris, R. Lafïont, 1965, avec nombreuses illustrations.
2. Paris, Albin Michel, 1971 (non illustré) (voir les pp. 16 à 19, et aussi p. 119).
3. Si partielle qu'elle soit, cette enquête nous a déjà chargé de nombreuses dettes de reconnaissance à l'égard de collègues, d'étudiants, d'archivistes et d'érudits régionaux qui nous ont fourni des photos ou des renseignements : Mmes Aman, Chagot, Hardouin, Mlles Laffont, Marchand, Ulrich ; MM. Baratier, Barcourt, Collier, Coulet, Drouin, Dumoulin, Esch, Gontard, Hayez, Huard, Leouffre, Martel, Meyer, Monnier, Pomponi, Rebuffat, Roudié, Roux, Savines. La contribution de Mme Chambon a été particulièrement précieuse par son ampleur. Nous devons enfin beaucoup de gratitude à nos fils et plus encore à notre épouse qui ont souvent et patiemment accompagné notre collecte sous couleur de promenades…
4. Mais en renvoyant le lecteur aux belles études de Mona Ozouf, et en dernier lieu à son article « Le Cortège et la Ville : itinéraires parisiens des fêtes révolutionnaires », Annales E.S.C., sept.-oct. 1971. Voir en particulier aux pp. 895, 899, 902 et 913.
5. Ainsi dans la gravure qui figure à la p. 17 des Illustres observations antiques du seigneur Gabriel Symeon en son dernier voyage d'Italie l'an 1557, Lyon, Jean de Tournes, 1558, dont je dois la connaissance à Mme Treppo, bibliothécaire à la Méjanes d'Aix-en-Provence.
6. Michelet, Jules, Histoire de la Révolution française, édition établie par Gérard Walter, Paris, Gallimard, éd. de la Pléiade, 1954, II, P-718.Google Scholar
7. Ibid., pp. 803-804. C'est nous qui soulignons.
8. Ibid.En réalité, note Gérard Walter (ibid., p. 1234), on renonça finalement à prendre Mme Maillard et l'on choisit une figurante plus obscure mais plus gracieuse.
9. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Paris, Éd. Ouvrières, t. III, 1967, p. 110.
10. Passé au rang des idées reçues, il lui arrive même aujourd'hui d'être accueilli dans la presse républicaine… d'affinité radicale ! Voir L'Expressdu 14-20 février 1972, p. 67 (« une dame de petite vertu qui incarna la République à la fête de l'Être suprême en 1794 »). Il s'agit de l'article qui rend compte de l'exposition de bustes au Cercle Républicain dont nous parlions plus haut.
11. Aynaud, D'après A., Aix-en-Provence, ses fontaines et leurs secrets, Aix, chez l'auteur, 1969(pp. 45 et 152).Google ScholarOn l'entrevoit sur un tableau de Granet (Musée des Beaux-Arts, Aix), reproduit à la p. 289 des Documents de l'histoire de la Provence, Toulouse, Privât, 1971. Il faudrait y ajouter la Thémis de l'extraordinaire temple-tombeau de Joseph Sec, encore visible de nos jours, et sur lequel on lira bientôt une magistrale étude de Michel Vovelle.
12. Ichartel, D'après, Confréries et associations dans la région de Barbentane, Mémoire de maîtrise, U.E.R. d'Histoire, Aix, 1970, p. 99.Google Scholar
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16. Touchard, Jean, La gloire de Béranger, Paris, A. Colin, 1968.Google Scholar
17. Chantée à Nans (Var, cant. de Saint-Maximin), village d'un millier d'habitants, par les membres de la Chambrée l'Espérance le Ierjanvier 1850. Texte joint au dossier de dissolution de cette Chambrée dans A.D. Var, VIII M 16-14.
18. Naturellement ! Voir plus haut.
19. Flaubert, ωuvres, éd. de la Pléiade, p. 321.
20. Ibid., p. 326.
21. Biré, Edmond, Mes souvenirs, Paris, J. Lamarre, 1908, p. 55.Google Scholar
22. La chose est connue. Voir en dernier lieu l'article « Clésinger » du Dictionnaire de biographie française.
23. Texte exhumé par Henri Guillemin dans son édition de Hugo, Victor, Souvenirs personnels 1848-1851, Paris, Gallimard, 1952, p. 116.Google Scholar
24. Escholier, R., Honoré Daumier, Paris, Floury, 1934, pp. 147–148.Google Scholar La Républiquede Daumier est au Louvre.
25. Marseille au XIXesiècle, éd. par Pierre Guiral, Paris, Pion, 1971. Les lignes citées sont aux pp. 283 et 293.
26. La Plaine Saint-Michel, aujourd'hui place Jean-Jaurès, à Marseille.
27. Gens du peuple du quartier des pêcheurs.
28. Sur ces institutions, sortes de Cercles à recrutement très populaire, on se reportera à notre République au village, Paris, Pion, 1970, pp. 207-245, et surtout à notre article « Chambrées de Basse-Provence », Revue Historique, avril-juin 1971.
29. A.D. Var, VII U 33-2.
30. On aimerait savoir comment était vêtu, c'est-à-dire socialement situé et représenté, le « tyran » ainsi terrassé. Monarque ? militaire ? bourgeois ?
31. Ainsi à Cogolin (Var), l'image d'une République jeune et belle, sur un char traîné par des lions, et accompagnée par Ledru-Rollin, Michel (de Bourges) et autres leaders, a encore été vue dans le grenier de sa vieille maison par MeG. Coulet, avocat à Aixen-Provence.
32. Et pas seulement du Var. Une autre femme porte-drapeau au moins est signalée à Bonny-sur-Loire (Loiret), d'après Ténot, E., La province en décembre 1851, Paris, Éd. du Siècle, 1876, p. 12.Google Scholar
33. Pp-455-463-34. Qui, notons-le en passant, était une « déesse » de type militant : mariée et mère d'un enfant, elle avait été couturière jusqu'à son mariage, et se trouvait maintenant mariée à un artisan charron, que les insurgés venaient de nommer maire de Grimaud (cf. ci-dessus les recommandations de novembre 93 citées par Michelet).
35. Ragon, D'après Michel, Histoire mondiale de l'architecture et de l'urbanisme modernes, Paris, Casterman, 1971, I, p. 159.Google Scholar
36. Cité par Weill, G., Histoire du parti républicain en France de 1814 à 1870, Paris, Alcan, 1928, p. 297.Google Scholar
37. Voir en dernier lieu l'excellente mise au point non conformiste de Gaillard, Jeanne, Communes de province, Commune de Paris, Paris, Flammarion, 1971 Google Scholar, et la chronique de Jacques Rougerie dans la Revue Historique, oct.-déc. 1971.
38. Lissagaray, , Histoire de la Commune, Paris, Marcel Rivière, 1946, p. 118.Google Scholar
39. Ibid., p. 245.
40. Op. cit., pp. 176-177.
41. Lissagaray, op. cit., p. 244.
42. Ibid., p. 368.
43. Selz, Jean, Découverte de la sculpture moderne, Lausanne, La Guilde du Livre, 1963, p. 171.Google Scholar
44. Choury, Maurice, Bonjour, Monsieur Courbet ! Paris, Ed. Sociales, 1969, p. 143.Google Scholar
45. Lettre de Marianne aux républicains, datée de Marseille, 2 mai 1871, citée par J. C. Izzo dans La Pensée, n° 161, p. 95.
46. Notice sur Forcalquierfaisant suite à Athénée de Forcalquier, fêtes en l'honneur de Léon de Berluc-Perussis, Forcalquier, Bernard, 1912, p. 325. La girouette républicaine devait être abattue par le vent en 1906, et ne fut pas remplacée.
47. Par un conservateur, B… du Français, Paris, Pion, 1873. Première lettre, datée de Bollène, 23 octobre 1872, p. 8. Il s'agit de Beslay, fils du communard.
48. A.D. Bouches-du-Rhône, VI M 3415, « Anniversaire du 4 septembre en 1872 », Commissaire de Police de Châteaurenard à Préfet, 5 septembre 1872.
49. Voir Napo, Félix, La Révolte des Vignerons, Toulouse, Privat, 1971 Google Scholar; voir notam-ment à l'Appendice 2 (pp. 207-227) la description des emblèmes portés par les délégations des communes rurales ; les femmes porte-drapeaux avec des insignes symboliques (cocarde rouge, écharpe, etc.) y sont assez fréquentes.
50. Op. cit., 3elettre, Marseille, 27 octobre 1872, pp. 47-48.
51. Le fait est signalé par Roubin, Luciennedans Chambrettes des Provençaux, Paris, Pion, 1970, p. 69 Google Scholar— et j'en ai personnellement observé plusieurs à Martigues (Bouchesdu-Rhône) au Cercle des Pêcheurs ; au Bausset (Var) au Cercle du 24 février ; à Dauphin (Alpes-de-Haute-Provence) au Cercle de la Paix. Je dois la connaissance et l'étude de cette dernière à M. Pierre Martel, l'infatigable érudit des Alpes-de-Haute-Provence et à M. le Maire de Dauphin (Alpes-de-Haute-Provence), que je remercie à nouveau.
52. Actuellement déposée à la mairie, le Cercle s'étant dissous récemment à la mort de ses derniers membres.
53. J.-J. Gloton, professeur d'Histoire de l'art à l'Université de Provence.
54. Voyage aux pays rouges, p. 151 (à Perpignan), p. 155 (à Me, Pyrénées-Orientales), p. 228 (à Arles).
55. Ibid., p. 48 (fait général).
56. Ibid., p. 11.
57. Ibid., pp. 62-64. L'anecdote est située, comme il se doit, dans les petites villes de Carpentras et de Tarascon, dont on n'ignore pas les connotations dérisoires ou humoristiques.
58. L. Senequier, Connaissance de La Garde-Freinet, s.l.n.d. (un exemplaire aux Archives départementales du Var), passim.
59. Pour prolonger ce thème de la symétrie, nous noterons encore cette anecdote des années 8o, connue par tradition familiale (à Villeneuve-lès-Avignon). Le 14 juillet, tandis que les républicains faisaient la fête, les blancs allaient ostensiblement travailler. Mais ils se rattrapaient en chômant le lendemain car, par chance, le 15 juillet est la Saint-Henri…
60. Nous devons ce parallèle suggestif à notre collègue et ami J.-J. Gloton.
61. Fait attesté pour Cogolin (Var) par souvenirs de témoins, transmis par Me Georges Coulet ; pour Cabannes (Bouches-du-Rhône) par un incident relaté dans A.D. Bouchesdu-Rhône, VI M 3-415, célébration du 14 juillet 1886.
62. Paris, Presse et Stock, 1890, 9eédition, p. 36.
63. Texte cité par Jean Bastaire dans sa communication consacrée à Albert Thierry, Colloque d'Orléans, 4 septembre 1970 (miméo).
64. Si du moins on admet, comme nous le suggérons, qu'il n'a point par hasard appelé Marianne la mère de famille belle, sage, laborieuse et féconde du roman Fécondité.S'il en est ainsi, Zola fait écho après un demi-siècle au parti iconographique choisi par Daumier en 48 et que nous avons rappelé tout à l'heure.
65. Appartenant à Invectives, recueil posthume ; on la trouvera à la p. 710 des ωuvres poétiques complètes, Paris, Gallimard, éd. de la Pléiade.
66. Quelques notations intéressantes à ce sujet dans le Forainde Mlle Jacqueline Magne (thèse de Troisième Cycle, ms, Aix, 1971, pp. 180, 205-207). Forain était hostile, comme on sait. A l'inverse, Steinlen fit, notamment en 1903 dans les Temps Nouveaux, une « République libératrice » inspirée de Rude (d'après G. Bourgin, Actualité de l'Histoire, n° 5, octobre 1953, p. 2).
67. Voir plus loin note 90.
68. On l'a entrevue sur un document d'époque au cours de l'émission télévisée « Vivre au Présent », O.R.T.F., irechaîne, le 11 novembre 1970 peu avant 19 h. La mort du Général de Gaulle venait d'attirer l'attention sur la place et l'Arc de l'Étoile, d'où l'émission. Voir ci-dessus, le projet de Horeau (lui-même décédé en 1872).
69. On s'étonne que cette histoire populaire de la République en douze épisodes, si remarquable par ses exaltations et par ses omissions, n'ait pas été retenue et commentée par Gérard, Mlle Alicedans sa récente étude sur La révolution française, mythes et interprétations, 1789-1970, Paris, Flammarion (Coll. Questions d'Histoire), 1970.Google Scholar
70. Bartholdi, comme beaucoup des Alsaciens de ce temps, était bien placé pour incarner cette union du patriotisme et de la République avancée qui caractérisait au plus haut point et Gambetta et Denfert-Rochereau (entre autres).
71. D'après Ragon, op. cit., pp. 180, 185.
72. Place Carnot, datée de 1889, ce qui évoque 1789, sans que ce soit explicitement sur le socle. Formules trinitaires « 1789 • 1848 • 1870. Liberté Égalité Fraternité ».
73. Place Picard, réduction de la Libertéde Bartholdi, érigée en 1888, disparue après 1941. Renseignement dû à M. Paul Roudié, que nous remercions à nouveau.
74. Place de la République. ωuvre de notre contemporain Hubert Yencesse, datée de 1949 ; elle remplace très probablement une statue de la fin du XIXesiècle détruite par faits de guerre.
75. A. D. Bouches-du-Rhône, VII T 3-2, liasse « Monuments divers ». C'est le 21 novembre 1876 — donc très tôt — que « M. Coquand expose au Conseil que sous le gouvernement de la République il serait convenable de voir l'emblème du gouvernement figurer sur quelque monument public ». Il propose de le mettre sur la colonne qui est située devant le bâtiment de l'École des Beaux-Arts -Bibliothèque Municipale, à la place du génie ailé de Chardigny. Le maire Maglione approuve l'intention mais repousse le choix (il faut sauver le Chardigny). L'année suivante (délibération du 7 mai 77) on se décide pour une colonne au haut du Cours Pierre Puget — sans suite, semble-t-il.
76. A.D. Bouches-du-Rhône, VI M 3851. C'est une statue de marbre blanc, femme drapée à l'antique, un sein nu ; bonnet phrygien, pas d'armes, seulement un livre ; sur le socle « R.F. 1903 ».
77. Place de la Liberté. Élevée en 1889 pour le Centenaire, achevée en 90 et dite alors « de la Fédération ». Inaugurée par le président Carnot le 20 avril. La République, avec flambeau et droits de l'homme, est sur un navire, comme il sied à un grand port. ωuvre d'André Allar. Fiche communiquée par Mme Chabot.
78. Sur la place de l'Horloge, dite aussi G. Clemenceau. Érigée en 1891 pour le centenaire de la Réunion du Comtat à la France. Présence du ministre de l'Intérieur Constant. Nombreux extraits de discours gravés sur le socle. Les attributs principaux sont un drapeau et un lion. Nombreux personnages secondaires.
79. A Nice, jardin Albert Ier; à Menton, jardin Beioveoes. Décision en 91 et 92, inauguration par Félix Faure en 96. La France représentée par une femme accueille la nouvelle province représentée par une fillette. A Nice, en outre, une sorte de génie ailé domine le groupe.
80. Au haut de la Canebière. La femme a un bonnet phrygien, un drapeau et une épée. Le monument est départemental ; des allégories secondaires représentent Marseille, Aix, Arles et Tarascon. Nombreux autres personnages rappelant la guerre de 70. Nombreuses inscriptions aussi, dont nous reparlerons. Décidé en 91, le monument fut inauguré le 26 mars 1894. ωuvre de Allar et Turcan.
81. Au Parc de la Tête-d'Or, distinct de celui de la place Carnot cité plus haut.
82. Extrémité sud des Allées Jules Guesde. ωuvre de Th. Barrau, 1908. Bronze consacré aux mobiles du département.
83. Boulevard Frédéric-Mistral, près de la Gare. Consacré aux soldats de l'arrondissement. Comme à Marseille, Toulouse, etc., la grande femme, personnage principal, pousse en avant des soldats. Nous reviendrons sur l'inscription. ωuvre de J. Hallais, non datée. Bronze sur socle de granit. A propos des Monuments aux morts de 1870-71, on n'oubliera évidemment pas ceux qu'un artiste connu a illustrés : ainsi Barrias à Courbevoie (la Défense) ou Bourdelle à Montauban.
84. Sur la place Gambetta (entrée de la ville par route de Marseille). Très grand monument, quoique consacré seulement à Salon et à son canton, et faisant en principe double emploi avec le monument départemental de Marseille. Mais Salon était alors très avancé, fief de Camille Pelletan. Femme drapée, à bonnet phrygien ; la main droite élève le drapeau, la main gauche flatte le dos du lion ; bronze, non daté.
85. Au fond du Grand Cours. Très grand monument, valable pour l'arrondissement. La femme, par exception, n'est pas vêtue en allégorie classique mais en costume paysan régional, comme le jeune homme à qui elle montre le chemin (du champ de bataille). Inauguration par Georges Leygues le 12 août 1894. ωuvre de Vernet et Michel.
86. On pourra nous objecter que, puisqu'il y a eu des disparitions, il fallait chercher à obtenir par voie d'archives un recensement exhaustif à la date de 1914. Nous l'avons tenté, mais sans succès : dans les Archives Départementales les série M (Police Politique) et T (Beaux-Arts) sont utiles mais ne touchent au sujet que de façon fragmentaire ; ce qu'il y aurait de plus systématique serait encore le recensement fait aux fins de destruction dans les années 40 ; nous avons pu le voir, par permission exceptionnelle, à Marseille, qui, par bonheur, avait, comme siège de préfecture régionale, des renseignements sur plusieurs départements. Mais ce recensement lui-même fut incomplet, d'une part parce qu'il ne concernait par définition que les statues de métal (qu'il s'agissait de récupérer pour raison économique), d'autre part parce que certaines autorités locales paraissent avoir saboté ce recensement, probablement par résistance politique. Resteraient les séries O (Travaux et Budgets Communaux) mais les inventaires en sont décevants parce que trop sommaires. Il aurait fallu voir un à un tous les dossiers de communes, dépouillement trop long pour une rentabilité incertaine (même remarque, a fortiori, pour l'utilisation de la presse dans un tel sujet). Comme il fallait de toutes façons aller sur le terrain pour avoir une description précise des statues, et comme il en reste tout de même un bon nombre, le plus simple était de constituer le fichier à partir des lieux, quitte à le compléter par un petit fichier de statues disparues signalées par d'autres voies.
87. Recherche faite par Mme Christine Chambon, que nous remercions à nouveau ici.
88. Il va sans dire qu'il y aurait intérêt à faire des enquêtes de cet ordre dans les autres régions rouges de France. Nous savons par exemple, comme tout voyageur de la « Nationale 7 », qu'il en existe une à Varennes-sur-Allier (Allier) exactement semblable au modèle le plus répandu en Provence (et pour cause ! sortant de la même usine, celle de Tusey). Emile Combes en inaugura une sur la place de Pons (Charente-Maritime), etc.
89. Ajoutons, pour mémoire, que les statues dont nous avons trouvé des mentions mais point de traces actuelles sont au nombre de 8, à savoir Bouches-du-Rhône 3, Var 2, Alpes-de-Haute-Provence 3 (dont celle de Forcalquier, déjà citée plus haut).
90. VII T 3-2.
91. M. Pierre Esch, à qui nous renouvelons ici l'expression de notre vive gratitude.
92. Il en a été retrouvé trois, datés de 1890, 92 et 96 respectivement.
93. Je l'avais trouvé dans l'article « Vaucouleurs » du Larousse du xixe siècle et dans l'article « Vaucouleurs » du Département de la Meuse, géographie, etc., par H. Lemoine, Yerdun, 1909. Pour la conception, ces décors de fonte de la Concorde et des Champs-Elysées sont l'oeuvre de Joseph-Ignace Hittorff, l'architecte en faveur sous Louis-Philippe et Napoléon III (Ragon, op. cit., p. 189).
94. Lettre à nous adressée par M. Pierre Esch, P.D.G. des Fonderies de Vaucouleurs, le 16 novembre 1970.
95. Dans l'ouvrage déjà plusieurs fois cité de Michel Ragon on notera (pp. 136-137) un jugement mitigé sur la fonte moulée, qu'on pourrait schématiser ainsi : progressiste en tant qu'elle est métal (et non pierre), la fonte est rétrograde en tant qu'elle est moulable, c'est-à-dire susceptible de reproduire dans un matériau nouveau des éléments de décoration sculptée architraditionnels. Elle se prête trop bien en effet « à toutes les aberrations du postiche » ; on l'emploie en « ersatz de la pierre », en colonnes cannelées avec chapiteaux à ordres, etc. — Nous verrons en effet plus loin que les supports de statues livrés par Tusey — bien que M. Ragon ne songe pas à les citer dans son bilan de l'invasion du décor par la fonte industrielle — confirment tout à fait son analyse.
96. Nous connaissons des lampadaires de Tusey dans le Var à Hyères (jardin de la mairie), Carcès (statue surimposée à la vieille fontaine de pierre de la place Capelette) et Forcalquier (sur une fontaine de fonte récente, place E. Blanc) ; dans le Vaucluse à Courthezon (rond-point des routes de Vaison et Jonquieres, au village, statue surimposée à une fontaine monumentale en pierre datant de 1857) ; et dans l'Hérault à Mèze et Pomerols.
97. Génie de l'Agricultureà Ginasservis (Var), Puget-sur-Argens (Var), Les Milles, écart de la commune d'Aix (Bouches-du-Rhône) ; Cérèsà Tulette (Drôme) ; Dianeà Puget-Ville (Var) ; La Durance, mère de l'Agricultureà Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), etc.
98. Sur ce personnage, né en 1852, mort en 1913, membre de tous les ministères de 1906 à 1912, voir Dictionnaire de biographie française.Son goût pour les inaugurations de statues civiques était notoire. Nous en avons trouvé confirmation par mention de sa présence sur les inscriptions de plusieurs monuments du Midi inaugurés de son temps. Sur son goût personnel pour une esthétique plus mythologique, l'allure des statues érigées dans sa circonscription de l'Aude (Limoux, Alet, Quillan, Castelnaudary) ne laisse aucun doute.
99. Sur ce thème en général, voir le livre de Thabault, Roger, Mon village, Paris, Delagrave, 1945 Google Scholar, sans en oublier la préface écrite par André Siegfried.
100. « La République, explique le grand-maître Jacques Mitterand (cité par Le Mondedu 11 septembre 1970), ne porte pas de numéro. Elle est la République quand, rappelant les symboles des Républiques maçonniques scellés dans le bronze, elle porte sur sa tête orgueilleuse le bonnet rouge et le triangle égalitaire, autour du cou les chaînes rompues de l'esclavage, et sur son socle la poignée de main de la fraternité solidaire. » Nous n'avons pas beaucoup de triangles ni de poignées de main, dans notre enquête. En revanche beaucoup de bonnets rouges, et assez souvent des chaînes brisées (à Marseillan, Hérault; à Vins, Var, etc.).
101. Un grand sculpteur, et un républicain très avancé, le communard Jules Dalou, auteur du Triomphe de la Républiquegauchisant dont nous parlons un peu plus loin, a sculpté aussi à Oran (place d'Armes, puis place Maréchal-Foch) la colonne commémorative du combat de Sidi Brahim (d'après Isnard, H., L'Algérie, Paris, Arthaud(Coll. Les Beaux Pays), 1954 Google Scholar).
102. Paris, Éd. Sociales, 1965, pp. 139, 639.
103. Paris, Alcan, 1929, pp. 110-111.
104. Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, t. IX, p. 150, article « Souêtre ».
105. A.D. Bouches-du-Rhône, VI M 3 415, liasse « Anniversaire du 14 juillet 1880 », Commissaire de Police de La Ciotat à Préfet.
106. La Commune, sans doute.
107. Nombreux exemplaires à l'intérieur des mairies. Comme exemple de ce modèle sur place publique, on peut citer la fontaine de La Bastide-des-Jourdans (Vaucluse) qui est de 1881. Cf. aussi Laffont, R.et collab., Histoire de Paris et des Parisiens, Paris, Éd. du Port-Royal, 1958, p. 226 Google Scholar, ou encore Duby, G., Histoire de France, Paris, Larousse, t. III, 1971, pp. 123, 127.Google Scholar
108. Non sans difficultés, d'ailleurs, le Président Loubet avait quitté la tribune assez tôt pour n'avoir pas à cautionner les drapeaux rouges. Voir Ch. Seignobos, dans Histoire de France contemporainedirigée E. Lavisse, t. VIII : L'évolution de la troisième République, p. 209.
109. Place de la République, à Paris, « l'obscure statue, pierre et bronze, le bronze fleurissant la pierre, d'une Marianne solitaire, décorative et désarmée, demeurait inaperçue des deux mille passants qui suivaient à ses pieds leurs chemins entrelacés. Et l'on s'en fout ! C'est aussi une manière, qui sait si ce n'est pas la plus réelle ? d'être républicain ». Serge, Victor, Agent secret, dans Les années sans pardon, Paris, Maspero, 1971.Google Scholar
110. Quand on peut voir deux mairies d'une même commune (cas d'un village perché qui a changé de site récemment) la comparaison est particulièrement significative. Exemple à Sauveterre (Gard).
111. Mobiles de Marseille, Belgentier, Saint-Cyr.
112. Nous devons à l'obligeance du regretté E. Baratier, conservateur aux Archives des Bouches-du-Rhône, d'avoir pu consulter le dossier des enlèvements de 1940-44, malgré sa date, et nous lui en sommes très reconnaissant.
113. A Aix-en-Provence le grand groupe Mirabeau de la place des Prêcheurs a été typiquement victime de la combinaison des deux derniers motifs (laideur confinant au ridicule — et besoin de « parking »). Le besoin de « parking » nous a été donné explicitement comme décisif à Moustiers-Sainte-Marie (Alpes-de-Haute-Provence), où la Marianne n'est plus visible (témoignage de Mme Anita Aman, que nous remercions), et à Quillan (Aude) où nous avons vu la statue à l'écart dans un entrepôt provisoire en mai 1971. A Roussillon (Vaucluse), la suppression de la fontaine de la place de la Mairie fait évidemment partie de la métamorphose récente du village, signalée par L. Wylie (Village en Vaucluse, dernier chapitre) comme postérieure à 1951. Mais dans ce cas le buste est resté visible ; on l'a seulement relégué sur un côté de la place ainsi dégagée.
114. Le Mondedu 9 juin 1970.
115. Et aussi leur situation dans l'espace villageois, souvent excentrique du fait de l'existence sur la place centrale d'un monument antérieur, fontaine, statue.
116. Nous songeons à l'expérience fameuse et devenue classique du professeur Claparède sur une certaine fenêtre de l'Université de Genève, devant laquelle les étudiants passaient chaque jour, et dont la plupart nièrent l'existence.
117. Provence des villages(Pion, 1968), titre prometteur, et ouvrage agréable, du regretté érudit marseillais André Bouyala D'Arnaud, n'y fait pas la moindre allusion ; et ce n'est point par passéisme systématique puisque l'auteur sait faire mention quand il le faut des « tire-fesses » à Lure (p. 93) et des bikinis (sans guillemets) à Saint-Tropez (p. 231). Rien non plus dans le Dictionnaire des communes du Vauclusede Bailly, pourtant récent. Il est plus inattendu de constater que Village en Vauclusede L. Wylie, petit chef-d'oeuvre d'ethnographie contemporaine, ne fasse aucune allusion à la statue, dont nous avons dû reconstituer l'histoire en combinant ce qu'il dit de la fontaine avec nos observations personnelles.
118. Selz, Jean, Découverte de la sculpture moderne, Lausanne, Guilde du Livre, 1963, p. 41.Google Scholar
119. A l'inverse, en dépit de la Séparation des Églises et de l'État, et de l'agnosticisme de fait de la majorité des citoyens, le catholicisme relève de l'unanimité, au même titre que la gloire militaire.
120. Menton a en effet une Marianne, place Georges-Clemenceau, distincte du Monument du Rattachement déjà cité.
121. Au-delà du marxismedans le passage cité plus haut (pp. 110 -111 ).
122. La République des Ducs, Paris, Grasset, 1937, P-37.
123. Drôme, Dans la: statues féminines présentes à Séderon, Nyons, Suze-la-Rousse, absentes à Dieulefit, Bourdeaux, Crest, Loriol.Google Scholar
124. Ainsi s'exprimait Le Sémaphorede Marseille (du 16 mai 1898) pour railler le projet de statue civique formé par la municipalité radicale de Gardanne (Bouches-du-Rhône) — projet qui sera exécuté en 1904.
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