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Du fait divers à l'histoire sociale : Criminalité et moralité en Sicile au début de l'époque moderne

Published online by Cambridge University Press:  06 September 2021

Carmelo Trasselli*
Affiliation:
Traduit par Maurice et Monique Aymard

Extract

Le XVIe siècle sicilien est généralement placé sous l'étiquette « Sicile espagnole », et, plus grave encore, confondu dans une prétendue unité historique avec l'Italie méridionale : comme si l'union personnelle sous Ferdinand le Catholique avait annulé d'un coup des différences séculaires.

Sans aucun doute la Sicile a connu des événements et des manifestations spirituelles qui peuvent se replacer dans le cadre général de la domination étrangère, ou dans celui, plus vaste encore, de la Renaissance. Mais on n'a jamais sérieusement cherché si la Sicile conservait encore au début du XVIe siècle son individualité, et si les groupes sociaux les plus en vue — feudataires et patriciats urbains — avaient des aspirations propres que le déclin de la culture juridique spécifiquement sicilienne n'avait pas encore nivelées.

Type
Pratiques et Cultures
Copyright
Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1973 

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References

Notes

1. Archivio di Statode Palerme, Conservatoria, vol. 95, f. 152 (tous les documents cités ici appartiennent aux mêmes Archives, et, pour l'essentiel, au même fonds).

La concubine semble avoir alors en Sicile, comme dans l'Athènes antique, une veritable position officielle. Je me contenterai d'effleurer la question de la sodomie. Charles Quint continuait à lui attribuer la responsabilité des tremblements de terre, et après celui de 1542, particulièrement grave dans le Sud-Est, offrit par une sévère pragmatique une récompense de dix onces à qui dénoncerait un sodomite. Mais le vice-roi, Ferrante Gonzaga, refusa d'appliquer la mesure : les tremblements de terre sont à ses yeux causati naturalmente, et la prime à la dénonciation aurait causé un vrai désastre, car de faux témoins en Sicile « il n'y a pas cherté » (Segretari del Regno, Ramo Protonotaro, vol. 30, 10 mai 1546). Ce qui n'empêche pas une très large diffusion de la sodomie.

2. Conservatoria, vol. 81, f. 668 (1514) ; vol. 71, f. 57 (5 juin 1491) ; vol. 85, f. 41.

3. Ibid., vol. 69, f. 153 ; vol. 71, f. 96 (1491) ; vol. 79, f. 93 (1497), f. 109, f. 133, f. 138, f. 145, f. 453. Au XVesiècle la situation de concubine d'un prêtre était officiellement reconnue par le fisc, et même par l'Eglise, qui étendait aux concubines certaines immunités. En Italie méridionale à l'époque aragonaise il fut impossible de maintenir en vigueur ces exemptions tant les concubines étaient nombreuses ( Paladino, G., « Alcune notizie sul concubinato degli ecclesiastici nel regno di Napoli», Archivio Storico per le Province Napoletane, XXXV, 4 Google Scholar). Soit satire (Agnolo Firenzuola, Irejournée, Nouv.IV), soit tragédie (Bandello, II, Nouv. XX, XXXIX, etc.), le prêtre « galant » ou « concubin » trouve sa place dans les nouvelles de l'époque, sans provoquer de scandale, alors que l'on dénonce les prêtres hypocrites.

Même plus tard le problème des enfants de prêtres demeura préoccupant. E. Librino (« Siciliani allô Studio di Roma dal xvi al xvm secolo », Archivio Storico per la Sicilia, Palerme, 1935) a confronté les noms des étudiants et les sujets de thèses traités. Pour 136 étudiants de 1549 à 1600, 166 de 1601 à 1700, 23 de 1701 à 1730, la thèse de droit canon « de filiis presbiterorum » fut traitée sept fois entre 1550 et 1635, et celle « de vita et honestate clericorum » le fut douze fois avant 1600, seize fois entre 1600 et 1644, une fois encore en 1720 : l'usure trois fois seulement (1601, 1603, 1611). Les thèses sur la simonie sont innombrables, et pas rares celles « de illo qui cognovit consanguineam uxoris suae ». Une enquête identique sur tous les étudiants des principales universités permettrait de distinguer des thèses « à la mode » celles qui traitent d'un problème effectivement ressenti comme tel.

4. Conservàtoria, vo!. 81, f. 398. En 1488 le « noble » Pietro Mazebba de Messine avait épousé Andreana, fille naturelle du « magnifique » Antonio Pollicino, avec une dot de 280 onces. D'où procès et transaction avec Agatuccia, fille légitime et héritière universelle de Pollicino, mort intestat (Notaio De Léo, vol. 1405, 2 nov. 1491).

5. Conservàtoria, vol. 83, f. 254 ; vol. 84, f. 222 (1500) ; vol. 84, f. 256 ; vol. 106, f. 176 et 692. Un Giovanni Blandino est second notaire de la Chancellerie, nommé par Barberi.

6. Conservàtoria, vol. 84, f. 268 (1500) et vol. 85, f. 189 (1501).

7. Ibid., vol. 87, f. 260 (1503).

8. Ibid., vol. 132 (1474). En 1509, légitimation du fils du Regio SegretarioGiuliano Castellano (ibid., vol. 96, f. 205).

9. Paolo Caggio, Economica, Venise, 1552, p. 28, et Trasselli, C., « Paolo Caggio scrittore d'economia nel ‘500 siciliano», L'Ôsservatore, Palerme, 1956, I-II, p. 42 Google Scholarss. Outre Boccace et les autres auteurs de nouvelles, qui attestent une extrême liberté de moeurs avant le Concile de Trente, et la diffusion des maladies vénériennes, on peut noter qu'en Sicile l'usage de l'avortement et des moyens anticonceptionnels remonte au moyen âge (Luigi Boglino, « Sopra un codice penitenziale del xn secolo », Archivio Storico Siciliano, N.S., X, 1886). Entre les xive et xve siècles les manuels de confession (F. Branciforte, Regole, costituzioni, confessionali e rituali, Palerme, 1955) prévoient rapports extraconjugaux, adultère, viol, inceste, rapt, liaison avec des religieuses, homosexualité des deux sexes, bestialité, amour dans un lieu consacré, accord de l'épouse à l'adultère, avortement, usage des anticonceptionnels, enfants adultérins, bigamie, aphrodisiaques, etc. (pp. 135 à 175) : « hai piglatu oi datu alcuna medichina per non fari figli ? » (p. 168). Encore aujourd'hui la médecine populaire suggère tel ou tel abortif (décoction de cheveu-de-venus). Sur ce sujet, cf. Flandrin, J.-L., « Contraception, mariage et relations amoureuses dans l'Occident chrétien», Annales E.S.C., 1969, 6, pp. 1370ss.Google Scholar

10. Les causes matrimoniales sont du ressort des tribunaux ecclésiastiques. Un seul cas de demande d'annulation (Conservatoria, vol. 100, f. 560, 1519) : celle du mariage « forcé » d'un homme surpris avec une veuve par le frère de celle-ci. De même à San Marco (ibid., f. 614, 1512), après la rupture d'un accord matrimonial conclu par trois frères, dont un prêtre, le comte voulut imposer le mariage, fit blesser le prêtre, etc. Pourtant un document de Messine (ibid., vol. 109, f. 1, 28 avril 1521) parle des mariages « forcés » comme d'un fait récemment généralisé ; des « homines disparibus condictionis et fortune, nobilibus ignobiles ac divitibus pauperes » parviennent à imposer le mariage par la force, sous prétexte de relations pré-matrimoniales. D'où l'interdiction des sponsalia (promesse de mariage, ou mariage effectivement célébré par un prêtre ?) pour les mineurs de moins de dix-huit ans sans l'accord de leurs parents. Il n'est pas exclu que cet accès par la force à la richesse et à la citoyenneté soit le fait d'étrangers ou d'immigrés récents en ville.

11. Cancelleria, vol. 132, f. 107 (1475).

12. Ibid., f. 148 et 165. Les violences contre des religieuses sont assez fréquentes. A Messine, le « noble » Ranieri de Aquilono, d'ailleurs récidiviste, est condamné puis gracié pour avoir envahi, en compagnie d'hommes armés, le monastère de San Gregorio. A San Filippo de Fragalà, la révolution de Lentini (Segretari del Regno, Ramo Protonotaro, vol. 16, 2 sept. 1518) est l'occasion d'un coup de force d'une troupe de cent cavaliers qui, après avoir torturé les religieuses, s'emparent des reliques des saints Alfio, Sirino et Fratello et de la tête de San Filippo pour les porter à Lentini. En 1522 fut publiée à Palerme une histoire du martyre des trois saints, traduite en latin d'un manuscrit grec prétendument trouvé à San Filippo di Fragalà (Filippo Evola, Storia tipografico-letteraria del sec. XVI in Sicilia, Palerme, 1878, pp. 22 et 315).

13. Cancelleria, vol. 132, f. 171 (1474) et 173.

14. Ibid., f. 238 (1474).

15. Ibid., f. 251, et vol. 76, f. 105, 107 et 135 (1494).

16. Ibid., f. 177 et 200 (1494).

17. Ibid., f. 24.

18. Cancelleria, vol. 132, f. 104.

19. Conservatoria, vol. 93, f. 492 (1507).

20. Ihid., vol. 76, f. 305 (1494).

21. Ihid., f. 327 (1495), à Castelbuono. Un cas de bannissement en 1497 (vol. 78, f. 378), un autre d'emprisonnement à l'abbaye de Geraci (Segretari del Regno, Ramo Protonotaro, vol. 16, n juin 1519). En 1547 une femme adultère sort de prison avec l'aide de son amant qui la conduit dans un monastère de Sciacca (Segreteria del Regno, Leitere, vol. 2789, f. 48).

22. Conservatoria, vol. 76, f. 365, 433 et 435 ; vol. 77, f. 411 (1494). Avec le temps la violence débouche sur le sadisme. Ainsi en 1547 (Segreteria del Regno, Lettere, vol. 2789, f. 57), Don Enrico Russo, de Catane, marié, torture sa soeur de lait, « lui arrachant les chairs morceau par morceau avec des tenailles de fer et faisant tomber goutte à goutte la cire brûlante de torches enflammées » sur le corps de sa victime enchaînée.

23. Conservatoria, vol. 77, f. 489 (1495) ; vol. 80, f. 164 (1497) ; vol. 84, f. 378 (1499). Deux épisodes identiques en 1547 : une femme mariée ainsi traînée de village en village ; et l'arrivée d'un navire grec chargé de femmes à Cefalù, dont le capitaine se livre à des « excès »… (Segreteria del Regno, Lettere, vol. 2789, f. 76 et 113).

24. Conservatoria, vol. 78, f. 106 (1496), 305 et 535 (Ierjanvier 1497).

25. lbid., vol. 79, f. 237 (1497).

26. lbid., vol. 80, f. 22, 7 mai 1498. Elles sont l'objet d'un « b an » annuel du vice-roi, vu le nombre des crimes commis dans leur milieu. La prostitution prend à l'occasion, dans des centres mineurs, un caractère familial : ainsi à Nicosie (cf. infra), et à Spaccafurno où la pauvre Thumia la Cerasa avait une fille dont quelques « clients » furent soupçonnés de faux monnayage ; mère et fille, chez qui on avait trouvé des chaudières, de l'argile, etc. se retrouvèrent en prison, où la mère resta bien trois ou quatre ans, tandis que la fille trouvait aussitôt quelqu'un prêt à acheter sa libération (Segretari del Regno, Ramo Protonotaro, vol. 15 A, 23 nov. 1515).

27. Conservatoria, vol. 80, f. 176, 13 déc. 1497.

28. lbid., f. 209 (1498).

29. lbid., vol. 85, f. 277 (1501).

30. Ibid., vol. 87, f. 395 (1502). On retrouve d'autres cas de rapt destinés à déshonorer une personne, s'il ne réagit pas « en homme » : mais on n'aperçoit pas encore de cas nets d'enlèvement suivis d'une demande de rançon, ni de lettres anonymes, diffamatoires ou menaçantes.

31. Ibid., vol. 90, f. 385 (1505). Giovanni Antonio Spatafora, baron de Solanto, tue en 1490 sa femme Laurea de Rijolis (Oriolis) et son beau-frère Giovan Tomaso Gravina, suTpris en flagrant délit d'adultère ; il est banni puis rappelé pour pouvoir se défendre (Notaio De Léo, vol. 1405, 7 mai 1492). Sur les questions juridiques soulevées par le meurtre de la femme adultère, cf. A. Baviera Albanese, « La storia vera del ‘ caso ’ délia baronessa di Carini », Nuovi Quaderni del Meridione, n° 8, Palerme, 1964.

32. Conservatoria, vol. 89, f. 42 (1503).

33. Segretari del Regno, Ramo Protonotaro, vol. 18, 4 fév.-2 mars 1520.

34. Conservatoria, vol. 100, f. 622 (1512).

35. Ibid., vol. 89, f. 123 (1504).

36. Ibid., vol. 90, f. 387 (1505).

37. Ibid., f. 543 et 569 (1505).

38. Ibid., vol. 96, f. 448 (1509).

39. Cancelleria, vol. 132, f. 260.

40. Conservatoria, vol. 76, f. 47 (1494).

41. Ibid., f. 169, 301 et 355 (1494).

42. Ibid., vol. 77, f. 379, 411 (1494) e t 493 (1495).

43. Ibid., vol. 78, f. 265 (1497), vol. 79, f. 288 (1497) et vol. 80. f. 190.

44. Ibid., vol. 80, f. 201 (1498) et 209 ; vol. 83, f. 292 (1498) ; vol. 95, f. 302 (1507).

45. Ibid., vol. 95, f. 560 (1508) et vol. 96, f. 434 (1509).

46. Ibid., vol. 96, f. 456 (1509).

47. Ibid., vol. 96, f. 482 (1509) et vol. 100, f. 592 (1512).

48. Ibid., vol. 75, f. 37 (1494) et vol. 87, f. 456 (1503). Les épisodes scandaleux ne manquent pas : le 23 juin 1512 l'évêque de Carthagène, venu à la demande de celle-ci bénir soeur Alviria Tornaimbene élue abbesse par les moniales de San Giovanni Battista, à Catane, se voit interdire l'entrée par une troupe de quarante hommes armés, commandés par le « noble » Pietro Zappulla (Segretari del Regno, Ramo Protonotaro, vol. 12, Messine, 14 juin 1512). Le nom même de la nouvelle abbesse suggère un conflit pour le contrôle politique de la ville. A Messine, c'est l'élection de soeur Bartolomea Alessi comme coadjutrice de la prieure de Santa Maria délia Scala qui provoque les protestations d'un « parti » conduit par soeur Bernardina Faraone (Segreteria del Regno, Memoriali, filza5, 18 mars 1550).

49. Conservatoria, vol. 91, f. 345 (1506) et C. Trasselli, « Regestisommari délie pergamene di Sciacca », Mostra storico-bibliografica di Sciacca, Palerme, 1955, pp. 89 ss.

50. Conservatoria, vol. 100, f. 552 (1512) ; vol. 101, f. 113 (1513) ; vol. 103, f. 67 (1514) et vol. 112, f. 114 (1524).

51. Ibid., vol. 105, f. 612 (1517).

52. Ibid., vol. 98, f. 506 (1511).

53. Segretari del Regno, Ramo Protonotaro, vol. 19, 23 sept. 1520 : c'est le motif d'un procès entre Amico di Sant'Angelo, baron de Cartaino, et son frère, bâtard, appuyé par certains de ses parents. Le problème se pose de savoir si ces entrées en religion peu spontanées visaient à éviter des dots ou des prétentions à l'héritage, ou à faire occuper des places utiles à la famille, et s'il n'existait pas déjà des monastères « nobles », avec toutes leurs conséquences. On retrouve une Elisabetta Abbatelli abbesse de Santa Caterina al Cassaro de Palerme, où était « hébergée » la soeur du baron de Carini (Notaio De Léo, vol. 1405, 19 déc. 1491), une fille de Lampisu, G. B., baron de Gibellina, entrant comme moniale à la Martorana en renonçant à tous ses droits à l'héritage paternel et maternel (Notaio Taglianti, vol. 1199, 28mars 1516)Google Scholar, etc.

Même pour des hommes on soupçonne des cas de vocations forcées : ainsi ce jeune garçon entré chez les Dominicains à huit ans, profès à douze, qui fait appel avant quinze ans contre sa profession et rentre dans le siècle, où il reçoit, a posteriori, l'approbation d'un bref pontifical (Segretari del Regno, Ramo Protonotaro, vol. 15 A, 24 oct. 1515).

54. Cancelleria, vol. 132, f. 23 (1474) et vol. 132, f. 423. Cf. le cas, à Trapani, de ce Franciscain qui excite la colère populaire contre les Carmes, et, convoqué par le vice-roi, est mystérieusement éloigné (Notaio Scanatello, Archivio di Statode Trapani).

55. Conservatoria, vol. 76, f. 21 et 25 (1494) et vol. 78, f. 240 (1497).

56. Ibid., vol. 79, f. 198 (1496).

57. Ibid., f. 232 (1497). Les Carmes de Sciacca avaient des censitaires très puissants, dont Cola Perollo qui en 1498 blessa l'un d'eux (ibid., vol. 83, f. 306), et les Augustins de Corleone des ennemis redoutables (vol. 84, f. 374, 1499). En 1516 les Carmes de Sciacca font renouveler leur sauvegarde de 1498, car personne ne veut leur payer leur dû (vol. 105, f-513).

58. Conservatoria, vol. 80, f. 172 (1497), et f. 192 (1498).

59. Ibid., vol. 83, f. 412 (1499) et vol. 90, f. 354 (1504).

60. Ibid., vol. 93, f. 458, 26 mai 1507 : « Nonnulli fratres illius ordinis neglecta tunica seu habitu spretaque religione hue illuc absque verecundia et pudore aliquo deambulacione récusantes ad que sunt astricti observare… » Mais à Palerme où l'église de San Francesco accueillait les tombes des plus illustres familles et la sépulture de la nation génoise, le « gardien » était Leonardo Ventimiglia, presque certainement de la branche palermitaine de cette famille (vol. 99, f. 125, 1511). Auparavant Frère Guglielmo Ventimiglia, mineur de l'Observance, vicaire du Royaume à Santa Maria di Gesù de Palerme, avait fait dire des prières dans tous les couvents et églises de l'ordre pour la prise de Grenade… (vol. 71, f. 264, 1491). Un cas assuré de « moine vagabond », Bernardino Meli, débiteur de 10 ducats et 6 alfonsins d'or : la Regia Gran Corteprend l'avis de deux canonistes pour savoir si le Prêteur de Palerme pouvait le contraindre à rembourser, ce qui prouve qu'il était réellement ordonné « in sacris » et ne portait pas abusivement l'habit, bien qu'ayant rompu avec toute discipline ; il peut s'agir, nous le verrons, d'un Bénédictin.

61. Conservatoria, vol. 97, f. 90 (1510).

62. Ibid., vol. 91, f. 288 (1506) ; vol. 96, f. 341 (1508) ; vol. 97, f. 477 (1510) et vol. 96, f. 169 (1509). Deux Carmes d'Enna, accusés de meurtre, furent acquittés, mais redoutaient la vendetta habituelle (vol. 109, f. 527, 1520).

63. Ibid., vol. 109, f. 142 ; vol. n o, f. 165 (1522) ; vol. 76, f. 125 et 305 (1493 et 1494).

64. Tabulario di San Martino, parchemins 909-913 et 917. Le récit le plus détaillé est celui de Tornamira, P. A., Origine e progressi délia Congregazione Cassinese, tome I, Palerme, 1675, pp. 422ss.Google Scholar, qui, quoique bien informé, et sans doute aux archives mêmes de San Martino, tait les faits dont nous allons nous occuper. Dom Ignazio Squarcialupi, Florentin, qui vint en Sicile pour réaliser l'union, est l'auteur supposé de deux discours conservés à la Bibliothèque Communale de Palerme (3 Qq B 72), l'un froid et érudit, l'autre plus proche des faits, défendant la nécessité d'une réforme que les « bons moines » n'ont pas à redouter.

65. Parchemin 927.

66. Parchemins 930 et 931.

67. Palermitains avant l'union, les abbés de San Martino seront tous étrangers après 1506 (Rocco Pirro, Sicilia Sacra, II, pp. 1083-1084). De même à San Placido, San Nicolo, S. Maria di Monreale (ibid., pp. 1145-46, 1167, 1206, et additions de Vito Amico). L'archidiacre de Santa Maria de Monreale, Gerolamo Susinno, qui refusa l'union et quitta le monastère, appartenait à l'une des riches familles de Monreale : on retrouve les monastères comme centres d'influence. Un Susinno figurera parmi les assassins de Francesco Peyro, réviseur des comptes exécuté sur l'ordre de Francesco Abbatelli, comte de Cammarata, à la veille de la conjuration des frères Imperatore.

68. Parchemins 933 et 937 ; G. Frangipani, Storia del Monastero di San Martino, Assise, 1925.

69. Parchemin 921, et G. Penco, Storia del monachesimo in Italia, II, Rome, 1968. Sur la question des commendataires, particulièrement grave en Sicile où cardinaux et prélats romains jouissaient d'importants bénéfices, le vice-roi Moncada inspira une pragmatique de Ferdinand le Catholique, qui constate que la seule préoccupation des cardinaux, archevêques, évêques, commendataires et autres détenteurs de bénéfices, est de « pecuniam extrahere », et ordonne l'affectation au culte et à l'entretien des bâtiments d'un cinquième des revenus ( de Blasi, F. P., Pragmaticae, I, Palerme, 1791, p. 205 Google Scholar). Cesare Imperatore a pu s'inspirer du modèle des Colonna, commendataires pendant le longues générations.

70. Parchemin 922.

71. Parchemin 926.

72. Parchemin 924 du 27 oct. 1508. Tous les moines donnent une procuration à dom Andréa de Florencia, abbé de Saint-Paul à Rome, et à dom Benedetto de Reggio, procureur de la Congrégation du Mont-Cassin.

73. Parchemin 920, 10 mars 1509.

74. Parchemin 929, 19 février 1509.

75. Document (sur papier) 938, 26 nov. 1509.

76. Parchemins 939, 20 mars 1510 (st. com. 1511) et 941.

77. Parchemin 944, 13 janvier 1512. Frère Gabriele Scarfillitta s'était soumis ; mais en 1517 on retrouve un Scarfillitta parmi les chefs de la révolte Squarcialupo : Pietro selon un document ( Trasselli, C., « Squarcialupo», Nuovi Quaderni del Meridione, 1969, 28, p. 469 Google Scholar), ou Andréa ( Sandoval, Prudencio, Hisioria de la vida y hechos del emperador Carlos V, I, Madrid, pp. 8487 Google Scholar). Ce peut être le même, Gabriele étant son prénom en religion.

78. Additions de Vito Amico (qui commet une erreur d'interprétation) à Pirro, R.. Sicilia Sacra, II, Palerme, 1873, p. 1206.Google Scholar

79. Capitula Regni Siciliae, II, Palerme, 1743, p. 19, cap. 24 de Charles Quint.

80. Conservatoria, vol. 98, f. 224 et 380-381. L'archidiaconat de Catane, bénéfice de patronat royal, vacant après la mort de Giovanni Paterno, est d'abord attribué à Cesare Imperatore ; le vice-roi Moncada en ratifie la prise de possession par le procurateur de celui-ci (17 février 1511). Mais le roi, au même moment (Séville, 9 mars 1511), écrivait avoir demandé au pape la nomination d'un Bénédictin, Artaldo de Bononia, membre de la famille palermitaine des Bologna, et Moncada ordonna l'application de cette nomination, sans même révoquer la précédente.

81. Conservatoria, vol. 109, f. 465 ss., Palerme, 22 août 1521, exécutoire d'un bref apostolique présenté par Cesare Imperatore, protonotaire apostolique. Dans ce bref du 28 juin 1521, Léon X rapporte que l'archidiaconat de Palerme et l'église sine curade l'Olivella étaient vacants ; Benedetto Gentile, auquel ils avaient été attribués le 19 avril 1519, y avait renoncé à la suite d'un procès avec le cardinal Santa Croce, et avait été remplacé par un certain Gibraleo. D'où un nouveau procès avec le cardinal Pompeo Colonna, puis un accord final entre Colonna et le dataire apostolique, pour une attribution à Cesare Imperatore, « familiaris et continuus comensalis » de Pompeo Colonna.