Article contents
Dépenses publiques et problématique de la dévalorisation du capital
Published online by Cambridge University Press: 25 May 2018
Extract
La démarche qui sous-tend cette intervention n'est certainement pas très familière aux historiens habitués à traiter les faits dans leurs moindres détails, avec une minutie extrême. Tout au contraire, notre souci sera de globaliser les faits, de les traiter en termes de ce que les économistes appellent des grandeurs macro-économiques, d'éliminer dans le temps tout ce qui est conjoncturel ou circonstanciel, pour ne plus retenir que les tendances profondes. S'agit-il de l'approche que Jean Bouvier qualifie de « voie, froide » ? Peut-être pas tout à fait si l'on entend percevoir ainsi l'inconscient collectif d'un groupe social en évolution, les lois qui s'imposent à la conscience des acteurs et déterminent, par delà leur discours et leurs justifications, les actes et les choix du quotidien. Si le mouvement social est une dialectique du hasard et de la nécessité, de l'individuel et du collectif, nous cherchons ici à discerner ce qui est nécessité.
Summary
In his study of the development and growth of the French state from 1815 to 1970, the author brought to light a twofold phenomenon: on the one hand, the growth of government expenditure, and, on the other, the fact that the latter is subject to a cyclic fluctuation whose period is identical to that posited by Kondratieff, with the difference that its phases are reversed with respect to the corresponding phases of the latter. Taking these two observations as his point of departure, the author here attempts to establish the relationships existing between the long-term development of public outlays and that of the economic structure.
He bases his argument on the Marxist theory of the surplus accumulation and devaluation of capital, explaining the Kondratieff movement by the periodic development of contradictions between the productives forces and the economic structure. The movement of government expenditure can then be explained by two related factors: its insertion in the process of devaluation which makes it possible to resolve the contradiction; and by the role played by government expenditure in the resorption of the disequilibria that these contradictions have engendered within the productive forces themselves.
- Type
- L'état et les Finances Publiques
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1978
References
1. Louis Fontvieille, « Évolutions et croissance de l'État français, 1815-1969 », Économie et société, nos 9-10-11-12, septembre à décembre 1976.
2. Les données concernant le produit physique de la France nous ont été communiquées par J.-C. Toutain et sont extraites d'une étude en cours sur le produit national.
3. Il n'existe pas de traduction française des travaux de Kondratieff, mais on peut se reporter à l'étude parue dans The Review of Economic Statistics de novembre 1935: « The long waves in économie life ».
4. Marjolin, R., Prix, monnaie et production (essai sur les mouvements économiques de longue durée), Paris, P.U.F., 1941, 370 p.Google Scholar
5. Guitton, Henri, Fluctuations et croissance économique, Paris, Dalloz, 1969, p. 251 Google Scholar.
6. Marx, Karl, Le Capital. Livre III, t. I, Paris, Éditions Sociales, 1969 Google Scholar.
7. Une image du processus nécessaire de dévalorisation est donnée par le développement d'un capital placé à intérêts composés: on sait qu'un poids d'or équivalent à celui de la terre ne suffirait pas à payer l'intérêt d'une livre qui aurait été ainsi placée au début de notre ère. De la même façon l'accumulation du profit nécessite que, périodiquement, une part du capital soit rejetée de la sphère de la mise en valeur, qu'elle soit dévalorisée.
8. Nous ne traiterons pas ici des procédures de dévalorisation internes au fonctionnement du capital. Citons simplement pour mémoire l'élimination résultant des baisses de prix, des crises économiques, la substitution du capital mobilier à la mise en valeur directe du capital par son propriétaire (le premier ne percevant plus qu'un taux d'intérêt inférieur au taux de profit), le développement des monopoles, qui, par la maîtrise des prix peuvent éliminer du partage du profit les fractions du capital incapables de s'affranchir de la concurrence, l'inflation qui détruit le capital sous la forme de titres à revenus fixes, etc.
9. Say, Léon, Dictionnaire des finances, vol I, Paris, Berger-Levrault, 1889-1894, p. 1 009Google Scholar.
10. Les premiers éléments de la théorie de la régulation structurelle ont été établis par Paul Boccara, Études sur le capitalisme monopoliste d'État. Sa crise et son issue, Paris, Éditions Sociales, 1974.
11. Gille, B., La sidérurgie française au XIXe siècle, Genève, Droz, 1968, 319 p.Google Scholar
12. Singer Kerel, J., Le coût de la vie à Paris de 1840 à 1954, Paris, Armand Colin, 1961, 560 p.Google Scholar
- 2
- Cited by