No CrossRef data available.
Article contents
L'Histoire des Prix : Quelques remarques critiques
Published online by Cambridge University Press: 25 October 2017
Extract
Discréditée par la hâte excessive de certaines synthèses, victime aussi de positions de problèmes trop simplistes, l'étude des prix anciens a longtemps paru une sorte de royaume de l'aventure, interdit aux prudents ou aux scrupuleux. Allant tout d'un trait au plus subjectif et au plus momentané, on aurait bien voulu savoir « à combien de francs de 1900 correspondaient, en pouvoir d'achat, 1.000 livres du temps de Racine ». On se résignait sans trop de peine à ne le savoir jamais. Certes, les pionniers n'avaient; pas manqué : consciencieux érudits « locaux », comme, en Alsace, l'abbé Hanauer ; historiens trop curieux de toutes les réalités de la vie sociale pour laisser échapper une des plus symptomatiques d'entre elles — il y aurait une fausse pudeur assez ridicule à ne pas rappeler ici quelques pages décisives de Lucien Febvre, dans une thèse sur la Franche-Comté dont son auteur me permettra de noter qu'elle aura tantôt vingthuit ans d'âge — ; hommes de pratique qui, tardivement venus à l'analyse du passé, y portaient, comme le regretté Paul Raveau, une précieuse hantise du concret.
- Type
- Problèmes et Bilans
- Information
- Copyright
- Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1939
References
page 141 note 1. Cf., sur ces travaux, G. Lefebvre, Le mouvement des prix et les origines de la Révolution française dans Annales, t. IX, 1937. A signaler le très util© article de M. Labrousse, destiné spécialement aux historiens : Quelques observations sur la lecture des courbes économiques dans Annales historiques de la Révolution, 1937. — Déjà, sur l'histoire des prix, dans le tome II des Annales, 1930, une « enquête » de Lucien Febvre.
page 142 note 1. Recherches et documents sur l'histoire des prix en France de 1500 à 1800. Paris, Les Presses Modernes, 1936 ; in-8°, 523 p.
page 142 note 2. Umriss einer Geschichte der Preise und Löhne in Deutschland vom ausgehenden Mittelalter bis zum Beginn des neunzehnten Jahrhunderts, t. I. Leiden, Sijthoff, 1936 ; in-8°, X-808 p. Il n'est pas sans intérêt de noter que les événements politiques ont amené la section allemande du Comité International pour l'histoire des prix à chercher Tofugo à Londres, auprès de la London School of Economies.
page 142 note 3. Money, priées and wages in Valencia, Aragon and Navarre, 1351-1500. Cambridge (Mass), Harvard Unirersity Press, 1926 ; XXVIII-320 p. Cf. Annales, t. VIII, 1936, p. 570.
page 144 note 1. Cf. Elsas, ouvr. cité, p. 12 et suiv. M. Elsas signale, chemin faisant, un des premiers procédés employés pour amener cet écart, sans le rendre trop patent : on usait de poids légèrement différents pour les pesées les plus considérables et pour les petites.
page 145 note 1. Le prix du blé à Grenoble (Revue d'hist. économique, 1932) et Le mouvement des prix en Dauphiné sous l'Ancien Régime (Annales de l'Université de Grenoble, Lettres-Droit, t. XI, 1934). Cf. Annales, t. IX, 1937, p. 110.
page 147 note 1. Il y aurait d'ailleurs un« réserve à faire sur le mat d'unité de compte, appliqué au denier. Celui-ci, en effet, était originellement matérialisé par une pièce d'argent. En lui, monnaie de compte et monnaie réelle se confondaient donc. Mais, depuis le début du XIVe siècle environ, la teneur métallique de cette piécette étant devenue très faible, le denier se trouva réduit, en fait, au rôle de monnaie d'appoint. Une livre, en expression comptable, équivalait toujours à 260 deniers. Par contre, le total d'argent fin obtenu par l'addition de 240 pièces d'un denier chacune était loin d'atteindre la quantité du même métal que contenaient, mises bout à bout, les pièces plus fortes avec lesquelles s'opérait normalement le paiement d'une somme stipulée en livres : tout comme, dans le système français d'avant-guerre, depuis 1866, le total d'argent représenté par cinq pièces divisionnaires de 1 franc se tenait notablement au-dessous de la teneur d'un écu de 5 francs. Dès lors, le décrochage de la monnaie de compte, dé finitivement séparée de la monnaie réelle, était accompli. Plus tard, le denier passa au cuivre. Puis il cessa, en France, d'être frappé.
page 148 note 1. Restait le choix de l'unité de compte à retenir pour base des calculs. M. Elsas et M. Hamiltoni onit adopté la plus basse : le demier. Oela afin d'écarter toule expression fractionnaire. Là où les textes, par exemple1, disent 1 sou, ils écrivent 12 deniers. Préoccupé, au contraire, d'éviter l'emploi de chiffres trop élevés, M. Hauser a préféré établir les tableaux tantôt en livres tournois, tantôt ei> sous tournois. Les unités inférieures sonit transposées ,sous forme de décimales : 1 livre, 3 sous s'écrira 1 1., 1. Simplification, peut-être, plus apparente que réelle. Car le denier, étant le douzième du sou, n'est susceptible, par rapport à celui-ci et, en conséquence, quant à la livre, d'aucune réduction décimale exacte. Assez peu grave, assurément, en lui-même, en raison de la faible valeur du denier, l'élément d'approximation ainsi introduit dans les calculs était-il, cependant, bien utile ?
page 149 note 1. Annales, t. III, 1931, p. 228.
page 149 note 2. Esquisse du mouvement des prix et des revenus en France au XVIIIe siècle, t. I, p. 117, n. 1. Le passage d'Abot de Bazinghem, auquel M. Labrousse se réfère, est décisif.
page 150 note 1. Voir, notamment, la discussion qu'il a lui-même poursuivie avec M. A. Fanfani dans Rivista internationale di scienza sociali, t. XLV, 1937, p. 357, 874 et 883. Le remarquable arliole de M. Fanfani méritera d'être lu de près. Cf. aussi pour les ingénieuses méthodes slatistiquos qui y sont appliquées à l'histoire des prix, l'article de M. Einaudi (Cf. Annales, t. X, 1938, p. 361).