No CrossRef data available.
Dès les premières pages du livre qui nous occupe, M. Heinrich Mitteis nous en avertit loyalement : ce qu'il s'est proposé de nous donner n'est pas, à proprement parler, une histoire de l'élection royale, en Allemagne. Plus précis et plus limité, son dessein a été de retracer l'évolution des idées juridiques qui présidèrent aux vicissitudes de la pratique électorale. Certes, nul plus que nous, ici, ne rendra justice à ce louable souci du substrat psychologique. Les institutions monarchiques, les institutions politiques en général, ne sauraient, pensons-nous, prendre leur sens véritable qu'une fois leurs liaisons rétablies avec les profonds courants d-idées — de sentiments aussi — qui leur furent sous-jacents.
1. Die deutsche Königswahl : ihre Rechtsgrundlagen bis zur Goldenen Balle. Baden bei Wien, Rohrer, [1938] ; in-8°, 208 p.
2. Impossible, aussi, d'indiquer les nombreux problèmes annexes sur lesquels, chemin faisant, M. Mitteis fournit des observations ou constatations neuves. Je me borne à signaler la très importante correction que, lac-simile en mains, il apporte au texte de la fameuse lettre par laquelle les partisans des Hohenstaufen annoncèrent à Innocent III l'élection de Philippe de Souabe. On lisait jusqu'ici « in imperatorem Romani solii etegimus » : ce qui paraissait une atteinte flagrante aux principes les mieux reconnus du droit public. Point dl'empereur, en effet, si le Pape ne l'a sacré tel. Il faut lire au contraire « in imperaturam Romani solii » : formule singulière par son vocabulaire, mais juridiquement impeccable. L'élu des princes allemands, s'il n'accédait point, par là, à la dignité impériale, n'en recevait pas moins, dès lors, le gouvernement de l'Empire.
3. Geschichte des englischen Königtums im Lichte rer Krönung Weimar, 1937. Traduction anglaise : A history of the English coronation, Oxford, Clarendon Preas, 1937. On trouvera dlans cet ouvrage l'indication des autres travaux de l'auteur.
4. Comment, cependant, taire un regret, auquel la personne de M. Schramm est bien étrangère ? Voici le premier travail scientifique sur le sacre français. Il ne nous vient pas de chez nous. A dire vrai, un chercheur parisien avait bien, il y a quelques années, songé, sur mes conseiils, à entrieprendre cette étude : thèse de l'Ecole des Chartes, destinée, espérions-nous, à donner, plus tard, naissance à un beau livre. Mais nous nous aperçûmes que le sujet avait déjà été inscrit, comme thèse pour le doctorat es lettres, auprès d'une de nos Facultés. Information puise, l'auteur responsable de cette inscription n'avait même pas amorcé la recherche ; il ne se rendait visiblement aucun compte de ses nécessités les plus élémentaires (classement des ordines). Il n'en maintint (pas moins ses droite ; et je ne crus pas pouvoir engager mon candidat à persévérer dans ce qui eût paru une course de vitesse. Résultats : la thèse; n'a, comme je m'y attendais, jamais été écrite et c'est à un érudit allemand qu'il a été réservé de défricher ce champ — moins commodément d'ailleurs, sans nul doute, que n'aurait pu le faire un travailleur mieux placé. Si je rapporte cette anecdote, ce n'est pas seulement pour excuser, en quelque mesure, une carence si regrettable. Je souboiterais qu'une leçon pratique en fût tirée. Priorité en faveur de qui, le premier, dit « ce coin de terre est à moi » : d'accord. A une condition toutefois : spécialement s'il s'agit d'une thèse, la preuve devrait être demandée périodiquement, sous la ‘garantie d'un professeur responsable, que l'aote a suivi et continue de suivre l'intention. Faute de quoi, la mention serait rayée du registre.
5. Quelques observations. Le paiement des besamts d'or, par le roi de France, à Saint-Denis, est attesté dès Philippe-Auguste (Leblanc, Traité historique des monnaies, p. 170). Ni sur l'oriflamme, ni sur les fleurs de lis, la bibliographie n'est tout à fait au courant (F. Lot dans Romania, 1927 ; E. ROY dans Mélanges de philologie… offerts à A. Thomas, 1927). Le ms. latin 1246, de la Bibliothèque Nationale, qui renferme l'ordo classé par M. Schrairum sous lé n° 16, n'es-t tiertainement pas du XVe siècle, mais du début diu xiv6. L'erreur provient, selon toute apparence, du Catalogue de la Bibliothèque du Roi, où elle se rencontre déjà, et s'explique par une citation de seconde imain. Je me demande si, d'une façon générale, une enquête, sur place, dans les principales bibliothèques françaises, n'apporterait pas quelques compléments ou quelques rectifications à la réconsion, en elle-même si utile et si soigneuse, tentée par l'éminerat érudit allemand. J'ajoute que le ms. en question n'est pas seulement « richement illustré » : dans une série de miniatures, peut-être, si l'on en juge par leur style, inspirée d'un recueil plus ancien, il fournit, étape par étape, une admirable iconographie du sacre. Aussi bien, à côté d'un inventaire des textes, nous aurions grand profit à disposer aussi d'un inventaire des documents figurés, relatifs aux cérémonies d'avènement et de consécrationi. Comment M. Schramm, qu'on ne saurait accuser d'ignorer la valeur de pareils témoignages, n'a-t-il pas songé à prolonger ses recherches dans cette direction ? ou nous réserve-t-il pour plus tard cette partie de son travail ?