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Dans le Maroc Nouveau : Le Role d'une Université Islamique

Published online by Cambridge University Press:  30 October 2017

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Centre physique de Fès, l'Université de Qarawiyîn en est aussi le centre moral ou, pour reprendre un mot que la mystique arabe a tout chargé de sens, le pôle, al gothb.

Liée à l'opinion islamique mondiale, mère d'une jeunesse turbulente qui prête à la politique une grande partie de ses chefs et de ses auditoires, apte à offrir au clerc habile, outre la consécration et le décor, quantité de ces thèmes spirituels sans quoi rien ne vit durablement en Islam : telle du moins elle apparaît à l'observateur occidental, sensible à toutes ces puissances d'émotion et de couleur. Et sans doute faut-il contrôler cette vue sommaire. Mais la tâche s'avère délicate de chercher à démêler l'influence profonde des prestiges de surface dont elle est le plus souvent inséparable.

Type
Research Article
Copyright
Copyright © Les Éditions de l'EHESS 1938

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References

page 194 note 1. Qui est constante. Cf. Massignon, , Enquête sur les corporations musulmanes, p. 70 Google Scholar et suiv.

page 194 note 2. La nuance est importante. On ne peut insister ici sur la concordance entre ce système économique et la morale musulmane elle-même, à laquelle on peut appliquer l'épithète bergsonienne de morale close. A la fois tatillonne et profondément libérale, elle agit sur l'individu moins par directives ou suscitation interne que par des normes extérieures imposées à son activité.

page 194 note 3. Cf., par exemple, Marmol, t. II, p. 165, 166, 179. Ce rôle est à présent bien diminué.

page 195 note 1. Primitivement, ce sont des foyers d'étudiants, hôtelleries ou collèges, alimentés par les fondations pieuses ou l'État. Un enseignement s'y donnait le plus souvent. Aujourd'hui, ce ne sont plus que des internats pour étudiants campagnards. Cf. Péré- Tié, , Les Medrasas de Fès dans Archives marocaines, t. XVIII.Google Scholar

page 195 note 2. Sanctuaires édifiés le plus souvent par une confrérie religieuse et en rapport avec le culte des Saints et l'initiation mystique. Celle de Sidi Qasem ben Rahmoun a seule gardé à Fès une certaine activité intellectuelle. Un professeur de Qarawiyîn y donne un « cours public ». Parfois aussi celle de Sidi Abdelqader el Fasi.

page 195 note 3. Voir le projet du tendhîm avant la lettre dans l'excellente monographie que Marty, P. a donnée dans les Renseignements coloniaux de 1924, p. 329 Google Scholar et suiv. On y verra un état de 1924 de Qarawiyîn.

page 195 note 4. On ne veut pas nier, bien entendu, la part, considérable, de telles ou telles personnalités dans le mouvement du Maroc moderne. Encore n'agissent-elles que par leur clan. D'autre part, il est évident que la naissance de l'individu (au sens occidental du mot) est pour beaucoup dans la fièvre générale. Dans combien de cas, par toutle monde musulman, ce que nous appelons « nationalisme » n'est, à certains égards, que le passage du collectif à l'individuel ! Voir les effets du sénatus-consulte de 1863 en Algérie.

page 196 note 1. Beaucoup d'institutions rurales maghrébines comportent l'enchère, avec ses aspects sociologiquement riches de publicité, de dispute et de libre déperdition. La corporation des crieurs de Fès, Dellâla, est énorme. Elle se grossit des déchets de toutes les autres corporations.

page 197 note 1. Cf., par exemple, Action populaire du 27 novembre 1937. Comme on verra, nous puiserons largement, dans ce travail, aux sources de presse marocaine (Action populaire, Atlas, Maghreb, Action du peuple, etc.).

page 199 note 1. Voir des scènes vivantes dans Marty, P., ouv. cité, p. 341.Google Scholar

page 199 note 2. Citons, parmi les thèmes les plus ressassés en 1937 : l'illicéité des taxes perçues sur les bêtes abattues aux fêtes religieuses ; le péché de travailler le vendredi ; l'illicéité du salaire des professeurs, argument ad hominem; le paganisme des Berbères; la prétendue décadence des études arabes, etc.

page 199 note 3. Cf. Farès, Bichr, Les difficultés d'ordre culturel, linguistique et social que rencontre un écrivain arabe moderne spécialement en Egypte dans Revue des études classiques, 1936.Google Scholar

page 200 note 1. Abstraction faite, il va sans dire, de son rôle religieux.

page 201 note 1. Les étudiants, surtout les campagnards, exercent de nombreux vicariats et sont, en général, chargés de psalmodier le Livre. C'est la fonction des hazzâba.

page 201 note 2. C'est ainsi qu'il y a cinq ans le passage à Fès de cet homme extraordinaire que fut le « mystique moderniste » algérien, le cheikh Benaliona, créateur d'une nouvelle confrérie, a produit une impression profonde, véritable renouveau de foi, sur plusieurs jeunes professeurs.

page 202 note 1. Voir, en Algérie, les personnalités de Mrs Ben Badis, El Oqbi, etc.

page 202 note 2. A l'exemple de la réforme d'Al Azhar.

page 202 note 3. «Mystique «.

page 202 note 4. Bibliothèque de Qarawiyîn.

page 203 note 1. Cf. Wahda Maghribiya du 18 avril 1937.

page 203 note 2. Action du peuple du 21 mai 1937.

page 203 note 3. Voir un article bien significatif dans Action populaire du 27 février 1937. Cf. aussi Maghreb du 9 août 1937.

page 203 note 4. Une société est fondée pour ranimer l'étude récitative du Coran. L'initiative est révélatrice. Cf. Atlas du 30 avril 1937.

page 203 note 5. Je n'en veux pour preuve que certain article de presse arabe dontl'auteur, passant en revue les ouvrages inscrits au programme de Qarawiyîn, reprochait à celui d'Ibn ‘Achir (Al marchîd al mu'in) d'éveiller dans l'esprit des écoliers, du fait de la complication de ses exposés théologiques, l'esprit d'objection. On se souvient de la page célèbre de Renan attribuant la naissance de ses facultés critiques à la lecture de ces manuels catholiques de théologie dont chaque chapitre est suivi d'une rubrique Objecta solvuntur, où sont réfutées tout au long les hérésies. Je ne sais rien de plus significatif que la confrontation de l'attitude renanienne avec l'autre.

page 204 note 1. L'adab était absolument ignoré de l'enseignement officiel et inconnu du public lettré avant le mouvement que consacra le tendhîm. Voir l'amusant étonnement de Mouliéras devant ces ignorances (Fez, 1902, p. 400 et suiv.). P. Marty est de même surpris (ouv. cité, p. 348). La vieille culture marocaine était presque exclusivement grammaticale et juridique, mais avec profondeur.

page 205 note 1. Paul et Virginie surtout, dans la traduction de Manfalothi. La revue la plus lue, Riwâïa, de Ziyyat, est presque entièrement composée de traductions.

page 206 note 1. En 1924, P. Marty écrit que «le droit est de beaucoup la science la plus enseignée à Qarawiyîn». Il est de tradition qu'un âlem («professeur ») de quelque renom professe une heure par jour le Précis de Khalil (ouv. cité, p. 345). En 1938, il y a, répartis sur un cycle d'études de douze ans, une dizaine à peine de cours de droit, et médiocrement suivis. Même en songeant que les informateurs de Mr Marty aient été des professeurs, non des étudiants, et aient, à ce titre, « retardé »de quelques années, on ne peut s'empêcher d'être frappé par cette décadence véritablement foudroyante des études de droit. A Qarawiyîn du moins, car les diplômes français sont âprement pour-suivis par les anciens élèves des établissements mixtes.