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Classes sociales et attitudes révolutionnaires Quelques réflexions sur un chapitre d'histoire belge
Published online by Cambridge University Press: 25 October 2017
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Les luttes sociales présentent aujourd'hui une complexité qui les prolonge et les exaspère. Les alliances entre classes, si fréquentes au cours de l'histoire, sont maintenant très précaires. Indépendamment des revendications du prolétariat atteint par le chômage et s'abandonnant à ses craintes traditionnelles à l'endroit du machinisme et de la misère, indépendamment aussi de troubles agraires universels — on distingue, à l'heure actuelle, un mouvement plus récent et autonome des « classes moyennes », alertées par l'importance politique du salariat, la fiscalité croissante, l'augmentation de la dette publique, la réduction des profits, l'instabilité des monnaies, et aussi la diminution du prestige de certaines professions libérales.
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- Problèmes d'Ensemble
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- Copyright © Les Éditions de l’EHESS 1935
References
page 160 note 1. Chahléty, S., La Restauration (1815-1830) dans Histoire de France contemporaine de Lavisse, t. IV, Paris, Hachette, 1921 Google Scholar ; — de La Gorce, P., La Restauration, Louis XVIII et Charles X, Paris, Pion, 1926 Google Scholar et 1928 ; — Mornet, D., Les origines intellectuelles de la Révolution française, Paris, A. Colin, 1933 Google Scholar ; — André Gain, La Restauration et les biens des émigrés, 2 vol., Nancy, 1929.
page 161 note 1. Libérale en ce qui a trait à la concurrence et à l'investissement, non point forcément en matière de commerce extérieur. Le triomphe du libéralisme économique se marque en Belgique par la législation sur les sociétés par actions et l'absence de toute législation sur les banques. Cf. Lemoine, R.-J., Les sociétés par actions dans le cadre de l'évolution industrielle (Publications de la Société d'Économie politique), Bruxelles, 1931.Google Scholar
page 161 note 2. K. Marx, au contraire, étudiait minutieusement les classes moyennes, notamment dans ses deux ouvrages : La lutte des classes en France (lSiS-lSSO) et Le XVIII Brumaire de Louis Bonaparte.
page 162 note 1. Cf. Henri de Man, dans Le Peuple, 18 octobre 1933. — Ce qui oppose les classes l'une à l'autre, ce ne sont pas seulement les antagonismes d'intérêts, ce sont aussi des sentiments de supériorité ou d'infériorité. Toute société divisée en classes constitue une véritable hiérarchie où le rang correspond à une échelle de valeurs sociales généralement admise. C'est pourquoi les plus humbles employés, les boutiquiers les plus endettés continuent à se considérer comme membres d'une classe supérieure au prolétariat. Bien plus : à mesure que croit la menace de la « prolétarisation » économique, plus ils revendiquent leur place à un rang supérieur.
page 162 note 2. Mr de Man est le plus remarquable des socialistes belges qui s'y sont adonnés. Il a apporté à son enquête son expérience des événements d'Allemagne, la pénétration et l'honnêteté scientifique qui le caractérisent. Mais il n'est que juste de réserver aussi une place aux essais, plus instinctifs, moins ordonnés, de certains éléments bourgeois et de leur presse qui s'efforcent de mettre sur pied une théorie corporatiste. Ces essais constituent la transition entre une étude théorique et l'action de défense instinctive des classes moyennes sur le plan politique, où elles ont déjà obtenu d'indéniables avantages immé. diats.
page 163 note 1. Les démocrates belges de 1789. Étude sur le Vonckisme et la Révolution, Bruxelles, Lamertin, 1930 et Histoire de la Belgique sous l'occupation française en 1792 et 1793, Bruxelles, Falfc et Fils, 1933.
page 163 note 2. Les débris du parti vonckiste furent polarisés, les uns par la restauration autrichienne qui suivit l'insurrection, les autres par la Révolution française. Celle-ci, envahissant militairement les Pays-Bas autrichiens, dépassa bientôt les revendications vonekistes les plus audacieuses. La violence réactionnaire du Statisme et la timidité du Vonckisme ne s'expliquent que par l'état de décadence intellectuelle profonde dans lequel étaient tombés les Pays-Bas autrichiens à la fin du xvme siècle. La médiocrité des protagonistes ne diminue d'ailleurs en rien l'intérêt de leurs luttes de peu antérieures à un bouleversement qui se serait probablement accompli sans l'occupation française, mais plus lentement et moins radicalement.
page 164 note 1. Les méthodes d'enquête sont les mêmes : analyse de la composition des bibliothèques d'après les catalogues et les inventaires, les annonces de librairies publiées dans les gazettes, les comptes rendus critiques des livres nouveaux (notamment ceux d'adversaires des philosophes comme l'ex-jésuite Feller) — l'action de la censure enfin.
page 164 note 2. Histoire de Belgique, t. V, p. 55.
page 164 note 3. Jacquemyns, G., Histoire de la crise économique des Flandres (1845-1850), Lamertin, Bruxelles, 1929.Google Scholar Cf. R.-J. Lemoine, La crise économique en Flandre vers 1848 dans Revue économique internationale, octobre 1929 (compte rendu critique) et ici même P. Leuilliot et H. Hauser, Annales, t. I, 1929, p. 624 et t. III, 1931, p. 75.
page 165 note 1. A cet égard, le « désastreux » traité de 1648 a joué un rôle conservateur. En retardant révolution industrielle de la Belgique, il a permis la consolidation des privilégiés ; il a assoupi la question sociale ; il a prolongé le caractère agricole de la Belgique.
page 165 note 2. Voir Lefebvre, G., La grande peur de 1789, Paris, Colin, 1932.Google Scholar
page 165 note 3. Les exemptions d'impôts, déjà assez réduites sous le régime espagnol, n'étaient pas réservées aux seuls privilégiés de naissance, mais étendues à des capitalistes, à des entrepreneurs (cf. les Lettres patentes du 30 juillet 1627 et l'acte du 26 janvier 1651, accordant exemption, entre autres, des accises, maltôtes, impositions, tailles, moyens dé consomption, etc. aux surintendants, conseillers et au personnel des monts-de-piété). Sous le régime autrichien, l'administration s'efforça de les réduire encore (cf. Ordonnance du 7 août 1780 sur les « exemptions en matière de charges publiques dans la province de Malines » — fort intéressante parce qu'elle partage les charges des fonds décimables entre le décimateur et le défructuateur). Mais sa politique colhertiste lui fait cependant en accorder à des entrepreneurs, à des défricheurs, à des artisans étrangers, introduisant des techniques nouvelles.
page 165 note 4. Jaubss, Histoire socialiste de la Révolution française (édition Mathiez), t. I, ch. V.
page 166 note 1. Georges Lefebvre, Les paysans du Nord pendant la Révolution française.
page 167 note 1. C. White, La révolution belge de 1830, Bruxelles, 1836, p. 196-197. — Après 1830, la noblesse belge est demeurée « raide », a vécu simplement et, en partie, a boudé le service de l'État. « Quoique presque toutes les familles nobles possédassent de grandes richesses, eussent les moyens de se procurer toutes les jouissances de la vie sociale, elles déployaient peu de magnificence et paraissaient plus portées à économiser et à augmenter leur fortune. » Aux environs de 1835, la situation était très tendue entre les familles qui servaient et celles qui évitaient la Cour.
page 167 note 2. La participation de certains nobles aux affaires ainsi qu'aux mouvements libéraux se développait aussi en France. Cf. Edm. Soreau, La loi Le Chapelier dans Annales historiques de la Révolution française, i 931, p. 287 et suiv. — A la veille de la Révolution, « Beauharnais est intéressé aux Antilles comme les Lameth. Gouy d'Arsy dirige un commerce de sucre, café, rhum. Le duc de Nivernais, le duc de Duras, le marquis de Mirabeau, le comte de Broglie, forment une société par actions pour exploiter le plomb dans le Limousin. Le comte de Grancey, futur commandant de la garde nationale parisienne, est maître de forges à Cussey. Le baron de Dietrich, futur maire révolutionnaire de Strasbourg, est maître de forges. Le duc de Charost extrait la houille à Roche-la-Morlière. Nobles et vilains se coudoient dans les sociétés…. Le baron de Batz agiote avec Clavière. » C'est ce que les historiens « du parti des ducs » n'ont pas vu à cause de leur dédain traditionnel pour le phénomène économico-social. C'est pourquoi ils accusent si volontiers de trahison les nobles révolutionnaires, alors que ceux-ci avaient des intérêts particuliers à faire valoir. Notamment, comme l'a montré Mr Rouff, l'exploitation minière devait permettre à la noblesse besogneuse de mettre en valeur une portion de ses domaines, et souvent des parties incultes. Elle devait permettre de faire face à la substitution de plus en plus accélérée d'une économie-argent à une économie de consommation domaniale. Les hautsjusticiers y trouvaient aussi l'exercice de certains privilèges féodaux rémunérateurs. Cf. rouff, Marcel, Les mines de charbon en Fronce au XVIIIe siècle (1744-1791), Paris, Rieder, 1922 Google Scholar, 3e partie, chap. i, «La noblesse et les mines », p. 173-208. Il en fut ainsi notamment en bordure des provinces autrichiennes : dans le Nord, le Boulonnais, l'Artois et le Hainaut français, ou nous retrouvons notamment des nobles belges industriels des deux côtés de la frontière : le prince de Croy, le vicomte Jacques Desandrouin, bailli héréditaire de Charleroi et membre de l'État noble de Namur.
page 168 note 1. H. et G. Bouegin, L'industrie sidérurgique en France au début de la Réuolution, Paris, Imprimerie Nationale, 1920. Ce livre contient de nombreux renseignements sur les établissements métallurgiques français possédés par des nobles. Les indications sur ces établissements dans les Ardennes, le Nord, la Meuse, l'Aisne, la Moselle, nous intéressent tout particulièrement ici. Sont propriétaires : du haut fourneau et de la forge du Haillon (Nord), de la forge de Landrissart (Nord), le comte de Mérode ; de l'établissement de Bonnet, la famille d'Egremont ; des établissements d'Herserange (un haut fourneau, deux affineries, une chaufferie, une platinerie, une fonderie), le baron d'Huart, officier des gardes wallonnes et premier colonel au service de l'Espagne. Des recherches dans des travaux français d'histoire économique sont, on le voit, nécessaires pour compléter le tableau des intérêts industriels des nobles belges sous l'ancien régime. 2. Les grandes fabriques en Belgique vers le milieu du XVIIIe siècle (1764), Bruxelles, Hayez, 1903.
page 168 note 3. A. Bobqnet, Lettres sur la révolution brabançonne, 2 vol., 1834.
page 168 note 4. H. Van Houtte, Histoire économique de la Belgique à la fin de l'ancien régime, Gand, 1920. Annexe I : « Octrois accordés de 1731 à 1763 ». — Au cours de cette période, 14 octrois furent accordés à des familles nobles. Parmi les nobles verriers, citons encore : les Falleur, les de Colnet, les de Condé, tous d'origine étrangère, tous grands capitalistes possédant, outre leurs intérêts dans la verrerie, des forges, des houillères, etc.
page 168 note 5. G. Lefebvbe, ouv. cité, p. 424 et 434.
page 169 note 1. Sous l'occupation de Dumouriez, Charleroi est très avancé : il est baptisé Char-sur- Sambre pour ne rappeler en rien le souvenir des « tyrans ». C'est à Char que se transporte rassemblée provisoire de Namur qui, par suite de ses idées avancées, n'était plus en sécurité dans cette ville.
page 169 note 2. H. de Nimal, La métallurgie à l'exposition de Charleroi en 1911 (avec notes historiques sur la forgerie). Extrait du livre d'or de l'exposition de Charleroi, 1911, Charleroi, 1913 ; —L'association charbonnière et l'industrie houillère de Charleroi et de la basse Sambre (Livre du centenaire de l'association), Couillet, Sogedi, 1931 ; — Lemoine, R.-J., Les étrangers et la formation du capitalisme en Belgique, Paris, Rivière, 1932.Google Scholar
page 169 note 3. Lbwinsky, , L'évolution industrielle de la Belgique, Bruxelles, 1911 Google Scholar. — B. Vandbbvelde, La propriété foncière en Belgique, p. 266 : « Les propriétés féodales, sauf de rares exceptions, restent dans les familles nobles ou leur sont restituées sous l'Empire, mais dépouillées, naturellement, des droits féodaux. » Voici, pour quelques grandes familles nobles et pour la fin du xixe siècle, des relevés de leurs propriétés foncières obtenus en additionnant les cotes foncières de plus de 100 ha. recensées par l'auteur. Les d'Arenberg : 11 134 ha. (également possessionnés en Prusse) ; les de Mérode : 6 238 ha. ; les de Ligne : 5 326 ha. ; les d'Oultremont : 2 521 ha. ; les de Croy : 1 882 ha. Il s'agit, bien entendu, de terres dont la rente foncière est extrêmement élevée par suite de la grande densité de population du pays. Par contre, les biens du clergé, avec leurs innombrables fermes, passèrent dans le domaine des biens roturiers.
page 170 note 1. Jean Jaurès, Ouv. cité et Henri Cabré, La noblesse de France et l'opinion publique au XVIIIe siècle, ch. In, 6° : « Abolition de la noblesse héréditaire «, Paris, Champion, 1920.
page 170 note 2. Bigwood, G., Les impôts généraux dans les Pays-Bas autrichiens, Bruxelles, 1900.Google Scholar
page 170 note 3. H. Pirenne, ouv. cité, p. 394.
page 170 note 4. H. Carré, ouv. cité, p. 49.
page 171 note 1. A. Mathiez, Les capitalistes et la prise de la Bastille dans Annales historiques de la Révolution française, 1926, p. 578 ; — La haute banque et la guerre girondine, ibid. 1925, p. 489 ; — L'arrestation de Saint-Simon, ibidem, p. 571. — Le rôle révolutionnaire des banquiers apparaîtra encore de 1815 à 1848, notamment en Russie où Metternich signalait au tsar le rôle des gens de finance. Cf. weill, Geohges, L'éveil des nationalités et le mouvement libéral (1815-1848) dans Peuples et civilisations, t. XV, Paris, Alcan, 1930, p. 22 Google Scholar et plus loin, sur le rôle de Casimir Perier. De nos jours, les banquiers » socialisants » sont nombreux et la bourgeoisie leur en tient rigueur. Si on n'ignore pas que leurs opinions ne vont généralement pas au delà du réformisme, il importe de tenir compte, cependant, de leurs anxiétés au sujet du problème social des dettes, qui leur donne une certaine clairvoyance.
page 171 note 2. Van Houtte, Ouv. cité.
page 171 note 3. Ghislaine de Boom, Les ministres plénipotentiaires dans les Pays-Bas autrichiens, principalement Coblenz (Académie royale de Belgique, Mémoires in-8”, t. XXX, I, Bruxelles, 1932).
page 171 note 4. Marquis de Montesquiou, A la recherche de la fortune du duc d'Orléans (1793-1794) dans Revue historique de la Révolution française et de l'Empire, t. III, 1912, p. 529 et suiv.
page 171 note 5. Ce n'est qu'en 1822 que fut créée une banque destinée a répondre aux besoins nouveaux de l'industrie : la Société Générale, fondée par le roi des Pays-Bas, Guillaume Ier. Sur l'opposition des ordres privilégiés en général et de la noblesse en particulier à la création de banques de circulation en France, consulter hahsin, Paul, Crédit public et banque d'État en France du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Droz,-1933.Google Scholar Les banques sous l'ancien régime ont accéléré la décomposition de la noblesse comme on l'a vu en Russie ( Lemoine, R.-J., La vie scientifique dans Revue économique internationale, Bruxelles, janvier 1934 Google Scholar).
page 171 note 6. Walekiers est mort à Paris où il s'était installé après la trahison de Dumouriez. Il était ruiné : il avait dépensé sans compter en faveur de la révolution brabançonne ; il mit aussi sa fortune à la disposition des révolutionnaires français et subit des pertes dans les désordres monétaires de la Convention. Cf. A. Mathiez, Le Comité de Salut Public elle Complot de l'Étranger dans Annales hist. de la Révolution, 1926, p. 305. Malheureusement, les papiers de la maison Walekiers ont disparu. D'après Verhaegen, La Belgique sous la domination française, t. I, p. 454, le général français Ferrand, logé à l'hôtel de Walekiers, aurait vendu au poids la comptabilité.
page 172 note 1. Fernand Neuray, Une grande figure nationale. Godefroid Kurth. Un demi-siècle de vie belge, Bruxelles, Librairie nationale d'art et d'histoire, 1931, 242 p.
page 172 note 2. La noblesse belge a réservé un accueil empressé à la famille impériale de Habsbourg réfugiée en Belgique après l'abdication de 1918. Il est d'ailleurs de bon ton dans les milieux conservateurs de louer le régime autrichien, l'ancien régime. Des nobles belges décédés récemment prennent encore le titre, dans le faire-part de décès, de Prince ou Princesse « du Saint-Empire ». Ce sont des signes qui appellent l'attention de l'historien et du sociologue. Avec le recul du temps, lejoséphisme apparaît comme un type excellent de monarchie autoritaire et éclairée à quoi on projette d'ajouter un corporatisme rénové qui doit une partie de son prestige à l'imprécision même dont né parviennent pas à le tirer des publicistes de talent.
page 172 note 3. C. White, ouv. cité.
page 173 note 1. Comte X. Cahton de Wiaht, Histoire des deux Hastières et de Waulsort, p. 91. En 1790, l'armée de Van der Mersch, postée en avant de Namur, reçoit 30 cavaliers pour l'éclairer : « Presque tous de jeunes fils de fermiers, équipés à leurs frais et montés sur des chevaux de leur père. » Ces éléments n'étaient certainement pas prolétariens.
page 173 note 2. Loi interdisant les milices privées, 29 juillet 1934 (Moniteur belge, 6-7 août 1934).
page 173 note 3. S. Tassier, ouv. cité, p. 213 et suiv.
page 174 note 1. Ibid.
page 174 note 2. La présence des femmes d'ouvriers dans les insurrections, bien que, la plupart du temps, elles n'aient aucune éducation politique, est une constante des vrais mouvements prolétariens, déclenchés par « un désir élémentaire et irrésistible » de lutte, par un refus spontané « de continuer à vivre comme autrefois ». L'intervention des femmes, inquiètes pour la pitance des enfants, marque le degré de la tension sociale, sous l'influence du chômage et de la faim. Il en fut ainsi, de 1789 à 1793, en France (rappelons ici la marche sur Versailles) ; en 1871 pendant la Commune; de même en Russie en 1917, à Hambourg dans les journées d'octobre 1923 (cf. A. Nedbbbg, L'insurrection armée, 1931, p. 94-98). Les historiens semblent avoir assez généralement négligé la signification sociale de ces insurrections féminines, qu'ils confondent parfois, s'ils sont systématiquement adversaires des révolutions, avec des manifestations de prostituées. Au contraire, celles-ci exerçant un commerce « de luxe » favorisent très souvent la contre-révolution. Au cours des j ournées de février 1934, alors que les social-démocrates de Vienne résistaient par les armes au chancelier Dolfuss et à ses bandes de partisans encadrées par l'armée régulière, les femmes se mêlèrent aux insurgés pour les ravitailler. A Paris, le 1er mai 1934, une barricade se dressa à la Cité Jeanne d'Arc. Ici encore, des femmes communistes y montèrent et résistèrent à la force publique.
page 174 note 3. Pibenne, ouv. cité, t. VI ; — bologne, Maurice, L'insurrection prolétarienne de 1830 en Belgique (Cahiers de l'Êglantine, Bruxelles, 1930).Google Scholar
page 175 note 1. Remarquons, incidemment, que les clubs de Belgique, stimulant par leurs motions le zèle des représentants, constituent une faible application spontanée de la dualité des pouvoirs si fréquente en période révolutionnaire et qui prit une telle importance en France pendant la Terreur, sous l'influence des Jacobins et des districts de Paris. Us préfigurent les sociétés patriotiques belges de 1830-1831, dont la «vigilance » devait contribuer à faire échouer les menées orangistes. Seulement, dans tous ces cas, la dualité des pouvoirs prend fin par des mesures qui raffermissent l'autorité et étouffent l'action populaire. En Russie, en 1917, ce fut le contraire qui se produisit, les Soviets absorbant le gouvernement provisoire modéré et instaurant une dictature des masses. On ne peut se défendre d'évoquer ici les fortes comparaisons de Trotsky sur la « dualité du pouvoir » de 1789 à 1795, puis en 1917.
page 175 note 2. JJ s'agissait de l'insurrection des Ciompi, ouvriers salariés des ateliers de la laine soumis à Varie délia lana (1378).
page 176 note 1. S. Tassier, Ouv. cité, p. 148, 168 et 199-211.
page 176 note 2. milioukov, Paul, Seignobos, CH. et Eisenmann, L., Histoire de Russie, 3 vol., Leroux, Paris, 1933 Google Scholar ; — Trotsky, L., Histoire de la Révolution russe, 4 vol., Rieder, Paris, 1933-1934Google Scholar ; — Rollin, H., Histoire de la Révolution russe. I. Les soviets ; I I . Le parti bolcheviste, Paris, 1931.Google Scholar
page 177 note 1. R.-J. Lemoine, Les influences marxistes et utopistes sur l'économie dirigée dans Revue des sciences économiques, Liège, 1934.
page 177 note 2. Halévy, E., Histoire du peuple anglais au XIXe siècle, 4 vol., Paris Google Scholar, Hachette. Cf., notamment, 1.1, liv. II, p. 291 et suiv. ; t. II, llv. I, p. 7-73 ; t. III, liv. II, p. 255-312.
page 177 note 3. Cette constatation n'est ni récente ni personnelle. Dès 1885, Fr. Engels la faisait dans un article réimprimé dans la préface de 1892 de La situation des classes laborieuses en Angleterre. « Le monopole industriel de l'Angleterre est le pivot du système social existant en Angleterre…. Tant qu'a duré le monopole industriel de l'Angleterre, la classe ouvrière anglaise a jusqu'à un certain point participe aux avantages de ce monopole. Ces avantages étaient partagés très inégalement dans son sein : la minorité privilégiée en empochait la plus grosse part, mais même la grande masse en avait du moins, par-ci par-là, sa portion. Et voilà pourquoi, depuis la fin de l'Owenisme, il n'y a plus eu de socialisme en Angleterre. Avec la ruine du monopole, la classe ouvrière anglaise va perdre cette situation privilégiée » (p. xxxv et xxxvi, trad. Bracke, t. I, Costes, Paris, 1933). Sur la perte de ce monopole, cf. l'excellente monographie de Allen, G. C., The industrial development of Birmingham and the Black country (1860-1927), Londres, 1929 Google Scholar, et Clapham, , An économie history of modem Britain, 2 vol., Cambridge, 1930-1932.Google Scholar Le point de vue d'Engels a été repris depuis, notamment par Karl Renner au cours d'une enquête de Monde sur la crise doctrinale du marxisme. Aux Etats-Unis, c'est la grande richesse naturelle du terroir qui, à défaut d'un marché extérieur, a arrêté le socialisme. Les revendications prolétariennes ont été étouffées par l'occupation des terres vacantes et le développement accéléré de l'Industrie. Aujourd'hui il n'en est plus de même, mais c'est le communisme qui se substitue au socialisme et prend, tout de suite, une attitude insurrectionnelle.
page 178 note 1. La bourgeoisie, minorité numérique, ne peut cependant faire la révolution qu'avec des alliés qu'elle doit recruter dans le peuple. SI celui-ci a déjà une certaine éducation politique propre, les chances d'alliance avec la bourgeoisie seront minimes. Aussi voit-on en ce moment s'élaborer, notamment dans L'Action française, une théorie de la « révolution aristocratique ». Mr Thierry Maulnier en est un des protagonistes. « Un mouvement dit-il, qui prétend sauver avant tout et à tout prix un certain nombre de valeurs que la foule ignore ou ne connaît que confusément doit pourtant faire appel à la foule pour les sauver. Une théorie aristocratique de la société et de l'Etat doit recourir à une démagogie pour triompher. Comment demander au peuple de travailler à son propre asservissement ? » Les Statistes n'ont pas craint de le demander et les « capons du rivage » leur ont offert leurs gourdins. En Allemagne, aujourd'hui, les hobereaux et l'industrie lourde l'ont demandé aux nazis en leur sacrifiant les Juifs, les marxistes et les intellectuels. Et les nazis ont répondu à cette demande. Mais le drame n'est pas terminé…. » On trouvera» au sujet des alliances dont nous parlions plus haut, de pénétrantes analyses dans Julien Benda, Notes sur la réaction dans Nouvelle Revue française, 1931.
page 179 note 1. Mr Desonay, Professeur à l'Université de Liège et humaniste autoritaire, le constatait récemment dans La Nation belge (août 1934).
page 179 note 2. Cf. les pénétrantes analyses de la pensée des pères du marxisme d'A. Eossi dans sa suite d'articles : Marxisme 1933, publiée par Monde en 1933.