Dans sonétude sur la critique américaine de la littérature française (“the achievements, the shortcomings, the distinguishing features”), Henri Peyre (1966, Introduction), déplorant le silence relatif de cette critique vis-à-vis de la littérature non-métropolitaine, déclarait peut-être prématurément:
Only the North Africans, among whom a dozen talents have arisen since 1940, have conquered a position on the literary map; and they owe their conquest to Camus and to political events having focused attention on their war-ridden lands (p. 193).
Si la critique contemporaine et l'enseignement des littératures d'expression française dans les universités américaines démentent, en partie, la justesse de cette observation, c'est que d'autres événements d'importance non moins considérable ont amené les critiques et les professeurs à se tourner vers l'Afrique noire et à étudier sa littérature, qu'elle soit d'expression française ou d'expression anglaise.
Quoi qu'il en soit il n'est plus permis de douter que la littérature nord-africaine d'expression française a atteint aujourd'hui l'age de raison—tant par la quantité des oeuvres produites que par leur qualité. Il va sans dire que cette littérature ne date pas d'aujourd'hui. L'algérianisme qui se manifeste si brillamment de nos jours remorte à la seconde moitié du XIXe siécle et trouve son origine dans la pénétration de la pensée française en Afrique du Nord à partir de 1830.
Pendant plus de cent ans, ne l'oublions pas, l'Afrique du Nord, et plus particuliérement l'Algérie—a été le prolongement de la France métropolitaine et beaucoup de Français y ont fait carriére comme ils l'auraient fait en France.